Apple contraint d’autoriser une application pornographique sur iPhone en Europe : un tournant historique imposé par l’UE

Une première dans l’histoire d’Apple. L’entreprise californienne, longtemps réputée pour son interdiction stricte des contenus pornographiques sur l’App Store, a dû valider la distribution d’une application pornographique sur iPhone en Europe. Cette décision, loin d’être volontaire, a été imposée par le Digital Markets Act (DMA) de l’Union européenne, qui contraint Apple à autoriser des boutiques alternatives d’applications.

L’application en question, Hot Tub, est disponible via AltStore PAL, une marketplace alternative lancée en avril 2024. Elle permet aux utilisateurs européens d’accéder, directement depuis une application iOS, à des vidéos issues de sites tels que Pornhub, XHamster, Xvideos et XNXX, sans passer par un navigateur web.

Une application “notarisée”, mais non approuvée par Apple

Contrairement aux applications de l’App Store, Hot Tub n’a pas été soumise au processus classique de validation d’Apple. Toutefois, la marque à la pomme a été contrainte de procéder à une vérification technique de sécurité, appelée Notarization, qui garantit que l’application ne contient pas de logiciels malveillants et respecte certaines règles de bon fonctionnement.

Une distinction essentielle selon Apple, qui dénonce une “fausse communication” de la part d’AltStore PAL. En effet, la marketplace a qualifié Hot Tub de “première application pornographique approuvée par Apple”, une affirmation que l’entreprise de Cupertino réfute catégoriquement.

Un mécontentement affiché par Apple

Loin de célébrer cette avancée, Apple a exprimé son profond mécontentement face à cette situation. Peter Ajemian, porte-parole d’Apple, a publié une déclaration officielle dans laquelle l’entreprise critique ouvertement cette décision imposée par l’Union européenne :

“Nous sommes profondément préoccupés par les risques pour la sécurité que des applications pornographiques hardcore de ce type créent pour les utilisateurs de l’UE, en particulier les enfants. Cette application et d’autres similaires vont saper la confiance des consommateurs dans notre écosystème, que nous avons travaillé pendant plus d’une décennie à rendre le meilleur au monde. Contrairement aux fausses déclarations faites par le développeur de la place de marché, nous n’approuvons certainement pas cette application et ne l’offririons jamais dans notre App Store. La vérité est que nous sommes obligés par la Commission européenne de permettre sa distribution par des opérateurs de places de marché comme AltStore et Epic, qui ne partagent peut-être pas nos préoccupations en matière de sécurité des utilisateurs.”

Une prise de position qui souligne la réticence d’Apple à ouvrir son écosystème aux applications adultes, malgré la pression réglementaire de Bruxelles.

Hot Tub : une nouvelle ère pour le contenu adulte sur iPhone ?

L’application Hot Tub se présente comme une alternative aux sites web pornographiques, avec une interface native plus fluide et dépourvue de publicités ou de pop-ups intrusifs. Elle offre également des fonctionnalités avancées comme des filtres de recherche, des gestes de navigation personnalisables et des catégories dédiées aux abonnés.

Son développeur, un certain c1d3r, est une figure connue du monde du jailbreak, ce qui explique son expertise pour exploiter les failles du système Apple. Son projet a été soutenu par Riley Testut, le fondateur d’AltStore PAL, qui a tenu à donner une dimension militante à cette initiative.

Pour marquer le coup, AltStore PAL a annoncé que l’intégralité de ses revenus Patreon du mois de février serait reversée à des associations de défense des travailleurs du sexe et de la communauté LGBTQ+, notamment The Trevor Project et Red Umbrella Fund.

Un précédent qui pourrait ouvrir la porte à d’autres applications pornographiques

Le Digital Markets Act étant désormais pleinement appliqué, Apple n’a plus la mainmise totale sur les applications disponibles sur iPhone en Europe. La sortie de Hot Tub crée ainsi un précédent, ouvrant la voie à d’autres applications du même genre, voire à des plateformes de streaming ou de divertissement pour adultes.

Face à cette évolution, une question demeure : Apple devra-t-il revoir sa politique globale sur les contenus adultes, ou continuera-t-il à faire barrage en dehors du marché européen ?

Quoi qu’il en soit, la bataille entre Apple et les régulateurs européens ne fait que commencer.