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XVideos et XNXX dans le collimateur des autorités tchèques
(Article mis à jour le 27/01/2021) Ces dernières semaines, le monde entier s’est repu des déboires médiatiques et financiers de Mindgeek, accusé via son site Pornhub de diffuser des séquences d’abus sexuels, de cyber-exploitation, d’actes pédocriminels, faute de modération efficace. Mais si PH s’est imposé dans les esprits comme le parangon de la plateforme de porno gratuit, on a bien souvent tendance à oublier le véritable numéro 1 du secteur, XVideos qui, avec XNXX, autre propriété du groupe WGCZ, trustent les deux premières places du trafic adulte mondial. Ce n’est pas le cas des autorités tchèques. Depuis les révélations concernant le géant américain, elles mènent l’enquête pour savoir si le concurrent local ne souffre pas des mêmes vices… (Spoiler alert : si)
Détenu par deux Français, Stéphane et Malorie Pacaud (frère et sœur), WGCZ est à Mindgeek ce que David est à Goliath, le charme de l’outsider en moins. Quand Pornhub fait figure de colosse médiatique, toujours à l’affût du coup de com’ pour vanter son avance idéologique et technologique, les sites de la holding tchèque jouent, à l’instar des proprios, la carte de la discrétion : interface vintage, aucun marketing, aucune campagne promotionnelle. Pour vivre heureux, vivons cachés.
Pourtant, XVideos et XNXX tiennent le haut du pavé de la gaudriole numérique et ce, grâce à une formule éprouvée : permettre à tout un chacun d’y publier n’importe quelle séquence pornographique (productions officielles, séquences piratées, créations maison). Mais alors, y aurait-il, à la faveur d’une modération laxiste, des contenus abusifs et/ou pédophiles en circulation sur ces réseaux ? (Vous êtes priés de prendre un air circonspect.)
C’est une évidence, selon le quotidien tchèque Deník N, qui révèle au monde l’enquête ouverte par la cour suprême et la police criminelle à l’encontre de WGCZ. Elle pointe du doigt les mêmes failles que chez la concurrence : contrôle minimal des images, mesures de certification risibles, publication libre, inefficacité des moyens de recours. Il en aurait difficilement été autrement. Mindgeek, qui dispose d’au moins 10 fois plus de personnel, accusait déjà un lourd déficit de moyens.
Toujours prêts à tirer sur la laisse pour rappeler qui sont les maîtres, les réseaux de paiement Visa et MasterCard n’ont pas manqué de mettre en demeure le groupe, sans effet apparent, cette fois-ci. Et pour cause ; là où, en plus d’une très mauvaise presse, Pornhub a vu les rentes de ses plateformes payantes Premium et ModelHub fondre comme neige au soleil une fois privées de cartes bancaires, XVideos et XNXX reposent sur un business-model bien moins tributaire des souscriptions de particuliers, ceux qui sortent la CB. Et ce n’est pas l’assèchement de XVideos.Red, portail premium à l’état végétatif, qui va peser dans la balance.
Non, l’essentiel du chiffre d’affaires de WGCZ, déclaré pour la première fois l’année dernière à hauteur d’un milliard de couronnes tchèques (38 millions d’euros), mais supposé 10 fois plus grand, n’est pas généré par la vente de contenu aux consommateurs. Comme chez tous les pourvoyeurs de porno gratuit, le nerf de la guerre, c’est la monétisation du trafic ; en clair, la vente de clics sur les bannières de réclame affichées sur ses sites et sélectionnées par TrafficFactory, la régie publicitaire maison. Ainsi, les gros sous ne sortent pas des poches des utilisateurs, mais des portefeuilles des partenaires, qui règlent par virement bancaire direct ou sollicitent des prestataires indépendants (Paxum, Cosmo, etc.) – Correction du 27/01/2021 : Outre les virements bancaires, la régie sollicite les services de Paxum, Vendo, et Paypal (tiens donc). En outre, WGCZ serait, selon nos sources, lourdement tributaire de ce dernier, qui transférerait chaque jour des dizaines voire des centaines de milliers d’euros pour le compte de TrafficFactory. Pas mal, pour un service de paiement anti-porno. Autant dire que les rodomontades des barons du code à quatre chiffres laissent le directoire de marbre.
Vraisemblablement insensible aux critiques, WGCZ n’a semble-t-il opéré aucun changement majeur quant à l’administration de son site – Correction du 27/01/2021 : Au temps pour nous, Xvideos a bien effectué quelques corrections, concernant son disclaimer, qui condamne dorénavant sans détour la publication et la consommation de contenus pédocriminels ; preuve que la pression s’intensifie autour de la direction. Fidèle à sa réputation de silence absolu, le groupe n’a même pas daigné répondre aux accusations par voie de presse. Il faudra donc attendre les conclusions de l’enquête et les probables condamnations pour connaître le fin-mot de cette histoire.
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