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Accusations de mauvais traitements sur le plateau d’Evil Angel

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Les déclarations ont de quoi faire frémir le X-business américain. La vétérane du caming Jenny Blighe s’est plainte, via son compte Twitter, de mauvais traitements et de non-respect des limites de son consentement lors de ses premiers pas dans le porno professionnel, sur le plateau du célèbre studio Evil Angel. Des accusations qui mettent en jeu rien de moins que l’image du porno californien, au regard des personnes présentes sur les lieux au moment des faits et impliquées par la modèle de manière plus ou moins distante dans son témoignage : les superstars John Stagliano et Manuel Ferrara. Que s’est-il passé ?

L’affaire commence lorsque, sur les réseaux sociaux, Jenny Blighe s’en prend vertement à Ginger Banks, une autre camgirl avec qui elle partageait l’affiche du film Cam Girls : The Movie, dernier-né du studio Evil Angel. Jenny Blighe accuse Ginger Banks de taire les mauvais traitements qui auraient eu lieu sur le plateau de tournage, alors même que cette dernière se réclame de la « défense des travailleurs du sexe » depuis sa prise de position médiatisée au sujet des accusations d’agressions sexuelles à l’encontre de Ron Jeremy.

Les mots sont crus, mais les accusations sont graves. Aussi, Jenny Blighe y revient quelques jours plus tard, à travers une série de tweets relatant les événements de manière beaucoup plus circonstanciée. Lors du tournage de cette production, censée faire le pont entre le vieux monde des studios porno et la starification grandissante des modèles de caming, les choses ont dérapé et ce, de manière aussi diffuse que sordide, ce que l’actrice résume ainsi : « Sur le plateau, nous avons toutes deux été, au mieux inconfortables, au pire agressées. » Concrètement l’accusatrice reproche au studio et aux personnes présentes le non-respect répété des limites de son consentement.

Elle fait état d’une première atteinte à son intégrité lorsque le réalisateur John Stagliano (propriétaire de la société productrice) s’est permis de la toucher au cours du tournage d’une première scène, alors qu’un membre de l’équipe lui avait expressément affirmé qu’elle ne connaîtrait aucun attouchement de sa part lors de la réalisation de la séquence.

La deuxième atteinte aurait eu lieu lors du tournage de la scène girl/girl/boy avec Manuel Ferrara. Affirmant que la production stipulait la pratique d’un rapport sexuel « vanilla », en guise « d’introduction au porno », la mise en scène aurait allègrement versé dans le « hardcore », fessées, morsures et mare d’urine « squirté » à la clé. Marbrures et ecchymoses viennent appuyer ses dires. Elle aurait, en outre, servi de fluffer (rôle qui consiste à mettre l’acteur masculin « en condition », hors caméra) lors des prémices de la scène. Il est important de rappeler que Jenny Blighe ne porte aucune accusation directe envers le performeur français, mettant en cause le studio Evil Angel et précisant qu’à aucun moment, son partenaire n’a semblé avoir été mis au courant de ses limites.

Enfin, elle reproche au réalisateur Johnni Darkko d’avoir refusé de mettre fin à la scène alors qu’elle exprimait clairement son inconfort.

À la lecture de ces accusations, Adam Grayson, le directeur financier de la société Evil Angel, s’est fendu d’un communiqué, rappelant l’exemplarité du studio tout au long de ses 29 années d’existence et poursuivant sur les conclusions de l’enquête interne : « Toutes les personnes impliquées dans le projet ont fait preuve d’un comportement irréprochable et se sont tenues aux standards élevés de la firme. » En clair : circulez, il n’y a rien a voir.

L’actrice Leigh Raven, qui s’est plainte, en mars dernier, de mauvais traitements similaires sur un plateau.

Il y aurait pourtant des choses à revoir, dans le fonctionnement du business américain, bien qu’il soit sans doute le plus encadré au monde. Il ne s’agit pas de porter des accusations à l’emporte-pièce, le doigt fièrement pointé contre telle ou telle personne, mais de souligner un dysfonctionnement répété dans le processus de réalisation : celui de la cooptation des pratiques et des limites. Nikki Benz en 2016, Raven Leigh en mars dernier et aujourd’hui Jenny Blighe, toutes trois se sont plaintes d’agressions sur un plateau, et toutes trois se sont vues répondre l’absence manifeste de dysfonctionnement au cours du tournage, de la part de sociétés de production par ailleurs particulièrement prestigieuses : Brazzers et Evil Angel pour ne citer qu’elles. Or, il n’est pas normal qu’une actrice, qui qu’elle soit, et pour quelque raison que ce soit (violence caractérisée, négation d’un inconfort, simple « mésentente »), termine un tournage avec, à la bouche, de telles accusations.

La célèbre Nikki Benz, elle aussi agressée, en 2016.

Mauvaise prise en compte des pratiques consenties, ignorance des signes d’inconfort, de malaise, de désaccord, trop grande pression mise sur les épaules des actrices qui, du coup, craignent de mettre un terme à une scène. Tout cela doit changer.

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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