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Visite guidée d’un bar à fantasme : le Sweet Paradise

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La Voix du X vous emmène aujourd’hui à la découverte d’un établissement unique et insolite au cœur de Paris, le Sweet Paradise, lieu de tous les possibles érotiques.

À deux pas du Châtelet, l’entrée ne paye pas de mine. Installé entre la devanture proprette d’un restaurant de quartier et la terrasse d’un cocktail club branché, rien dans le petit sas d’accès ne trahit l’atmosphère suave qui sourd quelques mètres plus profond, si ce n’est une l’affiche miniature d’un spectacle prometteur et un interphone discret. Une sonnerie plus tard, la lourde porte s’ouvre sur un escalier en colimaçon, qui débouche sur une voûte de pierre, décorée à la manière d’un lounge. À gauche, le bar, jouxtant le Bureau des Fantasmes, où l’on commande sa gourmandise. À droite, le salon, où l’on peut prendre un verre en admirant l’exposition éphémère et l’immanquable Mur de Culottes. Nous voici au Sweet Paradise.

Voyage au centre de l’intime

Cette première antichambre tient autant du love store que du cabinet de curiosités érotiques. Bordée de sextoys présentés dans d’élégants d’écrins, mais aussi d’œuvres graphiques originales, elle préfigure l’atmosphère générale du lieu : ouverture d’esprit, découverte et inclusion. En véritable curatrice, Flore Cherry, patronne des lieux, présente ainsi sa nouvelle exposition :

« L’idée du bar à fantasme, c’est aussi ça, un territoire d’expression où on va rencontrer des artistes, se cultiver. Là, on a MistukoSwann, qui est dans l’érotisme kawaii BDSM, vraiment en rupture avec la représentation classique, noire, rouge, sombre, qui fait peur, dans l’imagerie moyenâgeuse de l’inquisition. Il n’y a que dans ses œuvres que tu vois ce truc tout mignon avec des gens qui sont un peu encordés, un peu contraint, et le dessin très doux de l’aquarelle. Elle te donne une autre image du BDSM : la connexion à l’autre, ce care, qui est une très forte affection pour l’autre et qui passe par faire attention à ses limites, essayer de les titiller, jouer avec, et prendre soin de son partenaire. Il y a vraiment un autre univers graphique que je trouvais hyper-intéressant de proposer, puisqu’il te fait repenser ta façon de voir le BDSM. D’habitude, c’est latex, femmes fortes, talons hauts, « Tu as été très vilain »… Un regard très masculin, qui n’intéresse peut-être pas tant que ça les filles. C’est bien qu’elle s’exprime d’un point de vue féminin : ce moment où ton partenaire te fait un gros câlin et t’empêche de bouger. Et puis après, il te fait un bisou. En fait, c’est ça qui l’intéresse, elle. »

Et comment passer à côté du fameux Mur de Culottes, attraction-phare de cet espace ? Sur cette large vitrine trônent les effets des Sweeties, fourrés dans de petits sachets de satin, assorti d’une note précisant comme il se doit le type de lingerie, le nom de la propriétaire, la durée d’usage et, évidemment, le prix. 

« Les filles fixent librement leur tarif, en fonction du temps qu’elles l’ont portée, de la qualité de la lingerie et de la notoriété de la Sweety. Certaines ont leurs petits fans. Elles peuvent les vendre plus chères quand elles ont une grosse fanbase. »

La marraine de l’établissement, Brigitte Lahaie en personne, a d’ailleurs fait don de l’un de ses propres dessous pour l’occasion. En matière de prestige, ça se pose là… 

Mais d’ailleurs, qui sont les Sweeties ?

« Souvent, elles ont un passé d’intermittentes du spectacle, des comédiennes, des danseuses. Ce qu’on préfère, ce sont les nanas qui ont déjà performé le strip, au moins un peu de burlesque, avec une expérience de l’érotisme, qui ont déjà été confrontés à de la sexualisation. C’est pour qu’elle soit à l’aise, mais ce n’est pas une obligation. Et dès le 4 juin, on aura même un Sweety masculin. »

Plus concrètement, ces mystérieuses créatures sont les divas du Sweet Paradise, qui animent et interprètent les fantasmes des spectateurs, sur scène ou en privé. La salle attenante est leur royaume. Aménagée en cabaret, elle ouvre sur une scène où se produisent les Songes, les spectacles publics des Sweeties, et donne sur les deux boudoirs, l’Enfer et le Paradis, alcôves privatives où se jouent les numéros les plus intimes. Un simple club de strip-tease ? Loin de là. Moins objets que sujets de désir, les Sweeties prennent un malin plaisir à franchir le quatrième mur pour emmener directement les spectateurs dans leur univers.

Notre guide en compagnie des Sweeties. De gauche à droite : Gaïa, Nadja, Candy, Ruin et Flore.

« On essaie de rompre la séparation entre la scène et le public. La Sweety va être un peu « canaille », elle va titiller les spectateurs, les bousculer. Elle va les mettre sur scène, leur demander de faire des choses. Il y a ce côté très interactif, qui pour nous est essentiel. C’est pour ça qu’on parle d’un bar à fantasme. On est au centre de l’action, non pas de ce qu’elles font sur scène, mais ce qu’ont en tête nos clients quand ils viennent. Nous, ce qui nous intéresse, c’est qu’ils viennent communiquer avec nous, nous dire ce qu’ils veulent, pour pouvoir au mieux leur fournir une expérience intéressante. Ce qui nous intéresse, c’est de réfléchir en fonction du client. Le strip-tease n’est qu’un des ressorts érotiques, très visuel et centré sur la nudité, par rapport à tout le panel des autres ressorts érotiques que tu peux activer et qui marchent très bien. Il peut y avoir du dirty talk, des nanas qui vont te faire rire, d’autres qui vont te regarder dans les yeux pendant quinze secondes d’affilée. Et tu vas te dire « Wouah ! Jamais on ne m’avait regardé avec autant d’intensité. » »

Venez comme vous êtes

Le public, généralement composé d’hommes l’après-midi et de couples le soir, est donc explicitement invité à faire part de ses envies, pour une expérience érotique sur mesure dans les boudoirs. Pour les timides et les indécis, un menu recensant les fantasmes les plus courants est même mis à disposition. Et oui, dans les espaces privatifs, la masturbation est autorisée. 

« Au bar à fantasme, tu peux commander tout ce qui peut se faire facilement dans les boudoirs. Par exemple, tout ce qui concerne le fétichisme du pied, comme masser les pieds d’une Sweety. On peut aussi demander un show privé et peut-être se masturber si on en a l’envie, ou pas, devant elle, ou pas. On a un menu des fantasmes qui reprend à peu près tous les différents fantasmes que tu peux faire directement ici : maîtresse d’école, policière, infirmière… On a des petits costumes pour les jeux de rôle. On propose aussi des caresses, des massages naturistes, ou une Girlfriend Experience avec les petits bisous et tout. Toutes les Sweeties ne le font pas, mais certaines, oui. Puis la soumission, l’humiliation, le dirty talk, le pet-play, si l’on veut se comporter un petit animal. Et ça va jusqu’à la golden shower, mais il faut qu’on prépare avant. Ça ne s’improvise pas. Sinon tu peux demander un fantasme qu’on va réaliser à l’hôtel ou chez toi, à domicile. »

Bien entendu, une telle débauche de possibles ne va pas sans quelques règles absolument inflexibles.

« Le seul fantasme qu’on n’autorise pas, c’est de revoir telle Sweety en particulier à son domicile. C’est nous qui choisissons la Sweety. Le fantasme concerne un acte, ce ne doit pas être une personne. C’est pour cette raison qu’on n’autorise pas non plus l’échange de coordonnées entre les deux parties.

En ce qui concerne la limite physique, on la fixe comme ça : pas de stimulation génitale, directe ou indirecte, et on inclut évidemment le contact anal dedans. Par exemple, parfois, on nous demande qu’une Sweety mette un sextoy sur le clitoris de madame. Il n’y a pas de contact direct, sauf qu’il y a stimulation. On l’interdit aussi. On ne met pas de sextoy sur les gens et on ne plug pas un mec – parce que les mecs nous le demandent aussi. Ils peuvent le faire eux-mêmes, cela dit, ou se le faire ordonner. Idem, la Sweety ne peut pas se faire masturber par un sextoy. Pas de stimulation anale ou génitale dans un sens ou dans l’autre. Tout le reste, a priori, est autorisé. »

C’est sur ces sages paroles que s’achève notre petite visite du Sweet Paradise qui, malgré le tableau minutieusement esquissé par sa fondatrice, ne saurait révéler tous ses mystères. Protéiforme, l’expérience qu’il prodigue ne naît jamais que des envies secrètes de ceux qui l’explorent. Il n’attend donc que vous pour s’accorder vos fantasmes les plus intimes.

Rendez-vous 12, rue Marie Stuart, 75002 Paris, du mardi au samedi, pour une aventure sensuelle sur mesure.

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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