Quand le ciné fait son porn

Les films de cinéma traditionnel fondés sur l’univers du porno sont peu nombreux, mais certains ont fait grand bruit à leur sortie et sont devenus des classiques. Biopic, chronique sociale, thriller, comédie… Passage en revue de ces films que le X inspire pour le meilleur et parfois le pire. 

Boogie Nights (1997)

Le second film du génial Paul Thomas Anderson est celui qui a laissé le souvenir plus marquant chez les fans de porn et de ciné. Librement inspiré de la vie chaotique d’un des pionniers du X, l’acteur John Holmes, Boogie Nights offre au jeune Mark Wahlberg ce qui est probablement son meilleur rôle pour sa deuxième apparition au cinéma. Il y incarne Eddie Addams, un looser doté d’une queue hors-norme qui croise la route du producteur Jack Horner alias Burt Reynolds. Ce dernier en fera une star sous le nom de Dirk Diggler avant qu’il ne sombre dans la décadence. Affichant également Julianne Moore et Heather Graham au casting, Boogie Nights se doit d’être dans toute bonne filmothèque.  

Déjà Mort (1998)

Rythmé par le sombre trip hop d’Archive, le premier film d’Olivier Dahan n’est pas spécialement une promotion du porno, mais dans sa vision fantasmée, le réalisateur français délivre un film coup de poing à défaut d’être crédible. Le pitch est simple : Andréa (Clément Sibony) est fou amoureux de Laure (Zoe Felix). Pour lui en mettre plein la vue, il se fait passer pour un flambeur de la Côte d’Azur et la présente à David (Benoit Magimel) et Romain (Romain Duris), deux fils à papa qui se mettent en tête de monter une agence de photos érotiques. La suite ne sera qu’argent facile, alcool, coke, baise, proxos patibulaires et fins de soirée tragiques. Avec Déjà Mort, pas de risque de spoil : tout est dans le titre.

The People vs. Larry Flint (1996)

Personnage emblématique de la liberté d’expression aux Etats-Unis, Larry Flint a eu autant de vies qu’un chat. Avec Milos Forman à la baguette, à qui l’on doit Amadeus, le film qui retrace la vie du fondateur de Hustler ne pouvait être qu’un grand biopic à l’Américaine, dans la lignée d’un Nixon, Blow ou Walk The Line. Mission réussie. Dans la peau du pornocrate en chaise roulante et flanquée de Courtney Love qui joue sa femme Althea, Woody Harrelson trouve son meilleur rôle avec celui du psychopathe de Tueurs Nés. 

The Girl Next Door (2004)

Elisha Cuthbert fut révélée au monde grâce à son rôle dans la série 24 Heures Chrono où elle interprétait la fille de Jack Bauer. Elle était délicieuse et provoquaient des combustions spontanées dans le slip des geeks, fans de la série. Quand The Girl Next Door est sorti, les braguettes ont littéralement explosé ! Le scénar tient pourtant sur un timbre-poste : un jeune homme introverti découvre que sa nouvelle voisine, incarnée par Cuthbert, est une actrice porno. Au fil du film, les clichés sur le cul et le X sont déroulés pour mieux être démontés et à la fin, l’amour triomphera, évidemment. A la base sans prétention, le film a remporté un énorme succès et se retrouva même à l’origine de l’expression Girl Next Door pour désigner une pornstar mignonne et accessible.

X (2022)

Sorti le 18 mars au cinéma outre-Atlantique, X va se retrouver directement en VOD en Europe sous peu. Car le film de Ti West n’est pas doté d’un gros budget, ni d’une grosse promo, mais il a le mérite d’offrir une plongée dans l’ambiance des films de l’âge d’or à la sauce horrifique. En effet, l’histoire se déroule en 1979. Un groupe de jeunes Texans se met en tête de réaliser un porno dans une vieille ferme coupée du monde. D’abord dans le champ de la caméra, puis physiquement, ils vont être confrontés à l’apparition macabre des premiers habitants des lieux. Du grind teenage movie dans toute sa splendeur.

The Notorious Bettie Page (2005)

Chez les Notorious, il y a Biggie Small, Connor McGregor et… Bettie Page. Réalisé par Mary Harron qui avait fait American Psycho cinq ans auparavant, The Notorious Betty Page est un biopic à la gloire de la première et plus célèbre des pinups, une des femmes les plus importantes du XXème siècle, tant dans l’esthétique que dans les mœurs. Epatante de mimétisme, l’actrice Gretchen Mol, plus connue pour ses prestations à Broadway, s’est littéralement appropriée le personnage de Betty Page. Un film méconnu à découvrir fissa.  

Red Rocket (2021)

Après Tangerine, réalisé à l’Iphone et qui dépeint un L.A interlope, le nouveau génie du ciné indé américain, Sean Baker délivre Red Rocket, sorti en février 2022 et nommé au Festival de Cannes l’année dernière. L’histoire est celle de Mikey Saber, un acteur porno sans le sou qui revient habiter chez son ex-femme dans sa ville natale du Texas. Pour joindre les deux bouts, il va reprendre les petites combines jusqu’à ce qu’une rencontre lui redonne l’espoir d’une nouvelle vie. Portée aux nues par la critique, Red Rocket est une comédie douce-amère dont l’acteur principal, Simon Rex, est lui-même un ancien acteur porno. 

Pleasure (2021)

Également présenté en sélection officielle au Festival de Cannes en 2021, Pleasure a défrayé la chronique car la réalisatrice Ninja Thyberg a passé un an en immersion dans le X californien pour sa réalisation, se faisant passer pour une starlette suédoise débutante. Evidemment, elle n’avait mis personne au courant de son projet, d’où un sentiment de malaise, voire de trahison chez certains intervenants parmi lesquels Dana DeArmond, Aiden Ashley et Evelyn Claire. Un film dans l’air du temps, à chacun de faire son jugement.

Zack and Miri Make A Porno (2008)

Pour son retour derrière la caméra en 2008, Kevin Smith, à l’origine des mythiques Clerks et Dogma, choisit la comédie de potes dans la tradition new-yorkaise, chère à son pote Judd Apatow. Seth Rogen et Elizabeth Banks campent deux amis en colocation qui peinent à finir les fins de mois et décident de faire un porno pour payer le loyer. Un film de hipster, par les hipsters et pour les hipsters, à mater après un brunch à 40 balles un dimanche midi dans le marais.

Inserts (1975)

À la naissance du cinéma, les premières images qui furent tournées sont celles du train par frères Lumière, mais très vite les images pornographiques ont fleuri. Dans les années 30, quand le muet est passé au parlant, le porno fut naturellement parmi les premiers films à profiter de la révolution technologique. C’est dans ce contexte que s’inscrit Inserts ou l’histoire de Boy Wonder, un réalisateur de films muets à la ramasse qui se met à faire du porn pour accrocher le wagon des films parlants. Richard Dreyfus, Bob Hoskins et Jessica Harper forment un casting trois étoiles qui n’empêchera pas au film d’être classé X à sa sortie…

Meet Monica Velour (2010)

Après le succès de la série Sex and The City, Kim Cattrall a essayé de faire un retour au cinéma, le grand, qu’elle avait connu au début de sa carrière. Ça n’a pas été une grande réussite, alors que ce Meet Monica Velour est pourtant une petite pépite, notamment grâce à la prestation de son partenaire, le comique Dustin Ingram. Sous les traits de Tobe, un teubé, il se met en tête de partir à la rencontre de sa pornstar préférée, Monica Velour que campe Cattrall. Le problème est qu’elle a bien changé depuis l’époque où il la fantasmait… Au menu : quiproquos à gogos pour un film sympatoche.

Capitaine Orgazmo (1997)

Co-créateur de la série South Park et réalisateur de Team America, Trey Parker a grandi avec les films de Russ Meyer, peuplés d’amazones aux gros seins. Avec Capitaine Orgazmo, le comique rend hommage au grand Russ. D’ailleurs, il joue lui-même ce mormon spécialiste des arts martiaux qui part évangéliser la Californie pour finalement se retrouver acteur porno avec son orgazmo-rayon qui déclenche des orgasmes fulgurants. Un film à sketchs loufoque peuplé de véritables pornstars qui font de la figuration.