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Le spit kink, ça vous fait saliver ?

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Utiliser de la salive dans les jeux sexuels, c’est un grand classique. Mais connaissez-vous tous les usages possibles de ce fluide ? Après notre article sur les fluides dans le X, voici un tour d’horizon des principaux kinks liés à la salive, assorti de quelques conseils alléchants pour bien lubrifier vos ébats… 

Par le baiser, la salive est souvent le premier fluide que l’on échange dans une relation. Ce liquide biologique peut également constituer un lubrifiant naturel et efficace, toujours disponible en abondance, quand, dans le feu de l’action, on n’a pas envie de tâtonner dans la pénombre pour aller chercher le tube de lubrifiant tombé sous le lit ou enfoui dans un tiroir de la table de nuit… Mais aujourd’hui, ce qui nous intéresse, c’est l’usage érotique de la salive, le fétichisme du crachat (spit kink sur les moteurs de recherche), ou comment ce fluide peut devenir, en soi, une source intarissable d’excitation. 

Connaissez-vous les mots-clés spit play, spit swap ? Il renvoie à des centaines de vidéos de couples (généralement lesbiens) se roulant de grosses pelles baveuses, se crachant bruyamment dans la bouche, et s’échangeant de longs filets gluants… Même si la salive est moins évidemment érotique que les fluides génitaux comme le sperme ou la cyprine, elle fait néanmoins partie des sécrétions intimes auxquels sont attachés des tabous très excitants à braver. Ceux qui nous ont éduqué ne nous ont-ils pas appris à ne pas cracher par terre, et encore moins sur nos petits camarades ? La salive est connotée négativement : elle est liée à l’hygiène, à la retenue, et la projeter sur quelqu’un est une marque d’ humiliation. Mais comme vous le savez, c’est dans la transgression que nous puisons nos fantasmes. Après tout, la sexualité n’est-elle pas là pour faire tomber nos inhibitions ? Ce que nous considérons habituellement comme sale et dégoûtant peut devenir très excitant dans l’intimité.

Rien d’étonnant à ce que les jeux de salive se retrouvent dans le milieu SM. Le soumis se délectera des filets de bave que sa maitresse laissera couler dans sa bouche, mais s’il préfère se sentir vraiment humilié, il pourra préférer le crachat vif et agressif. On se situe alors dans un jeu de dégradation consenti. Dans tous les cas, la maîtresse (ou le maître) offre sa salive comme un privilège rare, une onction. Par cette pratique, l’esclave est béni, dans une sorte d’extase mystique. A certaines occasions, le dominant peut chercher à ce que le soumis s’humilie en léchant la salive qu’il a crachée ou sol ou sur ses chaussures. 

La salive possèderait même, pour certains, des propriétés magiques. Ce fluide est d’ailleurs très utilisé en sorcellerie. On considère que les fluides corporels comme le sang, la sueur et la salive, sont des substances magiques grâce auxquelles on peut agir directement sur une personne, pour la séduire ou pour l’envoûter. 

On retrouve d’ailleurs cette vieille tradition ésotérique dans le Nouveau Testament. Marc rapporte que Jésus, ayant craché, « touche la langue d’un sourd avec sa propre salive » (Marc 7. 33). Dans l’évangile de Jean, Jésus crache par terre et fait de la boue avec son crachat, puis l’applique  « comme un onguent sur les yeux de l’aveugle »(Jean 9. 6). 

Plus de deux mille ans plus tard, les filles de WitchTok affirment que cracher dans la bouche de leur partenaire est une forme d’envoûtement amoureux, pour le rendre entièrement dépendant ! L’intérêt des plus jeunes pour ces pratiques a été révélé par l’engouement pour le #kinktok, du contenu adulte orienté BDSM qui a ces derniers temps froissé l’image plutôt lisse du réseau social Tiktok. 

Mais pour la plupart des gens, les jeux de salive sont motivés, tout simplement, par une recherche d’intimité, voire de fusion, avec son partenaire. Quoi de plus personnel que la salive ? On peut apprécier la sensation du liquide coulant sur sa langue, dans sa gorge, ou sur sa peau, comme un prolongement de soi qui pénètre le corps de l’autre. Le porno regorge de scènes ou des bouches et des anus grand ouverts se font remplir de filets baveux ou de crachats inquisiteurs. 

Dana Vespoli in Evil Angel ‘Twisted Lesbian Anal Spit Play’ (Photo 015)

Bien sûr, les crachats n’investissent pas toujours les orifices. Le crachat bruyant sur la queue, avant et pendant une fellation ou une branlette constitue l’un des piliers de l’art pornographique. Une débutante sucera proprement, une vraie pornstar inondera la queue de son partenaire. 

Cracher sur une queue pour la lubrifier c’est bien, mais enfoncer cette même queue au fond de sa gorge pour se faire abondamment saliver, c’est encore mieux. Dans le X, la photogénie de la salive est incontestable. Pour preuve : ces vidéos de gagging, dans lesquelles les actrices exécutent des fellations en s’enfonçant un chibre le plus profondément possible dans la gorge, produisant des flots de bave, agrémentés parfois de filets de morve s’écoulant des narines… 

Et ne négligeons pas la dimension sonore de la pratique ! Les jeux de salive doivent être ostensiblement bruyants. Certaines vidéos ASMR sont entièrement dédiées aux bruits de bouche. Au programme : bulles de bave qui éclatent, bouches pulpeuses dégoulinantes en très gros plan, et filles crachant sur une vitre pour lécher ensuite leur salive 

Comme toutes les pratiques sexuelles, les jeux de salive comportent des risques de transmission de germes potentiellement pathogènes. Sans oublier la Covid 19, qui a mis la salive sous les feux de la rampe, la rendant un peu plus tabou, et donc encore plus excitante ! Concernant le VIH, sa concentration dans la salive est trop faible pour causer une contamination. Mais le risque existe pour d’autres virus, comme l’hépatite B. N’oubliez pas de vous faire vacciner. 

Ne négligez surtout pas votre hygiène buccale qui vous aidera à vous sentir plus à l’aise dans la pratique. Prenez soin de vos dents, brossez-vous la langue une fois par semaine et effectuez un bain de bouche avant de vous livrer à ces jeux. Évitez les bains de bouche à l’alcool qui dessèchent la bouche et limitent la production de salive.

Les techniques pour faire jaillir la source sont nombreuses. Introduire quelque chose dans sa bouche, comme une sucette, des bonbons acidulés ou, oui, un doigt (ou plusieurs), peut généralement provoquer la salivation. Le simple fait de penser à des choses acides peut vous mettre l’eau à la bouche. N’oubliez pas de vous hydrater, la salive est composée d’eau à 99 % ! 

Évitez également les aliments trop salés ou épicés. Sachez aussi que la plupart des drogues  (alcool, tabac, opiacés, amphétamines, hallucinogènes, benzodiazépines, cannabis…) provoquent une diminution de la production de salive, entrainant une sécheresse buccale qui peut se révéler très gênante dans l’intimité. Il n’est pas très excitant d’être embrassé, léché ou sucé par un partenaire à la bouche sèche. 

Sachez que mâcher du chewing-gum au goût « agrumes » peut augmenter la production de salive. 

La marque Bijoux Indiscrets commercialise un spray oral activateur de salive baptisé Slow Sex, à vaporiser trois fois sur la langue avant de passer à l’action ! En pharmacie, Artisial en spray, ou Sulfarlem S25 en comprimés feront tout aussi bien l’affaire. 

En espérant vous avoir mis l’eau à la bouche, laissons la chanteuse Fanny Bloom conclure : « Ta salive coulait dans ma gorge/Avec un goût de liberté/Mes frissons se cramponnent/À cette pensée. »

 

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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