Betty Page

C’est LA pin-up la plus célèbre, sans laquelle les effeuilleuses modernes telle Dita von Teese manqueraient singulièrement de saveur, tant l’influence de Betty Page est grande. Mais qui est vraiment cette fille aux yeux azur

Une enfance à la Dickens

De son enfance dans le Tennessee de la Grande Dépression (elle naît en 1923), Betty dira que c était une enfance très dure : une enfance à manger « des patates et des haricots, des maccharonis ». Sa mère voulait deux garçons ; elle aura deux filles. La vie a des ratés, et son père violent en sait quelque chose. En 1929 il vole une voiture… mais c’est celle du shérif local ! Condamné à de la prison en il en sort en 1931. A sa sortie,la famille est expulsée de leur appartement et la mère de Betty demande le divorce. Lui tente de rattraper le temps perdu,et met enceinte une mineure de 15 ans. Les enfants sont brinquebalés entre la grand-mère maternel et l’orphelinat quand les moyens de subsistance manquent. Betty reverra son père trois ans plus tard. Il s’installe dans la cave de l’appartement occupé par la grand-mère, son ex-femme et les filles ; il en profitera pour abuser de ces dernières et Betty n’échappe pas au drame quotidien d’un père incestueux et violent.

Qu’est ce qu’une pin-up ?

Une pin-up c’est une fille dont on accroche la photo (to pin : accrocher). Cette pratique est particulièrement répandue chez les G.I. On retrouve ces filles dénudées dans leur paquetage et certains pilotes les représentent même sur le nez de leur avion. Les premières pin-up apparaissent dans les « dirty comics », ces magazines de bande dessinée un peu légers que l’on se refile sous le manteau. Plus tard c’est par la Poste – sous pli discret qu’on les reçoit ; il faudra attendre l’apparition des premiers magazines pornographiques comme Playboy ou Penthouse dans les années 70 pour que la pin-up cède la place à la play-mate.

Une volonté de fer sous un sourire d’ange

Betty a la volonté pour se sortir du mauvais pas que trace sa mauvaise naissance, et c’est sur l’éducation qu’elle mise. Elle met tout en œuvre pour continuer ses études, passe le baccalauréat avec dans l’idée de remporter la première place, ce qui lui assurerait une bourse pour la prestigieuse université de Princeton. Mais elle rate cette première place de 0,04 points.

la grosse bourse pour Princeton devient un billet de 100 dollars pour le Collège Peabody. Elle rencontre un beau garçon, sportif local réputé, qui selon ses dires lui apprendra tout du plaisir à deux. Mais la guerre éclate, et il insiste pour qu’ils se marient, avant son départ pour l’Europe. De l’aveu même de Betty c’est la plus grande erreur de sa vie. Elle monte à New York en son absence, et lui, à son retour, traumatisé, sera fou de douleur en l’imaginant aux bras de tous les marins de la Grosse Pomme. Il n’en est rien mais il est maladivement jaloux. Elle le quitte et divorce malgré les menaces de mort.

Caméras et bikinis

En 1950, alors qu’elle se promène à Coney Island, Jerry Tibbs, officier de police, la remarque et lui propose de la photographier en bikini, dans son atelier tout proche. En effet les lois très sévères à l’époque aux Etats-Unis n’autorisent les photos de nu que lorsqu’elles comportent une visée artistique. De nombreux hommes adhèrent donc à des « caméra-clubs », qui permettent à tout à chacun de se laisser aller à la contemplation des formes voluptueuses de filles en mal d’exhibition – parfois aussi en manque d’argent. Betty a très vite beaucoup de succès et dans les petites annonces de recrutement on inscrit son nom comme faire-valoir.

90 – 60 – 94

Ses mensurations aussi ne passent pas inaperçues, et de l’aveu même de spécialistes de l’époque il était rare de trouver une fille avec une taille aussi fine, des yeux bleus et une croupe généreuse. Ce que l’on admire aussi chez Betty, c’est le regard soutenu de ses yeux bleus, son grand sourire et le plaisir évident qu’elle a à poser pour les hommes. Betty se donne et ça se voit : très vite le bruit court que cette fille a du chien. Un jour qu’elle doit faire des essais,un photographe qui a remarqué son front très haut lui propose d’adopter la frange qui ne la quittera plus, et qui devient sa marque de fabrique. Mais ce ne sont pas ses seules spécificités : Betty coud elle-même les sous-vêtements qu’elle utilise lors des shootings photos et notamment celui, célèbre, ou invitée en Afrique, elle pose, pas très rassurée, en compagnie de deux léopards.

The bondage girl

Cette série de photos fera sensation, mais les tirages les plus vendus seront ceux du photographe Irving Klaw, qui l’initie au bondage. Klaw vend ses clichés osés Betty devient THE Bondage girl, celle qui initie le public américain aux pratiques SM. Une fois elle a très peur, lorsqu’un client féru de ses photos insiste pour la voir suspendue à quinze centimètres du sol. Elle commence à avoir mal, tente de protester mais elle est baillonnée. Cette série de photos restera le succès le plus incontestable de sa carrière, avec des volumes de vente vertigineux pour l’époque.

La folie des jours

Mais on n’initie pas impunément le public américain en 1957. Un jeune homme meurt dans des conditions troubles, pendu à un arbre et le pantalon baissé. On accuse la pornographie, les corrupteurs, Betty page et ses photos de bondage. Le Sénat lance une enquête, Betty fait partie des personnalités convoquées, ce alors que l’immense majorité de ses clichés ne sont pas des photos de nu. Désemparée par cette oppobre nationale, elle plonge dans la religion ; à seulement 32 ans elle est rongée par la culpabilité artificielle que la société de l’époque instille en elle. Elle épouse un homme qui ne sait rien de son passé, et, au cours d’une crise de folie, elle le force à ne plus quitter des yeux une icône religieuse, sous peine de mort. Elle finit par divorcer, on lui diagnostique une grave forme de schizophrénie. Internée, elle en sort quelques mois plus tard, et assassine de 27 coups de couteau sa propriétaire. Reconnue irresponsable pénalement, Betty Page meurt en 2008, sous tutelle, mais jamais oubliée.