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Soumis(e), mode d’emploi

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La soumission est un art subtil et délicat qu’il convient de ne pas prendre à la légère, au risque de le regretter amèrement. On vous explique tout.

Comme l’a dit un grand homme « Qu’il est difficile d’être le roi de la France… » Mais si être le taulier, ou la taulière, peut effectivement s’avérer compliqué, se positionner en sujet consentant d’un monarque sexuel tout-puissant n’est pas chose aisée non plus. En clair, assumer le rôle du soumis dans une relation BDSM auprès d’un dominant est aussi exigeant sur le plan de la psychologie que rigoureux sur celui du sexe. Aussi, afin d’éviter les erreurs de débutants souvent dommageables, rien de tel qu’un petit tour d’horizon de cette position de subordination à autrui, choisie et entretenue pour son propre plaisir.

De la servitude volontaire

Avant tout, être soumis est donc un rôle, dans lequel on se glisse de son plein gré et en toute connaissance de cause, au sein d’un univers virtuel et partager avec celui, celle ou ceux qui jouent les rôles de dominants. En aucun cas il ne doit s’agir d’une condition imposée par autrui au prétexte d’un chantage affectif ou de la promesse d’une meilleure relation de couple. Ce n’est pas plus l’expression intime d’une personnalité publique prompte à la subordination. Combien de patrons, d’hommes d’affaires de stars hollywoodiennes ont été surpris en charmante compagnie tarifée, se livrant à diverses fantaisies impliquant ligotage, cravache et « Oui maîtresse ! Merci Maîtresse ! » ad libitum, supplément « costume Hugo Boss » à l’occasion ? Bref, la soumission n’est en rien le témoin d’une faiblesse de caractère.

Au contraire même. Un authentique soumis se doit de disposer d’un sens aigu du contrôle, car c’est lui, ou elle, qui dicte toujours le cadre de son consentement à l’autorité. Ainsi, un vrai slave, son safeword en bandoulière, doit en toutes circonstances mesurer le degré d’obéissance auquel il accepte de se livrer, les humiliations qu’il accepte de subir, les châtiments qu’il consent à endurer en cas de manquement à ses devoirs. Au fond, le dominant n’est jamais que l’intermédiaire, l’outil, le sextoy psychologique de son propre fantasme. Le soumis est sujet, dans tous les sens du terme. C’est donc lui qui a le dernier mot.

Le meilleur de moi-même

Tout cela ne dit cependant rien des qualités humaines requises pour faire un bon esclave/un bon chien-chien/une bonne petite raclure servile et écœurante (rayez la mention inutile). Déjà, évidemment, il faut aimer recevoir des consignes et savoir se montrer aussi prompt qu’efficace dans leur application. Le maître a mieux à faire que d’attendre que vous daigniez vous mettre en branle, la patronne a d’autres chats à fouetter. L’inverse n’est pas vrai. Vous êtes à son entière disposition et seule la patience sera récompensée. Ensuite, réserve et humilité sont les deux mamelles nourricières de la condition sub. Votre dom ou domina n’a que faire de votre avis très probablement inepte. De toute manière, s’il avait un quelconque intérêt, il vous serait réclamé. En attendant, on la boucle et on laisse les gens disposant d’une opinion pertinente la donner. Politesse et concision sont également de mise lorsqu’on se voit finalement accorder la parole.

 

Une hygiène de vie impeccable est elle aussi indispensable, en ce qu’elle est le pendant de la discipline spirituelle dont le soumis se doit de faire preuve. S’alimenter sainement, dormir correctement, se maintenir en bonne forme physique et se tenir propre et apprêté en prévision de chaque séance fait une différence très vite perceptible. On supporte d’autant mieux les ligotages contraignants et autres postures inconfortables de soumission pour peu que l’on ait fait deux trois étirements avant de s’y mettre. Et être ronchon parce qu’on a le ventre creux ou mal luné parce qu’on manque de sommeil, si c’est tout à fait compréhensible au boulot, face à un petit chef méprisable, est proprement inacceptable vis-à-vis de l’être suprême qui daigne vous accorder de son temps pour vous remettre à votre place. À moins de vouloir jouer au brat.

Esprit rebelle

Le brat, « garnement » ou « chipie » en français, est un profil de soumis très particulier qui consiste non pas à s’assujettir complètement à la volonté du maître, mais au contraire, à contredire son autorité pour être sciemment puni, conquis, rompu. Pour autant, cet archétype ne remise pas toutes les bonnes manières évoquées précédemment. Simplement, il les conteste de temps à autre, avec mesure et parcimonie, pour pousser son régent à appuyer sa domination, voire à sévir. En contrepartie, il doit plus que tout autre faire montre de chacune de ces qualités, tout en offrant un sentiment de rectification gratifiante à l’autre, pour justifier l’attention portée à son cas retors. 

Il y a du recadrage dans l’air…

Enfin, que l’on soit docile ou effronté, la plus grande qualité du soumis est le discernement, particulièrement dans le choix de son dominant : un être dévoué, compréhensif et parfaitement respectueux de ses limites. Le milieu BDSM n’est hélas pas exempt de prédateurs. Aussi, le dom ou la domina idéale est avant tout quelqu’un en qui l’on peut avoir entièrement confiance et avec qui on partage un même degré de perversion. Soirée « corvées et dirty talk » occasionnelle ou esclavage 24/7 option « flagellation », obéissance aveugle ou redressement disciplinaire, le tout est de s’adresser à la bonne personne, sous peine de quiproquo fâcheux. 

Alors, à vous la sublime humiliation de se sentir rabaissé, réifié, la cuisante sensation d’être réduit à une chose, un objet qu’on inspecte, qu’on manipule et dont on dispose sans cérémonie, le délicieux sentiment d’abandonner toute initiative au profit d’une autorité qui sait bien mieux que vous ce dont vous avez vraiment besoin. Il n’y a plus qu’un pas à franchir pour enfin se libérer de ces faiblesses très humaines que sont le libre-arbitre, l’orgueil et l’estime de soi.

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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