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Chantage au porno gay

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Comment vous venger de votre employeur lors d’un différend avec lui ? Si c’est vous qui gérez les serveurs informatiques de la société, la réponse est toute trouvée : envoyez tout leur trafic sur un site porno. Mais est-ce vraiment une si bonne idée ?

Le site Teengaydick a reçu en 2015, pendant plusieurs jours, un trafic aussi monstrueux qu’inhabituel. Ces visiteurs en surnombre trouvent leur explication dans la tentative de chantage qu’a opéré un administrateur système, sur la société pour laquelle il travaillait. Fin septembre, le subtil informaticien responsable de la manœuvre a été jugé et condamné à quatre ans de prison avec sursis. Il a obtenu du tribunal une certaine clémence en plaidant coupable d’avoir pris en otage le site web de la société basée à Phoenix (dont le nom n’a pas été dévoilé par la justice) et d’avoir renvoyé leur trafic sur un site porno gay. Il a également été condamné à plus de 9 000 dollars de dommages et intérêts.

Elle voulait une nouvelle étagère quand elle est tombé sur teengaydick

Une leçon de choses

Il n’est pas courant qu’un site internet soit pris ainsi en otage. L’auteur de cette mauvaise blague s’appelle Tavis Tso. Il habite à Tempe, Arizona. Avant toute autre considération, les observateurs de ce procès ont noté que cette histoire devrait servir de leçon à toutes les sociétés qui n’ont pas mis en place les protocoles de sécurité leur permettant de faire face à pareille situation. Tavis travaillait pour cette boîte depuis plusieurs années quand il a eu à renouveler leur nom de domaine. Il en a profité pour modifier les codes d’accès auprès du prestataire. Il lui a été facile de rediriger le trafic ensuite et donc de paralyser leur site.

Tout ça pour gagner 10000 $

Des gays et du sperme en page d’accueil

Au départ, l’adresse web de la société renvoyait vers une page blanche et les employés de la compagnie ne pouvaient plus utiliser leur compte e-mail. Tavis, « surpris » par ce gros souci, a demandé 10 000 dollars pour réparer ce bug. Ce qui a été refusé. En représailles, Tavis a alors orienté le trafic de cette société vers le site Teengaydick. Pour ceux d’entre vous qui seraient réfractaires à l’anglais, teen signifie « adolescent », gay signifie « gay » et dick signifie « bite ». Or, ce site présente une page d’accueil peu délicate. Pas besoin de cliquer : vous êtes tout de suite au cœur de l’action entre de jeunes gens se tripotant la bite et un beau jeune homme arborant un sourire tartiné de sperme. De quoi surprendre les visiteurs puisque cette société – cela au moins est clair – a une activité professionnelle bien éloignée de l’érotisme ou du porno. Imaginez-vous en train d’aller sur votre site préféré de mobilier suédois ou de matériel hi-fi, pour tomber sur un jeune éphèbe avec deux « zobs » plantés dans la bouche ! Ça peut surprendre.

Il plaide coupable et échappe à la prison

L’employeur de Tso, fâché d’une publicité qu’il devait juger peu flatteuse, a fini par porter plainte auprès des autorités fédérales qui ont fait le nécessaire. Il ne leur a pas fallu longtemps pour découvrir que l’administrateur système était à l’origine du problème technique. Tso tombait sous le coup des lois « abus et fraude informatique » ainsi que « fraude électronique ». Le fait que notre informaticien ait plaidé coupable a adouci l’accusation. En échange de ses aveux complets et circonstanciés, le procureur n’a pas demandé contre Tavis Tso de prison ferme et a abandonné l’un des deux chefs d’accusation.

Malgré les demandes de plusieurs journalistes, les opérateurs du site Teengaydick n’ont pas souhaité commenter l’information. Il serait pourtant intéressant de savoir si ce chantage imprévu a pu améliorer leur chiffre d’affaires annuel. On peut commencer sa journée en voulant acheter une étagère et se découvrir une passion pour les jeunes hommes se broutant le derrière, non ?

Michael Cock est journaliste et archiviste : il suit l'actualité et l'évolution de la communauté gay depuis plus de 20 ans. Militant de santé sexuelle, les nombreuses confidences qu'il a recueillies lui permettent de relativiser sur les sexualités. De formation scientifique et théâtrale, il décrypte avec humour et logique l'inconscient sexuel de tous les sujets trop sérieux. Il contribue régulièrement pour Garçon Magazine.

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