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OnlyFans fait volte-face à propos du p*rno

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Acculé par les services bancaires, mais protégé par une mobilisation sans précédent des travailleuses et travailleurs du sexe contre leur censure, Onlyfans annonce suspendre le bannissement du porno. Mais le business n’est pas dupe.

« Merci à tous d’avoir fait entendre vos voix.

Nous avons sécurisé les garanties nécessaires pour soutenir notre diverse communauté de créateurs et avons suspendu le changement de conditions d’utilisation prévu ce 1er octobre.

OnlyFans défend l’inclusion et nous continuons d’offrir un foyer à tous les créateurs. »

Fin de communiqué.

Il n’aura même pas fallu une semaine pour qu’OnlyFans fasse machine arrière, bien aidé, il faut le dire, par le tsunami d’indignation qu’a soulevé cette décision auprès des travailleurs et travailleuses du sexe. Majoritaires en nombre comme en chiffre d’affaire généré (pratiquement 5 milliards en 5 ans), leur éviction complète de la plateforme de fan-clubs prévue le 1er octobre prochain était vécue comme un coup de poignard envers ceux qui avait fait de la marque la nouvelle licorne du Web, au beau milieu du confinement. Il y a encore quelques jours, les carottes semblaient cuites. Le patron jouait d’ailleurs cartes sur table. Mastercard menaçant de cesser tout service s’il ne se pliait pas à sa nouvelle politique extrêmement stigmatisante pour le X, OF choisissait finalement d’éjecter ses contributeurs historiques plutôt que d’être lâché par ses prestataires de paiement. C’est moche, mais c’est comme ça. Echec et mat !

Le pot aux roses

C’était sans compter sur la mobilisation massive du X-business, touché au niveau de ses acteurs les plus primaires, dont la survie financière est directement menacée. Pour se préparer à une désertion massive de la plateforme, chacun fait ses bagages en catastrophe : suppression de contenu, réclamation des sommes dues, migration des clients vers les sites concurrents, non sans crier son sentiment de trahison sur les réseaux sociaux. Chez OnlyFans, tous les voyants basculent au rouge et les espoirs d’une levée de fonds ne serait-ce que décente s’évanouissent. Qui a envie d’investir du pognon dans une boîte qui fait faillite ?

C’est alors que la presse traditionnelle s’empare de l’affaire. Géant numérique, porno et misère sociale, le sujet est trop juteux pour ne pas faire les gros titres. Et, une fois n’est pas coutume, elle commence à donner la parole aux sex workers qui, à l’unisson, dénoncent la machination orchestrée à l’encontre du X par des institutions financières à la solde de groupes religieux réactionnaires. Après avoir relayé leur propagande pendant des mois, via le New York Times, la BBC, le Guardian, dupés par les accroches racoleuses évoquant pédopornographie et trafic d’être humain, les médias de masse constatent finalement l’instrumentalisation, et la révèlent. Exodus Cry, les papiers orientés de Nicholas Kristof, la panique morale que nous dénoncions depuis des mois fait enfin les unes. Même Le Monde en parle. C’est dire…

Ton ex toxique

Sentant le vent tourner, OnlyFans joue alors son va-tout. Maintenant que la presse est de son côté, elle peut prétendre soutenir l’industrie pour adultes, qu’elle n’a pourtant cessé d’invisibiliser. On call les avocats pour un petite réunion avec Mastercard. Trafic ou pas, les sociétés bancaires sont toujours beaucoup plus ouvertes à la négo quand des milliards sont en jeu. On convient donc d’un accord, un pacte de non-agression. Il n’y a plus qu’à annoncer la nouvelle en grande pompe, ce que fait OnlyFans… via un pauvre tweet de 6 lignes : « En ft, tt va bien. revnz svp. Cétait pour rire ! »

Outre le ton consensuel, qui renvoie une nouvelle fois les travailleuses et travailleurs du sexe au rang de « diverse communauté de créateurs », les concernés tiquent sur la relation profondément toxique que leur « bienfaiteur » entretient avec eux. Après les avoir abandonnés à leur sort sans crier gare, voilà qu’OnlyFans salue leur victoire en espérant en récolter les fruits, et annonce la « suspension » de leur changement politique. Pas l’annulation définitive, non, la simple suspension, sans garantie de ne pas retourner une nouvelle fois sa veste à la prochaine bourrasque.

Plus que jamais, la confiance est donc rompue entre le X-business et OnlyFans. Et si nombre de performeurs et de performeuses sont toujours tributaires de la plateforme pour leurs revenus, démonstration est faite de l’urgente nécessité d’abolir son monopole, en migrant notamment vers des portails concurrents plus favorables à la profession adulte. Le risque est désormais trop grand de mettre tous ses œufs dans le même panier fatigué.

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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