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Emma French Tgirl : « J’ai envie de devenir la nouvelle pornstar trans française ! »

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Aussi intelligente que séduisante, Emma est une beauté transféminine française comme on en rencontre peu. Avec son diplôme d’ergothérapeute, elle aurait pu mener une carrière pépère à l’hôpital. Mais son besoin viscéral de liberté l’a menée vers une activité bien plus épanouissante et lucrative : l’escorting. Aujourd’hui, à 26 ans, Emma cultive une nouvelle ambition : devenir une star du porno trans. Rencontre. 

D’où viens-tu ?

J’ai grandi à Montpellier, jusqu’à mes vingt-trois ans. Ensuite, je suis partie rejoindre l’amour à Montluçon. J’y ai travaillé, à l’hôpital, car j’ai un diplôme d’ergothérapie. Au départ, je voulais être médecin. Je suis restée six mois là-bas. Et puis, en 2020, je me suis dit : « attends, tu as 24 ans, qu’est-ce que tu fous à Montluçon ma pauvre ? » (rires) Du coup je me suis barrée à Paris, dans l’optique de chercher un travail d’ergothérapeute. Finalement, je me suis retrouvée à faire escort à plein temps. J’y ai pris goût ! Depuis novembre dernier, je me suis recentrée sur le porno amateur. Je n’ai jamais repris l’ergothérapie ! 

Tu aimes ce métier d’escort ? 

Oui, j’aime vraiment ce métier. Pour la liberté, que je chéris plus que tout. La liberté de mouvement, mais aussi la liberté personnelle, et professionnelle. Et puis, je gagne tellement plus que quand je travaillais à l’hôpital ! Ce que j’aime aussi, c’est le fait de prendre soin de quelqu’un, pendant une, deux, trois heures. C’est ce qu’on appelle le care, dans le milieu hospitalier. S’occuper d’un patient, ce n’est pas seulement lui faire un programme de soins, c’est lui porter une attention particulière, et ça, je le retrouve beaucoup dans ce métier. L’escorting, c’est plus qu’un acte sexuel, ce sont des caresses, de la complicité, des regards, être à l’écoute du corps de l’autre, et j’aime vraiment ça. 

Tu es particulièrement investie dans ton activité… 

J’aime les gens, les relations humaines, j’ai toujours eu une fibre sociale. Après, chaque personne qui exerce ce métier de TDS a ses raisons de le faire et le vit à sa manière. Moi, la façon dont je le fais me convient, car je passe toujours du bon temps, je prends mon pied, je m’entends bien avec la plupart de mes clients. Je leur fais du bien, et ça me fait du bien. C’est cool… 

Comment es-tu arrivée dans l’escorting ?

La première fois que je l’ai fait, j’avais dix-huit ans. A l’époque, j’avais une expression de genre masculine. J’allais souvent sur les sites de rencontre gays, et plusieurs fois, des gars m’avaient dit, suite à des refus de ma part : « est-ce que tu veux que je te paye ? » L’idée a fait son chemin dans ma petite tête, et un jour, j’avais besoin de thunes, j’ai dit oui. Pour pas cher ! Soixante-dix ou quatre-vingt euros. Comparé à mes tarifs d’aujourd’hui, c’est vraiment rien ! A l’époque, ça ne me plaisait pas trop. Mais j’ai accepté de temps en temps de le faire lorsque j’étais vraiment dans le besoin. A partir de l’été ou j’ai été diplômée, j’ai recommencé, une à deux fois par mois, tout en travaillant à l’hôpital. Fin 2020, je suis montée un week-end à paris, et j’ai eu une petite révélation. J’ai eu envie de mener vraiment ma vie comme je l’entendais. Je ne pouvais pas rester à vingt-quatre ans dans un bled paumé, peuplé principalement d’homophobes et de racistes ! C’est là que j’ai commencé l’escorting à plein temps. Au bout de deux semaines, j’ai pu me payer un voyage d’un mois et demi au Brésil ! 

Quand as-tu commencé ta transition ?

En avril 2017. Après des années de doutes et d’hésitations, j’ai commencé à en parler autour de moi, à changer de vêtements. Un an après, j’ai pris des hormones pour la première fois. 

Quel est l’aspect le plus difficile de la transition ?

Ce qui est difficile au début, c’est que l’on reçoit sans arrêt des avis différents : ceux des associations, des sites Internet, des médecins. Du coup, on hésite sur les démarches à effectuer en premier. On perd du temps. On peut aussi être orienté vers un psy, mais là on perd carrément deux ans… Moi, j’ai juste fait deux séances. 

Aujourd’hui encore, il faut être suivi par un psy pendant deux ans pour envisager une transition ?

Les deux ans, c’est une préconisation qui date de 1989. Cela sert à déceler une maladie psychiatrique sous-jacente, qui pourrait influencer le jugement. La schizophrénie, par exemple, peut entrainer des troubles du genre. Mon psy m’a dit : « on n’a pas besoin de deux ans pour savoir si quelqu’un est schizophrène ! » Pour lui , la transidentité est loin d’être une maladie. 

A l’école, ça se passait comment ?

Très bien ! La directrice, les profs, tout le monde était cool, les élèves aussi. Le problème, c’était ma famille. J’ai été coupée de ma famille pendant trois ans. On ne se voyait plus, on ne se parlait plus. Je me suis retrouvée à la rue. J’ai été hébergée au Refuge, une association qui accueille les jeunes LGBT en rupture familiale. Finalement, c’est la famille de mon meilleur ami qui m’a accueillie pendant un an. 

Tu aimerais faire du X ?

Oui, j’ai toujours fait des photos, des vidéos toute seule. Depuis que je suis escort, je vends parfois des vidéos, quand on me le demande. En octobre dernier j’ai créé un Onlyfans. Ça a rapporté, très vite ! Un producteur, FabXactor, m’a contactée. Il fait beaucoup de vidéos avec des trans, des gays, mais aussi des filles cis. J’ai tourné ma première scène pour lui, c’était assez amateur, mais j’ai vraiment kiffé d’être devant la caméra. Je me suis dit que j’avais vraiment envie de devenir la nouvelle pornstar trans française !

La plupart des stars trans sont américaines… 

Oui, d’ailleurs la production TS Angels m’a contactée plusieurs fois. Ils m’ont proposé un tournage à Monaco, avec un cachet tellement énorme pour une inconnue comme moi que j’ai cru à un fake ! Du coup, ça ne s’est jamais fait ! Je reste donc dans le pro-am pour l’instant. Le problème des grosses prods, c’est qu’elles sont très hétéronormées. C’est aussi cliché que le porno lesbien. Normal, ces productions sont dirigées par des mecs ! 

Qu’attends-tu du porno ? 

J’ai envie de faire beaucoup de choses. Depuis que je suis au collège, j’ai toujours kiffé le cinéma. Je me suis toujours dit qu’un jour, je réaliserai un film. Du coup, je vais monter une société de production. Ce sera du porno inclusif, queer, féministe. J’aimerais réaliser des scènes esthétiques, dans le style d’Erika Lust, en décors naturels. J’ai commencé à écrire un scénario. 

Selon toi, pourquoi les hommes trouvent-ils les filles transgenres si attirantes ?

C’est le fantasme du troisième genre, du troisième sexe. L’expression est un peu ridicule, je ne suis pas intersexe. J’ai un pénis et des testicules, ce n’est pas un troisième sexe ! En tout cas, ça déconstruit un peu le schéma : une femme = un vagin. Ils découvrent que ce n’est pas forcément le cas ! J’ai aussi des clients qui aiment les femmes, et qui adorent le plaisir anal. Soit ils n’osent pas en parler à leur partenaire, soit ils kiffent que ce soit une femme qui les prenne. C’est trop bon de se prendre un truc dans les fesses, et évidemment, c’est encore mieux quand c’est une bite ! Ressentir cela, avec une personne dont l’expression de genre dégage une grande féminité, il n’y a rien de mieux… 

Quel conseil donnerais-tu à un homme qui veut essayer le sexe anal (en tant que passif) pour la première fois ?

Il faut trouver un partenaire avec qui il n’y a aucun problème de communication. Et surtout, il faut que le partenaire prenne du plaisir à en donner. 

Quel partenaire sexuel préfères-tu ? Garçon, fille, trans ?

Dans ma vie privée je suis plutôt lesbienne. J’ai de plus en plus de mal à avoir des relations avec des mecs cis. Mais ces derniers mois, je tends vers l’asexualité, dans ma vie personnelle. Je pratique tellement le sexe au quotidien pour mon métier, que dans ma vie privée, je recherche plutôt tous les petits trucs qui gravitent autour de l’acte sexuel : les caresses, les regards, les longs baisers, les frottements. Ou alors, il faut vraiment que ce soit dans un lieu magique…

Tu préfères être active ou passive ?

J’ai longtemps été plus passive qu’active. Sexuellement, j’adore être dominée. Il m’est arrivée d’être active avec mes copains, quand je me sentais en confiance. Depuis quelques mois, j’ai tendance à être plus active.

Tu prends des hormones ? 

Oui, j’ai une injection toutes les deux semaines. 

Ça empêche de bander ? 

De ouf ! Au début de mon traitement, je n’avais quasiment plus d’érection. Aujourd’hui, ça revient. Mais ça dépend des jours. Pendant deux ou trois jours après l’injection, je ne peux pas du tout avoir d’érection. 

Tu ne prends pas de médicament pour ça ? 

Non, je prends du poppers, et on ne doit pas l’associer avec ces médicaments-là ! 

Quelles pratiques refuseras-tu toujours ? 

Du sexe avec une personne mineure, ou sans consentement. Et je ne ferai jamais rien avec des animaux en tant qu’active. 

Euh… tu peux préciser ? 

Oui, je m’explique : si un animal veut te monter, c’est qu’il est consentant. Dans le sens inverse, on ne peut pas savoir si l’animal est consentant ou pas.

Tu as le fantasme de te faire prendre par un chien, par exemple ? 

Oui ! Je parle souvent avec un gars qui a un chien, il fait ça de temps en temps. Je n’ai encore pas eu l’occasion de le rencontrer. Deux fois, j’ai eu des clients qui voulaient que je me fasse prendre par leur cheval. Ça ne s’est pas fait, au dernier moment, mais c’était prévu ! 

Mais une bite de cheval, c’est quand même énorme ! 

Oui, je ne sais pas si j’y arriverais, mais ça me plairait d’essayer ! 

Et la scato ? 

Je l’ai déjà fait avec des clients en tant qu’active, mais je n’ai pas touché, ni pris dans mes mains ! Dans l’autre sens, en receveuse, pour une très grosse somme d’argent, je pourrais ! 

Ça ne te dégoûte pas ?

Non, je ne juge pas. Si c’est leur kif, je respecte. Moi par exemple, je kiffe l’uro, me faire pisser dans le cul ou dans la bouche. J’ai déjà fait du knife play, j’ai joué avec le sang… Je ne vois pas la scato comme une chose horrible, ou dégradante. 

As-tu encore des fantasmes ?

C’est un grand OUI ! J’en ai plein (rires) ! Ça me rappelle qu’il y a bien longtemps que je n’ai pas baisé avec deux mecs bi. J’adore ça. Qu’ils baisent autant entre eux qu’avec moi. Mais mon plus grand fantasme, je ne sais pas… J’aime tellement tout dans le sexe. 

As-tu un modèle dans la vie ?

Oui, Indya Moore. C’est une actrice américaine noire, et trans. Elle s’est retrouvée à la rue à 14 ans. Elle a été SDF, pute dans la rue, accro à la coke et au crack… Aujourd’hui, elle est classée par le magazine Time comme l’une des 100 personnalités les plus influentes du monde. C’est une best, une combattante. Sinon, dans ma vie perso, je suis très « auto-stop et sac à dos ». Je voyage beaucoup, et il m’arrive souvent de rencontrer des personnes inspirantes. J’aime les gens qui se battent pour vivre la vie dont ils ont toujours rêvé. 

As-tu l’espoir que le statut des Travailleur(euse)s du Sexe s’améliore dans les années à venir ? 

J’en ai envie, oui, mais je n’ai aucun espoir. Je n’attends rien de ce gouvernement. Un homme sur trois est déjà allé voir un(e) TDS. D’après une étude, en 2015, il y avait 37 000 prostitué(e)s en France. Et ce n’est toujours pas reconnu… Certes, il y a d’énormes problèmes, comme la traite des êtres humains, le proxénétisme. Mais en pénalisant les clients, cela précarise davantage les prostituées. J’ai beaucoup de difficultés à trouver des logements, je ne peux pas déposer d’espèces à la banque… Du coup, je suis obligée d’aller en Belgique pour me déclarer.

Raconte-moi ta pire expérience dans l’escorting

Je venais de commencer l’escorting à Paris. Un gars m’a payée pour une heure ou deux. C’était le soir. Au bout de deux heures, il me demande s’il peut rester, il m’assure qu’il me paiera après. Il reste une heure, deux heures de plus. Il ne s’arrête pas. Je lui dis, à un moment : « maintenant ça suffit, il faut me payer ». Il s’est énervé, m’a mis un couteau sous la gorge, a enlevé sa capote… Ensuite, il a pris mon fric et s’est cassé. Mais ça ne m’a pas empêchée de continuer !

Et la meilleure… 

Un gars que j’ai rencontré en octobre dernier. Il a été mon client régulier pendant un mois et demi. Puis, j’ai subi une opération. Il m’a accueilli deux semaines chez lui, alors que j’étais défigurée ! Ensuite, nous sommes partis en Égypte ensemble, puis en Tanzanie. Sexuellement, c’était vraiment top, dès le début. 

Tu as déjà été très amoureuse ? 

Oui, et je le suis encore. Mais je ne veux pas être en couple. Pour moi, c’est trop de contraintes. Je suis plutôt en relation libre. Avec deux filles. L’une est à Montpellier, l’autre à Paris. 

Qu’as-tu appris sur toi-même, sexuellement, depuis que tu fais de l’escorting ?

Je sais maintenant que dans le sexe, on n’en finit jamais d’apprendre. Je suis aussi davantage à l’écoute de mon corps, et de celui des autres. J’ai appris des choses sur le fonctionnement humain que je n’aurais pas pu connaitre autrement qu’en faisant ce métier.

Comment peut-on te contacter ? 

Twitter.com/Emma_littleTs

Instagram.com/emma_littletgirl

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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