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Eva Delage : « Finalement, je suis comme tout le monde… »

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Pas banal, de reprendre le X à l’orée de ses 70 ans. C’est pourtant le destin de la fabuleuse Eva Delage, dont la vocation d’actrice s’était déjà révélée sur le tard, au milieu des années 90. S’illustrant alors dans les rôles de femmes de charisme et d’expérience, elle revient aujourd’hui parfaitement mature, en icône flamboyante et singulière d’un fantasme encore trop peu promu. Rencontre :

Bonjour Eva Delage. Commençons si tu le permets, par tes débuts. Quand as-tu commencé ?

j’ai commencé en 1995-96. Je devais d’avoir 44 ans.

Ce n’est pas anodin de débuter si tard. Qu’est-ce qui t’a amené à faire ça, en tout premier lieu ?

L’envie de découverte et, je vais être honnête, pour gagner un peu d’argent. 

Qu’est-ce qui t’a mis le pied à l’étrier ? Quelle occasion as-tu saisie pour te lancer ?

Simplement, j’ai envoyé une photo de moi à Laetitia, à Montpellier. Et une quinzaine de jours plus tard, elle m’a appelé pour me dire que mon profil l’intéressait et que si je voulais, j’avais un petit tournage à Montpellier pour démarrer. Et j’y suis allée. De mémoire, il y avait Yves Baillat avec moi, qui était très connu à l’époque. J’ai tourné avec lui, et ça s’est relativement bien passé. 

Tu faisais quoi dans la vie à côté de ça ?

Rien. Je devais être au chômage. Et je ne faisais rien de ces trucs-là…

À quoi ressemblait le porno des années 90 ? Quel souvenir en as-tu ?

C’était assez cool, des gens sympathiques. Je n’en ai pas du tout un mauvais souvenir, d’autant que j’ai continué après. Ça se serait mal passé, j’aurais arrêté tout de suite. Ça s’est bien passé. Puis disons qu’après, Yves Baillat a donné mon nom à un producteur de X, qui lui m’a appelé aussi. Et j’ai été tourner en Allemagne, pour trois films. Et de fil en aiguille, j’ai été tourner pour Gabriel Pontello, sur Paris. J’ai beaucoup tourné pour Pontello, sur des films allemands qu’il produisait. 

Tu as acquis une certaine notoriété, j’imagine ?

Je pense, sans prétention. Mais parce que je faisais mon travail sérieusement. C’était un travail à mes yeux. Alors je partais comme pour aller travailler. Dans ma tête, c’était très clair. Je ne débordais sur aucun sujet.

Les gens te reconnaissaient ? Te reconnaissent-t-ils toujours ?

Oui, souvent à ma voix. Il y a ceux qui me reconnaissent physiquement et quand je parle, ils percutent : « Mais oui, c’est bien Eva !« 

Quelle est leur réaction généralement ?

Un peu intimidés. Ils n’en reviennent pas : « Ah, mais c’est vous ! » Ils sont souvent impressionnés, mais toujours très corrects, sans rien de déplacé.

Tu n’as jamais souffert de l’image d’actrice porno ?

Personnellement, non, je n’en ai pas souffert. Puis, il faut assumer. Et comme après j’ai ouvert un sex-shop, ça n’a fait que prolonger cette dimension. Et si j’assumais l’un, j’assumais l’autre. 

Es-tu mariée ? As-tu des enfants ?

Je suis mariée, oui, depuis 24 ans. Et j’ai des enfants, qui sont grands, et des petits-enfants. 

Tu as fait une pause dans ta carrière, il y a quelques années ?

Oui, j’ai fait une pause il y a six ans, à peu près. Je m’étais arrêtée pour des questions physiques, dirons-nous. Parce qu’on a plus le même corps, et je ne me sentais pas à l’aise de recommencer. Puis, j’ai eu cette proposition. Et je me suis dit : « Pourquoi pas ? Allez ! ». J’ai recommencé à tourner. Mais très peu. L’occasion s’est présentée, elle était alléchante. Donc je me suis dit « On y va. » Mais je ne tournerai plus comme avant, c’est certain. Il faut savoir s’arrêter, et je voulais m’arrêter sur une bonne image de moi pour ceux qui me regardent. 

Du coup, c’est auprès de Jacquie & Michel TV que tu reviens aux affaires. Comment s’est déroulé ce retour ?

J’ai été agréablement surprise. J’étais très stressée le premier jour parce que je ne connaissais pas du tout les personnes avec qui j’allais tourner, aussi bien devant que derrière la caméra. Et je suis tombée sur des gens vraiment adorables. Ça s’est très bien passé. Ils m’ont demandé avant ce que je fais et ne fais pas. J’ai été claire : « Je ne fais pas ça, ça, ça… » et ils ont tout à fait respecté ce que je leur avais dit.

Il y a des pratiques que tu n’avais jamais essayées et que tu as pu découvrir à cette occasion ?

Non, j’en ai moins fait qu’avant. Je crois que j’ai fait un peu le tour, justement. Les pratiques que je ne fais surtout pas, c’est le SM, même si c’est soft. Ce n’est pas du tout mon truc.

Tes fantasmes ont évolué avec le temps ? Des fantasmes de jeunesse que tu as pu assouvir dans ta carrière ?

Non, je n’en ai pas spécialement, puisque j’ai fait le tour de tout. 

Et au début, il y avait une pratique que tu avais très envie d’essayer ?

Honnêtement non. Je dois être quelqu’un de bizarre. Je me suis laissé porter. J’ai fait ce qu’on m’a demandé, dans mes possibilités, aussi. À part le SM et la grosse domination, j’ai un peu tout fait : lesbien, deux hommes, trois hommes, gang bang…

Et qu’est-ce que tu as préféré ? Quel est ton meilleur souvenir de scène ou de tournage ? 

Mes meilleurs souvenirs sont les scènes de comédie. J’étais très à l’aise là-dedans. Pas sur toutes les productions, bien sûr. Mais quand j’ai fait un film sur la guerre, avec des Allemands, en costume et tout, c’était super. J’aimais beaucoup la comédie. 

Ça fait quoi d’être l’une des rares représentantes d’un fantasme tout entier, celui de la femme vraiment mature ? C’est quelque chose que tu mesures ?

Ça me fait sourire. Quand j’ai été tourné la semaine dernière, ils me connaissaient de m’avoir vue, mais jamais en vrai. Et quand je suis arrivée, c’est vrai qu’ils avaient les bras grand ouverts : « Ah, Eva ! On t’admire depuis des années… » Ça me fait rire, mais je n’en joue pas. Je n’ai pas pris la grosse tête et ça surprend assez souvent, d’ailleurs. Je ne vais pas leur dire d’arrêter. Simplement, je suis comme je suis. Je suis moi et puis voilà.

Tu as vu ton corps et ta sexualité évoluer au cours des années. Comment tu as vécu tout ça physiquement ? 

Je l’ai très bien vécu. Quand j’ai commencé, j’avais 45 ans. Et je pense que c’est le meilleur âge d’une femme, de 40 à 55 ans. Et Je me sentais très bien. 

Beaucoup de femmes s’inquiètent de leur vie sexuelle à la ménopause. Quelle est ton expérience, là-dessus ?

Chaque personne est différente. Mais à la ménopause, c’est vrai qu’on a beaucoup moins d’envie. 

Et ça a évolué avec le temps ?

Non, ça n’a pas évolué. Mais ça dépend des femmes. Certaines femmes me disent qu’elles s’éclatent à la ménopause, que c’est le contraire. Moi, ce n’est pas mon cas. 

Tu as un type d’homme ? Maintenant que tu es mature, tu as cette envie d’éduquer les jeunes mâles ? 

Non, alors ça, ce n’est pas mon truc. Et souvent, on me met avec des petits jeunes quand je tourne. Je l’accepte sans problème, mais du fait que j’ai des enfants, je ressens souvent un certain malaise. Je pense que c’est dû à ça. Aux petits jeunes, je préfère les hommes, pas forcément de mon âge, mais mature aussi, avec de l’expérience.

Et du coup, comment tu vois la suite ? Est-ce qu’on va te revoir ?

Aucune idée. Je ne sais pas. Si on me rappelle, peut-être, mais vraiment pour des petits tournages. Ça ne va pas s’étaler sur 10 ans. Il ne faut pas exagérer non plus. Je ne fais pas y aller en chariot roulant ou avec une canne. Je veux qu’on reste sur une bonne image. Je me donne jusqu’à la fin de l’année, puis ce sera fini. Je ne vais pas faire comme les artistes qui disent « C’est fini ! » et qui reprennent 10 ans, 5 ans, ou même 2 ans après. Quand je l’annoncerai, ce sera vraiment terminé. 

Et il y a un rôle que tu aurais très envie d’interpréter, plutôt que des pratiques et des fantasmes ? 

Non, je vis au jour le jour. Je ne réfléchis pas du tout à ce que je pourrais avoir envie de faire dans 6 mois. Ce n’est pas dans mon tempérament. Pardon pour mes réponses, tu dois être déçu. Moi, je n’enrobe pas du tout, je suis nature. Je dis exactement ce que je pense. C’est pour ça que les gens sont souvent surpris quand ils me rencontrent, parce qu’ils s’attendent à une nana un peu fière, pour s’apercevoir que je suis assez simple. Bah oui ! Finalement, je suis comme tout le monde. Même si je continue d’aller au Cap d’Agde, avec mon mari, des choses comme ça… 

Vous êtes libertins actifs ?

Oui, on peut le dire. Et puis on va aussi parfois au Cap simplement pour passer une semaine tranquille, hors-saison sans être libertin, pour le plaisir des vacances. Parce que je travaille toujours dans ma boutique, au sex-shop. Donc j’aime bien avoir des semaines pour couper, où je visite, je me repose, sans qu’il y ait de sexe. 

Merci beaucoup pour ta franchise Eva !

Merci à vous !

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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