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Libertinage

Sortir en soirée troisième sexe !

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Mariage pour tous et théorie du genre étant passés par là, le mouvement LGBT est à la mode. Travestis et trans ne se cachent plus et de nombreuses soirées leur sont désormais consacrées, organisées dans des discothèques aux quatre coins du pays, jusque dans les provinces les plus reculées. Le phénomène s’explique par le fait que les admirateurs du troisième genre sont de plus en plus nombreux.

Aujourd’hui, « sortir en soirée travestis et trans » est branché, voire hype. Les hommes qui ont un penchant pour les « femmes avec quelque chose en plus » n’éprouvent plus de sentiment de culpabilité, et chacun estime avoir acquis le droit de s’amuser avec des partenaires de tous les sexes, y compris quand celui-ci est incertain, à cheval entre deux genres.

Fini le temps du fameux PV « Travestissement interdit en période de carnaval » : aujourd’hui, aucun policier ne se risquerait plus à verbaliser un transgenre en grande tenue sur la voie publique, sauf à encourir lui-même les foudres des lois anti-discrimination. Tant mieux, car le monde du troisième sexe est festif et attachant, et ses charmes gagnent à être connus. Ayant moi-même organisé de nombreuses soirées « Travacademy » sur Paris, je sais combien ce milieu des « femmes à bites » fascine et trouble jusqu’aux hommes qui se croient strictement hétéros, bousculant leurs certitudes de mâles. L’air du temps aidant, il est devenu plus facile pour un homme de se décomplexer et de se laisser aller à explorer les charmes de son ambivalence si le désir l’en prend.

Quand Céline déboule en soirée, elle ne passe pas inaperçue !

Quand Céline déboule en soirée, elle ne passe pas inaperçue !

Le travestissement, un fétichisme de la féminité

L’envie de travestissement est une pulsion que ressentent de nombreux hommes en secret mais que peu osaient jusqu’à encore récemment assumer de peur de passer pour homosexuels. Aujourd’hui, les choses ont changé, les mentalités ont évolué. Surtout, je sais par expérience que la pulsion de travestissement est moins un symptôme d’homosexualité refoulée qu’un fétichisme exacerbé de la féminité : en s’habillant en femme, le travesti se pare de tous ces artifices féminins (maquillage, lingerie, vêtements sexy, talons aiguilles, bijoux,…) qui le fascinent tant, cherchant de ce fait à s’approprier l’espace de quelques heures ce sentiment de féminité que son genre de naissance ne lui permet d’ordinaire jamais d’éprouver. Certains peuvent passer à l’acte et aller jusqu’à avoir des rapports homos, mais la majorité des travestis se contenteront de vivre l’expérience de façon platonique et distanciée, pour le simple plaisir de « voir ce que ça fait d’être une femme », ou de s’amuser avec les frontières de genres le temps d’une soirée.

À Paris, les soirées troisième sexe ne manquent pas : soirées de Prisca, soirées Escualita, soirées Fuchsia, soirées Drôles de Dames, soirées Maison du travesti, etc. Chaque fois, le principe est le même : un établissement de nuit accueille travestis, transsexuels, ladyboys et autres shemales et leurs admirateurs, pour une fiesta débridée jusqu’au bout de la nuit. Toutes ont leurs caractéristiques :

les soirées de Prisca sont une institution, car les plus anciennes dans la capitale. Cette belle blonde classe et distinguée d’une quarantaine d’années possède le plus gros carnet d’adresses de cette clientèle spécialisée, et ses soirées sont de ce fait les plus fréquentées, mêlant créatures du troisième genre, hommes, et couples. Elles ont actuellement pour cadre le Dream Studio, Porte de Vincennes, et l’ambiance y est volontiers libertine.

les soirées Escualita ont lieu au Madam’, une discothèque située près des Champs-Élysées. Plus axées sur les transsexuels latinos, nombre de professionnelles du Bois de Boulogne viennent y terminer leur nuit. Ce ne sont donc pas forcément les soirées les plus classes et désintéressées, mais avis aux amateurs de botox, de peaux cuivrées et de poitrines siliconées !

les soirées Drôles de Dames sont gérées par 3 jeunes et jolies travesties, Alexia, Mélany et Christina. La clientèle y est donc plus jeune, la musique plus actuelle, moins « années 80 ». Elles ont lieu au club Le Château, Paris 18ème, et le libertinage y est également possible.

Quel hétéro n'aimerait pas compter fleurette à la si sexy Steffie ?

Quel hétéro n’aimerait pas compter fleurette à la si sexy Steffie ?

Un sens de la fête décomplexé, et des créatures extravagantes

Toutes ces soirées ont pour point commun un sens de la fête décomplexé, une bonne humeur et une tolérance que l’on trouve peu en dehors du milieu troisième sexe. Ça rivalise de sensualité sur la piste de danse, ça reprend en chœur les tubes de Dalida, Indochine, Mylène Farmer et autres stars de l’ambiguïté des années 80, ça monte sur les tables pour des shows improvisés, ça papote, ça se bisouille, ça rigole, ça picole… le tout sous les regards complices d’un public conquis d’avance car composé de connaisseurs et habitués.

Côté troisième sexe, les travestis sont toujours majoritaires dans ces soirées. Sans doute parce que le travesti est moins sûr de sa féminité que le trans, et que la soirée est pour lui l’occasion de « sortir de son placard » et de faire ses premiers pas en public, dans un lieu à la fois friendly et sécurisé, où il n’a pas à craindre de jugement négatif. Ces moments de fête sont donc pour lui l’occasion privilégiée d’afficher une féminité qu’il lui est impossible d’assumer dans sa vie quotidienne… et de se rassurer en constatant que le troisième sexe est un genre de plus en plus répandu.
Le reste de la clientèle se compose généralement d’une majorité d’hommes seuls en recherche de plaisirs discrets, de couples libertins, et même de quelques femmes seules, venues s’amuser parmi les créatures du troisième sexe avec la certitude de ne pas être embêtées par les dragueurs lourdingues et autres morts de faim qui peuplent les boites hétéros : ici, les reines de la soirée sont les femmes qui ont « quelque chose en plus », pas les femmes génétiques.

Côté looks, on trouve de tout. Les travestis les plus féminins sont souvent les plus extravagants : ce sont les fameuses  « divas », venues assurer le spectacle en affichant leur exubérance. Le milieu est petit et tout le monde se connaît plus ou moins, ne serait-ce que de vue. Toutes les « divas » et personnalités du troisième sexe ont leurs blogs ou sites officiels, où se retrouvent sur Facebook ou d’autres sites communautaires. Quand elles débarquent en soirée, tous les regards se tournent vers elles, et des meutes de fans leur font la cour. Parmi ces « divas », citons la grande et longiligne Céline Diongay, qui aime arborer d’extravagantes robes fourreaux de lamé et autres tenues rétros-chics dignes d’une Jane Russel des années 50 ; la brune Steffie, dont le sourire angélique est aussi ravageur que le sex-appeal, et qui fascine bien des hommes « hétéros » (venus là, bien sûr, « par curiosité » !), au point que certains ne se plaindraient pas de l’accrocher à leur palmarès ; ou encore Fred, jeune trans non opérée d’une trentaine d’années, ultra féminine et dont les improvisations sensuelles délirantes font triper tous les mecs.

Incroyable: toutes ces belles filles sont des hommes !

Incroyable: toutes ces belles filles sont des hommes !

Et dire que toutes ces belles filles sont des hommes !

À voir toutes ces créatures si épanouies dans une quintessence de féminité rayonnante, impeccablement maquillées et parées, femmes jusqu’aux bouts de leurs ongles vernis, personne ne pourrait s’imaginer qu’il s’agit d’hommes. C’est ce qui me fascinait quand j’organisais moi même des soirées : je regardais toutes ces belles filles autour de moi, et je me disais : « Incroyable, et dire que ce sont toutes des hommes » !

Il m’est arrivé d’inviter des copines femmes génétiques à ces soirées. Absolument non familières avec le milieu, elles étaient instantanément envoûtées par le charme de ces créatures plus qu’ambiguës, à la fois troublées et vaguement jalouses de la perfection de leur féminité. « Qu’est-ce qu’elles ont de belles jambes, c’est dingue ! », était la réflexion qui revenait le plus souvent. Et c’est vrai : une fois rasées et gainées de nylon, bien des jambes de mecs font parfaitement illusion !

Sautez dans vos porte-jarretelles, on vous attend !

Sautez dans vos porte-jarretelles, on vous attend !

Bien sûr, tous les travestis et trans ne pas des bombes atomiques ou des « canons ». Il y en a des approximatifs : maquillage bâclé sous lequel pointe la barbe naissante, perruque mal ajustée, vêtements dépareillés, démarche gauche, etc. Dans le milieu, on surnomme ceux-là « femmes de ménage », un terme plutôt méprisant mais qui indique bien la différence de ces créatures incertaines avec les « divas » à l’apparence parfaite. Mais après tout peu importe. C’est aussi ça qui est bien dans le petit monde du troisième sexe : tout le monde se mélange et fait la fête sans complexe, quel que soit son niveau d’implication dans le milieu et son exigence de féminité. Toutes les divas ont commencé par être des « femmes de ménage », et ce n’est qu’au fil du temps et de leurs expériences qu’elles ont appris à se familiariser avec la féminité, et pu progresser dans cet art.

Alors, toujours 100 % hétéros, les mecs ?

Alors, toujours 100 % hétéros, les mecs ?

Alors, que vous soyez une diva en devenir ou un simple curieux désireux d’expérimenter des sensations nouvelles, n’hésitez plus : sautez dans votre porte-jarretelles, posez votre perruque, chaussez vos talons aiguilles, et venez vous aussi faire la fête au merveilleux pays du troisième sexe !

Liens :
– soirées de Prisca : http://www.les-soirees-de-prisca.com/
– soirées Drôle de Dames : http://www.soireesdrolesdedames.com/
– soirées Escualita : http://www.escualita.com/flyers-soiree.php

Ancienne organisatrice de soirées, et « figure » bien connue du milieu troisième sexe parisien, Olivia est aussi éditrice de sites spécialisés (trav-rencontre.com, travacademy.com), et auteur d'un ouvrage de référence sur le travestissement : « Une fille dans mon genre, guide pratique du travestissement », disponible sur Amazon.

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