Actu/News
Flore Cherry : « Tu ne peux pas bander et stresser en même temps »
Experte des marchés de l’érotisme, spécialité « sextoys », la passionnante Flore Cherry est une véritable mine d’information pour quiconque entend comprendre les business pour adultes. Et pour cause, elle cumule les casquettes. Responsable « digital » pour le magazine Union, spécialiste sexo récurrente pour BFMTV ou Sud Radio, mais aussi autrice de roman et scénariste de fantasmes sur mesure, l’insatiable entrepreneuse nous reçoit au Sweet Paradise, son établissement dédié à la luxure au cœur de Paris, pour un entretien-fleuve.
Bonjour Flore Cherry. Est-ce tu peux nous décrire ton parcours ? Comment tu as atterri chez Union ?
Je vendais des sextoys pendant les EVJF. Le sextoy était un prétexte à ouvrir une discussion autour de la sexualité. Je me suis rendu compte que les jeunes femmes qui allaient se marier ne connaissaient pas grand-chose à leur sexualité. Il y avait une forme d’hystérie, quand j’en parlais. Soit hyper-pudiques, personne n’en parle, soit archi-décomplexées, mais à côté de la plaque, soit pleines d’injonctions : « Ça, il ne faut pas le faire, c’est de la merde, etc. » Des réactions jamais sereines, toujours épidermiques et en même temps une vraie volonté de me prendre à part pour me poser plein de questions, me parler de leurs problèmes, de leurs traumas, car il y a une vraie détresse derrière. Il fallait faire quelque chose. Je n’imaginais pas que le discours autour de la sexualité pouvait être aussi compliqué. Ce n’était pas possible de laisser des jeunes femmes se marier années après années sans se dire que la sexualité est un vrai sujet qui intéresse, sur lequel on doit être serein, et qui doit être une vraie matière à réflexion. C’est là que débute mon engagement autour de cette thématique.
La société de sextoy pour laquelle je travaillais m’a demandé d’organiser des apéritifs littéraires érotiques pour fédérer ces filles qu’on ne voyait qu’une fois lors des EVJF. Sauf que ce n’étaient pas du tout ces jeunes filles que je retrouvais lors de ces événements, mais tout le milieu libertin, BDSM, polyamoureux qui sort beaucoup. Ils m’ont à leur tour invité aux leurs. Je suis donc allée dans tous les clubs, dans toutes les rencontres en tant que professionnelle de l’événementiel dans l’érotique. Femme Actuelle s’est donc intéressé à moi et a proposé de me suivre en reportage. J’y valorisais cet accès au milieu de l’érotisme et de la sexualité, notamment des sorties, des soirées, des marques de sextoys. J’ai une approche assez business de ce milieu-là, puisque j’ai commencé avec un angle très commercial, de la vente, des formations de création de sextoys, de la veille de nouveauté. On a monté une série qui s’appelait les Sexpériences de Cerise. Et j’ai eu une proposition d’Union en parallèle, et donc j’ai travaillé pour Femme Actuelle et Union en même temps.
Ça fait 10 ans que je vois comment les marques communiquent sur la sexualité. Ça change énormément d’année en année. C’est tout ça qui m’a passionnée, le business autour du sexe. Et je suis toujours dedans, avec pour spécialités les marques de sextoys et l’événementiel autour de l’érotisme.
Le marché du sextoy s’est beaucoup développé ces dernières années. Comment est-on passé d’un marché assez tabou à une industrie mainstream et grand public, voire féministe ?
Tu as presque dit le mot : féministe, ou en tout cas féminin. Il y a une féminisation du marché du sextoy. Avant, on avait l’image du sex-shop à Pigalle ou rue Saint-Denis, avec un marketing très explicite à destination des hommes seuls, voire en misère sexuelle – j’utilise ce terme pour qu’on comprenne justement le marketing qu’il y a derrière. Parce que la sexualité est alors une affaire d’hommes, un gros marché. Les hommes ont foncièrement ont plus d’argent à dépenser dans les loisirs que les femmes, plus d’autonomie pour se déplacer dans les sex-shops, une vie intime moins parasitée par la vie domestique, les enfants, et donc plus d’espace de liberté pour se masturber.
Autour des années 2010, le marché a transitionné vers un sextoy pour le bien-être du couple puis, autour de 2018, vers le sextoy féminin, qui sert l’empowerment des femmes : se masturber devient un acte « empouvoirant », la masturbation féminine émancipe des hommes. Je le mets presque en lien avec #metoo, si on voulait faire un gros gloubi-boulga ; les réseaux sociaux qui s’agitent, avec de gros comptes qui parlent de sexualité et d’intimité, qui encouragent aussi une réappropriation féministe dans ce domaine. Les femmes ont alors plus d’indépendance, d’espaces à elles. Elles négocient plus dans leur couple ce qu’elles veulent : la non-exclusivité sexuelle, le polyamour, le fait de ne pas vouloir d’enfant. Beaucoup de forces de négociation sont apparues, et dans ces forces de négociation, il y a : « Je veux un espace à moi pour me masturber, avec un sextoy de qualité. »
L’autre avancées, c’est la technologie du Womanizer à air pulsé qui fait vraiment beaucoup la différence par rapport à la simple vibration qu’on avait avant avec le Wand.
La disparition de la dimension phallique, aussi ?
C’est ce qu’on raconte beaucoup que « le phallique ferait peur aux filles ». C’est un des discours commerciaux. Il y en a qui vont plus loin en disant que l’air pulsé ne touche pas vraiment le clitoris donc ça leur fait moins peur. Non, elles n’ont pas peur, les filles. Ce n’est pas la question. C’est simplement que l’air pulsé stimule le clitoris à sa racine, d’une façon impossible à reproduire humainement ou mécaniquement, qui est terriblement efficace. Il y a une forme d’efficacité « surnaturelle ». Et ce n’est pas le côté phallique, bla, bla, bla…
Ma réflexion portait moins sur la dimension effrayante du phallique, mais plutôt que tant que la sexualité était pensée par des hommes…
Oui, tant qu’elle était pensée par des hommes, on n’a proposé aux femmes que de se goder pendant mille ans. Et on était là : « Bah, non. Nous, c’est le clito. C’est pas du tout comme ça que ça marche… » Mais tout comme les tampons, lorsque les culottes de règles sont arrivées. Dès que les femmes pensent à leurs besoins, elles le disent : « Non, on n’a pas envie de se foutre des tampons. On a envie de mettre des culottes et d’être à l’aise.«
Oui, il y a plein de petits objets marketing qui, en étant pensés par des hommes étaient mal conçus pour des femmes. Le gode en fait partie, clairement. Leur foutre des godes réalistes en se disant : « Super, elles vont avoir du plaisir… » Peut mieux faire, monsieur.
En 2014, il y a donc le petit génie allemand, qui lance son Womanizer et qui donne littéralement une pleine puissance à la sexualité des femmes. Ce qui est marrant, c’est qu’il n’existe pas tant d’équivalents masculins. Avec la Fleshlight ou le masturbateur Tenga, qui est peut-être le truc le plus technologiquement avancé sur la branlette masculine, tu n’as pas l’effet « Waouh ! », l’efficacité que tu as avec un Womanizer. Il faut le nettoyer, c’est plus d’entretien. Il y a un manque d’efficacité que le bonus par rapport à ta main droite ne compense pas assez. Alors que le Womanizer, tu vas faire l’effort d’entretien, qui constitue malgré tout une contrainte. La Fleshlight requiert trop d’effort par rapport au bénéfice, je trouve.
Et tu as des pistes d’amélioration dans ce domaine ?
Je ne sais pas. On n’a peut-être pas les mêmes problématiques non plus. Les filles ont peut-être de plus grandes problématiques vis-à-vis de leur propre plaisir. C’est un plaisir qui est hybride, avec un clitoris qui in fine n’est pas forcément foutu au bon endroit. La vraie bonne stimulation est entre l’interne et l’externe. Et donc c’est un peu bâtard quand tu dois le faire toute seule. Alors qu’un mec, c’est toujours externe, c’est plus facile, et puis il voit ce qu’il fait. Il n’y a pas les mêmes problématiques d’accès au plaisir chez les hommes et les femmes. Et pour les femmes, c’est plus compliqué.
C’est un peu comme le plaisir prostatique. Il faut chercher. On ne voit pas trop ce qu’il se passe. On farfouille. Et au bout d’un moment, on se trouve et on trouve le truc dans le cerveau. Je ne dis pas que c’est la même exigence, car le plaisir prostatique est certainement plus difficile, j’entends, mais c’est une expérience qui n’est pas évidente de prime abord. Se branler quand tu es un mec est assez évident de prime abord.
Donc la prochaine révolution du plaisir masculin est peut-être l’acceptation du plaisir prostatique…
Oui, voilà, qui est en bonne voie. Ça a bien évolué. Tu peux investir dans de petits accessoires de plaisir prostatique comme un harnais de pegging. Ça reste à la marge, mais ça a quand même connu un bel essor en cinq ans. Alors qu’avant, personne ne le faisait, d’un coup, tu as peut-être 5 à 10% des couples qui se disent « Tiens, pourquoi pas ? » Parce que les deux amants qui jouent ensemble et en même temps, avec un plaisir prostatique qui plaît vachement pour certains mecs. Je pense d’ailleurs qu’ils y viennent de plus en plus tôt. Avant, on y allait vers 40-50 ans. Aujourd’hui, dès 25-30 ans, tu y viens. Les 18 sont compliqués à avoir là-dessus. Mais c’est normal, ils découvrent d’autres choses. Mais dès 25, 26, 27 ans, tu commences à te dire, tiens, qu’est-ce qui se passe par-là…
Comment est né My Sweet Fantasy ?
Je me suis associée avec un metteur en scène de pièce de théâtre, Arthur Vernon, qui avait accès à des comédiens et comédiennes capables de performer l’érotisme. Et c’est né aussi du constat que des choses aussi simples que pour organiser une Saint-Valentin, il n’existait aucun prestataire qui viendrait chez toi et prendrait en charge ton érotisme de couple, pour repartir ensuite. Des trucs aussi simple qu’un petit dîner avec des aphrodisiaques, ou une personne qui viendrait expliquer comment se masser à deux. Enfin si, j’avais fait cette expérience d’un coaching de massage à deux, et c’était déjà le truc le plus hot qui existait sur le marché en France. Je me suis dit que ce n’était pas possible que personne n’investisse ce créneau. Il y a plein de couples qui n’ont pas vraiment envie de passer la barrière du libertinage, parce que tu n’as pas forcément envie de coucher avec d’autres pour connecter avec ton partenaire. Parfois, avoir juste quelqu’un qui va faire de l’animation érotique suffit. Il n’y avait pas d’offre pour de l’animation érotique, à domicile ou a l’hôtel, donc on y est allé. Et ça a très bien marché. Notamment pour des kidnappings. Des trucs simples, mais si drôles et qui marchent tellement bien.
Est-ce que tu peux nous parler des fantasmes les plus dingues qu’il vous est arrivé de réaliser avec My Sweet Fantasy ?
Il y a un mec qu’on a arrêté dans des décors de cinéma qui ressemblaient à ceux d’une gendarmerie. On l’a mis en cellule. On l’a engueulé et obligé à faire un prélèvement ADN, donc il a dû se masturber dans un petit pot, pour savoir si c’est bien lui qui avait commis le crime ou pas. Puis on a organisé une tentative d’évasion avec des pétards qui explosaient partout. C’était très cinématographique. Un gros budget.
Il y en a un autre qu’on a crucifié dans les bois. On a passé plus de vingt-quatre heures avec lui, dont une nuit dans le cachot, parce qu’il allait se faire crucifier le lendemain matin. On l’a levé aux aurores, il a fait son chemin de croix avec le patibulum sur les épaules, pieds nus. On l’a fouetté dans la forêt, « doucement ».
On applique cette règle de ne pas laisser de marques. Enfin, surtout pas de sang, ça c’est sûr et certain. Mais de façon générale, pas de marques, avec la légère tolérance de la petite gifle qui rougit un peu la joue. Les trucs trop hard, trop violent type BDSM, comme clouer les couilles, c’est sûr qu’on ne le fera pas. Ne serait-ce qu’en matière de norme d’hygiène, c’est inenvisageable. Ce sont vraiment des activités très spécifiques. On ne fait pas de trucs trop compliqués comme ça.
Crucifié, en shibari, c’est le max qu’on ait fait. On s’est entraînés. Il fallait sécuriser la croix qu’on a plantée dans une forêt. Puis, la personne sur la croix, pour pas qu’elle tombe, et enfin assurer le shibari pour ne pas faire de garrot. Donc, on s’est entouré d’experts de la discipline pour ne pas l’encorder n’importe comment. Et surtout, être sûr qu’il ne va pas… Enfin, la crucifiement, tu peux crever, quoi ! Enfin, il fallait s’assurer aussi qu’il n’y ait pas de chasseurs dans la forêt ce jour-là, parce que si tu te retrouves avec un mec tout nu sur une croix et qu’il y a des chasseurs qui ont décidé que c’était le moment d’aller canarder du gibier, l’accident est vite arrivé. Donc, il y avait plein de petites choses à apprendre sur l’aspect sureté, auxquels il faut faire hyper, hyper attention, ce qui est la base de notre métier : préserver le côté safe.
Dans des fantasmes de si grande envergure, quelle est la réaction des participants, après ?
On a eu un peu de mal à y voir clair en fait. Au départ, on avait inclus un care (moment de soin à la personne éprouvée par une séance de BDSM intense, ndlr), après des fantasmes très éprouvants. Mais c’était une erreur qu’on a corrigée par la suite. On voulait montrer qu’on sort du jeu et qu’on est sympa, et demander si ça s’est bien passé, si tout est ok. Et en fait, on s’est rendu compte qu’à chaque fois, le mec ne voulait pas communiquer avec nous, mais rester dans son fantasme. Contrairement à une partenaire, on ne crée pas d’intimité en amont. Donc ça faisait très bizarre de la faire naître après, après lui avoir fait subir plein d’horreurs. Lorsque le masque tombe et qu’il voit les comédiens sortir du personnage et applaudir, il y a une forme de dissonance du genre : « La fille, elle vient de m’engueuler, de me traiter de petite pute. Pourquoi est-ce que, tout d’un coup, il est sympa et me fait des câlins ? Je veux rester dans ma tête et croire que c’est une connasse. »
On a eu beaucoup de mal à avoir du feedback juste après. On s’est aperçu, et c’est bizarre vis-à-vis du BDSM classique, qu’en fait les clients, on doit un peu les laisser en plan. Et surtout ceux qui ont vécu des émotions fortes, il ne faut surtout pas les faire sortir du fantasme. C’est contre-intuitif, mais finalement, c’est ce qu’il y a de mieux. Tant qu’ils sont vivants, en un morceau (rires). Et parfois, ils nous re-commandent des fantasmes derrière, donc on se dit que c’est cool. Bon quand ils ont dépensé dix mille, il faut attendre un peu avant qu’ils refassent appel à nos services.
Est-ce que vous avez dû renoncer au fantasme production logistique notamment ?
Il y a des gens qui nous disent qu’ils aimeraient bien faire l’amour avec une sirène. Parfois, on ne sait pas bien ce qu’on peut y faire. Plus sérieusement, évidemment, oui, plein de fois. Les fantasmes qu’on refuse le plus ce sont les fantasmes libertins : plan à trois, coucher avec une fille rousse… Evidemment non. On ne peut pas te mettre en contact avec des gens avec qui faire l’amour. On fait de l’animation érotique. Donc, ça, on a toujours refusé.
Sinon, logistiquement, s’il y a un vrai budget, je pense qu’on peut toujours s’en sortir ou trouver des arrangements. Sur un truc qui nous paraît trop risqué, on va proposer une alternative un peu plus safe. Sachant que ça dépend des gens. Certains sont très précis dans ce qu’ils veulent. Mais pour beaucoup, c’est aussi de la surprise qu’on vend. Donc, on va créer nous-mêmes le scénario pour que ça soit sécurisé et qu’en même temps, il ait son shoot d’adrénaline. C’est souvent ce qu’il se passe.
En fait, dans le fantasme qu’ils ont en tête souvent, c’est très érotique, ils bandent, etc. Mais sur place, c’est incompatible. Tu ne peux pas bander en étant stressé en même temps. Il y a un effet, un peu, paradoxal. Du coup, on joue l’adrénaline à fond. Plein, plein de sensations fortes, pas forcément des sensations systématiquement érotiques, mais qui vont leur laisser un bon souvenir quand ils vont y repenser le soir. Et là, ils vont s’exciter. Mais sur le coup, il y a un effet de sidération qui est incompatible avec l’effet érotique.
La suite, c’était donc le Sweet Paradise, un bar à fantasme ? En quoi ça consiste ? Quelle est la différence avec un bête club de strip-tease ?
On fait du strip-tease, donc on rentre évidemment dans cette catégorie, mais on met d’autres choses autour. Le strip-tease, rien qu’au niveau du terme, vient des Etats-unis. C’est un rapport très américain à l’érotisme, au sens où les hommes viennent y parler entre eux, un verre à la main et les filles tournent sur des bars de pole-dance. C’est un divertissement. Or, en France, même surtout à Paris, on n’a jamais eu ce truc-là. Si tu vas à Montmartre ou ailleurs, le public vient voir des filles danser dans une salle de spectacle. On n’est pas là à se regarder et à regarder à moitié celle qui danse, ou à le lui jeter des billets ou ce genre de choses. Le strip-tease a plutôt eu du mal à s’implanter sur nos racines latines qui sont plus dans le jeu, la séduction. Nous, on essaie de remettre un peu de ça.
Déjà, tu ne rentres pas avec ton verre dans la salle. C’est une salle de spectacle classique, française. Et on essaie de rompre la séparation entre la scène et le public. La Sweety va être un peu « canaille », elle va titiller les spectateurs, les bousculer, elle va les mettre sur scène, leur demander de faire des choses. Il y a ce côté très interactif, qui pour nous est essentiel. C’est pour ça qu’on parle d’un bar à fantasme. On est au centre de l’action, non pas de ce qu’elles font sur scène, mais ce qu’ont en tête nos clients quand ils viennent. Et nous, ce qui nous intéresse, c’est qu’ils viennent communiquer avec nous, nous dire ce qu’ils veulent, pour pouvoir au mieux leur fournir une expérience intéressante. Ce qui nous intéresse, c’est de réfléchir en fonction du client. Le strip-tease n’est qu’un des ressorts érotiques, très visuel et centré sur la nudité, par rapport à tout le panel des autres ressorts érotiques que tu peux activer et qui marchent très bien. Il peut y avoir du dirty talk, des nanas qui vont faire rire, d’autres qui vont te regarder dans les yeux pendant quinze secondes d’affilée. Et tu vas te dire « Wouah ! Jamais on m’avait regardé avec autant d’intensité. »
As-tu déjà songé à monter toi-même sur scène ?
Pour le bien commun, je ne le ferai pas (rires). Non, parce que je sais qu’il faut quand même une petite part de talent de comédienne, de danseuse, qui peuvent s’acquérir avec de la pratique. Mais ça nécessite une pratique de la scène dont je ne dispose pas. Et puis, l’exhibition est un trip que je n’ai pas. Je ne suis pas quelqu’un d’une nature exhibitionniste. Les Sweetys le sont pour la plupart. Je ne vais pas aller contre quelque chose qui ne me plaît pas.
Si tu devais commander un fantasme, ce serait quoi ?
Des heures de sommeil en plus très certainement ! Un hôtel rien que pour moi ou je peux dormir quand je veux dans n’importe quelle chambre.
Avec un Sweety qui te lit des histoires pour dormir ?
Ah, oui ! Mais pas des histoires de cul. Tout sauf ça. Un truc qui me sort de mon job. De la politique, je ne sais pas… Du dodo, ça, c’est mon grand fantasme.
Tu as écrit un livre aussi, d’ailleurs. De quoi s’agit-il ?
J’ai sorti Matriarchie en 2021. Une histoires érotique.
Pas qu’une histoire érotique, de ce que j’ai compris. Un thriller, aussi.
Oui, c’est une façon de parler du conflit sexuel, la guerre des sexes, qui apporte quelques pistes de réflexion, sans dire ce qu’il faut penser ou prétendre détenir la bonne réponse. Parce qu’on peut quand même parler de la guerre des sexes de manière drôle, marrante et en même temps excitante. C’est mon parti-pris. C’est chelou, hein ?
Est-ce que tu t’inquiètes de la montée des conservatismes et du puritanisme, notamment aux Etats-Unis, mais aussi en France ?
Cette question est très intéressante parce qu’on entend tout. On vit dans une société hyper-sexualisée qui existe en même temps qu’un retour permanent au puritanisme. Comme si en fait, il y avait une sorte de valve. Les gens voient souvent la chose comme ça : soit la sexualité est hyper-libre, soit on ferme tout d’un coup. Je ne perçois pas ça comme ça. Il y a des choses qui sont tolérées à une époque, qui ne sont plus à d’autres périodes. Par exemple, dans les années soixante-dix, on pouvait coucher librement avec des enfants de quatorze ans. Aujourd’hui, on ne peut plus, c’est juste choquant. On n’appellerait pas ça du puritanisme. Inversement, il y avait d’autres choses qu’on ne pouvait pas faire à cette époque-là, qui, aujourd’hui sont complètement admises. Par exemple, le polyamour. À cette époque, tu devais te marier avec ta femme. Si tu avais une infidélité, il fallait le cacher, et blablabla. Non, maintenant, on est polyamoureux. Et c’est okay.
Ce que tu peux ou ne peux pas faire change beaucoup d’une époque à l’autre. Et si tu regardes à chaque siècle, tu verras qu’il y a plein de discours sur la sexualité qui sont hyper-okay à un moment, ils ne le sont pas à un autre. Il y a toujours des espaces de liberté, mais ils changent beaucoup en fonction des époques, en fonction des cultures. Tu vas au Japon, le rapport qu’ils ont la pédophilie, plus ou moins assumée, peut carrément choquer. Au Sénégal, ils sont quand même vachement homophobes culturellement. Il y a plein de choses qui peuvent te heurter, toi, en tant qu’Occidental, qui remettent en question ta vision du sexe. Tout dépend de l’époque, tout dépend de la culture. En fait, ce que tu penses être bien ou pas bien dans la sexualité est tributaire du temps dans lequel tu es.
Donc sur ce puritanisme américain, il y a certainement le début de quelque chose là-bas, mais ça n’empêche pas, par exemple, Pornhub de vachement bien exister, de permettre une pornographie hyper-créative, hyper-cool, virtuellement, et à n’importe qui de se lancer dans le porno et de faire des trucs vachement chouettes : de l’ASMR, des Jerk Off Instructions. Il y a plus en plus de mecs qui font du porno à destination des femmes. Je pense à frenchguydoesporn et French Brutus. Aucun studio de production n’aurait dit : « Tiens, on va mettre un mec en POV missionnaire sans voir sa bite, et il fait semblant de baiser une meuf, et ça va marcher. » Le mec qui fait ça, il a son iPhone, ça cartonne. Ce sont des nouvelles technologies qui permettent ça.
De génération en génération, on a toujours cette volonté de créer des trucs qui n’existaient pas avant, pour trouver de nouvelles formes d’érotisme. C’est une sorte de constante intemporelle. Et ça vient beaucoup des Etats-Unis. Tu vois, je ne dis que des mots anglais : ASMR, Jerk Off Instructions. Tu me parlais de strip-tease, de pole-dance, des mots anglais. Ils inventent quand même beaucoup de choses, ces Américains, sous couvert de puritanisme.
Il y a des espaces de liberté, de possibles qui migrent, qui se précisent, qui changent aussi et qu’il est très intéressant d’analyser. Ça dépend de l’époque, et parfois c’est positif, et parfois on peut le déplorer, mais ça, c’est très personnel. Moi, je vois juste des choses qui changent beaucoup, très vite.
*Photo de couverture, de gauche à droite : Gaïa, Nadja, Candy, Ruin et Flore.
-
Acteursil y a 5 ans
Les plus grandes légendes du porno black
-
Actricesil y a 3 ans
Les plus gros seins du X
-
Actricesil y a 5 ans
Les 20 Reines de l’anal
-
Actricesil y a 4 jours
[Vidéo #330] Working Girls, l’entretien professionnel de Cataleya
-
Actricesil y a 3 semaines
Coco Valentin : « Je pense profondément que tous les hommes sont homosexuels ! »
-
Acteursil y a 3 semaines
Des fourneaux au X : rencontre avec le chef Gaël Marques
-
Actu/Newsil y a 7 ans
Les 20 plus belles trans du X
-
Actricesil y a 3 ans
Plus de 50 ans et rayonnantes comme jamais !