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Mia Khalifa et le droit à l’oubli pornographique
Mia Khalifa, c’est un peu le marronnier de l’actualité porno. Il ne se passe pas une année sans que nous ayons, à nos corps défendants, des nouvelles de la Libano-Américaine la plus sulfureuse du monde. Il faut dire que le sujet est juteux. Ce n’est pas tous les jours qu’un canard peut se targuer de caser les mots-clés « Mia Khalifa », « porno », « hijab » et « Daesh » dans le même article. Autant en profiter.
Le 18 juin, Mia fait part au monde de sa crise existentielle, à la faveur d’une séquence TikTok particulièrement branchouille, option « hip-hop + filtre néon ».
@miakhalifa It is what it was
♬ original sound – weebkiller
« Cette crise dissociative quotidienne où tu te rappelles que l’image qu’ont de toi des centaines de millions de personnes est basée uniquement sur les 3 mois les plus sombres, les plus toxiques et les moins représentatifs de ta vie à 21 ans. » ou la psychanalyse 2.0.
PH, B*ngBr*s, X*XX, etc. constantly advertise and promote the 6 yr old videos whenever I’m in the news cycle/something positive happens in my career. That’s why it’s been so hard to get through that IM OUT. They’re grooming millions to think I’m active, I can’t escape it. https://t.co/NuujW7tZK1
— Mia K. (@miakhalifa) June 25, 2020
Dans la foulée, elle attaque BangBros, le studio qui l’a engagée et portée aux nues au travers d’une dizaine de séquences, dont la célèbre scène sacrilège du hijab lui ayant valu une notoriété planétaire en même temps qu’une mise à prix sur le tableau de chasse des fous furieux de Daesh et consorts. Elle reproche à la prod’ un contrat abusif qui ne lui aurait rapporté que 12 000 dollars alors même que celle-ci continue de capitaliser sur l’exploitation des images. Pire, par l’intermédiaire de PornHub, autre filiale du groupe Mindgeek, la compagnie continuerait de promouvoir les scènes vieilles de six ans, perpétuant le stigma pornographique que Mia Khalifa souhaiterait oublier, et entretenant le danger de mort qui plane toujours au-dessus de sa tête.
Elle relate en outre une entrevue particulièrement sordide avec un photographe, organisée selon ses dires par le patron de BangBros Jordan Sibbs. Travaillant soi-disant pour Vogue, l’artiste se serait permis nombre de gestes et commentaires déplacés tout au long de la séance, laissant à l’actrice un souvenir cuisant.
Following the whirlwind news cycle when the virality of the hijab video was at its peak, Bang Bros executive Jordan Sibbs told me his girlfriend’s relative was in town, a photographer for Vogue magazine.
— Mia K. (@miakhalifa) June 24, 2020
Alors sommée de s’expliquer, la société BangBros ne répond pas, elle riposte. Par le biais d’un site sobrement nommé factsbeatfiction.com (« les faits battent la fiction »), elle s’applique à démolir point par point l’argumentaire de Mia Khalifa, enregistrements sonores et vidéos à l’appui. Sur les sommes perçues par Mia, BangBros et ses différentes filiales déclarent avoir versé 178 000 dollars au titre de ses seuls contrats, sans préciser les montants honorés par les trois compagnies pornographiques pour qui l’actrice aurait performé avant BangBros. Concernant les conditions de réalisation de la séquence voilée, la production nie les déstabilisations perpétrées à l’encontre de l’actrice, soulignant l’entière liberté créative dont elle jouissait lors de la création de MiaKhalifa.com. Il en irait de même pour les contrats d’exclusivité signés entre les parties. Point de manipulation selon BangBros, qui insiste sur le rôle actif de Mia Khalifa dans le renouvellement de ces accords, et exhume même les images, sans doute promotionnelles, où l’actrice clame son excitation d’appartenir au clan.
En jouant ainsi la carte déloyale du grand déballage, le fleuron de la production miaméenne se veut inattaquable. Et il y a fort à parier qu’il le soit. Vu l’armée de juristes dont dispose la multinationale du porno, on voit mal les producteurs barbouiller les contrats comme les derniers des gorets. Surtout, la posture de victime de Mia Khalifa, superstar sulfureuse du X devenue personnalité médiatique chaste et repentante, peine à convaincre, jusque chez ses ex-consoeurs qui lui taillent un costard à la moindre occasion. Et pour cause ; dans le X-business, Mia traîne derrière elle une solide réputation de parvenue, propulsée aux plus hauts sommets de la notoriété pornographique au bénéfice d’une scène à l’éthique raciale franchement discutable. Les stars du moment, 100 fois plus prolifiques, l’ont un peu mauvaise de voir se tendre les micros au moindre état d’âme de la diva Khalifa, pour l’entendre condamner un système sur lequel elle a, semble-t-il, capitalisé de longues années.
How the fuck does @miakhalifa trend every time she whines about porn… girl if ur that upset about it close down ur porn sites, have your content removed, change ur name. Stop trying to paint a bad light on the industry cause for some goddamn reason the world only listens to you
— Kendra Sunderland ??️? (@KSLibraryGirl) June 23, 2020
Your excuses suck as much as your BJ videos https://t.co/oFusKAdE1b
— danger (@Abella_Danger) June 24, 2020
have you ever considered that maybe so many porn performers are upset with you bc you’re using your massive platform & mainstream clout to only push a harmful narrative about sex work based on VERY limited experience without listening to or sharing the experiences of anyone else? https://t.co/1LKYwzoN0x
— carter cruise (@CarterCruise) June 25, 2020
Ceci dit, au-delà des ad hominem stériles dont nous gratifie invariablement la communication Twitter, ce rendez-vous annuel est l’occasion d’interroger les pratiques certes légales mais moralement douteuses des géants du X, à commencer par les droits sur les pseudonymes des actrices. À l’affirmation que Mia Khalifa serait détentrice de l’intégralité des droits afférents à son alias, Bangbros conteste, et soutient sans rougir avoir acquis auprès d’elle l’exclusivité quant à l’exploitation de son nom de scène sur les contenus porno dans lesquels elle apparaît. Ou comment un studio s’arroge fièrement l’identité d’une performeuse. Vient ensuite Pornhub, qui malgré les regrets manifestes de l’actrice et les accusations portées à l’encontre du studio qui a produit ses scènes, continue de tirer profit des « trois mois les plus sombres » de Mia Khalifa, toujours caché derrière son statut d’hébergeur. La concernée ne toucherait, quant à elle, plus un centime. Qu’en conclure ?
En premier lieu, cette affaire démontre la portée des engagements contractuels auxquels les studios peuvent soumettre performeuses et performeurs. Il convient alors, pour tout aspirant à la gloire classée X, de prendre garde à tout ce qui est signé en son nom et/ou pseudonyme, sous peine de se voir dépossédé de son œuvre. En second lieu, il apparaît clairement que le droit à l’oubli ne peut exister dans le porno, tant que des géants du streaming ne répondront pas de ce qui circule sur leur plateforme. La reproductibilité infinie des productions pornographiques, via le support numérique, autorise la circulation éternelle des « erreurs de jeunesse ». Et les tubes leur assurent une diffusion mondiale, sans que quiconque, ni les personnes exhibées, ni les studios piratés, ne puisse y faire quoi que ce soit. Dans le meilleur des cas, la scène signalée sera supprimée, puis ré-uploadée par un autre, au gré de la générosité des samaritains de la branlette.
Pour les plus optimistes, il est toutefois possible de signer une pétition destinée à faire disparaître de Pornhub le passé licencieux de Mia Khalifa. A priori, ça n’ira nulle part (on parle d’une pétition), mais si jamais ça peut nous éviter de nous farcir, l’année prochaine, un énième papier sur les déboires de la pornstar la plus oubliable de tous les temps, on vous en prie du fond du cœur ; par pitié, mobilisez-vous !
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