Bio/Milieu du X
Censure du porno en France, AgeID : nous avons interviewé MindGeek, l’entreprise derrière PornHub !
En avril dernier, le parlement britannique proclamait le Digital Economy Act 2017, un ensemble de textes législatifs qui entend réguler le contenu et le trafic du réseau Internet des sujets de sa Majesté. Outre l’accès au numérique et les questions de propriété intellectuelle, une part importante de ce corpus statue sur la pornographie en ligne, donnant au régulateur un pouvoir d’ingérence sans précédent sur le contenu adulte diffusé sur le réseau, pour protéger ses citoyens et en particulier les enfants. Au vu de la jungle qu’est internet, l’on serait tenté de saluer l’initiative, à quelques détails près…
Tout d’abord, en marquant une différence entre « pornographie » et « pornographie extrême », le Digital Economy Act 2017 offre un pouvoir moral au régulateur : celui de déterminer quelles sont les pornographies qui ont le droit de citer, la « pornographie extrême » étant purement et simplement privée d’accès au territoire, quand la simple « pornographie » se voit seulement régulée. À la manière de ce qu’ils ont déjà fait concernant le BDSM, les pouvoirs publics britanniques pourront donc bannir les pratiques et fétichismes qu’ils considèrent comme déviants, ce qui présage d’un certain retour à l’ordre moral.
D’autre part, les autorités britanniques pourront ordonner l’interdiction d’accès aux sites pornographiques qui ne seront pas munis, au 1er mai 2018, d’un système de vérification d’âge. Là encore, qui oserait se positionner contre une telle mesure ? Sauf que…
Sauf que le gouvernement britannique ne propose pas de solution clé-en-main pour les sites qui voudraient se conformer à la nouvelle obligation. Ces sites, de la super-prod gonzo à la petite entreprise pro-am alternative, devront alors faire appel à des services tiers, privés, pour gérer à leur place, la fameuse vérification d’âge. Vous entrevoyez le problème ? Oui, qui dit « vérification d’âge », dit, bien souvent, « vérification d’identité ». Et, pour cela, les compagnies spécialisées dans ce secteur proposent actuellement 5 moyens différents :
- La vérification par carte de crédit. Simple, efficace, un propriétaire d’un compte à débit est forcément majeur, donc autorisé. Mais entreriez-vous vos données bancaires dans la page d’accueil d’un site pornographique ?
- La vérification par SMS (Verime). Le service de vérification vous envoie un SMS, auquel vous répondez, puis consulte votre fournisseur de télécom pour connaître l’âge du propriétaire de la ligne.
- La vérification par réseau sociaux (Veridu), sans doute la plus glauque. Vous entrez votre identifiant d’un réseau social quelconque, un robot scanne et analyse la teneur de votre fil d’actualité, de votre entourage relationnel, de vos photographies et de l’ensemble de vos « méta-données » afin de déterminer votre âge apparent, vous autorisant ou non à accéder aux sites pornographiques.
- La vérification par selfie (Yoti). Vous téléchargez une application, à laquelle vous envoyez une photo de vous ainsi qu’une copie d’une pièce d’identité. Par reconnaissance faciale, l’application valide votre identité puis se charge de vous créer un profil numérique anonyme, mais certifié, avec lequel vous accédez aux sites convoités.
- La vérification physique (AVSecure). Vous vous rendez physiquement dans un office agréé, munie d’un pièce d’identité, et on vous délivre un code à inscrire à l’entrée de tout site à accès réservé.
L’utilisateur est donc contraint, par la force des choses, à livrer une somme de données personnelles indécente à une multitude de sociétés privées dont on sait tout l’intérêt financier qu’elle porte à notre vie privée.Moins qu’une entreprise de protection des mineurs vis-à-vis de la pornographie, c’est l’ouverture d’un nouveau marché que promeut le Digital Economy Act 2017, un marché très juteux dont la matière première est la plus privée de nos possessions, notre intimité.
Dans cette course au système le plus pratique, le plus abordable, et surtout le plus gourmand en renseignements, MindGeek, le géant de l’industrie pour adulte, propriétaire de Pornhub, Youporn, Redtude, Brazzers, etc., vient écraser la concurrence en proposant AgeID : une solution unique, peu onéreuse et prête à l’emploi, pour tous les sites conformes, incapables de développer un système de vérification d’âge et prêts à payer pour un tel service. Le consortium, comparable à Google ou Amazon en matière de trafic, est-il en passe d’accéder aux données personnelles de millions de Britanniques, lui qui possède déjà virtuellement l’historique masturbatoire de chacun de ses utilisateurs ? Sachant le penchant pour le big data de la société et son appétit démesuré pour le marketing « ciblé » (un joli terme de novlangue pour camoufler la vente de chaque information relative à notre vie privée), nous serions bien avisés de nous inquiéter. Et si Big Brother naissait du porno ?
Nous avons rencontré un porte-parole de la compagnie pour en avoir le cœur net.
Pouvez-vous vous présenter, vous et votre compagnie ?
Je m’appelle Catherine Dunn et je suis la Vice-Presidente de la Communication Mondiale pour MindGeek, le leader mondial de l’expérience de marque dans le domaine du divertissement en ligne.
Qu’est-ce que AgeID ?
AgeID est un système d’authentification rapide privé et sécurisé, développé pour se conformer au Digital Economy Act 2017 du Royaume-Uni. AgeID regroupe les méthodes de vérification d’âge certifiées de services tiers, assurant qu’aucune donnée personnelle entrée au cours d’une vérification d’âge ne soit visible pour AgeID.
Comment la vérification d’âge fonctionne-t-elle ? Par carte de crédit ? Par réseau social ? Par SMS ? Par selfie ?
AgeID ne vérifie pas l’âge des clients, puisqu’il ne récupère pas de telles données. Il compile de nombreuses solutions de vérification d’âge certifiées et permet au client de choisir l’option qu’il préfère. AgeID est conçu pour que le client n’ait pas à répéter le processus de vérification pour chaque site à chaque visite. Concrètement, un client enregistrera un compte sur AgeID, fera vérifier son âge une fois, et utilisera une session unique pour accéder, sans interruption, à n’importe quel site protéger par Age ID. Les termes définissant quelles méthodes de vérification sont conformes à la loi n’ont pas encore été rendus publics, ou même débattus au Parlement, c’est pourquoi AgeID s’adaptera lorsque ceux-ci verront le jour.
La confrontation des mineurs à du matériel pornographique est un fléau que l’autorité publique a vainement tenté d’endiguer depuis toujours. Connaissez-vous la part d’utilisateurs de vos plateformes qui n’auraient pas l’âge requis ? Et avez-vous une idée de l’impact qu’aura un système de vérification d’âge efficace sur votre business ?
Le Royaume-Uni pourvoit déjà une pléthore de contrôles parentaux tels que le filtrage actif depuis le routeur ou l’appareil, et les filtres familiaux implantés directement dans les systèmes d’exploitation modernes au niveau du navigateur. Nous pensons, en outre, que les parents sont toujours les mieux placés pour superviser l’activité en ligne de leurs enfants, et cette loi risque de leur envoyer le message qu’ils pourraient fermer les yeux sur les habitudes de navigation de leurs enfants.
Quoi qu’il en soit, grâce aux contrôles déjà existants, nous n’envisageons pas de réduction significative de notre trafic, et s’il y a un impact quelconque sur notre business il sera minimal, puisque l’ensemble du trafic restant sera composé d’adultes certifiés.
Puisque les adolescents tendent à être plus doués avec les nouvelles technologies que leurs parents (et le fossé ne semble pas se rétrécir), n’avez-vous pas peur que les enfants puissent outrepasser AgeID ? Sinon, pourquoi ?
Il s’agirait plutôt d’une question à adresser au législateur. Les réseaux privés virtuels (VPN) et les proxys sont des techniques de contournement bien connues parmi les adeptes des technologies, et ils présentent des défis importants pour toute législation qui ne concerneraient que le réseau de pays spécifiques. Cependant, nous voyons dans cette loi la volonté, avant tout, de protéger les enfants qui tomberaient par hasard sur du contenu adulte, plutôt que ceux qui en chercheraient.
Vous êtes les plus grands pourvoyeurs de données de l’industrie adulte. De plus, vous vantez votre big data comme l’un de vos principaux atouts pour des partenariats. Quelles garanties les utilisateurs auront-ils que leurs données les plus sensibles (leurs préférences sexuelles, leurs fétichismes, etc.) ne seront pas vendues inconsidérément ?
Vie privée et sécurité sont deux des plus importants aspects d’AgeID. Il a été développé, dans le cœur de son design, pour préserver l’intimité et minimiser la sollicitation de données. AgeID adhère aussi aux législations de protections des données en vigueur comme le Data Protection Act et les General Data Protection Regulations, en plus des clauses encore non publiées qui réguleront la nouvelle loi. Toutes les données personnelles entrées au cours du processus de vérification d’âge sont directement transférées au site tiers choisi par l’utilisateur. La seule information qu’AgeID recueillera via le processus de vérification est « Oui – l’utilisateur a passé la VA » ou « Non – l’utilisateur a échoué à la VA ». Ceci assure qu’AgeID ne connaît pas l’identité de l’utilisateur, mais seulement s’il a 18 ans ou plus.
Comment sa vie privée sera protégée ? Une pareille centralisation des données attirera forcément les hackers. Ne craignez-vous pas un nouveau scandale à l’échelle de celui du site Ashley Madison ?
En l’état actuel du développement, AgeID ne recueille qu’une adresse mail, un mot de passe et l’état « validé/échoué ». Cette information est, par ailleurs, anonymisée via un cryptage irréversible, dans l’hypothèse improbable d’un piratage.
Si on se projette dans l’avenir, AgeID devient le service de vérification d’âge le plus utilisé par les sites pour adultes du Royaume-Uni. MindGeek centralise les habitudes de consommation des utilisateurs britanniques grâce au vaste échantillon de sites utilisant le service. Y a-t-il un risque qu’AgeID tue les fétichismes de niche qui ne pourraient pas payer pour votre service ?
Notre politique tarifaire est définie en fonction des estimations du trafic britannique que fournissent des sites comme alexa.com ou similarweb.com. Cela assure que les sites de niche à faible trafic paieront beaucoup moins que ceux avec des trafics plus importants, rendant AgeID abordable pour tous.
Comme pour Youtube, est-ce que la diversité de la production adulte ne va pas diminuer en faveur d’un porno mainstream, lucratif et « à clic facile », à cause des systèmes de référencement qui promeuvent essentiellement les contenus rentables ?
Nous ne pensons pas que ce sera le cas, du fait de l’accessibilité financière d’AgeID et des solutions similaires.
Le gouvernement français a récemment pris position contre l’accès des enfants à la pornographie. Avez-vous pris contact ? Envisagez-vous de le faire ?
Nous avons lu le discours du Président Macron de novembre 2017 avec intérêt et sommes, bien entendu, prêts à prendre des engagements avec le gouvernement, si cela devait conduire à des changements de politique pouvant potentiellement affecter nos sites. Cependant, c’est un terrain complexe et nous ne pensons pas que le Digital Economy Act 2017 du Royaume-Uni ait correctement appréhendé le problème. Tout gouvernement qui escompterait légiférer à ce sujet devrait considérer les implications réelles et concrètes de telles lois, et s’assurer qu’elles délivrent effectivement ce qu’elles entendent accomplir.
Merci Catherine pour vos réponses qui nous éclairent davantage sur votre système AgeID et sur toutes les étapes encore à franchir avant que de tels outils soient déployés.
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