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Pigalle la nuit

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Pigalle, ce mot à lui seul convoque une myriade de films, d’images, de légende. Que reste-t-il de la grande époque de ce quartier emblématique de notre capitale ? Dans quels lieux y trouve-t-on encore l’odeur de cul et de velours ?

Une petite histoire du Pigalle d’antan

L’histoire de Pigalle telle qu’on la connaît commence avec bar, Le Chat noir, ouvert en 1881, puis par un cinéma, le Folie Pigalle, ouvert en 1908 et qui est le Folie’s Pigalle d’aujourd’hui. On y croise de grands artistes comme Joséphine Baker, Duke Ellington, Ernest Hemingway, Pablo Picasso et John Steinbeck, qui s’encanaillent dans les nombreux bars.

En 1932, débute une guerre dans le milieu, les truands corses s’en prennent aux truands parisiens. Des meurtres ont lieu devant L’Ange rouge (enlèvement et liquidation d’Enoch Poznali, dit La Volga), La Boule noire et le Zelly’s.

  • Pendant l’Occupation la Gestapo et les miliciens aiment se retrouver place Pigalle, au Dante et au Chapiteau, et rue de Pigalle, au Chantilly et à L’Heure Bleue.

Pigalle2

  • À la Libération, la nouvelle loi Marthe Richard interdit désormais en France les maisons closes, mais cette décision ne fait pas disparaître la prostitution qui perdure toujours aujourd’hui.

Folies Pigalle 1973

  • À la fin des années 1950, la bande des Trois Canards, de nom du bar qui leur servait de quartier général, rackettent les hôtels de passe et les filles qui y travaillent.

folies-pigalleAvec son esthétique particulière, Pigalle invite les artistes à en capter les images saisissantes, au travers d’oeuvres comme Bob le flambeur, de Jean-Pierre Melville, ou même le mémorable Maigret à Pigalle. Rien de tel que de revoir ces films, avant de voir ce qui peut bien rester de cette époque, et quels lieux ont resistés aux outrages du temps (et aux giclées de sperme).

31576Le Sexodrome

Il est le paquebot des sex-shops parisiens, et les superlatifs sont nombreux pour le qualifier. Alors parce que la taille, ça compte, quelques chiffres :

7 / 7, 365  / 365 (et des horaires d’ouverture à faire pâlir un hôpital), 2500 m² et des poussières sur 6 niveaux. Techniquement,, c’est LE PLUS GRAND au monde

DIGITAL CAMERAPremier bon point, en dehors du stock : on y est bien accueillis. Les vendeurs sont souriants, professionnels, et connaissent vraiment bien leurs produits, ce qui est rare dans le petit milieu des gros sex-shops. L’éclairage est réussi, et la musique fait monter une chaleur certaine. Les clients ne s’y trompent pas et viennent en masse, on en trouve de tous âges et de tout sexe. Les rayons sont pleins à craquer de visiteurs. Dans les nombreuses cabines de projection, le choix est encore immense mais la qualité audio laisse à désirer. Il ne faudra pas s’attendre à de la HD, en revanche pour la 3D, à juger les nombreux regards lubriques qu’on croise ça ou là, ça doit pouvoir s ‘arranger. Dans les cabines il n’est d’ailleurs pas rare de se voir proposer un coup de main. Attention toutefois à ne pas se laisser aller côté prévention, à notre passage on a pas trouvé de capotes en libre-service. C’est la rançon d’un lieu qui préfère vendre ses capotes plutôt que de les distribuer.

tumblr_lqrbkj5DK71qjdxzsLe sexodrome appartenait à Alain Calleux, ancien propriétaire du Dépôt (un cruising gay à Châtelet), ce qui explique la partie gay importante, mais le cœur du Sexodrome c’est bien l’activité hétéro. Repris par une nouvelle équipe depuis 4 mois, la drague a cédé du terrain tandis que le sex-shop montait en gamme. Ce dernier reste la référence à Paris en terme de catalogue cinématographique pornographique.

L’Atlas

image-2Il est LE cinéma glauque, mais assumé comme tel, où l’on peut venir se soulager tard, en plus ou moins bonne compagnie.

À l’heure où Pigalle a fermé ses anciens cinémas porno (dernier en date, l’Amsterdam devenu le Divan du Monde, et dorénavant dédié à la musique), le Ciné X l’Atlas garde en lui une bonne grosse dose d’autrefois, grâce à … sa saleté, et son milieu interlope très riche et assidûment fréquenté. On peut y aller à toute heure, en ayant toutefois conscience de la nature de la clientèle : surtout fréquenté par des travestis et quelques hommes africains, arabes, étrangers. Il abrite 2 salles de projection. Beaucoup de mecs se branlent et les chiottes du haut servent principalement de backroom. Le lieu est, du dire de tous, vraiment très sale, mais parfois c’est une condition idéale pour vivre un moment intense et lourd de sous-entendus plus ou moins assumés. Faites attention aux pickpockets dans ce genre d’endroit, et si votre jean tombe malencontreusement sur vos genoux, préférez garder près de vous vos effets personnels.

Paris-Clubs_Folies-PigalleFolie’s Pigalle

Le lieu le plus ancien, et toujours le plus couru du quartier. A voir les filles qui le fréquentent, on comprend vite pourquoi…

Ancien théâtre a l’italienne, reconverti en cinéma, puis en cabaret, le Folie’s Pigalle a fini par devenir un club branché. On admire de tout temps son ton décalé : des revues avec strip teaseuses, de vraies panthères, des filles sortant d’un gâteau… Dès ses débuts les déguisements et costumes sont spécialement confectionnés pour les shows. Du jamais vu à l’époque.

Premier lieu a se doter de néons jamais vu en France auparavant, le club est réputé aujourd’hui pour ses soirées mais aussi son after du dimanche matin, lequel commence à six heures. La population y est plutôt jeune, branchée, la musique est électronique (et de plutôt bonne qualité).

Endroit idéal pour draguer, à condition d’être dans la tranche d’âge moyenne, un corps bien entretenu est un plus certain, tant sont nombreux les garçons torse nus qui se frottent aux filles endiablées… La concurrence y est donc rude !

 

Pigiste globe-trotter, essentiellement pour la presse américaine.

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