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Comment Visa et MasterCard étranglent le X
Garants de la morale bancaire (attention oxymore), les sociétés de cartes de paiement Visa et MasterCard se sont passablement illustrées ces derniers mois en menaçant Pornhub, puis Xvideos un peu plus tard, de leur couper les vivres si leurs équipes de modération débordées ne mettaient pas presto un bon coup de collier. Mais avant de remercier les Saints Patrons de la carte bleue de très gracieusement réguler le porn, peut-être devrions-nous nous interroger. À quel titre ces entités privées sont-elles plus légitimes que les pouvoirs publics et les autorités légales pour donner le la de la profession ? Leur récent tour de force n’est en réalité que la vitrine bon teint d’une pratique délétère pour toute l’industrie : la censure économique.
En tant que production audiovisuelle réservée aux adultes, la pornographie est un spectacle protégé par la liberté d’expression avec, pour seul critère de légitimité, le fait d’offrir un cadre fictif auquel les participants, nécessairement majeurs, consentent pleinement. C’est pourtant loin d’être le cas. À voir la liste des thématiques restreintes sur les différentes plateformes pornographiques, compilée et éditée par la performeuse Sophie Ladder, on comprend bien vite que l’art pornographique est loin d’être aussi libre et débridé qu’on veut bien l’imaginer. S’impose alors la lapalissade qui justifie cette démarche arbitraire et autoritaire : viol, pédophilie, séquence extorquées, s’il est évident qu’on ne peut pas tout montrer, c’est bien qu’il faut censurer, non ? Imparable.
Sauf qu’il s’agit en réalité d’un sophisme grossier. Ce n’est pas pour les besoins de la modération que les plateformes censurent les contenus ambigus, c’est justement parce que leur modération est complètement dépassée par les volumes traités qu’elles sont incapables de trier le bon grain de l’ivraie et préfèrent censurer à tour de bras plutôt que de réduire la voilure. Mais du coup, qui édicte les règles ?
Ni les plateformes, ni les producteurs ne s’auto-censurent de gaieté de cœur. Quoi qu’on en pense, il existe un marché pour les fictions hardcore, amorales, transgressives (inceste, fluides corporels, non-consentement simulé, etc.), et les créateurs, par intérêt, fantasme ou curiosité, ne rechignent pas à l’alimenter. Après tout, on est entre grandes personnes, pas vrai ? Eh bien, il faut croire que non. Il y a au-dessus de chacun d’entre nous une sage entité bien plus apte à nous dire ce que nous devrions produire/distribuer/consommer. Et cette entité, c’est le système financier.
« Call me Daddy ! »
C’est une loi vieille comme le capitalisme : contrôler les flux d’argent, c’est contrôler la consommation. Définir ce qui est digne d’être vendu, subventionné, taxé, revient à réguler l’accès de la population à des biens et des services selon une somme de critères arbitraires, et souvent idéologiques. C’est ce que font les états vis-à-vis des soins, des clopes, de l’essence. Et c’est ce que font les réseaux de paiements vis-à-vis du porno. Ainsi, ces bienfaiteurs de l’humanité décrivent le cul comme un marché à « haut risque » ; le chargeback (remboursement suite à rétractation) y est important, du fait de la stigmatisation autour de ce genre de produits, et l’argent perçu alimenterait des réseaux criminels (ce qui est le cas d’à peu près tous les marchés).
Fortes de ces arguments discutables, les sociétés de cartes bancaires se permettent alors de dicter les règles de conduite des cinéastes de la bistouquette. Certaines refusent tout simplement d’honorer les transactions ; impossible de commander un boulard avec son American Express. D’autres en revanche, Visa et MasterCard, conditionnent leur service à l’usage d’un prestataire de service de paiements (PSP) spécialisé dans les transferts à haut risque.
De base, le rôle d’un PSP est de garantir la fiabilité d’un vendeur lors d’un paiement, en vue de procéder au prélèvement sur le compte de l’acheteur, via ses numéros de carte bleue. Ce statut leur permet, dans les secteurs risqués, de ponctionner des commissions à taux d’usurier sur chaque vente, au grand dam des producteurs jugés suspects, contraint d’accepter ces conditions, ou de renoncer aux paiements par carte et donc à l’essentiel de leurs revenus. Là où Paypal (qui refuse dorénavant les services pour adultes) se contente d’un petit 2,9% et 30 centimes par transaction, les PSP high risk se gavent : 10 à 15%, à prendre ou à laisser.
Mais une fois que l’on s’est acquitté de l’impôt sur la fesse, peut-on enfin exprimer toute sa créativité pornographique ? Toujours pas, car Visa et MasterCard ont eu le bon goût d’inclure dans leurs chartes quelques clauses spécifiquement dédiées à la régulation financière du X, associé comme il se doit aux transactions concernant les produits illicites, histoire de rappeler à cette industrie, pourtant légale, la faveur qui lui est faite de ne pas être traitée que comme un ramassis de criminels. Au chapitre des « transactions illégales ou préjudiciables à la marque » des règles de MasterCard, on retrouve donc un petit paragraphe qualifiant de violation « la vente d’un produit ou d’un service, y compris d’une image, qui serait manifestement offensant et manquerait d’une sérieuse valeur artistique (tel que, à titre d’exemple et sans s’y limiter, les images d’actes sexuels non-consensuels, d’exploitation sexuelle de mineurs, de mutilation non-consensuelle d’une personne ou d’une partie du corps et de zoophilie), ou tout autre matériel que la Corporation jugerait inacceptable de vendre en relation avec une Marque. »
Les camgirls se cachent pour pleurer
Sous couvert de cette sempiternelle lutte contre la pédophilie, l’exploitation sexuelle et la zoophilie, MasterCard s’arroge sans rougir le droit de juger de la « sérieuse valeur artistique » d’une œuvre (oui, oui, comme aux Oscars), en alimentant l’amalgame entre production de fiction et crime sexuel, comme si ces deux actes relevaient à un quelconque moment de la même démarche. Ne vous y trompez pas. Cette justification par l’image de marque n’est qu’un puritanisme déguisé. Les argentiers n’ont que faire de la violence graphique ou de l’exploitation, c’est pourquoi vous pouvez tout autant louer le plus abject des films gores, que commander sur Wish des slips cousus par des mômes avec votre CB.
Et les PSP, en bons lieutenants, de relayer en toute décontraction les injonctions des parrains Visa et MasterCard. Chacun y va de son interprétation quant aux obscurs critères de tolérance des tauliers. CCBill, par exemple, prohibe naturellement l’usage de termes pédo-friendly (« Kids », « Lolita », « Underage », etc.), mais aussi le fait d’érotiser en mot ou en image « la violence extrême, l’inceste, le snuff, la scatophilie ou l’élimination des déchets corporels (donc aussi l’urophilie, ndlr) sur autrui, la mutilation, le viol, la zoophilie, n’importe où sur le site, y compris dans les URLs et les méta-données. » En bout de chaîne, c’est toute la communauté fétichiste qui tremble, car les plateformes de distribution, des sites spécialisés dans le BDSM aux portails de vente thématiques, ajoutent à leur tour leur lot d’exigences drastiques pour s’assurer de ne pas déroger aux Tables de la Loi du business, sans garantie que les maîtres ne décident un beau jour de tirer sur la laisse pour réaffirmer leur autorité.
Urophilie, bondage extrême, fistfucking, jeux de rôle incestueux, infantilisation ; même rigoureusement consensuelles, toutes ces pratiques sont persona non grata sur la grande majorité des sites porno et salons webcam. Mais l’ingérence ne s’arrête pas là. La représentation des fluides corporels (sang, bile, lait maternel…) est elle aussi sévèrement encadrée, à tel point qu’il a fallu s’interroger : les camgirls ont-elles le droit de pleurer en live ?
Du paternalisme au patriarcat
Loin d’assainir l’industrie, l’hégémonie du secteur financier maintient en réalité le X dans le ghetto économique et artistique de la perversion politiquement correcte, évidemment percluse de réflexes patriarcaux. Le sang menstruel y est perçu comme une ignominie, la lactation est une profanation, et tous les rapports de pouvoir, inhérents à la pratique du sexe (notamment hétérosexuel), sont décrétés tabous. Il ne faudrait surtout pas suggérer qu’on puisse sucer par intérêt, qu’on puisse bander par cruauté, encore moins le montrer. Le mètre-étalon de la respectabilité financière, c’est donc le gonzo, genre machiste par excellence : des hommes-pénis dominants y démontent des femmes-objets invariablement enthousiastes à l’idée de se faire pénétrer par tous les trous. L’ordre des choses selon Visa et Mastercard.
Alors que le porno pourrait justement confronter l’humain à ses plus sombres fantasmes de domination, d’abus, de violence, questionner son rapport au plaisir, au chantage, à la soumission, il est souvent réduit, par la main-mise des services de paiement, à servir une gymnastique des corps désincarnée, une soupe masturbatoire nihiliste et dépouillée de toute subversion. Maintenant, vous savez pourquoi.
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