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Mr & Mrs B, l’interview portrait : « Notre objectif, c’est Netflix ! »

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Mr : Elle ne voulait pas de moi, au début…

Mrs : Au début, c’était juste sympathique, une connaissance, pendant quelques mois et l’année d’après…

Mr : J’ai couru après pendant quelque temps. Elle n’a pas voulu. Après, j’ai arrêté de donner signe de vie, et elle a accouru vers moi.

« Suis-moi, je te fuis. Fuis-moi, je te suis. » La recette immuable, tant et si bien que même les couples de charme n’y dérogent pas. Amants à la ville comme à l’écran, Mr & Mrs B font souffler un vent de fraîcheur sur le porno. Elle, superbe blonde dont le regard d’azur tente désespérément de nous détourner de ses reliefs vertigineux ; lui, tatoué, barbu et baraqué, beau gosse sans le vouloir. Le glamour X, le naturel en plus.

Mais trêve de considérations superficielles, le talent de Madame et Monsieur ne s’arrête pas à de beaux physiques.

Mrs : On s’est rencontrés en 2017, par le biais de la photo, car Mr. est photographe depuis plusieurs années, et j’étais moi-même modèle photo. Il a fait la démarche de me contacter sur Instagram pour un shooting. C’est comme ça que ça s’est fait.

« À la base, on est passionnés de cinéma, chacune de nos réalisations est régie par la dimension cinématographique du rendu final. »

Ce qui les lie, c’est la passion de l’image. Un goût de la mise en scène qu’ils développent depuis leurs débuts, soft, à travers leurs compétences respectives. Après tout, pas de Pygmalion sans Galatée, et vice-versa. Le vice, en l’occurrence, n’est venu qu’un an plus tard, au fil des séances photos, d’une relation naissante, et d’un désir croissant d’en montrer un peu plus. L’émergence des plateformes de fan-club et la proximité qu’elles permettent avec les admirateurs ont achevé de faire de ce fantasme une réalité.

Mr : En 2018, on a commencé à en parler et, à la base, on s’est dit : pourquoi ne pas faire des photos non-censurées ? Juste des shootings de nu. Petit à petit, on a commencé à faire des petites vidéos sexy, érotiques, sans porno. Et de fil en aiguille, on s’y est mis, à l’initiative d’un client. Il avait une demande particulière. C’est à l’issue de cette commande qu’on a commencé à faire ce genre de choses. Pour le coup, on est… Comment dire ça ?

Mrs : On est exhibitionnistes.

Mr : Un petit peu, on aime bien montrer notre intimité, mais j’ai surtout l’envie de montrer le style qu’on pouvait donner.

Mrs : Pour moi, il y avait bien sûr une forme d’excitation. J’ai toujours aimé qu’on me regarde, savoir qu’on veut me regarder. Mais au début, la commande était une sorte de test. Si ça nous plaît, tant mieux. Si ça ne nous plaît pas, on arrête. Et ça nous a plu. C’est pour ça qu’aujourd’hui, on en est là.

L’exhib’, certes, mais pas à n’importe quelle condition. Leurs créations répondent moins à un besoin, qu’à une envie. Hors de question de se plier à n’importe quelle commande, encore faut-il que l’idée les séduise, qu’elle alimente leur fantaisie, qu’elle colle à leur style. Sinon, autant aller voir ailleurs.

Mr : À la base, on est passionnés de cinéma, chacune de nos réalisations est régie par la dimension cinématographique du rendu final. Comme tout le monde, on fait de la vidéo amateur, avec le téléphone portable. Mais quand on passe sur un film, il y a un vrai processus de réalisation, d’écriture du scénario, de la psychologie des personnages. On veut que ce soit un film. 

Mrs : Un début, un milieu, une fin…

Mr : et une intrigue. C’est ce qui manque un peu au film porno aujourd’hui. Certes, il y a des mises en scène, certes il y a du scénario…

Mrs : Mais c’est redondant.

Mr : Ce qu’on veut pour notre public c’est qu’il ait l’impression de regarder un film, mais où les scènes sexuelles sont non-censurées. Comme Love de Gaspar Noé, qui est l’une de nos inspirations depuis le début.

Gaspar Noé, rien que ça, confient-ils, avec cette manie délicieusement insupportable qu’ont les amoureux de finir les phrases de l’autre. Force est de reconnaître que Mr & Mrs se donnent les moyens de leurs ambitions. Photographie léchée, maîtrise de la lumière, fiction excitante et romantique entre décor naturel et nuit insolite en chambre-bulle, leur dernière séquence, La bulle de la tentation, dépeint un fantasme plus proche de l’impressionnisme sexuel que du gonzo porn : l’idylle charnelle éphémère entre deux inconnus, lors d’une nuit magique.

« Oui, le X nous a changés, en bien, en très bien même. Je me sens encore plus épanouie dans mon couple. Ça libère sexuellement, déjà. »

À leurs dires, une telle aventure n’aurait pu voir le jour en solitaire. C’est que le cinéma, X ou non, est un travail d’équipe. Et à ce titre, leur partenariat tient autant autant du couple coquin que du binôme professionnel, offrant ressource et appui sur les plateaux comme en dehors.

Mrs : c’est une force dont beaucoup de nanas n’ont pas la chance de disposer, parce qu’elles le font solo. Un atout majeur. Je ne me verrais pas le faire toute seule. Sans Mr, c’est pas possible. Le travail est divisé en deux. Car c’est bien beau de réaliser des films, mais il faut aussi répondre aux messages. Ça prend énormément de temps, au final. Et pour la partie réalisation, c’est beaucoup plus simple d’être à deux que tout seul. Mr gère vraiment tout le côté cinématographique. C’est lui filme, qui s’occupe des cadrages pendant le tournage. C’est lui qui va faire le montage. C’est lui qui va s’occuper de tout l’aspect « cinéma ». C’est entièrement sur lui que ça repose. Moi, je m’occupe des réseaux. Je gère toutes les messageries. Je réponds à tous nos abonnés. Je me charge de poster les photos ou les vidéos. Je fais énormément de com’ sur les réseaux sociaux, sur Twitter, sur Instagram. On s’est vachement bien réparti les choses.

A fortiori, vivre à deux les stigmates de la profession accentue la résilience. Que l’entourage de l’un désapprouve, ils s’en lavent les mains et trouveront chez l’autre le soutien dont ils ont besoin. En outre, le porno cimente leur relation. Qui eut cru que s’exhiber à deux créait des liens…

Mrs : Oui, le X nous a changés, en bien, en très bien même. Je me sens encore plus épanouie dans mon couple. Ça libère sexuellement, déjà. 

Mr : Il n’y a pas de tabou, là où il y a énormément de non-dits dans les couples, qui n’osent pas se dire ce qu’ils aiment, les fantasmes qu’ils ont, etc. Nous, on parle très souvent de ça. On n’a pas de secrets par rapport à nos envies ou autres. 

Mrs : Ça n’apporte que du plus.

Le seul souci, c’est que l’appétit vient en mangeant, et en tant producteur d’érotisme, il faut pouvoir assumer derrière…

Mrs : J’aimerais bien que Mr me fasse l’amour devant beaucoup, beaucoup, beaucoup d’hommes, sans que les autres hommes me touchent, juste regarder. Je le travaille, je sens que j’y arriverai un jour. 

Mr : Il faut que je réserve un stade de foot…

Mrs : C’est un fantasme que j’ai depuis très longtemps, dont il a connaissance depuis très longtemps aussi. Et j’espère qu’on le réalisera un jour, quitte à faire une jolie vidéo. Comme ça, on pourra le partager avec nos abonnés.

« Ça sera vraiment un gros, gros film, avec plusieurs personnages, plusieurs styles de sexe : solo, peut-être lesbiens, du trio ou du duo… »

L’idée est séduisante. Encore faut-il boucler la réalisation de leur prochain projet, pour le moins audacieux : « un long-métrage, un film d’une heure, une heure et demie ». On l’espère bientôt disponible sur leur fan-club, pour leurs abonnés, et les curieux.

Mr : Pouvoir différencier l’achat d’un média et l’abonnement est vraiment pratique. Tout le monde ne veut pas voir tous les médias, certains peuvent vouloir ne regarder qu’un film. Comme nous on fait des films, on peut directement les proposer à l’achat sans qu’il y ait à s’abonner. 

Ils y travaillent depuis des mois, entre les repérages des différents décors, l’écriture et le calage des séquences de la pléthore de seconds rôles, non-sexuels, débauchés pour l’occasion parmi leurs amis et connaissances.

 

Mr : On va parler d’un fait d’actualité, en l’occurrence, la covid. En gros, on aimerait réaliser un film post-apocalyptique : La covid a décimé une très grande partie de la population mondiale, et chaque humain se doit d’être isolé, seul, et ne croiser aucune personne. On a mêlé à ça une intrigue avec des espèces de flashbacks qui ramène le personnage à sa vie d’avant, avec sa femme. On y mêlerait aussi des scènes sexuelles. On ferait intervenir d’autres personnes sur le tournages. Ça sera vraiment un gros, gros film, avec plusieurs personnages, plusieurs styles de sexe : solo, peut-être lesbiens, du trio ou du duo…

Mrs : Mais là, on ne sait pas encore. Pour le moment, on a attribué des rôles, mais que pour les scènes cinématographiques, pas encore de rôles pour les scènes sexuelles. 

Mr : On ne veut pas prendre n’importe qui pour les scènes sexuelles.

Couple libéré mais pas libertin, les comparses entendent s’entourer de professionnels lorsqu’il s’agit d’aborder la bagatelle, mus avant tout par leur démarche esthétique.

Mr : À la ville, on est exclusifs, nous ne sommes pas libertins. Mais dans le cadre du X, du professionnel, on peut collaborer avec d’autres personnes, d’autres hommes, d’autres femmes. On peut partager un film avec une autre femme ou un autre homme. On fait la différence entre notre vie privée et notre vie professionnelle.

« Gaspar Noé, il est sorti sur Netflix, nous aussi ! On y arrivera, un jour. Objectif, Netflix ! »

Ceci dit, pas facile de faire son trou dans le X-business en indépendant, en évitant les pièges des profiteurs et autres vicelards, les coups bas de la concurrence.

Mr : C’est le problème dans ce milieu-là. Personne ne veut s’entraider, parce que tout le monde a peur qu’on se fasse de l’ombre les uns les autres, ou vice-versa. On n’est pas dans cette compétition. On ne se compare pas avec les autres. Même si Mrs B regarde beaucoup, beaucoup de porno (essentiellement lesbien, précise-t-elle plus tard, ndlr) et j’en ai pas mal regardé aussi, on n’y a jamais vu ce que nous on fait. À part chez Gaspar Noé. Je suis sûr qu’il y a moyen de faire quelque chose. Or, personne ne veut nous faire confiance.

Mrs : Nous, l’univers pornographie, on voit ça sur le long terme. À terme, plus forcément devant la caméra, mais derrière.

Mr & Mrs B voient donc les choses en grand, dans la perspective de produire un jour leur film de rêve : des décors exceptionnels faits de paysages somptueux et de panoramas époustouflants pour elle, une intrigue complexe sur fond de secrets et d’adultères, évidemment ponctuée d’un twist, pour lui. Avec l’espoir de décrocher un jour un AVN Award ?

Mrs : Non, juste une petite reconnaissance. De là à faire des festivals…

Mr : Ah, moi, ça ne me dérange pas de faire un festival !

Mrs : Oui, bien sûr, mais si on ne le fait pas, on ne va pas être tristes. 

Mr : Que Mr & Mrs B soient un peu reconnus. Sur les fan-clubs, déjà, on se démarque pas mal. on parle un peu de nous chez les autres créatrices. Certaines nous disent qu’elles reçoivent des messages d’abonnés : « À quand une vidéo à la Mr & Mrs B ? » C’est très flatteur.

Mr : Et devenir réalisateurs et, pourquoi pas, proposer un film, mais un film dans lequel on ne serait pas. 

Mrs : Moi, mon objectif, c’est Netflix. Gaspar Noé, il est sorti sur Netflix, nous aussi ! On y arrivera, un jour. Objectif, Netflix !

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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