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Foresti vs Hot Vidéo : un scandale inutile ?

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« Est-ce qu’on est obligé de se taper ça tous les jours sur nos kiosques ? Pour mémoire les enfants ont des yeux. et un cerveau. » Un post pareil sur Instagram, je me trouvais dans l’urgence absolue d’y répondre.

Quand j’ai à me plaindre de quelque chose ou que j’ai une remontrance à faire à quelqu’un, je pars d’un adage simple : Mieux vaut s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints. Il ne me viendrait pas à l’idée d’utiliser un réseau social dans le but de déclencher un bashing d’ampleur contre une personne, une marque ou autre. Pour exemple, quand j’ai quelque chose qui me dérange dans ma commune, je n’utilise pas comme tant d’autres la page Facebook de ma ville pour y déverser mes doléances, voire ma hargne. Je prends un truc qui s’appelle un bottin, je téléphone au secrétariat de mon administration locale, demande un rendez-vous et : « Bonjour Monsieur le maire ! vous allez rire… » ou pas.

Mais le retour à l’insupportable politiquement correct et à l’ordre moral continue son insidieuse progression, pour ramener le peuple dans la norme. Il suffit de regarder ces miliciens de l’humour qui traquent quotidiennement, la vanne de trop sur les groupes Facebook, signalent [nouvelle dénomination du mot délation] et font expulser, pour un temps, ceux qui auraient osé citer Desproges, Coluche ou Guitry, qui ne rentrent sans doute plus dans les carcans humoristiques actuels.

Des « Unes » pas pires que certaines pubs

Mais revenons-en au mouton qui nous préoccupe aujourd’hui. Hot Vidéo est un magazine pour adultes. Il est le reflet de l’industrie du X depuis 1989 et depuis plusieurs numéros, j’y anime une chronique décalée. Bien évidemment, j’y parle de cul, je ne vais pas non plus y traiter de la culture de la betterave en Seine-et-Marne. Mais, toujours, j’attaque de front les sujets qui, moi, me choquent. Aussi, je me sens personnellement agressé, quand le magazine pour lequel j’officie se retrouve ainsi jeté à la vindicte populaire.

Observons donc un instant ces choquantes couvertures. Point de fellation ? De sodomie ? Voire de parties intimes exposées en gros plans ? Ah ? Il existe, en France, une chose qui s’appelle la législation et, contrairement aux panneaux publicitaires placardés dans les rues en mode 4×3 ou sous les abribus qui, eux, n’hésitent pas à user et abuser de l’emploi du corps d’une femme dénudée pour nous vendre le dernier parfum à la mode, une marque de lingerie voire un nouveau yaourt, l’industrie du X doit flouter ses visuels, tout en prenant soin que ce ne soit jamais plus qu’un sein [mais deux c’est mieux] ou un joli fessier qui soit exposé à la vue et au su de tous. Les publicitaires, quant à eux, n’hésitent pas une seconde, dès que l’opportunité leur en est donnée, à utiliser des visuels approximativement semblables, mais eux ne sont pas soumis aux mêmes règles.

Tous commu… niquants ?

Nos « Unes » diffèrent-elles tant de certaines campagnes ? À en reprendre la définition de la pornographie par le sexologue Jacques Waynberg qui considère le X comme « la forme médiatique, graphique, de la prostitution » [Femina.fr, C’est quoi, la pornographie ?], la « photo pornographique repose sur une trilogie : regard direct, bouche et cuisses entrouvertes. Cette représentation de la sexualité est aussi éloignée de l’érotisme que les poésies d’Alfred de Vigny le sont d’un roman de science-fiction. » [Idem]. Et si nous reprenions dans le détail, nous reposant sur cette analyse, les visuels de nos couvertures comparées à certaines publicités. Sont-ils donc tant éloignés ? Les regards, les postures sont pourtant très proches et certaines campagnes sont beaucoup plus vulgaires que ce que nous avons pu publier. Certes, nous utilisons des corps de femmes dénudés, mais à peu près autant que le sont ceux sur les plages estivales, devrait-on alors les interdire aussi ? [Qui a parlé du Cap d’Agde ?]

Nos visuels de « Unes » sont donc maquillés pour permettre leur exposition en kiosques. Ce sont les formes que l’on voit et non de scabreux détails. Seraient-ce alors nos titres qui seraient choquants, ce qui remettrait en cause la qualité du travail et le professionnalisme de nos journalistes ? « Bons baisers de Russie », « Les dix plus belles actrices russes », « Sexe et politique en Russie », Point de bite, de chatte ou de couille ? Oh mon Dieu ! Nous avons laissé échapper le mot « sexe », mais comment diantre avons-nous pu laisser passer coquille pareille ! D’autant plus que pour traiter avec humour d’un sujet des plus sérieux, à savoir : dans l’utilisation de vidéos compromettantes par les services de renseignements russes [mais pas que], pour éliminer l’opposition, le mot « sexe » est bien entendu, hors de propos.

Mobilis in mobile

À l’époque où le personnage d’Anne-Sophie de la Coquillette me régalait de sketches toujours plus ou moins orientés vers le cul, son interprète n’hésitant pas à utiliser les subterfuges de son aïeule [Georges-Églantine de la Péné] pour aborder des thèmes aussi délicats que « l’éfaculation fafiale », la « fodomie » pour « habituer les enfants au vocabulaire sexuel » [La sexualité des jeunes, « On a tout essayé »] et surtout, concernant la thématique de l’adultère, à autoriser son époux au visionnage de films X, mais uniquement ceux dans lesquels elle jouait, avec une bande de Slovaques, lui permettant de finir sur le jeu de mots « Je calme seize hardeurs » [L’adultère, « On a tout essayé »], il sied à rappeler, je pense à tous, que nombre de comédiens peuvent exercer leur art en s’inspirant fortement du milieu auquel j’appartiens. Combien de références compte-t-on aujourd’hui au bien connu site Jacquie & Michel dans les sketchs ou les chroniques matinales des radios. Mais, sans doute, s’agit-il d’une autre époque, aujourd’hui révolue. Car si elle a réagi « pour protéger sa fille » [l’enfant en question a dix ans], pourquoi avoir attendu un tel laps de temps pour réagir ? Ah, j’oubliais que la polémique sur la pornographie est récente, et que le Président Macron a soulevé le problème du X, auquel les ados avaient accès, il n’y a que quelques mois.

Car l’autre danger est là, et celui-là est bien plus grand qu’un affichage extérieur. Les mobiles. Combien de chères têtes blondes ignorent, aujourd’hui, ce qu’est un tube Internet X, tel que Pornhub ? Aucun. Il faut dire que c’est simple, bien à l’abri derrière le « je veux pouvoir joindre ma fille ou mon fils à tout moment », les parents achètent des smartphones à leurs gamins. À toute fin d’information, il existe de très bons mobiles qui permettent d’émettre et de recevoir des appels, et qui présentent un avantage certains, c’est de ne posséder aucune connexion Internet. Encore faut-il éviter de céder face à des mômes qui veulent pouvoir échanger avec leurs potes ou autres sur les réseaux sociaux, avant de se prendre un bashing en pleine tronche à la moindre dispute dans la cour de récré. Mais c’est comme pour tout, les parents d’aujourd’hui comptent sur l’Éducation nationale pour « éduquer » leurs gosses [Or, le rôle de la Grande Maison est non pas d’éduquer, mais d’instruire, à savoir leur apprendre à lire, à écrire et à compter, plus ou moins correctement, ce qui de nos jours devient de plus en plus complexe] et sur l’État pour réguler le porno sur Internet, pour que leur progéniture n’y ait point accès. Aussi, Radiocom 2000 et filtre parental sibérien demeurent, en dehors du séjour de cinq années dans les mines de sel de Silésie en remplacement de l’école primaire, le meilleur moyen pour garantir une non-perversion de leur descendance.

Effet boomerang et pandanlag !

Et qu’elle est trépidante la vie de ces stars, pour la plupart héros de téléréalité, et surtout qu’elle est enrichissante ! Vous n’avez qu’à écouter Nabilla aborder le délicat problème de survie, grâce au lavage de cheveux, en territoire zéro, pour vous en rendre en compte. Les ados rentrent du bahut et se mettent devant leur écran en mode otarie se traînant sur la banquise [le canapé du salon] pour tenter vainement de rejoindre l’océan hors d’atteinte où baignent leurs héroïnes et héros du moment. Et elles y baignent les Nabilla et consorts, au milieu des apollons tatoués torse-poil. Elles y exhibent leurs strings dans des poses plus que lascives, parfois, à ces meutes d’ados prépubères déjà excités par la limite d’une partouse nautique dans la piscine d’une villa, avec claques sur les fesses et jeux de bouteilles, ou lors d’un carwash où les participantes terminent plus mouillées que la crue de la Seine de 1900. Mais là, étrangement, ça ne choque personne.

Les enfants ont des yeux et un cerveau. Et heureusement, même si la plupart ne savent plus les utiliser de manière correcte. Je rajouterais qu’ils ont aussi des oreilles. Que les mots « chatte », « bite » voire « fils de pute » font désormais partie d’un langage courant qu’ils utilisent quotidiennement. Et ce n’est certes pas sur nos Unes qu’ils les apprennent, mais dans les cours d’école, voire dans des spectacles comiques ou des émissions de télévision auxquels ils ont pu assister avec leurs parents. Alors avant d’attaquer, nettoyez donc devant votre propre porte, et sachez réagir aux situations sans attendre qu’on le fasse pour vous. Le temps viendra sans doute, où la Marianne Républicaine devra se rhabiller ; qu’en sera-t-il alors pour d’autres publications « non-pornographiques » qui à leur tour seront attaquées pour avoir dérangé cette bien-pensance généralisée ? Aussi, n’oubliez pas une chose : demander à cor et à cri un retour à la censure, et à l’ordre moral, ne pourrait, un jour ou l’autre, que vous desservir.

Tout petit, Balthus Gustave Aldebert de Baujouailles prit feu. Ce ne furent malheureusement pas les tentatives désespérées pour l’éteindre à coups de pelle, qui arrangèrent la situation. Après avoir échoué lamentablement dans une vaine carrière de maître du monde, c’est ainsi qu’il rejoint la rédaction de Hot Vidéo, où il y anime mensuellement une chronique tant (h)ardente qu’allumée.

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