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Pédocriminalité – Le New York Times met Pornhub au pied du mur
« Les Enfants de Pornhub – Pourquoi le Canada permet-il à cette compagnie de tirer profit de vidéos d’abus et d’agression ? » Police blanche sur fond noir, accompagnée de la photo d’une femme visiblement juvénile (on apprendra plus tard qu’il s’agit d’une victime), le ton est donné. Le New York Times a décidé de se payer Pornhub, et avec la manière, puisqu’il dépêche non moins que le renommé Nicholas Kristof, doublement titulaire du Pulitzer, pour couvrir l’affaire. Pornhub profiterait donc financièrement de l’exploitation de nombreuses séquences d’abus perpétrés sur des mineurs, accessibles à tous. Et le journaliste d’exhorter le gouvernement canadien ainsi que les prestataires de paiement à prendre des mesures, légales et financières, pour mettre fin à cette gabegie. Visa et MasterCard ont d’ores et déjà diligenté leur enquête, tandis que les responsables politiques invectivés préparent leur arsenal, au risque de condamner le porno tout entier pour les malversations de quelques-uns. Pour couper court à la polémique, la plateforme visée annonce des changements drastiques quant à la gestion de ses contenus. Mais ne serait-ce pas trop tard ?
Le propos de l’article du New York Times pourrait tenir sur un post-it : il y aurait à l’heure actuelle sur Pornhub des vidéos d’abus sexuels sur personnes mineures ; cela doit cesser à tout prix. Si l’on ne peut qu’abonder à ce discours pour le moins consensuel, il convient malgré tout de s’interroger sur un certain nombre de partis-pris discutables adoptés lors de sa rédaction du papier, à commencer par le portrait sensationnaliste qu’il fait des victimes. Avec gourmandise et force détail, le journaliste s’étend sur le calvaire vécu par celles et ceux qui ont fait les frais de la cyber-exploitation sexuelle dès leur plus jeune âge, précisant noms et origines, circonstances scabreuses des événements, naufrages dans la drogue et la prostitution, le tout agrémenté d’un roman-photo déchirant d’une jeune fille devenue paria de la société.
Gonzo journalisme
« À l’âge de 16 ans, elle se promouvait sur Craigslist, et commença à vendre des photos et vidéos d’elle nue pour gagner un peu d’argent et peut-être, aussi, pour se punir elle-même. « Je ne vaux plus rien, car tout le monde a déjà vu mon corps », me dit-elle. » Ou comment l’enquête vire au tire-larmes pour ménagère…
Après tout, les faits sont là, non ? Et peu importe qu’une nouvelle fois, l’on jette en pâture au monde entier la gamine qui fut exhibée sur Pornhub. On rétorquera qu’il n’en fallait pas moins pour mobiliser l’opinion publique contre ce fléau silencieux. Certes, cela justifie-t-il aussi, sans doute, l’étalage putassier des recherches Pornhub vous menant peut-être, ou peut-être pas d’ailleurs, à des contenus pédophiles.
« La recherche « girls under18 » (sans espace) ou « 14yo » mène dans chaque cas à plus de 100 000 vidéos. La plupart ne montrent pas d’abus d’enfants, mais beaucoup trop en montrent. » C’est le troisième paragraphe, et déjà, Nicholas Kristof instille la confusion entre contenu criminel et résultats de recherche douteux, ponctuant son argumentaire d’un « beaucoup trop en montrent » fédérateur, étayé ni de preuves, ni de démonstrations. Au New York Times, on caractérise donc la pédophilie au jugé, un subterfuge réitéré quelques lignes plus loin.
« Un membre nommé « 13yoboyteen » (« jeunegarconde13ans ») est autorisé à poster des vidéos. La recherche « r*pe » (« viol » avec un astérisque) renvoie 1 901 vidéos. « Girl with braces » (« fille avec des bagues dentaires ») renvoie 1,913 vidéos et suggère d’essayer « exxxtra small teens. » Une recherche pour « 13yo » (« 13ans ») génère 155 000 réponses. Pour être clair, la plupart d’entre elles n’impliquent pas d’enfants de 13 ans, mais le fait qu’elles soient promues à travers ce langage semble refléter un effort pour attirer les pédophiles. »
Fort d’un sujet scandaleux, et rigoureusement documenté – de nombreuses associations ont alerté le public quant à la circulation de contenus pédophiles sur la plateforme de Mindgeek, l’article en question alimente un amalgame contestable entre pédocriminalité et liberté d’expression pornographique. Car, quoi qu’on pense du fantasme du viol ou de celui des appareils dentaires (puisque le reporter les assène ainsi pêle-mêle), la production consensuelle de contenus de cet acabit, et le fait d’en être friand, ne relève absolument pas de la justice. On peut aisément citer un certain nombre de productions renommées et intègres qui ont fait de ces genres un fond de commerce, à commencer par le prestigieux studio Kink, et pour qui la condamnation (déjà effective) de ces recherches relève purement et simplement de censure. Outre la perspective d’aligner les termes choquants et racoleurs pour susciter l’émoi, associer ces pratiques à l’exploitation sexuelle des mineurs est nul et non avenu. À moins que…
À moins que Nicholas Kristof ne reprenne tel quel l’argumentaire de TraffickingHub, seule organisation contestant les méthodes de Pornhub citée dans l’article et fer de lance de la croisade anti-porno nouvelle génération. En tendant la main aux grenouilles de bénitier d’Exodus Cry (le vaisseau-mère très réactionnaire de TraffickingHub), le reportage dresse un pont inquiétant entre modération des plateformes de divertissement pour adultes et censure pure et simple de la pornographie. Car il est bien là, le problème, dans la modération ; une question que Pornhub a toujours traitée par-dessus la jambe.
Ce n’est pas faute d’avoir fait de nombreux efforts pour lisser son image, comme l’explique très bien le New York Times. S’alignant sans relâche sur les tendances progressistes de notre société (écologie, égalité raciale, violences faites aux femmes…) à grands renforts de campagnes marketing médiatisées, Mindgeek se permet même de plastronner quant à son engagement contre le Child Sex Abuse Material (CSAM). La multinationale explique ainsi s’être mise à signaler de son propre chef les contenus illégaux au National Center for Missing and Exploited Children (NCMEC) et avoir doublé le nombre de modérateurs sur son réseau ces dernières années. Une goutte d’eau dans l’océan de risques que comprend son modèle, qui s’enrichit d’1,36 millions d’heures de vidéos chaque année. Rapporté au volume horaire annuel d’un fonctionnaire moyen (1607 heures), il faudrait plus de 800 employés à temps complet, pour ne serait-ce que visionner en temps réel l’intégralité de ce qui est soumis à diffusion.
Cette insurmontable difficulté n’est toutefois pas spécifique aux tubes porno, mais concerne bel et bien l’ensemble des sites et applications permettant la diffusion par tout un chacun de n’importe quel contenu. De Facebook à Youtube en passant Twitter, Instagram ou TikTok, l’article du New York Times aurait très bien pu s’intéresser à chacun de ses réseaux, pour en tirer exactement les mêmes conclusions, le racolage salace en moins. Comme l’explique avec pertinence Gustavo Turner dans son débunkage pour Xbiz, il s’agit ni plus ni moins que du « dilemme du modérateur ». En gros, c’est la valse-hésitation entre circulation libre et incontrôlée de l’information, et censure préventive conduite par un état ou une société privée ; un champ de réflexion critique actuellement discuté et débattu par les universitaires du monde entier.
Devoir d’exemplarité
Reste que Pornhub est fautif. Fautif de se cacher derrière le statut d’hébergeur depuis des années, pour permettre à tout un chacun de diffuser ce que bon lui semble sur ses pages (piratage, trafic sexuel, pédocriminalité…). Fautif d’avoir tiré profit de ces contenus « à l’insu de son plein gré » quand les victimes peinaient à faire valoir leurs droits. Fautif, par ses manquements étouffés derrière des technologies de contrôle permissives et déficientes, d’avoir fait de l’action des pouvoirs publics et des organismes bancaires le dernier recours face à cette hémorragie, eux qui ne cachent plus leur détestation du porno.
Pornhub n’est pas Youtube, être exposé sur l’un ou sur l’autre n’implique ni les mêmes conséquences, ni les mêmes recours. Aussi, administrer l’un comme on administre l’autre, sans les mêmes moyens, le même public, les mêmes stigmas, c’est courir à la catastrophe, en donnant du grain à moudre à tous ceux qui n’attendaient qu’une bonne excuse pour rendre l’industrie pornographique responsable de tous les maux. Ce n’est pas qu’une vue de l’esprit. Ces dernières années, on a vu fleurir aux quatre coins du monde les législations les plus puritaines qui soient, sous couvert de lutte contre, au choix, le trafic d’êtres humains (SESTA/FOSTA), les violences faites aux femmes, l’exploitation des enfants ; législations qui n’ont eu d’autres conséquences que la discrimination et la précarisation professionnelle et institutionnelle des travailleurs du sexe.
Référence internationale absolue du porno en ligne, Mindgeek a failli à son devoir d’exemplarité, entraînant les autres dans sa chute. Maintenant que le New York Times s’est chargé de son cas, sommant d’une part les compagnies de cartes bancaires de cesser toute collaboration et d’autre part le gouvernement canadien de durcir sa politique quant à la responsabilité des agrégateurs de contenus, les conséquences pourraient bien s’avérer funestes pour toute l’industrie. Si d’aventure MasterCard et Visa venaient à rompre toute relation suite à leur enquête, ce sont encore une fois les contributeurs indépendants du service Modelhub qui en paieront le prix fort. Lorsque PayPal avait retiré ses billes, pour les mêmes raisons, Mindgeek n’avait d’ailleurs pas manqué de mettre ses modèles en première ligne dans son communiqué outragé, s’offusquant très opportunément du sort que le lobby bancaire réservait aux travailleurs du sexe. Comme d’habitude, les affiliés récolteront ce que Pornhub a semé. Pire, le Parlement canadien pourrait accoucher d’une législation pornophobe et liberticide contraignant les plateformes numériques à appliquer une censure d’état et condamnant les professionnels du X à la clandestinité.
Désormais au pied du mur, Mindgeek a pris, la nuit dernière, une décision historique dans l’espoir d’éteindre l’incendie. Pornhub, Youporn et toutes les autres plateformes de la holding viennent de renoncer à l’upload anonyme de contenu sur leur réseau. Il faudra dorénavant s’authentifier en tant que créateur de contenu via le Content Partnership Program ou le service Modelhub pour être autorisé à diffuser des séquences en ligne. Un grand pas en avant vers la régulation de ces plateformes, réclamé à cor et à cri par l’ensemble des acteurs du business depuis des lustres, pillés et stigmatisés par cette concurrence déloyale incontrôlée. Parallèlement, le téléchargement des séquences accessibles sur les plateformes du groupe est à présent désactivé, pour prévenir la circulation tous azimuts des images douteuses, illégales ou protégées. Enfin, à travers son communiqué, Mindgeek annonce un renforcement de sa modération, par le biais de la Red Team, une équipe entièrement dédiée à la vérification proactive des vidéos déjà en ligne et des publications à venir, épaulée par une pléthore de technologies tierces : le CSAI Match de Youtube, le Content Safety API de Google, le PhotoDNA de Microsoft et enfin Vobile, leur logiciel de fingerprinting (le marquage numérique des vidéos permettant leur détection en cas de ré-upload).
Can we be both happy at some of the pornhub changes, and upset at what caused them to actually make the change? We’ve been asking for only verified uploads for *years,* but one biased NYT editorial and oh look, only verified uploads.
— casey calvert (@caseycalvertxxx) December 8, 2020
Comme l’explique très bien la performeuse et réalisatrice Casey Calvert : « Pouvons-nous être à la fois heureux des changements de Pornhub et agacés de ce qui les a poussés à ces changements ? Nous réclamions ces uploads soumis à authentification depuis des ANNEES, et un article biaisé du New York Times plus tard, oh, regardez ! Voilà les uploads certifiés. » La bonne volonté de Mindgeek, si elle doit effectivement être saluée, se montre bien tardive. Comme un enfant pourri gâté qui n’en a fait qu’à sa tête jusqu’à la menace de la déculottée du siècle, Pornhub ne rentre dans les clous qu’au moment où le risque d’une asphyxie financière et politique globale est brandie. Reste à espérer que les atermoiements du malappris permettront au X-business d’échapper à la punition collective…
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