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Swann Purple, l’interview-portrait : « Personne ne me lèche, tout le monde me suce »
Aperçue dans le Journal du Hard du mois dernier, la créatrice livrait une introduction à son univers de sa voix grave et sensuelle ; juste de quoi éveiller notre curiosité. Il est donc temps d’aller faire un petit tour du côté de chez Swann, pour en savoir plus…
Swann est un prénom que j’ai toujours aimé, que je trouve joli. J’aime bien sa sonorité. Et Purple parce que j’aime le violet. Je me cherchais un pseudo plus simple à retenir que le premier : CyberXSwann, pour « cybernétique », tout ça. Mais c’était plus compliqué que Swann Purple, par exemple.
Pour Swann, tout commence donc en août 2020, de façon assez traditionnelle, par les sites de webcam. Mais c’est sur le plateau d’une petite production, à l’occasion du tournage de ses premières scènes X, que la nouvelle venue fait la connaissance d’une collègue qui l’initie au concept de fan-club.
Aujourd’hui, c’est ma principale activité, mais je continue à faire des shows sur différents salons de webcam. Ça me prend plus de temps aujourd’hui que les shows, alors qu’avant c’était ce que je faisais toute la semaine. C’est ma seule activité professionnelle, je suis auto-entrepreneuse. C’est déjà beaucoup.
C’est un euphémisme. Car outre l’érotisme, les formalités administratives représentent une part importante de la charge de travail d’une créatrice indépendante. Or, à moins d’avoir fait compta LV2, il n’est pas toujours évident de faire marcher sa petite entreprise, de déclarer correctement ses revenus, de réclamer les aides auxquelles on aurait droit.
J’ai appris sur le tas. Au début, je ne comprenais pas du tout, notamment sur le fait d’avoir des aides au lancement de son entreprise. L’ACRE (aide à la création ou reprise d’entreprise), je ne l’ai pas eue parce qu’au bout de 3 semaines après avoir ouvert son entreprise, on ne peut plus la demander. Et moi, vu que je n’étais pas au courant de ça… En plus, on rentre dans une catégorie : exploitant d’activités d’entretiens à caractère pornographique. Ce statut regroupe tout un panel d’activités : faire des cam-shows, vendre du contenu, se produire sur des plateformes, c’est un peu flou. On est un peu effacés dans tout ça. Dans les cas où on veut de l’aide pour les questions d’entrepreneuriat, de comptabilité, on fait ça un peu à l’arrache, entre collègues.
« J’ai attendu d’être au lycée pour avouer que j’avais des sentiments pour quelqu’un, même à moi-même. Pour moi, c’était la porte d’entrée vers l’humiliation. »
Faute d’accompagnement, Swann a pu compter, au fur et à mesure, sur les conseils et le soutien de pairs renseignés et prodigues. Un atout essentiel selon elle, dans un secteur marginalisé et pourtant avide de collaborations. Mais encore faut-il faire la part des choses entre sentiment de communauté et jeu des réseaux sociaux.
Je me suis fait des copines, oui. On a justement ouvert un Whatsapp avec plusieurs personnes où on se donne des conseils. On a prévu une collaboration, de partir en vacances ensemble pour travailler. Mais on s’envoie aussi tous les jours, soit des conneries, soit des trucs qui nous arrivent. Au début, j’étais très seule. Aujourd’hui j’arrive plus facilement à rencontrer des gens, mais aussi parce que j’ai commencé à me mettre des limites, par exemple : no drama. Quand je vois que ça se tire dans les pattes de tous les côtés sur les réseaux sociaux, je me tais et je reste dans mon coin, ou je quitte le groupe. J’ai vu trop de gens se déchirer.
C’est en effet tout un monde qui s’ouvre petit à petit à la ravissante Swann, pour qui le porno et même le fantasme sont longtemps restés tabous. Elle attendra 23 ans avant de parvenir à s’oublier, comme tout un chacun, devant des séquences classées X ; et encore, que des trucs « hyper-doux », elle qui assure aujourd’hui pouvoir prendre son pied devant un beau gang bang.
Je pense que j’ai été éduquée comme ça. On ne parlait pas de sexualité avec mes parents. Moi-même, j’avais très peu confiance en moi quand j’étais au collège. J’ai attendu d’être au lycée pour avouer que j’avais des sentiments pour quelqu’un, même à moi-même. Pour moi, c’était la porte d’entrée vers l’humiliation. Être attirée par quelqu’un ou rien que le fait d’avoir un fantasme, c’était quelque chose d’impossible. Quand j’ai commencé à me masturber, je devais être au collège, mais même après, encore aujourd’hui, je ne peux pas me masturber en pensant à quelqu’un que je connais. C’était un blocage total. Il fallait toujours que je pense à un corps, mais pas un visage.
Une position pour le moins complexe lorsqu’on commence à mettre des noms, voire des numéros de téléphone, sur les nouveaux visages du X français.
C’est grave ok en soi, si un(e) collègue me dit : « J’ai vu une de tes vidéos, et je me suis branlé dessus« . Mais moi, je n’en suis pas encore à ce stade-là. Du coup, je me suis abonnée à une grosse plateforme de porno américain qui fait de la production super-léchée, même si j’adore l’amateur aussi.
« Il m’a juste rejointe sur Skype, pour discuter avec moi. J’étais encore à poil et je sortais de ce truc-là. Il m’a dit de me rhabiller et il m’a réconfortée. C’était incroyable. »
Par contraste, son style à elle se veut plutôt girl next door. Il faut dire aussi que la proximité induite par les nouveaux médiums du X transforme en relation plus ou moins personnelle ce qui n’était autrefois qu’un rapport entre consommateur et producteur. L’enjeu est alors de trouver la plateforme offrant le panel de services correspondant le mieux aux prestations proposées par l’intéressée.
J’aime beaucoup Swame parce que c’est une plateforme hyper-complète. Je commence même à y faire des cam-shows. Alex (le responsable de la modération, ndlr), il est incroyable. J’ai dû lui envoyer des messages à 21h, il m’a répondu dans la minute, hyper-clair, hyper-avenant. Même à des moments où j’étais un peu tendue, parce que je ne comprenais pas. Il y a plein d’options différentes. Je trouve qu’au niveau des plateformes françaises, pour moi, c’est la meilleure que j’ai tenté d’utiliser. Les fonctionnalités sont bien. L’idée qu’il y ait un feed public, appelé « découvrir », dans lequel on est mise en avant, est franchement pratique. J’ai l’impression qu’il n’y a pas d’autre plateforme, à part VTC peut-être, qui fait de la promo gratuite pour ses modèles directement, sans qu’il y ait besoin de payer nécessairement ou d’accumuler un certain nombre d’abonnés.
Ces fonctions exclusives permettent à Swann de dispenser ses charmes à une communauté croissante d’abonnés aussi fidèles que sympathiques.
En général, ils sont adorables. J’avais des petits préjugés au début. Je me disais que j’allais tomber sur des gens malveillants. Et il est vrai que j’ai croisé quelques profils hardcore. J’ai même vécu ce que je peux aujourd’hui décrire comme une agression sexuelle. Pour moi, ce n’était pas possible d’appeler ça comme ça, parce que c’est du virtuel. Et pourtant… Mais, mes abonnés, je les aime trop, au point que justement, quand il m’est arrivé cette mésaventure, j’ai un abonné qui a tout de suite pris un show privé. Il n’a pas payé, il m’a juste rejointe sur Skype, pour discuter avec moi. J’étais encore à poil et je sortais de ce truc-là. Il m’a dit de me rhabiller et il m’a réconfortée. C’était incroyable. Et j’en ai plein, des comme ça.
« Lorsque je vois qu’il y a 200 personnes qui me regardent, je sens monter l’excitation, bien plus que je ne l’aurais jamais pensé. »
On est loin de l’image du sociopathe misogyne retranché derrière son écran et son paquet de Kleenex. Human after all, de chaque côté du miroir sans tain. Plus seulement objet de désir, la créatrice a alors l’opportunité de se représenter, pour ses fans, en sujet de ce désir, et d’explorer un peu malgré elle, les tréfonds insoupçonnés de sa sexualité.
J’ai découvert des choses sur moi que je ne connaissais pas. Je pense que je suis un peu exhib, mais je ne le savais pas du tout. Je m’en suis rendue compte lors de mes cam-shows. J’ai beau contrôler mes orgasmes pour qu’ils arrivent à certains moments précis, lorsque je vois qu’il y a 200 personnes qui me regardent, je sens monter l’excitation, bien plus que je ne l’aurais jamais pensé. J’ai commencé un petit peu timide, quand même. Et maintenant, c’est un des trucs que je préfère. Pareil, pour moi, la pénétration n’a jamais été un truc incroyable. Ce que j’aime, c’est partager quelque chose avec quelqu’un. Sentir la personne en moi est quelque chose qui m’excite. Mais d’un point de vue juste matériel, on va dire… Quand je me masturbe, je ne me pénètre jamais. Et là par exemple, vu que je me suis acheté une sex-machine pour pouvoir faire du contenu, je découvre des trucs de la pénétration que je ne connaissais pas.
Miss Purple n’est toutefois pas dupe. Elle sait aussi que, bon gré mal gré, le succès qu’elle rencontre est en partie dû à quelques-unes de ses caractéristiques physiques. Son timbre vocal, d’une douceur grave légèrement éraillée, est un sujet de fixation en soi, si bien qu’elle prend un malin plaisir à allonger les couplets qui introduisent ses solos.
Force est d’admettre qu’elle joue d’un bel instrument. Et c’est non sans surprise qu’elle constate l’engouement d’initié que suscite sa clé de fa.
Quand j’ai commencé, j’avais peur que mon clitoris, qui rentre dans la niche « big clit », soit un problème. Je me disais, il y a plein de gens qui ne sont pas habitués. La question de se raser ou pas est déjà un point de clivage, un gros clito, ça va être l’enfer. Et en fait, ils kiffent trop. En fait, c’est ça ! Il y a un fétiche autour. Au brésil, par exemple, plein de gens me retweetent. Et dans les commentaires qu’on fait, personne ne me « lèche », tout le monde me « suce ». Comme je vise un public de mecs hétéro cis-genre, je pensais que ce serait complexe, mais en fait non, ils adorent ça.
Enfin, elle est une femme noire, avec tous les dilemmes que cela implique dans un milieu tel que le X.
L’exotisation du corps des femmes noires est mon fonds de commerce en soi. En France, des femmes noires qui pratiquent cette activité, il n’y en a pas beaucoup qui sont visibles. Beaucoup de leurs clients sont noirs. Il y a aussi des personnes blanches, bien sûr, et d’autres. Il est clair que c’est une niche en particulier. Je collabore avec plein de personnes différentes, mais je n’ai jamais pris autant d’abonnés que lorsque j’ai commencé à collaborer avec des femmes noires pour faire de la publicité. C’est malheureux, mais c’est un fait.
« J’ai déjà rencontré quelqu’un qui m’a dit qu’il avait la « jungle fever« . En fait, la flemme. Ce n’est pas un bon plan. »
Fidèle à elle-même, la créatrice adopte ici aussi une philosophie « no drama ». Plutôt que de s’échiner à résoudre l’impossible question de la fétichisation dans une société où le racisme fait système, Swann opte pour une approche guidée par sa sensibilité personnelle, la bienveillance et la tolérance vis-à-vis des fantasmes de ses abonnés, dans les limites du respect. Exit les poncifs post-coloniaux (ou pire les injures), on ne la verra pas en Joséphine Baker, « même si ce serait hyper-vendeur. »
« Il y a des choses que je laisse passer qui ne passerait pas dans la vraie vie. Sur Tinder, quelqu’un qui me fait « Moi, j’adore les noires !« , jamais je ne vais le rencontrer. Parce que je vais lui dire : « Toi ce que tu attends de moi, c’est que je sois ta tigresse… » J’ai déjà rencontré quelqu’un qui m’a dit qu’il avait la « jungle fever« . En fait, la flemme. Ce n’est pas un bon plan. Par contre, avec mes clients, c’est différent. Tous mes abonnés ne font pas ça, et moi, je suis là aussi pour faire plaisir à mes clients, qui peuvent être très gentils. Et ça me fait plaisir de leur dire : « Toi, ce que tu recherches, c’est ça. Tu es honnête avec toi-même, tu ne viens pas pour m’insulter.« »
Swann garde le souvenir cuisant d’une production qui, sans l’avertir au préalable, lui fit jouer le rôle d’« Anissa », une « beurette » s’émancipant des « traditions familiales », histoire de titiller « l’idée de transgression religieuse, comme si ça allait avec. » Piégée, elle s’efforcera d’esquiver les questions stigmatisantes au nom du respect des personnes concernées. On ne l’y reprendra plus.
« Je sais que d’autres peuvent venir vers moi parce qu’ils ont la volonté d’avoir un panel un peu plus inclusif que ce qu’ils ont dans leur proposition esthétique. J’en suis contente, ça m’aide. »
Néanmoins, le fait d’être noire est paradoxalement un motif d’inclusion, lui permettant à terme de valoriser la qualité d’un travail qui serait peut-être passé inaperçu parmi la foule de propositions érotiques. Un affront à sa légitimité ? Rien n’est moins sûr…
Je sais aussi, aujourd’hui, que ça peut m’ouvrir des portes. C’est un peu bizarre et en même temps, c’est la réalité. Le fait d’être noire apporte de la diversité, même si je sais qu’en soi, je produis un bon travail. Mon travail est aimé par des gens, et on n’en vient pas à m’appeler que pour ça. Mais je sais que d’autres peuvent venir vers moi parce qu’ils ont la volonté d’avoir un panel un peu plus inclusif que ce qu’ils ont dans leur proposition esthétique. J’en suis contente, ça m’aide. Au début, je ne voulais pas voir ça, et en même temps, j’en suis sûr.
D’autant que la modèle n’a pas à rougir de son cursus. Titulaire d’un Diplôme National d’Arts Plastiques, section forme et langage, une formation artistique pluridisciplinaire et « conceptuelle », Swann Purple a eu tout le loisir d’aiguiser son sens esthétique et ses compétences en traitement d’image.
Je travaillais sur un projet autobiographique autour du collage. Je faisais beaucoup de photographie, de collage et je dessine un petit peu. Du coup, du point de vue photo, si je ne pratique plus au niveau auquel je prétendais, les notions que j’ai apprises me servent beaucoup aujourd’hui, que ce soit pour gérer mon image, faire de bons clichés. Toutes les photos que je prends, je les passe dans une application pour retoucher un peu la lumière, recadrer si besoin. J’ai dû apprendre des logiciels de montage, j’ai même fait un tout petit peu de vidéo. Mais j’ai surtout fait de l’édition de photos : Photoshop, tout ça, ce qui fait que même pour créer des affiches, gérer la communication, gérer les réseaux sociaux, je sens que ça m’a aidée.
« Son côté « bad bitch » m’intéresse. C’est un type de personnage qui m’inspire, qui colle avec ce que j’essaie de dégager dans mon métier. »
Eprise du Romantisme, sa référence absolue, Francesca Woodman, est toutefois plus contemporaine. Photographe prodige révélée à 12 ans, elle signe de nombreux portraits et autoportraits de femmes nues se fondant, floues, dans un décor en ruine. Sa trajectoire fulgurante s’achève brutalement lorsqu’elle met fin à ses jours à seulement 22 ans, laissant derrière elle une tragédie d’une violence mélancolique rare, tout à fait du goût de Swann.
C’est assez dark, mais hyper-poétique, symbolique. C’est quelque chose qui m’a marquée, mais je pense qu’aujourd’hui je suis un peu plus… Enfin, c’est que du noir et blanc, je suis un peu partie de ça.
Dans un style bien plus haut en couleur, son fil Twitter dénote une certaine sympathie pour l’inénarrable Liza Monet, icône incontournable de la scène hip-hop féminine française. Son aura de femme forte, intraitable, s’impose comme une référence pour notre interviewée.
Elle est génial. Son côté « bad bitch » m’intéresse. C’est un type de personnage qui m’inspire, qui colle avec ce que j’essaie de dégager dans mon métier. Je l’adore. Voilà !
On n’aurait pas mieux dit.
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