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Du porno sur grand écran

Porno et cinéma se regardent souvent en chiens de faïence, le premier ayant parfois un complexe d’infériorité vis-à-vis du second. Mais le succès de films comme L’Inconnu du lac et la nouvelle vague de réalisateurs « explicites » viennent aujourd’hui changer la donne et brouiller les frontières entre les deux genres.
Un retour en arrière s’impose, dans les années 70/80. Quand le porno gay émerge, son rapport avec le cinéma bis (film « à petit budget », ndlr) est alors assez tenu. Certes, on trouve déjà le schéma type du genre (des séquences de comédie pour faire monter la sauce), mais les scénarios se montrent étonnamment évolués avec un travail indéniable sur l’image et le montage.
Une partie de ces raretés est visible sur le site bijou.com (du nom du film culte de Wakefield Poole) et vaut vraiment le coup d’œil. On pense aux films de Peter de Rome (surnommé le grand-père du porno gay) qui étaient marketés comme des films grand public et pouvaient avoir de très gros budgets. Ou encore au démentiel New York City Inferno financé par le producteur des Village People qui leur a d’ailleurs laissé la primeur d’égayer la BO.
En France, c’est surtout Jean-Daniel Cadinot qui se distinguera au début des années 80 avec des films pornos scénarisés à l’instar du Voyage à Venise (1986) célèbre pour sa débauche de costumes et sa partouze finale bisexuelle.
Du porno à l’explicite
L’arrivée de la vidéo (et plus tard d’internet) change la donne. Les prods n’abandonneront jamais complètement les pornos scénarisés (CockyBoys en a fait un élément marketing, Menoboy sort tous les ans son « blockbuster »), mais la consommation à la maison fige le porno dans son but premier : l’acte masturbatoire.
Les scénarios s’allègent, l’esthétique est souvent mise de côté pour se suffire à capter des corps-à-corps qui gagnent en longueur et en plans anatomiques.
Le « porno gonzo », qui élimine tout blabla inutile, est l’apogée de cette tendance qui pullule désormais sur les tubes. Pour HPG, par exemple, la clé d’une bonne vidéo reste l’intensité de la rencontre sexuelle. Pas la peine de l’enrober d’une histoire mal jouée ou de cadrages arty !
Les premiers films dits explicites apparaissent ainsi dans une brèche laissée vacante par le porno. Ce sont des œuvres souvent underground qui « montrent la sexualité non plus à des fins excitatoires, mais pour l’intégrer à un discours, une narration, un regard sur le monde », comme nous l’explique M. Hocquemiller, chorégraphe dont le travail porte justement sur les représentations du sexuel.
Le premier à vraiment s’y risquer est le producteur Jürgen Brüning. Producteur porno chez Cazzo et Wurst Films, il donne sa chance à Bruce LaBruce, enfant terrible de John Waters et de James Bidgood. Et ça fait mouche. Avec Hustler White (1996), virée chez les gigolos de L.A., le réalisateur marque les esprits, aidé, il est vrai, par une petite polémique (Jack Lang s’était battu pour qu’il ne soit pas classé X en France !).
Ses films suivants, comme The Rasperry Reich ou L.A. Zombie avec François Sagat, continuent de montrer le sexe sans fard avec une vigueur presque révolutionnaire. Les contraintes de la distribution le poussent cependant à sortir deux versions de ses films : l’une érotique et l’autre explicite. Car les distributeurs et les exploitants restent encore frileux dès qu’il s’agit de sexualité frontale, qui plus est homosexuelle !
Jürgen Bruning l’a d’ailleurs bien compris et, pour servir de tremplin à ces productions, il crée en 2005 le Porn Film Fest de Berlin qui fera des petits un peu partout en Europe.
Chez nous, on a eu quelques tentatives isolées. En 1975, déjà, Philippe Vallois s’essayait à l’explicite dans Johan présenté à Cannes, mais amputé de sa scène de fist !
On pense aussi à Rémi Lange et sa parodie du Cake d’amour ou encore à Jean-Marc Barr et ses Chroniques sexuelles. On ne s’attardera pas sur Chéreau qui préférera filmer les ébats non simulés d’un couple hétéro plutôt qu’homo dans Intimité.
En fait, il faut vraiment attendre L’Inconnu du lac de Guiraudie (2012) pour qu’une baise entre mecs, éjaculation à la clé, puisse s’attirer les honneurs de la critique et du grand public.
Dans un juste retour des choses, Stéphane Berry en fera un remake porno sobrement intitulé Le Garçon du lac. Plus récemment, le tandem Ducastel & Martineau fait débuter l’histoire d’amour de Théo & Hugo dans une backroom. Et par souci de réalisme, ils montrent tout ce qui va avec : des bites fières et en érection, des corps-à-corps passionnés. Plus chaud que Cruising et finalement bien plus troublant qu’un porno classique !
Nouvelle vague
Fort de nouveaux espaces de diffusion et d’un appétit croissant du public, on voit apparaître une nouvelle vague de réalisateurs qui se spécialisent clairement dans le cinéma explicite, s’accommodant d’une économie de production limitée. Avec toujours cette volonté de renouveler les représentations de la sexualité souvent redondantes dans le porno. Ils cherchent aussi des corps moins stéréotypés et font appel à des acteurs « traditionnels », même si ce n’est pas toujours facile à trouver.
Le plus emblématique de cette nouvelle vague est Antonio Da Silva qui a réalisé de nombreux courts métrages autoproduits mêlant sexe, esthétisme et regard sociologique sur des métiers, des physiques (les banquiers, les danseurs, les roux, les daddies) :« J’ai toujours été fasciné par le sexe entre hommes et la sexualité. De plus en plus frustré de voir comment ils étaient traités au cinéma, ils sont devenus les principaux sujets de mes films. ».
On retrouve aussi cet arrière-plan sociologique chez Pretty Vacant Boys avec A.K.A Fuck, long métrage aussi sensuel que romantique, où des garçons livrent leurs parcours en voix-off sur des images sexuelles.
De son côté, Noel Alejandro (qui a débuté aux côtés de Erika Lust, réalisatrice porno féministe) nous propose des courts où le sexe est représenté avec une vraie intensité, comme dans Doing Elliot, les retrouvailles culs de deux amis du lycée interprétés par un vrai couple. « Après mon premier court Eloi & Biel, je me suis rendu compte que le sexe au cinéma était très plat, tout comme l’étaient les émotions dans le porno. Alors, j’ai voulu continuer à m’aventurer dans cet entre-deux. Je peux m’amuser à expérimenter sur un terrain où peu de réalisateurs osent s’aventurer. Le porno est le genre le plus exploité et en même temps le moins exploré ».
Rien d’étonnant à ce que des prods pornos se penchent de plus en plus sérieusement sur l’explicite, voyant là un moyen de se renouveler et de toucher de nouveaux publics.
Après avoir produit pour les salles I Want Your Love (2012), long métrage aux faux airs de Looking mais avec des vraies scènes de sexe, Tim Valenti, producteur du studio porno NakedSword, a franchi un pas supplémentaire avec sa nouvelle plateforme web « NSFW».
Elle accueille des produits maison (comme Cathasis) et des films réalisés par des talents émergents. « On veut quelque chose qui sorte de l’ordinaire. Ça ne suffit pas qu’un film soit « explicite ». Il faut vraiment qu’il ait un regard novateur sur la sexualité. Je veux des films qui nous fassent réfléchir », nous a confié Tim Valenti.
Et à l’écouter, les résultats sont plutôt encourageants : « Chaque sortie NSFW arrive directement dans le top de nos films les plus vus ». Comme quoi, sexe et cinéma font souvent bon ménage.
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