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Bio/Milieu du X

Aurélie Stéfani : « Mon héroïne est une fille d’aujourd’hui, qui n’a pas peur de son désir ! »

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Si vous conservez un souvenir ému des livres de votre enfance « dont vous êtes le héros », vous allez certainement adorer la manière très cochonne dont la talentueuse artiste Aurélie Stefani a détourné le concept… Un livre destiné aux femmes, que leurs compagnons leur emprunteront volontiers !

Vous sortez ces jours-ci Le livre de cul dont vous êtes l’héroïne – Plein Soleil. Il s’agit de votre deuxième livre suivant le même principe. Le premier, dont le sous-titre était : Pleine lune, a été un succès ?

Oui, le premier a très bien marché, donc j’ai voulu continuer sur cette lancée. J’avais prévu d’écrire la suite, parce que j’imaginais le premier plus ambitieux, plus volumineux, avec plus d’intrigue. J’ai voulu en faire un deuxième qui réponde davantage à mes exigences !

 

Votre inspiration, ce sont les livres de notre adolescence, les « livres dont vous êtes le héros » ?

Oui, j’aimais beaucoup le principe de ces livres, mais je ne me retrouvais pas forcément dans leur univers majoritairement heroïc fantasy. En plus, j’ai toujours aimé faire des livres de jeu, des cahiers d’activité qui détournent des jeux pour enfants. Par exemple, J’ai fait un livre qui s’appelle Eroticoloriages, un détournement des livres de coloriage pour adultes, à la mode à l’époque ? Le fait que le lecteur soit actif est pour moi très important. 

Le livre de cul dont vous êtes l’héroïne est un projet assez ancien, mais je ne me sentais pas forcément les capacités littéraires pour le faire. Et puis, j’ai écrit quelques nouvelles érotiques, et on m’a plutôt encouragée dans cette voie. On m’a dit que j’avais un ton plutôt marrant, et du coup, je me suis prise au jeu. 

Quel est votre parcours ?

Je suis diplômée d’une école d’art. J’ai fait du design textile, et un VSA en arts appliqués. Je travaille en tant que graphiste et illustratrice, pour une mairie. J’ai toujours eu une volonté farouche d’éditer, donc j’ai commencé par l’autoédition, j’ai fait quelques fanzines, puis j’ai rencontré la Musardine. Mon premier livre a été Eroticoloriages ! Je dois aussi mentionner Pan Pan Cul Cul, un recueil de dessins édité par 476, et imprimé en risographie.

Vous avez également publié La méthode trash pour arrêter de fumer, chez Flammarion, et J’arrête de boire trente jours, mais pas plus, faut pas déconner, chez l’Opportun. Vous vous considérez comme une humoriste, ou plutôt comme une auteure décalée ? 

Humoriste, le mot est un peu fort, je suis plutôt auteure décalée ! Je ne suis pas la reine des blagues, mais c’est vrai que j’aime bien faire rire. Mon Livre de cul se situe toujours entre le cul et l’humour. 

L’excitation et le rire sont-ils compatibles ? Peut-on rire et bander en même temps ? 

Pour la deuxième question, c’est à vous de me le dire ! Mais oui, carrément ! Même si à un moment, on arrête de rire pour passer à l’action, c’est quasi fondamental… On peut désamorcer beaucoup de situations gênantes par le rire, c’est un bon facteur de communication et de dialogues. Mais c’est vrai que c’est quelque chose qui a surpris mon éditrice ! Elle m’a dit : « c’est très coquin et cochon, et il y a aussi de nombreuses scènes où l’on se marre ! » C’est un mélange pas évident à tenir. Nous avons tous vécu des petites barres de rire pendant des expériences sexuelles. 

Certaines situations sont à la fois drôles et improbables, comme lorsque, au beau milieu d’une partie de Twister libertin, une personne pète… 

Oui, j’ai un côté potache totalement assumé (rires) ! 

D’où vient votre intérêt pour l’érotisme ? 

J’aime le cul, j’aime faire l’amour, c’est une chose très important dans ma vie. J’ai fait un livre, autoédité, qui s’appelle ed 120 p recherche h/f aimant la cul. Ce livre a été le déclencheur. J’avais fait des recherches sur un site de rencontre, et j’avais trouvé des annonces absolument incroyables. Je me suis rendu compte que dans la sexualité, il y en avait pour tout le monde et pour tous les goûts. J’étais fascinée, jusqu’à l’écœurement presque, et j’ai entrepris de faire une collecte en appariant des gens qui ne se connaissaient pas, mais qui avaient une même façon de se présenter : il y avait les romantiques, qui accompagnaient leur profil d’une photo de coucher de soleil, et d’autres qui étaient super trash. Ça m’a ouvert les portes d’un univers ou les gens se lâchent totalement. J’ai proposé ce livre à la Musardine, ils m’ont dit que Stéphane Rose voulait en sortir un dans la même veine. C’est devenu Le bêtisier des sites de rencontres…

Les scènes que vous décrivez sont inspirées de vos expériences ? 

Oui, elles sont très inspirées du réel, de certaines anecdotes que l’on m’a racontées, ou des choses que j’ai vécues et transcendées. 

Votre livre est d’abord écrit pour les femmes…

Oui, dans la mesure où l’on se met dans la peau d’une femme. Après, je connais pas mal d’hommes qui s’y sont mis volontiers ! Est-ce que ce serait différent si ça avait été écrit par un homme ? Oui sûrement. Je ne suis pas dans la peau d’un homme. Je suis incapable de savoir ce que ça fait d’avoir une érection. 

Je trouve que c’est un livre que les hommes devraient lire pour comprendre comment fonctionne le désir féminin, la montée de l’excitation. C’est très bien décrit. 

J’ai une anecdote à ce propos. Mon éditeur, Christophe Siebert, m’a dit, à propos du premier livre de cul, que toutes les scènes commencent par le baiser. J’avais une sorte d’obstination à toujours décrire une scène de baiser, comme point de départ du sexe. C’est aussi mon regard face à la sexualité, aux rencontres. 

Qu’est-ce que ça veut dire, un livre érotique inclusif ? 

Ça répond à la norme 2024 (rires) ! On peut dire qu’inclusif, ça parle de toutes les sexualités… C’est la somme de toutes les possibilités qui permettent de s’extraire de la sexualité hétéronormée ! Mon héroïne est une fille d’aujourd’hui, qui n’a pas peur de son désir. On parle de capotes, de consentement, de polyamour… 

Vous ressentez une excitation en écrivant ?

Oh oui ! En période d’écriture, ça me chatouille vraiment ! Sinon, je pense que ça ne marcherait pas…

Ce livre a-t-il une visée masturbatoire ? 

Oui, même si les scènes sont assez courtes finalement, c’est un peu comme quand on regarde un porno. On va regarder une scène, mais pas forcément en intégralité. On est sur du sexe immédiat, rapide, donc c’est parfait pour se branler ! 

Est-ce que vous regardez du porno ? Quel genre ?

Certaines stars du X me fascinent, d’ailleurs pour mon prochain livre, je recherche des scènes improbables, des positions marrantes, des corps magnifiques…  Le porno, c’est quand même un formidable outil pour se faire du bien. Personnellement, j’apprécie plutôt l’amateur. Je goûte assez peu aux grands ongles, aux grandes queues épilées, aux corps huilés et tatoués, ça ne me donne pas envie de me toucher… Je préfère voir des gens lambda baiser. 

Comme chez Jacquie et Michel ? 

J&M, j’ai du mal à rentrer dedans, mais par contre, j’adore le moment où les gens se rencontrent, se présentent à la caméra. Là, je suis fan ! 

Vous projetez d’écrire un nouveau Livre de cul dont vous êtes l’héroïne ? 

À un certain endroit du livre, il y a une petite amorce du prochain…  

Aurélie Stéfani, Le livre de cul dont vous êtes l’héroïne, éd. La Musardine, 296 p., 17 €. 

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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