Acteurs
Kay Garnellen, transsexuel et acteur X queer : « J’aime foutre le bordel dans la tête des gens »

Né fille, ce Toulousain de 38 ans émigré à Berlin, n’est pas allé « au bout » de la transition en refusant l’opération finale des parties génitales. Le porno mainstream le rejette mais Kay Garnellen tourne du X alternatif en tant qu’acteur et réalisateur. Rencontre avec un punk qui milite pour faire bouger les mentalités.
Tu es né femme. Comment as-tu géré ta transition ?
Je ne me suis jamais senti fille. À vingt ans, j’avais déjà entendu parler des FtM, femmes qui deviennent hommes. Je voulais une barbe, un torse plus plat et une voix grave. Je souhaitais des poils… pas autant que ce que j’ai aujourd’hui, mais ça, tu ne choisis pas ! (Rires) En revanche, je n’étais pas obsédé par l’idée de changer de parties génitales. Comme je pensais qu’il fallait faire « la totale » ou rien, j’ai laissé tomber. Je me suis dit : « Je suis juste une lesbienne masculine, une butch et c’est tout ! » C’est ce que j’ai exprimé pendant une dizaine d’années. Puis, je suis parti à Montréal, c’était au moment de la Pride. J’ai rencontré la communauté trans et là, j’ai compris qui j’étais. J’ai fini par entamer ma transition il y a huit ans. J’ai quitté mon job : il était impossible de conjuguer les deux. Hormones, changement de prénom, ablation mammaire… Au bout de neuf mois, il a fallu que je l’annonce à ma famille.
Quel a été la réaction de ta famille ?
Je l’ai d’abord révélé à mon frère qui l’a très bien pris. On a discuté plusieurs heures. Il a posé pas mal de questions et à la fin il a dit : « Tant que tu es heureux, c’est l’essentiel ». Pour ma mère, ça a mis plus de temps, mais les choses évoluent dans sa tête plutôt dans le bon sens. Les autres ont suivi, je suis chanceux, je trouve !
Pourquoi n’es-tu pas allé « jusqu’au bout », à savoir le changement de tes parties génitales ?
Avec mes harnais et mes dildos, godemichets si tu préfères, ça me suffit. Le clitoris grossit avec la prise de testostérone, j’ai ce qu’on appelle un « dicklit », un mélange de dick (« bite » en anglais) et clitoris. Mes petites lèvres ont disparu et mes sensations ont complètement changé. Quand je suis excité, je bande. OK, pour les représentations classiques, c’est plus proche de la chatte que de la bite mais ce n’est plus une chatte non plus. En fait, on manque encore de mot pour le nommer.
Cantonné à un statut de freak, tu officies dans le porno alternatif dit aussi « queer ». C’est difficile d’y trouver du travail ?
Oui, ce n’est pas évident parce que l’industrie n’est pas grosse. Mais les choses bougent. Le X queer est de plus en plus visible sur des sites américains comme FtM Fucker, la presse s’y intéresse. Buck Angel arrive à en vivre parce qu’il a sa propre maison de production. Pink and White parvient aussi à se financer. Il y a des évènements comme le Porn Film Festival de Berlin ou les Feminist Porn Awards de Toronto. Quelque chose est en train de se passer.
Il faudrait peut-être que l’on puisse en trouver sur les sites gratuits…
Je reconnais que nous pourrions être plus pro actifs en mettant des vidéos en accès libre. Le problème, c’est que beaucoup d’acteurs et d’actrices font du porno queer car ils savent que leur famille ne tombera pas dessus. Ils veulent juste avoir une visibilité au sein de la communauté. Si ces films deviennent accessibles à un public plus large, tu t’en prends plein la gueule, tu te fais insulter, t’as intérêt à avoir les épaules solides !
Et le X mainstream ? Tu as déjà essayé ?
Il y a un an et demi, j’ai contacté pas mal de gens là-dedans mais ça n’a pas marché. À chaque fois, on me demande quelle est la taille de ma bite. Tant que je ne réponds pas à cette question, rien n’avance. Le serpent se mord la queue ! (Rires) Donc, je n’ai jamais réussi à tourner.
As-tu déjà tourné avec une femme trans, homme qui devient femme ?
Oui, dans le court métrage Trans Action que j’ai réalisé. C’est un film très chaotique tourné en mode punk à Berlin. Avec cette actrice, Emy, nous avons l’habitude de faire des perfs où nous baisons sur scène, elle ne bande pas et elle utilise un gode sur moi. J’ai aussi joué avec Mor Vital, une trans qui n’est qu’active, ce qui est assez rare. Au départ, le scénario est très stéréotypé, l’histoire d’un couple qui veut pimenter sa vie sexuelle et décide de faire de l’échangisme. Sauf que moi, l’homme, j’ai une chatte et que la femme de l’autre couple, a une bite. Une expérience incroyable !
Ça doit être très troublant ! On ne sait plus quel organe appartient à qui !
C’est ça qui me fait plaisir ! J’aime foutre le bordel dans la tête des gens. C’est l’essence même du porno queer !
Aller vers la masculinité, c’est plus facile que le contraire ?
Dans un sens, oui. La testostérone est « plus forte » que les œstrogènes. Donc le problème des meufs trans (qui passent d’un genre masculin à un genre féminin), c’est qu’une fois qu’elles ont dépassé leur puberté, la voix a mué, les poils ont poussé, elles peuvent prendre tous les œstrogènes qu’elles veulent, ça restera comme ça. D’ailleurs, si les transitions pouvaient se commencer avant la puberté, ce serait plus simple à vivre… mais, pour l’instant, la médecine le refuse dans beaucoup de cas. Tandis que nous les FtM, nous prenons beaucoup plus facilement un aspect masculin, nous sommes moins détectables.
Même si ça ne te dérange pas de coucher avec des femmes, tu as une sexualité assez tournée vers les hommes. En juillet à Paris, tu animeras un atelier sur les backrooms gays à l’occasion du festival Erosphère, festival participatif des créativités érotiques…
Le public n’est pas gay, mais je vais leur faire explorer ce monde, les mettre en situation. Je prévois notamment de leur projeter un de mes courts métrages où je montre ce que c’est que c’est d’être un mec trans dans des backrooms virtuelles, des sites de webcams où les hommes peuvent se masturber en vis-à-vis. Évidemment, lorsqu’ils découvrent que je n’ai pas de phallus, c’est gratiné !
Tu es aussi escort. Est-ce que tu as quand même réussi à te constituer une clientèle malgré ta singularité ?
Oui, plutôt des mecs passifs et qui ne sucent pas : comme ça, ils ne se rendent pas compte que j’utilise un godemichet. Par exemple, une fois, un mec comme ça me contacte et me demande de venir pour sa pause de midi. J’ai mis le gars dans une position où il ne pouvait pas me voir : j’ai réussi à enfiler mon gode-ceinture, je l’ai baisé, j’ai jeté la capote discrètement pour qu’il ne remarque pas qu’elle était vide. J’ai bossé assez longtemps de cette manière. Maintenant, je travaille en tant que trans, j’ai fait un site il y a un peu plus d’un an et les choses ont évolué : majoritairement, mes clients maintenant le savent avant de me rencontrer.
Mais il t’est aussi arrivé de te montrer tel que tu es sans prévenir le client auparavant…
Oui, et ça donne des réactions parfois très drôles ! Un gars voulait me voir à poil : je me déshabille. Il me sort : « Tu es né comme ça ? » Si t’expliques que t’es trans et donc que t’as été une fille, pas mal d’homos partent en courant. Alors je me suis fait passer pour un intersexe, quelqu’un qui ne naît ni homme ni femme et peut avoir un corps qui visiblement ne correspond pas à la norme. Ça me met un peu mal à l’aise parce que j’usurpe une autre identité, mais c’est pour le taf : je ne suis pas là pour faire de la visibilité trans, mais pour gagner mon pain ! (Rires)
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