Des fourneaux au X : rencontre avec le chef Gaël Marques

Après plus de vingt ans derrière les fourneaux, le chef Gaël Marques fait saliver son public d’une autre manière en se lançant dans la pornographie. Son premier film, Hot Chef, vient de sortir sur Jacquie & Michel. 

Se lécher les lèvres, assouvir une fringale, saliver de désir. Appétit et dégustation, la chère et la chair sont intimement liées. “Le regard, le toucher, l’odeur, le son, le goût… Dans la cuisine comme dans la pornographie, tous les sens sont impliqués”, explique Gaël Marques. Et il sait de quoi il parle. Après vingt ans à exercer en tant que chef cuisinier, il a troqué les casseroles pour les caméras et est devenu acteur pornographique. Son premier film, Hot Chef, avec Pam, a été mis en ligne vendredi matin sur le site de Jacquie & Michel. Le cuistot y incarne son propre rôle et raconte en partie son histoire, une succession de hasards et de rencontres qui finit par déclencher une étincelle passionnée.

“Quand j’étais plus jeune, je me disais parfois “ça doit être trop cool d’être acteur !” en regardant des films mais ça s’arrêtait là, je n’ai jamais envisagé ça comme une carrière”, poursuit Gaël Marques. Ce qui l’exalte alors, c’est la cuisine. Enfant, en région parisienne, il regarde sa grand-mère portugaise mijoter des plats pour les grandes tablées familiales. “J’essayais de mettre la main à la pâte mais je les embêtais surtout ! « 

Pendant vingt ans, Gaël met les bouchées doubles  

De cet environnement énergique et coloré, plein de saveurs, d’odeurs et de couleurs, il a “envie de tout voir, tout comprendre”. Aussi bien le résultat alléchant dans l’assiette que les heures supplémentaires à rallonge, les retours au milieu de la nuit après une fin de service. Les entretiens avec la conseillère d’orientation sont vite menés : Gaël Marques veut être cuisinier.

Arrivé au CFA, le “perturbateur” du collège devient un élève assidu et motivé, au point de passer une mention complémentaire en pâtisserie après l’obtention de son diplôme. Ensuite, c’est la vie telle qu’il en rêvait. La gastronomie française, l’enchaînement d’établissements, son propre restaurant La Diva des Prés, les voyages en Espagne ou au Japon… “Dès 15 ans, je faisais douze heures par jour, c’est un métier d’engagement et de passion ”, se souvient-il. Un engagement récompensé à plus d’une reprise. Ses pairs lui attribuent le titre de Chef Eurotoque puis, en 2020, celui de Maître ès foie gras – un comble pour le gamin qui trouvait le produit “dégueulasse” avant d’apprendre à l’aimer. Aux côtés d’un grand chef comme formateur dans un palace, en lice pour le titre du chef de l’année en 2020 décerné par le média Cuisine et tradition, considéré l’année suivante comme l’un des 5 meilleurs chefs français, aux commandes du groupe Arcadys et ses 9 restaurants… Gaël Marques est un chef prospère et occupé, peut-être trop. “Le rythme en cuisine, ça forge mais ça use aussi, psychologiquement, physiquement. Ça a mis des années mais ça a fini par me toucher.”

D’un show drag aux plateaux d’un porno 

En 2023, il fait un premier pas de côté à la Nouvelle Seine, à Paris. Avec l’équipe de la péniche qui propose des dîners-spectacles, ils se lancent dans une aventure qui allie “créativité et gastronomie”. Gaël Marques pour le salé, la pâtissière Muriel Aublet-Cuvelier pour le sucré et La Big Bertha pour le spectacle. Aux côtés de la truculente drag-queen, participante à la première saison de Drag Race France et amatrice de bonne bouffe, le cuisinier s’éclate. On lui propose ensuite d’être l’intervenant principal d’une émission de food porn. Gaël Marques accepte et se retrouve à donner des cours de cuisine à des actrices X, “c’était très soft, il n’y avait pas de sexe et l’expérience m’a beaucoup plu ”. Le Parisien rencontre des performers, puis d’autres, et d’autres encore : “C’était une vraie découverte et ça m’a mis des étoiles dans les yeux ! ” 

Lui a toujours aimé le sexe, les années de célibat à “profiter de la vie ” et de la chair. Pas vraiment libertin, “j’ai essayé mais ça ne me plaisait pas plus que ça”, plutôt amateur de bons moments partagés.  De la pornographie, il connaissait le produit fini, les films diffusés sur les plateformes. “J’étais un consommateur moyen, trois ou quatre fois par semaine, je connaissais quelques grands noms d’actrices mais ça s’arrêtait là.” Lorsqu’il est invité pour la première fois sur un tournage, la révélation s’accentue : “J’ai découvert un milieu ultra-safe, des gens épanouis et passionnés, j’étais émerveillé, pris de passion !” Au point de faire éclore une idée, envisageable quelques mois plus tôt encore. Et s’il devenait acteur ? “Ça a été une longue réflexion, je me suis posé la question pendant plusieurs mois. J’en ai parlé avec ma famille, mes amis, avec les acteurs que j’avais rencontrés…” 

“Je n’ai pas réussi à bander !”

Malgré son appréhension, les réactions sont bienveillantes et c’est une autre rencontre qui finit de le convaincre, l’actrice Léa Pam. Elle le conseille et sait rassurer ses proches, notamment sa mère. C’est donc avec celle qui deviendra sa compagne qu’il tourne sa “première scène officieuse”. Un petit désastre. “On était juste tout les deux, en conditions de tournage avec les caméras etc., et ça s’est pas super bien passé !, rigole Gaël Marques. C’était stressant, j’étais un peu impressionné et ça n’a pas marché, je n’ai pas réussi à bander.” L’expérience, qui est le lot de beaucoup d’acteurs, ne le décourage pas. Trois jours plus tard, les amoureux remettent le couvert “et là c’était nickel !”. Une réussite en forme de confirmation : il sera acteur.

Avec Léa Pam, ils imaginent une série de films inspirés de son histoire, Hot Chef, diffusés en exclusivité sur Jacquie & Michel. Gastronomie pornographique, hédonisme assumé et intensité charnelle. De la cuisine au sexe, les liens se font presque naturellement. Il faut travailler dur et s’investir. Susciter l’appétit, mettre en valeur la beauté. Observer les peaux et les corps pour en tirer le meilleur, presque comme on regarderait des produits qui deviendront un plat, avec gourmandise. “La vue, le toucher, le goût, l’odeur d’une femme… ce n’est évidemment pas la même chose mais il y a un parallèle dans le fait de sublimer.” Le tout avec l’envie de retranscrire le réel : “On essaie de couper le moins possible, d’avoir des scènes d’un seul trait. Ça permet d’oublier la caméra, d’avoir des images intenses, un ressenti proche authentique.” 

Avec Hot Chef ou sur les tournages où il est coproducteur, Gaël Marques s’éclate. L’ambiance “colonies de vacances pour adultes” entre les scènes le réjouit, “l’ouverture d’esprit et la sympathie” de ses collègues l’enthousiasme. Et surtout, il s’affranchit de tout carcans, explore une liberté de création inédite. “En tant que chef, j’étais libre mais il y a toujours une série de validations avant de proposer une nouveauté, ça peut être frustrant. Là, je peux créer ce dont j’ai envie, rien n’est contraint.” Il y a le sexe, bien sûr, le plaisir et la jouissance, mais les coulisses l’excitent presque plus : “Ce n’est pas juste baiser et se casser, il faut imaginer, développer un concept, réfléchir à sa réalisation, gérer la promotion et le marketing…” 

“Les acteurs pornos sont peut-être plus sains qu’en cuisine !”

Grâce à leur société de production, les amoureux conçoivent le porno qu’ils ont envie de voir, “éthique, dans la prévention et l’équité”. Coordinatrice d’intimité sur les tournages, charte déontologique “poussée à l’extrême” et un mot d’ordre : aucune contrainte. “Lorsqu’on réalise des scènes avec des actrices, on ne leur propose rien. On leur demande “toi, qu’est-ce que tu veux faire ?” et on s’adapte à leurs envies. L’idée c’est qu’ils s’éclatent et nous on s’occupe du reste.” Comme une image inversée du milieu des grandes cuisines où la pression et, parfois, les humiliations font presque partie des traditions de formation. 

Gaël Marques a eu droit à son lot d’accueils très frais, “on m’a dit que j’étais un déshonneur pour la profession, certains m’ont défoncé”. Stigmate des mauvaises pratiques du passé, tabou du corps comme outil de travail, questions de “valeurs” que le chef réfute. “On peut faire du porno et avoir des valeurs ! Je ne bois pas, ne fume pas, ne me drogue pas, je fais du sport… Je suis quelqu’un de sain, comme la plupart des acteurs et actrices. Ils sont même peut-être plus sains que certains en cuisine”, note le nouvel acteur. Une pudeur qui touche à “l’hypocrisie” car l’hôtellerie-restauration, par ses cadences et son rythme soutenu, est l’un des secteurs les plus touchés par la consommation d’alcool et de substances. “Mais même si ça me touche, je m’attendais à ces retours”, soupire Gaël Marques.

Quelques “tu te rends compte de ce que tu fais !” qui ne font pas le poids face à l’efflorescence ressentie par le cuisinier. “Je n’ai jamais été aussi heureux et épanoui. J’ai la sensation d’être à ma place, je me sens boosté au quotidien avec plein d’idées et de projets”, sourit-il. Parmi lesquels un événement où il reprendrait sa place derrière les fourneaux pour concocter des soirées où faire bonne chère et bonne baise. “C’est un concept parmi d’autres, il y a tellement de choses à faire et pas assez de temps pour tout réaliser !” Avec ce premier épisode de Hot Chef, Gaël Marques vient donc à peine de servir l’entrée et le menu s’annonce gastronomique.

Vous pouvez découvrir le premier film de la série HotChef ici ! 

C’est l’amour à la plage 

Qui n’a jamais rêvé de faire l’amour à l’arrière d’un combi Volkswagen ? Eux l’ont fait et en redemandent. Gaël Marques et Léa Pam sortiront bientôt une autre série de vidéos, cette fois dans le cadre de leurs périples en voyage. “On a juste une petite caméra de vlogs et on filme nos aventures, en incluant les moments d’intimité. On cherche de beaux endroits et on embarque les gens pour vivre tout ça avec nous”, explique le chef cuisinier. Les péripéties de Gaël et Pam seront elles aussi diffusées sur le site de Jacquie & Michel ainsi que sur leurs plateformes respectives.