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5 préjugés sur le porno

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On n’en a pas fini de débunker les idées reçues sur le business. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un éditorialiste en manque de sujets brûlants ne lâche une énormité sur le X, histoire de faire son chou gras de la curiosité du public pour l’univers du charme et de la grivoiserie. Pour ne plus vous laisser prendre à ce jeu de dupes dans lequel le porno est toujours le dindon de la farce, voici la suite de notre petite chasse aux préjugés.

On n’y fait pas long feu

« That’s show-business, Baby ! » On l’entend souvent ; la durée moyenne d’une carrière d’actrice porno est d’environ 6 mois. Le X-business serait une impitoyable machine à broyer les pornstars, un ogre dévoreur de jeunes femmes. Ce n’est pas tout à fait vrai. Toutefois, on ne peut rien contre les statistiques ; la plupart des débutantes du porno l’auront quitté avant leur prochain rendez-vous chez l’esthéticienne. Ceci dit, avaient-elles toutes envie d’y faire carrière ? Au sein d’un marché professionnel où l’examen d’entrée requiert assez peu de compétences techniques, beaucoup sont appelées, très peu sont élues. Et l’écrémage se fait justement sur sa capacité à mener une carrière. Se promouvoir auprès des productions, choisir ses rôles, ses pratiques, gérer ses réseaux sociaux, son image, proposer du contenu exclusif ; le taf de hardeuse est loin de se résumer à baiser et compter les billets. Celles qui n’y vont que pour le frisson en reviendront vite, mais les pures business-women tireront leur épingle du jeu et trusteront les homepages des tubes pour des années. Show-business, on vous dit…

C’est truqué

Faux sperme, faux seins, fausses bites ; situations mensongères, endurance absurde, plaisir simulé ; dans le X, tout serait factice. Bon ça, j’avoue, c’est vrai. Mais remarquez que dans Gladiator aussi, et pourtant personne ne gueule contre Russell Crowe en jupe. On oublie trop souvent que dans « cinéma pornographique », il y a « cinéma ». Le porno produit de la fiction. Aussi, tous les artifices de mise en scène sont bons pour proposer le spectacle sexuel le plus sensationnel possible. Ça comprend bien entendu tous les ressorts traditionnels : cadrages flatteurs pour magnifier les proportions des performeurs, montage pour faire durer les scènes malgré les baisses de régime ; mais aussi maquillage, accessoires, trucages hors-champs, etc. Comme pour le cinéma grand public, la vraisemblance du X dépend moins du réalisme de la réalisation que de la disposition du spectateur à bien vouloir croire à ce qu’on lui montre.

Les actrices sont toutes d’invraisemblables bombes sexuelles

90-60-90, gueule d’ange, gros seins et cul bombé, les actrices X seraient toutes interchangeables. Pires, leurs mensurations systématiquement hors norme distordraient notre perception d’un corps de femme naturel. Bref, c’est la vieille rengaine du porno comme grand apôtre des diktats corporels, oubliant complaisamment la publicité, la mode, les cosmétiques ou même le cinéma traditionnel comme vecteurs d’injonctions esthétiques. Certes, comme dans l’ensemble de notre société superficielle, les physiques élancés, les poitrines opulentes, les fesses pulpeuses, les traits harmonieux sont autant de normes de beauté au pays du X. Pour autant, chaque critère comporte tellement de contre-exemples, tellement d’actrices qui les nient tout en étant des références dans leur domaine, qu’ériger cette idée reçue en règle relève de l’aberration. Teens filiformes, mature pulpeuses, grandes, rondes, petites, jeunes, maigres, vieilles ; fétichismes obligent, il n’est aucun physique qui ne trouve son public dans la pornographie, chaque particularité ne devenant non pas un défaut, mais une source de fantasme.

Les femmes n’aiment pas le porno

Les femmes, ces êtres chastes, fragiles et sensibles, ne peuvent endurer la vue frontale et explicite de la sexualité. D’ailleurs, si elles devaient regarder du porno, elles ne regarderaient que la catégorie « pour femmes », ces pastilles sensuelles faites de caresses et de tendresse, tempo adagio. Inversement, les hommes ne se paluchent que devant du gros gang-bang, où 15 lascars sur-dimensionnés pilonnent en cadence une nymphette experte en dilatation. Ai-je vraiment besoin d’expliquer à quel point cette supposition est débile, voire rétrograde ? Les femmes regardent du porno, et parfois (souvent ?) du franchement salace. Va falloir s’y faire, les hommes n’ont plus le monopole du vice…

Le porno est partout sur Internet

Tapi dans l’ombre des liens hypertextes, prêt à bondir sur le pauvre hère égaré sur le web entre une vidéo de chat qui danse et une fake-news anxiogène, le porno serait cette bête sauvage qui hante Internet, affamée de votre vertu. C’était sans doute vrai il y a quinze ans, à une époque où le moindre clic hasardeux sur une bannière putassière vous condamnait au surgissement intempestif de pop-ups à caractère sexuel, à chaque nouvelle utilisation de votre navigateur. Rassurez-vous, avec la main-mise des moteurs de recherche sur le Net, Google en tête, toutes ces pages cracras ont été reléguées aux confins du cyber-espace, ou aux requêtes les plus spécifiques. Si vous tapez « xxx porn hard anal granny bukkake » dans Big Browser, à un moment, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même. Toujours est-il qu’en matière de cul, Internet est safe. « Bite », « chatte », « cul », « nichons » n’ont même plus la faveur d’un petit lien porno en première page. C’est là que la rhétorique abolitionniste contre l’invasion pornographique du Web en prend un coup. Le prétexte de l’intérêt des gamins camoufle bien souvent la démission éhontée des parents quant à la supervision des sites consultés par leur progéniture.

Et voilà ! Le X-business est un secteur complexe à mille lieux des considérations toutes faites et des affirmations à l’emporte-pièce ; c’est pourquoi il doit être analysé avec sérieux, bonne foi et minutie. Avec ces dix démonstrations, en deux parties, vous avez donc tous les arguments pour démonter les lieux communs qu’on vous jettera au visage avec snobisme, la prochaine fois que vous admettrez aimer le porno. En outre, soyez ouvert et restez alerte, les avis tranchés sont l’apanage des esprits étriqués…

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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