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Hara-kiri, bête et méchant…

C’était une revue qui détonnait et déconnait dans une époque qui ne supportait pas que l’on s’éloigne peu ou prou de la bienséance. Anti-clérical, anti-féministe, anti… anti… anti-tout au final. Sa rédaction au grand complet a toujours su provoquer et dépasser les limites du mauvais goût et niveau cul… Les lecteurs n’en ont jamais manqué.
C’est dans les années cinquante que se rencontrent les fondateurs du mythique Hara-Kiri, François Cavanna et Georges Bernier, plus connu sous le sobriquet de « Professeur Choron », au sein de la rédaction de Zéro, qui deviendra par la suite Cordées, un « mensuel » humoristique à périodicité variable, uniquement distribué par colporteur.
Après la reprise de la direction par la veuve de Jean Novi décédé brutalement, Cavanna qui souhaite monter une revue plus corrosive, décide de quitter, en même temps que le dessinateur Fred, la rédaction. Ils sont rejoints par Georges Bernier qui rassemble tous les colporteurs de Cordée, rue Choron, afin d’obtenir leur exclusivité.
En septembre 1960, le nouveau magazine de bandes dessinées, réservé aux adultes, est lancé et la France commence à entendre parler de ce nouveau mensuel politiquement incorrect : Hara-Kiri. C’est François Cavanna qui a l’idée du titre. Comme il l’expliquait au cours d’une interview accordée au Monde : « Je me suis battu pour imposer le titre. Bernier ne le comprenait pas. Pour moi, Hara-Kiri signifiait : “Je m’ouvre le ventre et je vous emmerde”. » Et pour emmerder son monde, et en particulier celui des bien-pensants, le titre du périodique était effectivement bien choisi.
Dès les premiers numéros, la rédaction qui a attiré à elle de jeunes talents du dessin comme Cabu, Wolinski [décédés tragiquement lors de l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015], Gébé, Roland Topor et Raiser, montre qu’elle ne respecte rien ni personne, au point qu’un lecteur remonté leur fera parvenir un courrier en avril 1961 dans lequel il écrit : « Vous êtes bêtes. Et non seulement vous êtes bêtes, mais vous êtes méchants. » Par un vote à l’unanimité de la rédaction le sous-titre du septième numéro du magazine est adopté et devient : « Hara-Kiri, journal bête et méchant ».
S’il est bête et méchant, il n’en est pas non moins dérangeant et en particulier dans cette France « Gaullo-Pompidolienne » que les moins de soixante ans ne peuvent pas connaître. Pour preuve, il sera interdit deux fois de parution, en 1961 et en 1963, par la censure d’État.
Un magazine qui frôla toujours les limites du bon goût sans jamais les atteindre
Hara-Kiri c’est tout dans le mauvais goût et l’incorrection permanente. En plus du mensuel, L’Hebdo Hara-Kiri est lancé en 1969. Et c’est ce dernier qui va mettre le feu aux poudres et sceller le destin du périodique. On se remémora cette « une » d’anthologie qui fera une fois de plus interdire le magazine le 16 novembre 1970 : « Bal tragique à Colombey – 1 mort », titre évoquant à la fois le décès du Général de Gaulle, le 9 novembre, dans sa propriété de Colombey-les-Deux-Églises et le tragique incendie du 5-7, le 1er novembre, près du Saint-Laurent-du-Pont en Isère où périrent 146 jeunes personnes et que la presse titrera à la manière d’un Roger Gicquel ouvrant le 20 h 00 avec son désormais célèbre : « La France a peur… », titres tels que « Le Bal maudit », « Le Bal tragique » ou « La Mort a fermé le bal ». En conséquence et sur décision de ministre de l’intérieur, Raymond Marcellin, le numéro 94 de Hara-Kiri est interdit dès le lendemain de sa parution, frappé d’« interdit à l’exposition et à la vente aux mineurs ».
L’Hebdo Hara-Kiri est mort [tout au moins dans cette forme, puisque le mensuel lui continuera de paraître jusqu’en 1989]… Non car une semaine plus tard, la rédaction s’est reformée au sein d’un nouveau magazine : Charlie Hebdo. Ils usent de dérision dans leur communication : « L’hebdo Hara-Kiri est mort. Lisez Charlie Hebdo, le journal qui profite du malheur des autres. » L’arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981 semble précipiter cette nouvelle mouture vers sa perte. Et pour quelle raison ? Manque de lecteurs, un comble pour celui qui se vantait dans ses pages abonnement : « Vous pouvez vous abonner, mais on aimerait mieux pas parce que ça nous oblige à vous l’envoyer ».
En 1983, Reiser, présent dès les débuts de Hara-Kiri et auteur de Gros Dégueulasse, s’éteint à Paris d’un cancer des os. Hara-kiri lui rend hommage en publiant un numéro spécial parodiant la une de Charlie Hebdo du 22 juillet 1974 annonçant la mort d’El Caudillo, dessinée par Raiser et arborant le titre : « Franco va mieux, il est allé au cimetière à pied ». Dessin identique, seul « Franco » a été remplacé par « Raiser ».
Politiquement incorrect
Mais combien de « unes » seraient proscrites aujourd’hui dans ce monde aseptisé, étranglé par cet insupportable politiquement correct. D’« Affaire Grégory : on a pêché le poisson qui a tout vu » à « Les Françaises puent : au pays des 300 fromages, on ne peut pas sentir la savonnette » en passant par « Le sperme nouveau est arrivé ! La chevalière du Tastefoutre : “Un peu vert, mais gouleyant.” » ou encore « Que veulent les jeunes ? Bouffer les vieux » aucune ne passerait l’étau de la censure ou se prendrait un procès dans la foulée. Pierre Desproges disait : « On peut rire de tout, on doit rire de tout […] mais pas avec n’importe qui ». À l’heure où les pages d’humour noir sont traquées par des bien-pensants, pur jus 1943, devenus spécialistes dans la délation, il semblerait bien qu’aujourd’hui l’humour se meurt.
Mais laissons celui qui en parla le mieux toujours dans cette même interview accordée au Monde, François Cavanna, clôturer le rapide portrait d’un magazine irrespectueux qui fit quand même rire ses nombreux lecteurs : « Cabu disait qu’on n’y arriverait jamais, les gens étant trop cons. Je répondais que ce n’étaient pas ceux-là qu’on captiverait mais 5 % de curieux susceptibles de s’intéresser à des choses scandaleuses. Quand on a créé l’hebdo, l’idée m’est venue de leur annoncer qu’ils disposaient d’une à deux pages chacun. Au besoin, on en rajoutait. On a vécu vingt-cinq ans en dehors de tout mouvement intellectuel, des modes comme l’existentialisme ou le situationnisme. On vivait en vase clos. C’était notre force et ce qui explique notre absence totale de complaisance envers les politiques. On admire aujourd’hui Hara-Kiri comme une glorieuse réussite. Or, même au temps de sa grande diffusion, il était haï à l’unanimité, par la presse et les artistes. On était un journal vulgaire. On nous reprochait notre mauvais goût. On était une réunion de bandits, d’individus à la marge, de révoltés. »
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