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5 performances d’acteurs porno dans le cinéma classique

Le Festival de Cannes vient de s’achever avec, comme chaque année, un mini-scandale concernant la teneur explicitement sexuelle d’un métrage projeté en sélection. Cette année, Abdellatif Kechiche – qui nous avait déjà régalé avec sa Vie d’Adèle en 2013 (#scissoring) – provoque à nouveau l’émoi du Gotha cannois avec Mektoub my love, Intermezzo et, tenez-vous bien, une scène de cunnilingus non-simulé de treize minutes ! (On est loin de la double péné option fist-fucking…) On perçoit alors tout le dégoût qu’éprouve la profession cinématographique « de prestige » pour l’art pornographique. Ça n’a pas empêcher le cinéma « tradi » de puiser allègrement dans son cousin le porno pour y chercher de la chair fraîche et accoucher parfois de purs moments de cinoche entièrement portés par un casting de hardeurs improvisés acteurs. Voici donc une sélection non-exhaustive des plus grandes performances d’acteurs porno dans le cinéma traditionnel.
HPG dans On ne devrait pas exister, d’HPG.
Acteur porno trahi par son sexe, Hervé alias Condoman, le super-héros du cul, raccroche après 20 ans de bons et loyaux services dans le X-business. Convaincu de son talent et de son expérience, il veut tenter l’aventure du cinéma traditionnel, mais déchante très vite. Son endurance sexuelle et ses érections aussi intempestives qu’intermittentes semblent de bien maigres atouts pour faire son trou dans le septième art.
Première réalisation non-pornographique d’HPG, le pionnier du gonzo-amat’ à la française, On ne devrait pas exister est objet filmique étrange, absurde, insaisissable. Et pour cause ; est-ce vraiment une fiction ou une autobiographie au présent ? Tout au long de son œuvre, HPG brouille les pistes entre cinéma et réalité. De fait, il crève l’écran en hardeur lassé et exubérant, trop « gros » pour être vrai et pourtant tellement vraisemblable, tellement ancré dans cet univers surréaliste qu’est le X. Par sa performance, il traduit alors ce malaise, cette dissonance irréconciliable entre cinéma et porno, deux milieux jumeaux qui semblent ne jamais se comprendre.
Sasha Grey dans Girlfriend Experience, de Steven Soderbergh
En 2009, la fabuleuse Sasha Grey est déjà une icône du X, sa beauté glaciale et ses pratiques hardissimes ayant laissé sans voix toute une génération de pornophiles avertis. C’est alors qu’elle obtient le rôle principal dans Girlfriend Experience, du très respecté Steven Soderbergh (Ocean’s Eleven, Sexe, Mensonges et Vidéo). Elle y incarne Chelsea, escort-girl de luxe proposant à ses clients la fameuse « girlfriend experience », durant laquelle elle se comporte en authentique petite amie. Et, pied de nez à ses fans de la première heure, aucune scène ne s’attarde sur le talent de Sasha en matière d’acrobaties sexuelles. Mais alors qu’y a-t-il à voir dans Girlfriend Experience ?
Tout le reste justement. Film long et, il faut bien l’admettre, un peu chiant, il dépeint le quotidien pas si glamour d’une travailleuse du sexe, la gestion de son business et de son exposition, sa relation inévitablement compliqué avec son boyfriend officiel au regard des prestations qu’elle offre à d’autres, le jeu de dupe sans fin auquel elle se livre. En femme froide, déconnecté, tiraillée en permanence entre le faux et le vrai, la hardeuse campe une call-girl d’un réalisme vertigineux, presque effroyable, sauvant avec brio un métrage qui, sinon, tire méchamment en longueur.
Rocco Siffredi dans Romance, de Catherine Breillat (puis dans Anatomie de l’Enfer, de la même réalisatrice)
Pour le second rôle masculin de son film Romance, Catherine Breillat cherchait « King Kong », l’incarnation-même de la pulsion sexuelle mâle, dans les bras de laquelle son héroïne va se jeter pour échapper à un quotidien monotone avec l’homme de sa vie. Un nom s’est alors imposé, comme une évidence : Rocco Siffredi. Qui de mieux que la bite la plus célèbre de la planète pour incarner la tentation virile, velue et un brin rustre, pendant d’un « chevalier blanc » asexué campé par Sagamore Stévenin.
Le tournage ne fut pas exempt de péripéties, notamment en ce qui concernait les scènes d’amour entre la sage Caroline Ducey et l’étalon italien, rapport à la dissonance précédemment évoquée entre cinéma classique et porno. L’inénarrable Rocco aurait eu la plus grande peine à ne pas performer comme sur un plateau de X. Ça ne l’empêchera pas d’être rappelé par Catherine Breillat pour Anatomie de l’Enfer dans lequel il incarne un toy-boy soumis aux expérimentations perverses d’une Amira Casar troublante de sensualité. Un diptyque incontournable pour qui croirait que Rocco est juste bon à jouer du piston.
James Deen dans The Canyons, de Paul Schrader
Ecrit par Bret Easton Ellis (Moins que Zéro, American Psycho), réalisé par Paul Schrader et kickstarté à hauteur de 159 015 dollars, The Canyons était un naufrage cinématographique annoncé. Et ce n’est pas le casting, constitué de Lindsay Lohan, l’éternelle has-been, et James Deen, alors superstar du porno hardcore, qui allait sauver la baraque. Pourtant, l’écriture de BEE, féconde en sociopathes amoraux, offre au futur paria du X un rôle sur-mesure : celui de Christian, producteur de cinéma inquiétant qui, se sachant trompé, tend un piège pervers à Tara, sa petite-amie.
Si nous étions mauvaise langue, nous dirions que la justesse de Deen dans ce rôle de maniaque dépourvu d’empathie préfigure le scandale sexuel qui frappera la star six ans plus tard. Le fait est qu’elle illustre toute l’aura de l’acteur, qui fit et fait toujours fortune dans le porno californien à travers des mises en scène le dépeignant en « Ted Bundy » : une gueule d’ange, un je-ne-sais-quoi de malsain dans le regard, et une brutalité froide, presque impersonnelle lorsqu’il s’agit de baise. The Canyons pose en outre la question fatidique : tout cela n’est-il vraiment qu’un rôle ?
Raffaëla Anderson et Karen Lancaume, dans Baise-moi, de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi.
Beaucoup d’encre a déjà coulé au sujet de Baise-moi. C’est le film qui, en 2000, fit vaciller la classification X, sa dimension franchement pornographique soutenant justement le propos sans concession de ce brûlot féministe. Mais au-delà des polémiques stériles sur ce qu’on devrait ou ne devrait pas montrer dans une salle obscure, le film existe pour ce qu’il est, un road-movie sans issue littéralement bouleversant.
Karen Bach (c’est en son nom civil qu’elle est créditée au générique) et Raffaëlla Anderson jouent deux femmes indomptables qu’on a tenté de briser, d’asservir, et qui refusent de baisser la tête pour se laisser enfermer dans une position de « victime » ou de « salope ». Au lieu de ça, elle partent dans une cavale meurtrière sans autre fin que leur désir de vivre sans fardeau. Les deux jeunes actrices, dont les parcours de vie se confondent avec ceux de leurs personnages jusqu’à la nausée, sont à fleur de peau. Elles irradient d’assurance, de verve, de soif de liberté. La disparition prématurée de Karen Lancaume, quelques années plus tard ne fait qu’ajouter à la beauté crépusculaire, presque prémonitoire, du dernier plan de cette œuvre hybride comme le cinéma n’en a plus connu.
Souvent cantonnées aux rôles de figurants sexy, tout juste bon à faire péter les nibards dans les comédies d’horreur américaine, les pornstars ont aussi fait des apparitions souvent remarquées dans le cinéma d’auteur. De quoi donner du grain à moudre à tous les détracteurs d’une porosité manifeste entre cinéma traditionnel et cinéma pornographique, entre performance d’acteur et acting de performeur. Ce serait mentir que d’affirmer qu’il s’agit du même métier, de la même profession, des mêmes enjeux. Pour autant, ce mépris institutionnel et esthétique pour la chose pornographique a-t-il encore lieu d’être ?
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