Pourquoi congeler son sperme ?

Pourquoi transformer la semence masculine en glaçons ? Pour les fétichistes du sperme, la congélation offre des perspectives de jeu intéressantes. Tour d’horizon.

Connaissez-vous le sculptural Nick Finch ? Cet acteur porno a eu, l’été dernier, l’idée saugrenue d’éjaculer quatre à cinq fois par jour dans un Tupperware, qu’il replaçait à chaque fois au congélateur, dans le but d’obtenir un bloc de sperme glacé, façon Carte d’Or parfum jus d’homme. Trente décharges plus tard, le bloc opalin démoulé s’érigeait fièrement sur le plan de travail de Nick. Et pourquoi faire, me demanderez-vous ? Hé bien, il se trouve que notre performeur est un fin gourmet. Nick s’est mis en tête de cuisiner son sperme, de le faire frire, et même de le cuire au micro-ondes. Après avoir contemplé la fonte du glacier, il s’est mis au travail. Les bonnes recettes de l’oncle Finch ont été bannies de Youtube, mais on peut encore les regarder sur son compte Onlyfans.

Une curiosité, ce Nick Finch ! Car il faut bien avouer que dans le porno, les hommes qui se délectent de leur propre sperme sont plutôt rares. Chez les consommateurs de X, il faut aller chercher du côté du Cum eating instructions (CEI). Dans cette variante du JOI (Jerk off instructions), le branleur est invité par la dame sur l’écran, à consommer le fruit de sa jouissance, et à aimer ça, évidemment : « goûte ton sperme comme j’aimerais y goûter… », susurre la gourgandine. Seul problème dans cette configuration : ce qui peut être excitant avant l’orgasme ne l’est pas forcément après ! Si l’idée est plaisante, le passage à l’acte l’est moins. Alors, si l’on est échauffé à l’idée d’avaler son propre jus, il est plus judicieux de s’en mettre un peu de côté au congélo, pour pouvoir, tout en se branlant, y goûter, et éventuellement s’en servir comme lubrifiant. Branler une queue couverte de sperme, voilà un plaisir bien transgressif, surtout lorsqu’on est un hétéro « pur jus » ! Et si l’on accompagne sa branlette d’une vidéo ou une donzelle suce une queue en vous incitant à y goûter vous aussi, le plaisir n’en sera que plus vif (déconstruction, quand tu nous tiens) !

Nick Finch est loin d’être le seul à congeler sa mâle laitance. Certains couples le font même à des fins de procréation. L’entreprise américaine Sppare.Me, qui propose des solutions de stockage réfrigéré de sperme (pour les hommes ne souhaitant pas procréer dans l’immédiat, ou qui s’apprêtent à subir une vasectomie), reçoit régulièrement des appels de gens qui ont essayé en vain d’en conserver dans leur propre congélateur ! Au passage, chez Sppare.Me, ils gardent le sperme dans des cuves remplies d’azote liquide, à – 195 ° ! Hé oui, on ne conserve pas le sperme comme de vulgaires pizzas !

Plus improbable encore : cette idée de Jekan Thanga, ingénieur à l’Université d’Arizona, consistant à envoyer des échantillons de sperme cryogénisé sur la lune. Pas seulement du sperme humain, bien sûr, car il s’agirait d’établir une sorte d’Arche de Noé sur la lune, ce qui nécessiterait de prélever le sperme de millions d’animaux. Une banque de sperme sur la lune, pour sauver l’humanité et toutes les espèces animales, des catastrophes qui guettent notre planète ? Même Elon Musk n’y avait pas pensé !

Mais revenons à nos terriens obsédés du foutre, qui congèlent leur sperme pour pallier la si faible quantité de semence produite à chaque éjaculation. Sur un célèbre site communautaire français, j’ai rencontré Chloé, qui confesse une grande appétence pour la liqueur séminale. Son problème : une seule éjac n’est pas suffisante pour étancher sa soif. Chloé recueille donc le sperme de son compagnon dans une tasse, qu’elle place au congélateur. Au bout d’une semaine, elle le réchauffe, pour le siroter à la paille, ou s’en servir comme lubrifiant.

Dans le porno, les femmes adeptes du sperme congelé ne manquent pas. Et elles ont bien compris l’intérêt de le conserver au frais, pour s’amuser avec de grosses quantités ! Citons, pêle-mêle, l’inénarrable Gloryhole princess qui, dans une vidéo réservée aux estomacs bien accrochés, plonge la tête dans un saladier rempli de 50 doses de sperme, envoyées par un admirateur… J’ai aussi découvert Chechu, jolie amatrice argentine, qui adore recueillir toute la semaine le sperme de son copain dans un bac à glaçons, pour le consommer en cocktail le week-end. On peut citer aussi Mr and Mrs Green, charmant couple parisien. Mr Green congèle son sperme pour confectionner des bâtonnets glacés, avec lesquels sa compagne se frottera les tétons, le clitoris, avant de le laisser fondre en bouche. Miam !

Et la conservation ? Est-il vraiment sain de consommer du sperme vieux d’une ou plusieurs semaines ? En dehors des risques liés aux maladies, un mauvais stockage ne pourrait-il pas, à lui seul, entraîner un risque pour la santé ? Après tout, il s’agit bien d’un liquide biologique, qui, une fois à l’air libre, se « bactérise ». Difficile de savoir, d’autant qu’aucun urologue n’a pu m’éclairer, et qu’il n’existe aucun article sur le sujet ! J’ai pu entrer en contact, via un forum, avec Claire, qui se définit elle-même comme une « salope à sperme ». Elle m’a prodigué les conseils suivants : « comme les bactéries se développent rapidement à l’air ambiant, il est préférable de congeler le sperme dès que possible après l’éjaculation. ». C’est noté. Autre astuce de notre reine des neiges : « il vaut mieux éviter les cycles de congélation/réchauffage. Éjaculez, congelez, et consommez ! Personnellement, je n’avale jamais du sperme datant de plus d’une semaine. S’il reste quelques gouttes, ne recongelez pas ! » Selon notre experte, cela contribue aussi à préserver la saveur. On la croit sur parole. Précisons aussi qu’il ne faut surtout pas réchauffer le sperme au micro-ondes, il s’évaporera en grande partie ! La meilleure solution est donc de le laisser décongeler à température ambiante.

En tout cas, l’ingestion de sperme n’a pas rendu Nick Finch malade, ni aucune des centaines de personnes qui en consomment régulièrement, selon les nombreux témoignages d’amateurs sur les forums.

Autre utilisation intéressante : la lubrification. Tristan, jeune gay parisien de 28 ans, m’a confié qu’il utilisait le sperme de son partenaire comme lubrifiant. « Je l’utilise décongelé, bien sûr, mais j’aime que le liquide reste froid. Ça apporte des sensations supplémentaires, c’est très excitant ». Des vidéos montrent également des hommes s’introduisant de petits cubes de sperme congelé dans le cul, juste avant de se faire pénétrer par un gode, ou par leur partenaire.

Le sperme congelé semble donc parfaitement convenir aux anus. Attention néanmoins, ne vous risquez pas à de telles pratiques si vous avez une pathologie (hémorroïdes, fissures…). Les bactéries transportées par le sperme pourraient causer une infection si votre échantillon était mal conservé, ou laissé à l’air trop longtemps. Autant vous dire qu’il est préférable d’exclure le vagin de ces jeux. Son écosystème est délicatement équilibré, et une infection est possible si l’on y introduit, par exemple, un esquimau de sperme « toxique ».

Autre inquiétude légitime : une femme peut-elle tomber enceinte en s’amusant avec du sperme congelé ? Je vous rassure tout de suite : c’est impossible. Non seulement les congélateurs domestiques sont loin d’être assez froids pour conserver les spermatozoïdes, mais ceux-là ont tendance à mourir en masse lorsque le sperme se dessèche, ou qu’il entre en contact avec l’air. Ainsi, entre la congélation et la décongélation de l’iceberg de sperme sur votre plan de travail, il est peu probable que la substance soit particulièrement efficace comme liquide de fertilité. C’est d’ailleurs préférable. Ça vous plairait, à vous, de découvrir que vous avez été conçu à partir de la décongélation d’un esquimau de foutre ?