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C’est un beau roman… mais c’est un peu vicelard

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Si vous êtes l’un des fidèles lecteurs de Hot Vidéo, vous pouvez y découvrir chaque mois, sous la têtière « Hardos », quelques comptines que l’on vous narre en images et que l’on vous légende à notre sauce maison. Mais n’y voyez point là une précoce éjaculation littéraire.

Je ne sais pas si vous le savez, et si vous ne le savez pas vous allez l’apprendre, que cette mode du « roman-photo » a connu quelques gloires des années soixante-dix jusqu’à la fin des années 2000. Certaines productions, ont d’ailleurs assuré leur succès en kiosque en publiant en plus des super-8 d’époque, ou plus tard des VHS et autres Betamax, quelques magazines intégralement dédiés au genre. Alors bien sûr vous n’y trouviez pas autant d’informations que dans votre magazine préféré [oui, bah le nôtre quoi], qui d’ailleurs a supplanté depuis peu l’Encyclopædia Galactica et Le Guide du Routard Galactique, pour toute la partie concernant le X à travers l’univers, mais une succession de saynètes toutes plus hard-core [voire cradingues] les unes que les autres où les petites pornstars, pour la plupart teutonnes aux gros tétons ou Suédoises démontables tel un meuble Ikea, se faisaient déglinguer, voire plus si affinités et ce, dans les règles de l’art, pour toute une génération de petits cochons.

« Chacune fut très populaire, pour l’anal ou bien les sucettes, mais mon colon celle que j’préfère, c’est ma Cléo de cinq à sept. »

Cette mode du roman-photo commence en Italie, après la guerre, pour redonner le sourire aux populations qui tentent de reconstruire des pays dévastés par les bombes et surtout… faut repeupler. Nous sommes encore à cette épique époque où Madame utilise le réfrigérateur Machin qui pourrait presque faire le repassage à sa place, alors que Monsieur, descend chaque jour à la mine pour aller gagner le pain quotidien [que quelqu’un a dit que normalement on nous le donnait] à la sueur de son front. Aussi dans la grisaille de cet arrêt des conflits, des « canards » décident de faire rêver ces dames grâce à de jolies histoires d’amour. Mais sous la forme de textes de type Arlequin, ce serait long et sans doute barbant pour les signoras, qui ont quand même à charge la tenue de la maison et l’éducation des enfants. Aussi certains magazines tels que Il Mio Sono et Bolero Film, ont l’idée de mettre une succession de photographies accompagnées de phylactères [les bulles, pour les truffes n’ayant pas fait journalisme +12] ou de légendes. Rapide, facile à lire, « il fotoromanzo » était né. Nous sommes, alors, en 1947.

De guerre lasse, v’la Dallas…

Cino Del Duca, futur maître du quatrième groupe de presse français susnommé les Éditions Mondiales, fut celui qui fit, avant guerre, découvrir aux bambini italiens, et pour la première fois, les aventures de Guy l’Éclair [Flash Gordon pour ceux qui n’auraient pas connu Pif Gadget] ou de Mandrake le Magicien, importera le concept en France dès 1949. C’est le succès que va rencontrer le magazine Nous Deux et ses populaires romans-photos à l’eau de rose, avec la présence de stars de l’époque comme Sophia Loren [qui y fera ses débuts à 16 ans] ou Johnny Hallyday, qui va assurer le succès du genre.

Alors bien sûr, Les photos pornos existent depuis l’invention même de la photographie. Aussi depuis le développement du X, chaque tournage est bien sûr accompagné du shooting y attenant. Comment voudriez-vous, autrement, que nos reporters, lorsqu’ils vous parlent des films à venir, puissent vous proposer une iconographie digne de ce nom. Aussi, et comme d’habitude dans le hard, ce sont chez nos cousins germains et chez les Vikings du nord de l’Europe que vont paraître dès les années soixante, les premiers magazines dédiés au X et surtout ceux spécialisés dans le roman-photo. Mais là, je vous parle d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître. Si je vous cite : Color Climax, Silwa ou Scandinavian Pictures, cela ne vous dit sans doute rien. Mais sachez-le, ils tinrent, jusqu’à la fin des années 2000, le haut du panier dans l’édition des susdits magazines.

 

De follettes Norvégiennes…

Prenons pour exemple, le plus célèbre d’entre-eux : le Danois Color Climax Corporation. Fondé en 1967 par les frangins Peter et Jens Theander, et malgré l’illégalité du porno au Danemark, ils vont commencer à tirer leur épingle du jus en distribuant leurs produits, pendant deux ans, sous le manteau. Alors c’est sûr que l’on n’était pas à l’ère du numérique et de la HD, et pas de son en prise directe sur ces 8 mm au charme désuet, mais une musique d’ambiance, du moins, dès que les projecteurs Super-8 furent équipés du son. Des films [enfin, plutôt des loops ou « boucles » en bon français], mais également des magazines imprimés tirés des shootings réalisés lors des tournages, tels seront les débuts de la marque ColorClimax. Alors, une chose est sûre, et partant de l’adage : « Une image vaut mieux qu’un long discours », les premiers numéros ne sont qu’une succession de photographies non légendées. Bon, à leur décharge [le mot est bon je trouve] il faudrait être franchement neuneu pour ne pas comprendre, une fois que l’actrice a un énorme chibre enfoncé dans le gosier, le fil de l’histoire. Et puis viendra le temps des légendes. De plus avec l’ouverture à l’internationale, celles-ci seront bien souvent dans plusieurs langues et donc prendront une certaine place dans la mise en page des revues.

1969, le Danemark autorise la pornographie sous toutes ses formes. Et là, va démarrer une course au no-limit. Tout est permis, tout est possible ! CCC se diversifie et se lance dans les pratiques extrêmes. Aux côtés des doubles, voire triple, et autres éjacs faciales vont se greffer zoophilie, uro et scato. Si Bodil Joensen sera l’une des étoiles qui feront triompher le label, d’autres stars européennes ou américaines lui apporteront ses lettres de noblesse, des pornstars telles que Rocco Siffredi ou John Holmes.

Des teutonnes aux gros tétons…

Color Climax, (Danish) Hard-Core, Anal Sex, Rodox, Teenage Sex, Lesbian Love ou Sex Bizarre ne sont que quelques exemples de la trentaine de titres de presse dédiés au roman-photo que possédait le Danois. Aujourd’hui, on estime à quelque 3 000 revues et livres édités, distribués à plus de 140 millions d’exemplaires. ColorClimax aura publié près de 8,5 millions de films et un million de VHS [qui n’étaient bien souvent que des compilations tirées des boucles super-8 d’époque].

Mais il ne fut pas le seul dans la course. Scandinavian Pictures sera son premier concurrent. En République Fédérale d’Allemagne [celle de l’Ouest, avant la chute du mur], c’est le label Silwa Filmvertrieb GmbH, dirigé par Horst F. Peter, qui, dès 1972, développe ses propres titres. C’est presque 70 magazines au total qui verront le jour au fur et à mesure des années. Après avoir racheté, en 1983, la production allemande Videorama et sa marque phare Magmafilm, les shootings des longs-métrages teutoniques donneront naissance à de nombreux et poétiques magazines. Citons au passage : Abgespritzt, Maximum Perversum, Old Ladies Extreme [dans lequel apparaîtront d’ailleurs les françaises Eva Delage ou Olga], Teeny Exzesse ou Piss Parade. En 2009, Silwa rachète les titres de Color Climax Corporation dans la première moitié des années quatre-vingt-dix. Y incorporant leurs propres visuels, ils assurent ainsi, jusqu’à la fin des années 2000, la pérennité de nombreux magazines.

La fesse est dite…

Et puis, comme pour tout, la mode passera et ces magazines spécifiques disparaîtront progressivement des kiosques. Ah l’inévitable marche du progrès qui, délaissant ces images inanimées, lui préférera celles qui bougent et que l’on peut regarder à tout moment sur la Toile. Pour information, on peut encore s’en procurer dans certaines librairies érotiques, mais devenus pièces de collection, ils atteignent aujourd’hui des prix proches des cent euros, certains dans des états aux limites de l’expression « Ah flûte ! J’ai encore collé les pages ». Aussi chez Hot Vidéo, on n’est pas peu fiers de respecter la tradition et de rendre, quelque part, un hommage vibrant à ces grands canards qui l’ont précédé.

Mr. Footlong, un Super-8 de 7 minutes tiré de The San Francisco Original 200 series, datant des seventies pour lequel on aurait dû ne rajouter aucun doublage [ah ! Oh ! Hou !] ni cette atroce musique d’ascenseur…

Ancienne actrice de X des années 80, reconvertie dans le journalisme et éditrice de sites Internet X. Sous pseudonyme dans un souci de discrétion, mais toujours bien informée des dessous du milieu.

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