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Performer aux Etats-Unis : le dépistage – On teste un labo classé X

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Se faire dépister comme un performeur X, dans un labo spécialisé à Los Angeles, Clint Brackmore l’a fait. Et il te raconte comment tout ça fonctionne dans le X-business américain.

American Dream, Baby ! Te voilà légalement installé aux États-Unis pour devenir la nouvelle étoile mondiale de la galipette acrobatique, grâce à notre précédent article sur les agences. Mais pour pénétrer les plateaux, et pas que, encore faut-il se montrer exempt de toute maladie vénérienne. Or, le dépistage au sein du X-business local relève d’un protocole spécifique, coopté par l’ensemble de ses acteurs, et encadré par un réseau de laboratoires spécialement dédiés aux performeurs. Et comme rien ne vaut l’expérience réelle, je suis allé tester tout ça sur place, histoire de t’expliquer en détail comment ça marche. Mais avant toute chose, faisons un point sur le protocole en question.

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250 balles pour la totale

Comme un peu partout dans l’industrie pornographique, il faut impérativement fournir un bilan de dépistage négatif aux maladies sexuellement transmissibles de moins de 14 jours pour participer à une scène. Sauf qu’aux États-Unis, cette convention repose sur un système centralisé : le PASS. Cette base de données médicales recense tous les talents en activité sur le territoire, et affiche leur disponibilité aux studios et productions reconnues par le réseau. Ces données sont collectées automatiquement, et avec l’accord tacite des talents qui se font dépister au travers du réseau national de laboratoires agréés qui maillent le territoire, de Los Angeles, à Miami en passant par Las Vegas. Talent Testing Service, Cutting Edge Testing, ou encore CLEAR, ces labos dédiés à l’industrie pour adultes profitent ainsi d’un marché captif et d’une inépuisable clientèle à qui proposer un service parfaitement adapté, comprenant des formules “performeur”, des abonnements dégressifs et une transmission des résultats sous vingt-quatre heures. 

Rendez-vous pris la veille via leur application en ligne, c’est donc à la clinique CLEAR de Northridge, au cœur de la Porn Valley, que je me rends. Compter environ 210 dollars pour un test “PASS approved”. Il dépiste VIH, hépatite B et C, syphilis, présence de chlamydias et gonorrhées dans les voies génitales, orales et rectales, et trichomonase vaginale. La détection du fameux Mgen, le mycoplasme génital, psychose actuelle de l’industrie américaine craignant l’épidémie, est en supplément à pratiquement 250 balles le tout, because business is business… Profitant du code promo AVN2024, l’événement étant propice aux collaborations spontanées, je m’en sors finalement avec une ristourne de 15% pour la totale. 

Sur place, je suis accueilli par un infirmier ponctuel et sympathique qui m’explique la procédure. On commence donc naturellement par une prise de sang pour checker les charges virales. Le propre des bactéries, en revanche, c’est plutôt de s’installer localement. Il faut donc aller titiller tous les orifices dans lesquels ces vilaines bébêtes auraient pu élire domicile. Mon cher laborantin introduit donc derechef un écouvillon au fond de ma gorge avant de m’expliquer que je ferais les autres prélèvements moi-même dans les toilettes privatives au fond de la pièce. Cela implique une petite collecte d’urine, mais aussi et surtout les joies d’un “anal swabing” autoprodigué. Et oui, la traduction est transparente.

Up to where?

Seulement, si je ne m’émeus pas outre mesure de la teneur “deuxième stade” du protocole, c’est bien la première fois que je m’introduis un coton-tige dans le fondement. D’où ma question pour le moins naïve : Up to where? Jusqu’où suis-je censé enfoncer la chose ? Pris de cours, l’infirmier sacrifie un de ses ustensiles conditionnés sous emballage stérile pour le bien de sa démonstration et me montre du bout du doigt, le long de la tige, la longueur indiquée. Yeah, one inch comme ils disent, me voilà rassuré, négligeant hélas un détail subtil qui aura son importance plus tard. 

Je prends congé de mon hôte pour rallier les commodités et faire d’abord pipi dans son petit gobelet. Bon élève, je lui ai d’ailleurs réservé mes premières urines du matin, facteur facilitant le dépistage. Dans les toilettes, un cadre rappelle en outre les formalités : uriner d’abord quelques secondes dans la cuvette, puis remplir en une fois le récipient fourni jusqu’au tiers de sa hauteur, en évitant tout contact de ses parties avec les bords, et enfin refermer le couvercle sans y foutre de oilp ou de PQ. Simple comme bonjour. 

Vient ensuite le grand moment. Ma touillette en main, le futal aux chevilles, je me penche vers l’avant, à demi fléchi en position skieur, histoire d’offrir mon côté pile au goupillon ouaté. Je m’aperçois alors que, dans cette embarrassante position, les indications visuelles fournies par l’autochtone ne me sont d’aucune utilité. Me voilà donc à expérimenter le planter de bâton à tâtons avec, pour tout repère tactile, l’ongle de mon pouce astucieusement placé en butée à la distance réglementaire. Un tour dans un sens, un tour dans l’autre. Bon, hein, écoute… Ça fera la rue Michel. 

Andrej Šporn at the 2010 Winter Olympic downhill, Jon Wick

Plutôt fier de moi, je rapporte enfin mes petits échantillons personnels au maître des lieux qui en assurera l’analyse dans l’après-midi. Et comme tous les usagers de l’officine, j’ai même droit à un petit tirage à la roue de la Fortune disposée à l’entrée, offrant goodies, réducs et dépistages gratuits aux plus chanceux. Veinard que je suis, je repars finalement avec le droit de laisser un avis à leur sujet sur Internet. Chose promise, chose dûe. 

4 étoiles sur 5. Manque un miroir en rase-motte au WC.

En ce qui concerne les résultats (entièrement négatifs, rassure-toi), je les reçois le soir même, via l’application plutôt bien foutue du labo. Elle affiche mon bilan de santé et sa validité sous 7 et 14 jours, tout en m’offrant, via une interface très simple, la possibilité de partager ces résultats avec n’importe quel autre patient enregistré. Attention toutefois à ne pas envoyer ces informations sensibles à n’importe qui. Bien que la technologie favorise aujourd’hui grandement les choses, le statut sérologique de chacun relève de la plus grande confidentialité et doit être partagé avec autant de précaution que de bonne foi entre professionnels du secteur. 

Pour conclure, loin d’être annexe au business, le circuit de dépistage est entièrement intégré à l’industrie pornographique américaine. Il est géré par une poignée de laboratoires privés et très spécialisés qui se partagent ce marché juteux et exclusif, à la faveur du PASS. Les fâcheux dénonceront la mainmise de ce système sur la santé des performeurs. Reconnaissons-lui une efficacité incontestable doublée d’une simplicité déconcertante. Rookie du X états-unien, le sujet n’est donc pas tant de faire un dépistage sur place que de rentabiliser à force de travail les 250 balles déboursées pour y accéder. 

Faites-vous dépister !

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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