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L’histoire du bas résille, métaphore filet du désir
Plutôt récent dans l’histoire de la fripe (à peine plus d’un siècle), le bas résille naît, qui l’eut cru, d’une source merveilleuse. Il connaîtra bien des modes avant de devenir l’accessoire iconique qu’il est aujourd’hui.
Plus vulgaire que la dentelle et plus explicite que le nylon, la résille fait désormais partie de la garde-robe de toute fashionista qui se respecte, a fortiori si celle-ci pratique l’escapade nocturne en milieu libertin. Il faut dire que, quelles que soient les époques, la maille ajourée conserve son aura sulfureuse. Et mode ou pas mode, on se garde bien de l’exhiber en bonne société. Ça fait mauvais genre. Ça annonce la couleur… Mais quelle couleur, me direz-vous ? Celle de l’actrice X pardi, celle de la catin, la fille de mauvaise vie. Le bas résille serait donc définitivement pornographique ? Un petit retour aux sources s’impose démêler l’histoire du filet le plus sexy de la planète.
Prêt-à-pécher
Tout commence au début du 19ème siècle, chez les frères Grimm, grands pourvoyeurs de fantasmes métaphoriques, à une époque où la cuisse n’a pas franchement bonne presse. À l’occasion de la réédition de leurs Contes de l’enfance et du foyer, en 1815, et à l’heure où l’Europe toute entière remise le déshabillé néo-classique au profit d’une débauche de tissu préfigurant la pudeur de l’ère victorienne, les frangins germains publient La sage fille du paysan, une fable à la morale évidemment discutable.
Dans le récit, le naïf paysan découvre un mortier en or dans le champ que lui a généreusement cédé le roi. Par gratitude, il décide de faire cadeau du trésor à son mécène, contre l’avis de sa fille qui l’avertit : « Donne ce mortier au roi, et il exigera d’avoir le pilon. » Et paf ! C’est évidemment ce qu’il se passe. Le roi enferme le pauvre bougre jusqu’à ce qu’il daigne lui livrer la panoplie dorée complète. Magnanime, le souverain propose toutefois à sa fille un sauf-conduit, sous forme d’énigme cheloue. Il libérera (beau-)papa si elle se présente à lui « ni vêtue ni nue, ni à pied ni à cheval, ni par la route ni en dehors. » Et comme il ne perd pas le nord, il acceptera alors de l’épouser.
Maline, c’est donc emmaillottée dans un simple filet de pêche (#bondage), tirée par une mule, ne touchant le sol que d’un orteil, que l’audacieuse se pointe à la cour, libérant ainsi son géniteur mal-avisé et mariant le pervos royal. Tout est bien qui finit bien ? Quoi qu’il en soit, le fishnet est né, d’abord en tant que détournement du nu, comme représentation chimérique de la fierté féminine que le vice masculin n’a su corrompre. Il faudra toutefois attendre près d’un siècle pour qu’on ose enfin le porter.
Voulez-vous coucher avec moi ?
Car l’aube du 20ème siècle voit poindre l’essor du cabaret, et surtout du burlesque, le strip-tease emplumé et glamour. Portée par les plus grandes divas de l’époque, la résille trouve enfin ses lettres de noblesse, qu’il s’agisse de bas, de manches, de robes, ou déjà de combinaisons intégrales. Alors qu’il est l’apanage des dames de basse extraction : danseuses, strip-teaseuses, travailleuses du sexe, la libération des mœurs propre aux années folles intègre le fishnet à la haute société par le biais d’Hollywood et de la mode des flappers, les garçonnes longilignes aux attributs androgynes. Par son association aux métiers du charmes et du sexe, le filet de corps joue le rôle d’agent provocateur dans la garde-robe des bourgeoises émancipées, qui fument des slims, conduisent des cabriolets cheveux aux vents, discutent nonchalamment de la bagatelle avec ces messieurs, Marlène Dietrich et Gloria Swanson comme role models.
Au tournant des années 50, le bas résille est associé à une autre figure féminine iconique, celle de la pin-up, de Marilyn Monroe à Audrey Hepburn. Et à nouveau, il est le marqueur d’un girl power ambigu, au diapason de ses propres qualités couvrantes. La féminité assumée, à la fois victime et maîtresse de sa représentation sexualisée trouve dans un tel atour son pendant vestimentaire. Car, par opposition aux bas et autres collants, déjà fétichisés par ce qu’ils cachent, le fishnet dévoile les attributs féminins plus qu’il ne les camoufle, souligne le charnel plus qu’il ne l’estompe.
Evoqué par le théoricien Roland Barthes dans l’essai de Striptease de 1957, qui le décrit comme « l’un des accessoires classiques du music-hall », le bas filet (et non filé) relève exactement de la définition qu’il fait de l’érotisme dans Le Plaisir du texte : « C’est l’intermittence qui est érotique : celle de la peau qui scintille entre deux pièces ; c’est le scintillement même qui séduit ou encore : la mise en scène d’une apparition/disparition. »
Bad reputation
Jean déchiré, trench kaki et bière tiède, dans les seventies, ce sont les punks et les punkettes qui se réapproprient la maille lâche. Aux antipodes du glamour promu par les robes à strass et les boas à plumes, elle n’est plus subtilement érotique, elle est carrément obscène, brouillant la frontière entre le spectacle et l’outrage, l’habillé et l’exhibé. Plastronnée par l’éphémère et infréquentable Sid Vicious, elle retrouve aux yeux des bonnes gens son androgynie la plus transgressive, celle de l’homme travesti, la féminité usurpée, dévoyée et caricaturée.
Et elle est évidemment adoptée par le mouvement queer, qui s’évertue à redéfinir le genre avec une effervescence alors particulièrement vibrante. Car plus encore que chez la femme, le fishnet chez l’homme est porteur d’une connotation sexuelle. Et s’il n’y a rien à dire d’un torse nu, un poitrail bardé de résille évoque inévitablement les étreintes moites et viriles dans la chaleur d’un backroom, au son de YMCA (on est en 78, rappelez-vous).
Nous voilà à présent aux portes de notre période contemporaine, et à la faveur des icônes pop, la résille est presque entrée dans les mœurs vestimentaires. « Presque », car en dépit de son acceptation progressive jusque dans les cours des bahuts, elle garde ce petit goût d’explicite. Ce n’est donc pas pour rien si le X en a fait l’une de ses tenues fétiches, en plateau, comme en salon. À l’image, la maille ceint les parties charnues tout en les emprisonnant comme autant de fruits bien mûrs dans le filet du maraîcher qu’on ne demande qu’à arracher pour les mordre à pleines dents. En convention XXX, pareil tissage ajouré sauve les apparences, les règles de décence publique ne permettant pas de se promener en tenue d’Eve même dans une exposition entièrement dédiée au stupre. « Ni vêtue ni nue » comme dirait l’autre, en quelque sorte, le meilleur des deux mondes…
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