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Dogtraining : quand l’homme devient chien

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Woof Woof ! On a tous vu défiler lors des gay prides ces intrigants garçons portant des colliers-laisses ou des masques de chien. Si pour certains il ne s’agit que d’un folklore, pour d’autres c’est très sérieux et ça s’appelle du dogtraining. Pourquoi les hommes auraient-ils subitement envie de devenir un chien ? En quoi est-ce si excitant ? On a rencontre un adepte de la chose qui se livre sans tabous.

Comment faire pour découvrir le dogtraining ?

Dans le porno gay, les films sur le dogtraining sont rares : c’est un trip de niche et comme tous les autres, il s’exprime quasi-exclusivement dans le x gay amateur, à travers de nombreuses vidéos sur les tubes ou via Tumblr, et de temps en temps dans des scènes mainstream. En faisant nos recherches, on constate que ceux qui se livrent à la chose sont vraiment passionnés, la prennent très au sérieux et, comme c’est souvent le cas pour des fétichismes liés à la soumission, cela dépasse le stade du sexuel.

A Paris comme dans d’autres capitales européennes (Berlin en tête), ceux tentés par l’expérience du dogtraining peuvent trouver des soirées favorisant les rencontres entre les aspirants maîtres et leurs futurs toutous. Elles ont essentiellement lieu dans des sexclubs ou sont organisées par des associations type Code Fetish. Le site de rencontres hard et SM Recon est également un bon moyen pour tenter de vivre ce trip singulier et pas facilement avouable. En Province, dans les plus petites villes, c’est un peu plus compliqué, notamment pour les « masters » qui sont peu nombreux et difficiles à dénicher si l’on peut dire.

Clichés et réalité

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Aux yeux de beaucoup, le dogtraining est une grosse perversion, quelque chose d’un peu ridicule.  Ne serait-ce que visuellement, voir un mec à 4 pattes en collier, tenu en laisse, avec un masque, et aboyer, cela peut facilement relever du grotesque. Et c’est ce qui rend le délire relativement clandestin. Sous couvert d’anonymat, Alexandre, un français que j’ai rencontré à Berlin, début de trentaine, accepte de me parler de comment il vit sa pratique du dogtraining.

« Moi ça m’est venu sans que j’y pense vraiment avant. J’ai toujours aimé être soumis et j’aime faire des expériences. J’ai eu des plans culs et des plans suivis avec des dominateurs. J’ai testé pas mal de trucs : lécher les pieds, être sur une croix de Saint André, la cire, la mise à dispo… En testant j’ai vu ce qui me plaisait ou non…. et quand une nuit un mec m’as mis en collier laisse ça m’a juste super excité. C’était qu’un accessoire mais ça me mettait de suite dans une situation où je me sentais diminué, où je me disais que comme ça je pouvais vraiment me lâcher, « faire ma chienne » ».

Alexandre se livre d’abord à ce qu’il appelle « des trucs de base » : il joue au garçon obéissant, reste en collier laisse à genoux ou à 4 pattes, se laisse promener en laisse dans l’appartement, lèche les pieds. Il découvre surtout une autre forme de plaisir, propre à la soumission poussée. « Ce qui m’a vraiment converti au dogtraining si on peut dire, c’est tout le côté cérébral de la chose. C’est loin de se limiter au caractère de l’esclave sexuel, docile, qui fait tout ce qu’on lui dit. Le mec qui m’a mis en laisse pour la première fois m’a proposé de me « dresser ». J’avais une vague idée de ce que ça pouvait vouloir dire mais je ne savais pas comment j’allais le vivre. J’ai découvert le plaisir de rester deux heures au sol, aux pieds d’un mec. Ne rien faire, ne plus penser, juste être comme un animal sans stress ni obligations. Ca détend, c’est assez étonnant. Le dressage a été un peu sévère pour ma part. Mon master me parlait avec un ton supérieur, me poussait à prendre des poses humiliantes, à aller chercher une balle qu’il jetait à l’autre bout de la pièce, à tirer la langue, à aboyer. Je n’ai pas réussi à me lâcher tout de suite, et quand il n’était pas content, il me donnait des claques, me recadrait. Dit comme ça, ça peut paraître un peu bourrin et tordu mais c’est un jeu dont j’acceptais les règles. J’ai rapidement eu envie de progresser, d’obéir, de rendre mon maître fier de moi. La première nuit où il m’a fait dormir au bout du lit, à ses pieds, comme « un bon chien », j’ai goûté à un niveau de soumission inédite. Je ne peux pas expliquer comment ni pourquoi mais je me sentais bien, ça me faisait du bien. C’était plus qu’une simple gaule, j’avais l’impression de basculer dans une autre réalité, un autre univers où l’on n’attendait de moi juste que je sois un animal obéissant et volontaire ».

Cette découverte a enthousiasmé Alexandre mais lui a fait aussi un peu peur. « C’est difficile car je n’ai pas trouvé d’amis avec qui j’osais en parler. Même si ça me plaisait, je n’arrivais pas à assumer. C’est grâce à Internet que je me suis détendu. Il existe une vraie communauté autour du dogtraining. J’ai trouvé sur des sites de rencontres type Recon des mecs avec qui parler de ce que je vivais, qui étaient ravis d’échanger avec moi, de me donner des conseils. Un type en particulier m’a passé des sortes de fichiers d’hypnose qui aident à ce qu’on appelle « le formatage ». Ca consiste à s’oublier de plus en plus et être de plus en plus comme un toutou qui vénère et obéit à son Maître. Les gens pensent que c’est quelque chose de ridicule, que c’est un délire pour des types paumés ou qui ont des problèmes psychologiques. Je ne pense pas être cinglé (rires). Je m’épanouis à travers tout ce que je vis, je dirais même que ça me rend plus détendu dans la vie de tous les jours ».

Appartenir ou pas ?

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Par définition, un chien appartient à son maître. Qu’en est-il en réalité pour le dogtraining ? D’après Alexandre, il y a de nombreuses façons de vivre le trip : « Cela peut être occasionnel, régulier ou permanent. J’ai dialogué avec un mec qui vivait avec son maître et dès lors qu’il finissait sa journée de boulot et rentrait à la maison se transformait en chien. Il avait l’air de bien gérer. Moi je sais que je ne me sens pas apte. J’ai un Maître régulier, que je vois souvent le week end et ça me suffit, je trouve là mon équilibre. J’aime ça mais je ne veux pas que ce soit trop envahissant non plus. J’aime bien séparer qui je suis au bureau, avec mes amis, et mon identité de dog. C’est un tout et je veille à ne pas mélanger les genres. J’ai toujours eu un peu peur de ces histoires d’appartenance, de devoir céder sa liberté à quelqu’un. Ca me paraît plus sain de le faire sous forme de jeu même si je ne doute pas qu’y aller à fond doit être une sacrée expérience à vivre ».

Comment ça se vit et s’organise alors, une vie de « dog régulier »  ? « Souvent le week end j’arrive chez mon maître, je me fous à poil, il me met en collier laisse et ,dès lors, jusqu’au dimanche soir, je suis son toutou. Personnellement je n’aime pas porter de masque mais j’accepte de le faire s’il m’y contraint. Je me déplace essentiellement au sol, je mange ses restes dans une gamelle. Pour les besoins, on a convenu qu’il me laisserait aller aux toilettes « normalement ». Il se charge toutefois de me raser pour que je sois bien lisse et me fait faire mes lavements quand il souhaite me prendre. Ca n’a pas été facile d’accepter ça mais ça a été progressif. Petit à petit, au fil des sessions, tu apprends à ne plus réfléchir, à abandonner la gêne, les regards extérieurs. Tu es juste porté par ta relation avec ce mec que tu aimes de plus en plus. Je pense avoir un super Maître car il est un mélange d’autorité et de tendresse. Il aime me traiter comme son clébard mais il me caresse beaucoup, ne me fera jamais des choses qui me feront mal ou qui me mettraient mal. Il me pousse cependant à me dépasser, à me donner de plus en plus et ça me donne un sentiment de liberté et de plaisir que je n’avais jamais ressenti auparavant. Je me sens dépendant à lui mais je sens aussi qu’il a en quelque sorte besoin de moi. Pour pratiquer le dogtraining, il faut être deux, on est deux joueurs qui aiment s’amuser ensemble et qui restent bien dans leurs rôles ».

Varier les plaisirs

Faire le chien, pourquoi pas, mais est-ce qu’on ne finit pas par tourner en rond au bout d’un moment ? « Pas du tout ! » assure Alexandre. « Il y a vraiment pleins de possibilités. Un week end peut être juste basé sur de la soumission cérébrale et sans sexe. Un autre peut être très riche en baise. Parfois mon Maître peut inviter des mecs pour qu’ils couchent avec moi devant lui, desfois on va dans des soirées dans des sexclubs où il m’exhibe avec fierté. On a aussi fait un plan à 4 avec un autre maïtre et son dog, c’était assez excitant. Il y a aussi tous les accessoires. Moi je n’ai jamais vraiment testé mais certains dogs se laissent enfermer en cage, optent pour des ceintures de chasteté, se baladent avec un plug en forme de queue de chien… Ceux qui disent qu’on s’ennuie vite en faisant du dogtraining n’ont rien compris. Ca ressemble au final à une relation de couple : quand on aime quelqu’un, on est bien, on a pas besoin de faire 10 000 trucs. Je trouve que la relation d’un Maître et de son chien est belle. C’est une forme d’amour peu connue, très incomprise mais intense ».

Thomas s'abreuve de porno depuis ses 15 ans. Après les premiers émois des VHS hétéros, il développe une passion débordante pour le x gay alors qu'Internet fait son apparition. Pornophage et curieux, tous les genres et fétiches attisent sa curiosité. Il partage ses fantasmes et addictions sur son propre blog, Gaypornocreme, et régulièrement pour le magazine gay Qweek.

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