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Cherie se fait l’avocate du X

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Cherie DeVille monte au créneau. La plus engagée des pornstars fait feu de tout bois dans les médias pour dénoncer le traitement réservé aux acteurs de l’industrie de la part des médias, des banques et des politiques. Si elle affiche bien évidemment un soutien sans faille aux victimes, elle s’érige contre l’amalgame qui est fait entre le porno et le trafic d’êtres humains, un amalgame entretenu par les censeurs de tous bords.

Pendant que l’Amérique s’apprêtait à commémorer les vingt ans du 9/11, Cherie DeVille mettait un point final à la dernière ligne de son article qui allait paraître le 10 septembre sur The Daily Beast. Elle y attaque le puissant New Tork Times, le quotidien new-yorkais qui fait la pluie et le beau dans l’intelligentsia, l’accusant d’être « rétrograde et de haïr le porn ». Le lendemain de sa mission « défouraille », Cherie est passée en mode « follow the leader » dans un manifeste rédigé pour Mashable où elle affiche son empathie pour les victimes de trafic d’êtres humains mais refuse que les TDS « consentants », dont font parties les performers, soient mis dans le même sac. Le ton est alarmiste. « Je suis vétéran depuis plus d’une décennie, j’ai 1 000 films à mon actif et je n’ai jamais vu autant de menaces peser sur le porn. Nous combattons plus de lois en préparation que jamais ». Chérie en a plein le cul et au figuré, c’est bien moins agréable.

En s’attaquant au NYT, la pornstar de 43 ans a réagi à la tribune publiée par Catharine MacKinnon quelques semaines auparavant et accusant la plateforme OnlyFans d’être un « pimp » ou proxénète en Français, qui pique 20 % des revenus de ses clients. Craignant que les banques ne lui coupent les vivres suite au papier, OnlyFans a brièvement banni le porn avant de rétropédaler le lendemain devant le tollé suscité. La prise de conscience de la précarité de leur situation a toutefois été très rude pour toutes celles et ceux qui tirent leurs revenus de la plateforme : ils savent désormais qu’ils ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Combien de temps durera le sursis ? À cette question, Cherie DeVille ne peut répondre, mais elle se pose en voix des sans voix et tombe sur le râble d’une MacKinnon, son Némésis chez les féministes hardcore, que feu Larry Flint se coltinait déjà dans les combats politiques des années 80.

La politique est d’ailleurs un domaine qui fascine cette kinésithérapeute de formation. Elle a même eu le cran de présenter sa candidature à l’investiture démocrate pour les Présidentielles de 2020. Là où la plupart n’y ont vu qu’un coup de pub, ses proches y ont reconnu son sens de l’engagement et son goût pour les joutes à haute intensité.

Néanmoins, DeVille ne se place pas uniquement dans la contradiction face aux anti-porn de tous poils. Dans son papier du 11 septembre, elle propose aux gens du X une série d’actions concrètes pour aider les victimes du trafic d’êtres humains. Cela va du bénévolat dans les centres recueillant des victimes de violences domestiques et sexuelles aux dons pour des organisations locales d’aide aux survivants et aux migrants qui sont aux premières loges du trafic d’êtres humains. Rien qu’à Los Angeles où l’on enjambe un accidenté de la vie tous les cinq mètres, le boulot est colossal.

À l’appui de chacune de ses initiatives, elle donne des noms d’interlocuteurs valables desquels se rapprocher si l’on veut aider comme la Coalition to Abolish Slavery And Trafic (CAST), l’avocate Kate D’Adamo, défenseure de longue date des droits des TDS ou les réseaux Freedom Network et Charity Watch. « En tant que pornographes légaux et consentants, opérant un business éthique, nous devons aider. D’une part, c’est dans notre intérêt : les bénévoles, les donateurs sont des citoyens au même niveau que les victimes et pas des trafiquants quoi se croient au-dessus des lois. D’autre part, et c’est le plus important, en tant que membres à part entière de nos communautés, nous devons aider les survivants. C’est la chose juste à faire », écrit ainsi DeVille. On a connu pire avocat.

Ses propos auraient pu être mis dans la bouche d’un ponte de la Chambre des Représentants, la seule chambre qui résiste à la milf multi-awardisée. Au vu du climat global, ses portes risquent de lui être fermées pour un paquet de temps encore. Qu’importe, l’industrie dans son ensemble a besoin de figures de proue qui la défendent et personne n’est plus crédible que les actrices pour le faire.

Journaliste professionnel depuis 2003. Rédacteur du magazine Hot Video de 2007 à 2014.

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