Lexxie Chantilly : « J’ai toujours vu ma sexualité comme un grand délire ! »

Se reconvertir dans le porno après un licenciement ? Beaucoup en rêvent, sans oser franchir le pas. Lexxie Chantilly, 43 ans, a osé cette reconversion, et vit sa meilleure vie ! Cette bordelaise s’est créée un personnage au-delà des genres, inspiré par le cabaret et le théâtre burlesque. Et rêve de mener une vraie carrière de performeuse dans le porno… Rencontre. 

Racontez-moi votre histoire, Lexxie…

J’ai commencé très jeune à me travestir. Ça me plaisait, et comme beaucoup de travestis, j’ai fait des vidéos, pas forcément pour les partager. Un jour, j’ai mis sur Tumblr de vieilles photos d’exhib en lingerie, dans la rue. Ça a fait un petit buzz. À l’époque, je ne me suis pas dit que j’allais faire du porno. Je faisais ça pour m’amuser. Quand Tumblr a arrêté le porno, j’ai mis des petites vidéos exhib pour Manyvids. C’était en 2017. Je ne m’appelais pas encore Lexxie Chantilly. Mais j’ai eu tellement de vues que j’ai décidé de me lancer là-dedans. Ça fait seulement deux ans que j’ai décidé que je voulais vivre du porno. 

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Vous vous définissez comment ? Trans, travesti ? 

Quand on évoque la transsexualité, on parle de gens qui entament une transition. Ce qui n’est pas du tout mon cas. Dans mon quotidien, je me définis plutôt comme gender fluid, et aussi comme transgenre, dans le sens où je me situe au-delà des genres. Les transsexuelles sont des femmes. Je n’ai pas d’implants mammaires, je n’ai pas entamé de chirurgie. Je fais en sorte d’être dans l’ambigüité. Je n’ai pas l’envie de faire une transition complète aujourd’hui.

Vous prenez des hormones ? 

Oui. Ça a changé mon corps, mon apparence. J’ai des petits seins ! 

Quand je vous ai découverte sur Twitter, je pensais que vous étiez travesti, dans un registre théâtral… 

Oui, c’est vrai que je viens de cette culture-là. Je me suis cherchée pendant longtemps. Est-ce que je voulais être un mec qui se travestit, un androgyne, faire une transition ? Je me suis essayé au drag, au burlesque, je me suis créé un personnage théâtral, avec un maquillage très clinquant. Je misais beaucoup sur mes tenues, mon apparence. 

Et avant, vous faisiez quoi ? 

J’étais chef d’entreprise, dans la formation. J’avais créé cette société à 27 ans, c’est devenu une belle PME, avec des dizaines d’employés, et des centaines de clients. 

Et dans votre vie privée, vous aimiez déjà vous travestir ? 

Oui, j’ai vendu ma société à un groupe en 2017, mais je devais continuer à la gérer pendant quelques années. Mais j’ai été licenciée à cause de mes activités sur Internet. Un mail a été envoyé à la responsable du groupe, avec des photos de mes activités annexes. Elle a jugé que ce n’était pas compatible avec ma fonction ! Ce licenciement a été décisif pour m’engager sur le chemin du porno. Je me suis fait virer pour ça, autant en vivre ! Je m’épanouis mille fois plus dans cette nouvelle activité ! Je suis encore pas trop mal foutue pour mon âge, autant en profiter ! Ce qui me plait maintenant, c’est de réaliser mes fantasmes, mes délires, devant la caméra. 

Qu’est-ce qui vous plait tellement dans cette activité ?

C’est la caméra qui m’excite. J’ai mis du temps à le comprendre. L’exhib, ça ne m’intéresse pas. Mais filmer une exhib et la mettre sur Internet, ça me rend folle ! Et grâce aux plates-formes, j’ai commencé à recevoir de l’argent de gens qui aimaient ce que je faisais ! 

Vous produisez donc votre propre contenu ? 

Oui, j’ai eu un seul contrat pro pour l’instant, avec une boite italienne, Transfeet, spécialisée dans le fétichisme des pieds. J’ai découvert le pouvoir de ce fétiche, et je me suis vraiment amusée ! Maintenant, j’ai envie de me professionnaliser, m’épanouir vraiment dans ce métier. J’ai eu un parcours parfois difficile, et à présent, j’ai l’impression de découvrir réellement la vie ! Aujourd’hui, je sais que j’ai trouvé l’activité qui me correspond ! 

Vous faites de l’escort ?

Oui, je débute aussi dans ce domaine. J’ai eu quelques belles expériences. J’ai commencé la domination, ça, c’est vraiment le kiff absolu ! 

Quelles sont vos pratiques de prédilection ? Vous êtes plutôt active ? Passive ? 

C’est curieux, mais ces mots n’ont jamais fait résonner quoi que ce soit chez moi. J’ai toujours vu ma sexualité comme un grand délire ! Mes envies vont dépendre de ma tenue, de l’ambiance, du partenaire, de ce que j’ai envie de faire comme contenu. Si un homme est entreprenant, je serai plutôt passive, mais dans les jeux de domination, là, je suis active. Je navigue dans tout ça. 

D’où vient votre pseudo ? 

Lexxie vient de mon prénom, Alex. J’ai lu un livre intitulé Le Discours pornographique, de Marie-Anne Paveau. Un chapitre est consacré aux noms des actrices porno. Certains d’entre eux sont inspirés de divers types de nourriture, ça a fait tilt dans ma tête ! Chantilly, ça fait très français, avec un clin d’œil à la crème… 

Vous avez fait beaucoup de vidéos exhib dans la rue, dans le métro… 

Oui, ce sont les premières choses que j’ai faites. Beaucoup de gens me connaissent à travers ces vidéos. Je prends un immense plaisir à faire ces vidéos transgressives. Le sentiment de liberté est absolu, et je dois avouer que c’est particulièrement agréable de sentir le vent entre mes cuisses !

Vous êtes sur quelles plateformes ?

Manyvids, Onlyfans, et je viens de créer un Mym. Vous êtes en train de parler à une star en devenir (rires) !

Vous avez énormément de followers sur X…

Oui, plus de 60 000 ! 

Vous communiquez avec eux ?

Oui, c’est très touchant d’ailleurs. C’est vrai que j’ai réussi à créer une petite communauté ! Je ne réponds pas trop sur X, ça me prendrait trop de temps, mais je communique beaucoup avec mes abonnés sur les plateformes. Ça me motive vraiment. J’ai l’impression de faire le plus beau métier du monde ! Tant que mon corps me le permettra, je continuerai ! 

J’ai vu que vous lanciez lancé une cagnotte sur Twitter, pour faire une opération de chirurgie esthétique. Vous avez déjà transformé votre corps ? 

Pour l’instant, par toutes petites touches. J’ai modifié mes pommettes et une partie de mon visage. La cagnotte que je lève, c’est pour faire une liposuccion du ventre. C’est une opération importante pour moi, car j’ai envie de mettre en valeur mes hanches et mes fesses. Ça va féminiser ma silhouette ! Je ne ferai pas d’autre intervention. Enfin, je ne pense pas… Je me trouve canon avec mes petits seins !

Vous avez une spécialité, dans le sexe ? 

D’abord, la fellation. Si j’ai commencé à faire du porno, c’est vraiment pour pouvoir sucer plein de mecs ! C’est un plaisir absolu. 

Vous aimez les grosses queues ? 

Oui, j’aime les sexes imposants. J’ai envie de me remplir la bouche. C’est pour ça que je voudrais rencontrer des acteurs porno, avec des sexes hors normes. Comme je me produis moi-même , mes meilleurs potes sont mes godes. J’en ai toute une collection. Ça me plait bien de me dilater. Je vais bientôt m’acheter des godes qui sortent un peu de l’ordinaire : une tentacule de pieuvre, une trompe d’éléphant… Les doubles, triples pénétrations avec des godes m’excitent énormément. 

Vous aimez baiser avec des blacks aussi ? 

Oui, j’aime le contraste. Je protège beaucoup ma peau pour avoir la peau la plus blanche possible, comme de la crème Chantilly ! J’essaie toujours de produire quelque chose d’esthétique. Au-delà des origines des personnes, c’est surtout le contraste créé par la différence de couleurs de peau qui me plait. »

Qu’avez-vous appris sur vous, sexuellement, depuis que vous êtes dans le porno ? 

Je me suis rendu compte que mes pieds étaient sans doute la zone la plus érogène de mon corps. Et l’autre pratique que j’ai découverte grâce au porno, c’est le fist. C’est comme ça que j’ai connu mes meilleurs orgasmes. J’aimerais vraiment faire plus de vidéos autour de ça. J’en ai fait une dans laquelle ma copine me fiste, puis enfonce son pied dans mon cul. Je n’ai jamais joui autant. 

Vous aimez la personne que vous êtes devenue ?

Oui, j’ai eu une adolescence difficile, pendant longtemps, je n’ai pas aimé la personne que j’étais. Je détestais mon corps, je lui ai fait beaucoup de mal. J’ai encore des cicatrices d’automutilation. Même si plusieurs personnes me trouvaient beau, j’ai toujours eu du mal à m’accepter en homme, en femme, je me cherchais. Le porno m’aide à titre personnel. À avoir une belle image de moi, à savoir que je peux être excitante, que des gens fantasment sur moi. 

Plus jeune, vous n’acceptiez pas votre sexe masculin ? 

C’est plus compliqué que ça. Les trans ne se sentent pas à l’aise avec leur sexe , et veulent aller vers l’autre. Au moins, elles savent plus ou moins où elles vont, même si ça reste souvent un chemin compliqué.

Pendant longtemps, ma condition d’homme me convenait. Mais je me sentais incomplet. C’est pour cela que je me sens au-delà des genres. L’artiste qui m’a le plus marqué, c’est Michael Jackson. Pas d’âge, pas de sexe, pas de couleur. Une sorte d’extraterrestre. C’est peut-être un peu ça que je recherche. Être un personnage hors normes. 

Sur ton profil X, vous vous présentez comme porn artist et futa fan. Futa fan, qu’est-ce que c’est ? 

Les futanari, ce sont les femmes phalliques des hentaï japonais, des t-girls aux seins énormes et aux pénis disproportionnés. J’ai été fortement influencée par le dessin où tous les délires sont permis : phallus énormes, déluges de sperme, corps de femme gigantesques… Des artistes comme Roberto Baldazzini ou Dmitrys me fascinent : ils n’ont de limite que leur imagination et j’aime beaucoup ça !!!

Qui sont vos modèles ?

Dans le porno, Natalie Mars. C’est elle qui m’a donné envie de faire du X. C’est une immense performeuse. J’aimerais bien réaliser un peu de son parcours. Je sens que j’en suis capable. J’en ai les capacités physiques ! Ensuite, Bettie Page. C’est mon idole absolue. Son style et son côté pin-up, m’inspirent.

Dans votre vie privée, vous avez un copain ? Une copine ? 

J’ai une copine. J’ai eu une relation avec un homme. Sur le plan sexuel, c’était cool. Mais j’aime trop les femmes. Je les admire. J’ai beau être né homme, j’ai quelque chose de très féminin en moi.