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Rhum Express à La Réunion

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L’alliance inattendue entre un street-artist nommé Jace et Jacquie & Michel donne naissance à une bouteille de rhum collector.

Au commencement était un matelas. Abandonné contre un mur dans une de l’île de La Réunion. Un matelas puis un artiste inspiré par la rue, ses absurdités, ses objets à détourner. L’artiste se saisit de ses bombes et réalise deux personnages en pleine levrette, surmontés d’une bulle : “Merci Jacquie et Michel !”  C’était il y a quatre ans, le début d’une aventure étonnante qui se perpétue, de manière encore plus surprenante, au fond d’une bouteille de rhum. 

L’artiste en question est Jace. Havrais d’origine, arrivé dans sa jeunesse sur cette île de l’océan Indien, il est alors un adolescent “sage et rangé”. Quand l’envie de créer et de défier une forme d’autorité l’anime, il se tourne d’instinct vers le street-art,“une première affirmation, une rébellion”. En plein cœur des années 1980, le jeune homme est imprégné et fasciné par la culture street-art des États-Unis et notamment les métros new-yorkais bombardés de couleurs. C’est donc tout naturellement qu’il s’essaye sur les murs et fait naître en quelques traits les Gouzous, mot inventé par un copain de lycée qui désigne “les gens”.

Depuis, ses protagonistes aux courbes rebondies ont soufflé leur 32 bougies et fait le tour du monde. “Aujourd’hui, ils sont présents dans une quarantaine de pays, explique Jace. On a progressé et évolué ensemble et comme ils ne se retrouvent jamais vraiment dans la même situation, ils continuent à me surprendre.” Chevauchant un cocktail molotov en Espagne, fracassant un distributeur de billets à Paris, avalés par une banane à Bangkok, enlaçant la planète terre en Inde, célébrant l’amour en Colombie, pilotant un robot hybride en Afrique du Sud…

“On est tous consommateurs de porno”

Les Gouzous sont reconnaissables entre mille, contrairement à leur créateur qui conserve un certain goût du secret, inhérent à la culture street-art. “C’était à l’origine dans l’esprit du graff où il faut être discret et c’est devenu un système de défense pour me préserverMême si je continue à peindre de manière illégale !” Au rythme des idées et des envies, des voyages et des rencontres. Comme celle qui a mené à cette fameuse bouteille de rhum.

Le coït entre Gouzous sur matelas est arrivé sous les yeux de Charly, tenancier du store Jacquie & Michel de La Réunion. “Dès que je l’ai vu, ça m’a donné l’idée de faire quelque chose avec Jace”, explique-t-il. Mêler les aventures parfois impertinentes des Gouzous et l’esprit décalé de la marque, oui mais comment ? “Il existait déjà de la bière, du champagne… mais pas de rhum. Et le rhum, c’est un produit local, symbolique de l’île !” Restait à convaincre l’artiste, qui n’a pas la collaboration facile. Contre toute attente, Jace apprécie l’idée et l’enthousiasme de Charly : ”On est tous consommateurs de pornographie, de manière plus ou moins assumée, et le slogan de la marque est devenu un gimmick. Je trouvais le projet amusant, concevoir une bouteille et son étiquette, pour ce type de marque. Et en plus, ça me faisait rire.” Un exercice créatif pour dévergonder un peu ses comparses oranges et s’essayer à de nouveaux supports.

Au-delà de l’alcool, l’œuvre d’art

Pour mêler l’utile à l’agréable, les deux hommes décident d’introduire une dimension sociale à leur collaboration. « Ça me paraissait important d’agir à notre échelle, poursuit Jace. On a donc eu l’idée d’une autre œuvre, une toile qui serait vendue aux enchères et dont les bénéfices seraient reversés à une association de lutte contre les violences faites aux femmes.” Ce sera La petite partouZe, un tableau représentant une orgie de Gouzous orgasmiques, dans le même esprit que l’étiquette de la bouteille. L’œuvre encadrée de rose est achetée à plus de 5 000 euros, une somme dont a finalement bénéficié une association locale de prévention contre le VIH.

 

La bouteille, de son côté, avance bien. Avec une rhumerie réunionnaise, Rhum Cool à Flo, Charly concocte une recette aphrodisiaque à base de gingembre et de bois bandé. Jace finalise son étiquette licencieuse. Le partenariat prend vie sous la forme d’une série limitée 300 bouteilles authentifiées, numérotées et dédicacées. “Et surtout, très bonnes ! Un ami a acheté une bouteille, ils l’ont vidé en une soirée !”, s’amuse le responsable du store. Plus qu’un alcool, ce projet “est une véritable œuvre”, poursuit-il, “c’est un collector de Jace”. Certains collectionneurs l’ont bien compris : la cuvée spéciale est déjà proposée sur des sites d’enchères, plus de trois fois son prix initial.

 

Un objet d’autant plus rare que les Gouzous n’ont pas vocation à se lancer dans la pornographie. S’ils ornent les murs d’un club échangiste outre-mer, ils restent “plus romantiques qu’érotiques, on est plus dans le cœur que dans l’action”, détaille Jace. Les Gouzous flirtent, s’amusent, montrent leurs fesses, mais restent gentiment libidineux. Dans le sillage de leur créateur, ils vont bientôt quitter La Réunion pour se frotter aux briques et crépis d’Orléans, Chambéry ou encore Aix-les-Bains. Il y a toujours un Gouzou quelque part.


Où acheter la bouteille ? 

Directement à la boutique Jacquie & Michel de La Réunion : Rue Concorde

97438 Sainte-Marie

Où retrouver Jace ?

  • Jusqu’au 31 août à la galerie Hamon, au Havre.
  • Toute l’année à L’usine à Gouzous, La Réunion. 
  • Chez Very Yes où il invite et reçoit des artistes du monde entier, dont Mist (Montpellier) du 30 août au 28 septembre. 

Et sur ses réseaux sociaux : L’usine à Gouzous et Jace.


 

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