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Mint Julep, l’interview portrait : « Jouir devant la caméra reste un plaisir sincère… »
Figure quasi-tutélaire chez les camgirls, l’énigmatique Mint Julep se livre comme jamais à l’occasion d’un entretien sans détour sur sa vie de modèle de charme et créatrice de contenus adultes.
« J’ai beaucoup cherché. Peu le savent, mais c’est le nom d’un cocktail. Et pourquoi ce cocktail ? Parce que c’est aussi le nom d’un groupe de musique électro pas très connu, que j’écoutais quand j’étais ado. Et c’est un petit clin d’œil à mon autre domaine d’activité, dans l’hôtellerie/restauration. »
Dans le petit monde sensuel et feutré des modèles de charme circule un nom pour le moins ésotérique, et pourtant incontournable : Mint Julep. Et si l’intéressée, « pas si connue que ça », ne brille pas forcément par le nombre d’abonnés qu’affichent ses réseaux sociaux, elle fait figure, parmi ses pairs, de référence créative dans le business français, invariablement citée comme l’une des patronnes du game.
« J’avais plein d’envies un peu libertines. »
L’aventure commence en 2013, par le biais d’un site de webcam. Issue d’un milieu rural pas forcément porté sur les nouvelles technologies, c’est sur le tard que Mint Julep s’initie aux joies des messageries instantanées. C’est dire si la perspective de courir les liveshow semblait lointaine.
« Au départ, j’étais juste voyeuse. Je connaissais déjà le métier de camgirl. Je savais qu’il y avait des femmes qui s’exhibaient sur le Net contre de l’argent, mais je m’étais jamais intéressée à ce milieu. Et un jour, par hasard, je suis tombée sur les sites de webcam, où j’ai vu quelques modèles américaines. J’ai passé un certain temps à les regarder en live, et j’ai été agréablement surprise, car c’était assez loin de l’univers glauque que j’imaginais. Beaucoup de fous rires, une vraie discussion avec les viewers, qui ne tournait pas forcément autour du sexe. C’était vraiment bon enfant. »
Fascinée par ces « véritables showgirls », la curieuse finit évidemment par sauter le pas.
« J’étais en couple à l’époque, mais je n’étais pas heureuse, sur le plan sexuel. Il y avait beaucoup de choses que j’avais envie d’explorer et que je n’osais pas partager avec mon copain à l’époque. On ne voulait pas forcer l’autre à satisfaire nos fantasmes. J’avais plein d’envies un peu libertines. Ceci dit, les plans cul ne m’ont jamais branchée. J’avais envie d’explorer ça sans qu’on ait à me toucher. »
Après s’être assurée d’exclure le trafic français de son salon virtuel, Mint Julep inaugure donc son tout premier show, en anglais, pour une poignée de curieux, pensait-elle. C’est finalement un carton, et ce grâce à une astuce de mise en scène interactive qui laisse entrevoir tout l’à-propos de la débutante : n’offrir son visage qu’aux généreux donateurs, à la faveur d’un jeu de caméra judicieusement positionnées. Elle ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin. Après un petit hiatus, le temps de se mettre au clair dans sa vie et son couple, elle retourne aux affaires, par la vente petites culottes d’abord (expédier n’est pas tromper), puis la réalisation de vidéos.
« À la base, je me voyais plus comme une camgirl. Mais maintenant, la création de contenu est devenue une part aussi importante que les webcams dans mon activité. Donc je dirais que suis créatrice DIY de contenu pour adultes. Je ne sais pas trop comment appeler ça exactement. Je fais du porn amateur qui tend vers une qualité professionnelle sans l’être vraiment, parce que je fais ça seule dans mon coin avec les moyens du bord. Et je suis loin d’avoir les compétences de professionnelles. Je suis totalement autodidacte. »
« Très souvent, le film dans ma tête, je l’imagine comme une BD. »
De fil en aiguille, la voilà qui réalise des séquences personnalisées, pour ses plus fervents admirateurs, avec un sens du détail qui confine au perfectionnisme.
« J’aime beaucoup les roleplays. Quand j’ai commencé, c’était des jeux de rôle classiques : la soubrette, l’écolière. J’ai lu beaucoup de mangas durant mon adolescence, et je pense que ça m’a beaucoup inspiré. »
« Très souvent, le film dans ma tête, je l’imagine comme une BD. J’ai les images qui défilent dans mon esprit. C’est pour ça que dans mes vidéos, il y a très souvent des plans différents. Je ne vais pas me contenter de poser la caméra, pour qu’elle reste au même endroit tout le long. Je vais passer mon temps à la déplacer. Je vais varier les plans, sur le visage, le corps, plus ou moins rapproché. Il y a une vraie mise en scène, avec les moyens du bord, bien sûr. »
Quant à la difficulté de conjuguer plaisir sexuel et performance érotique, la créatrice sait s’accorder le temps nécessaire…
« Des fois, la caméra va justement décupler mon excitation. Je me fais un scénario dans ma tête, un fantasme. Je suis à l’aise devant l’objectif et quand je me donne du plaisir, je prends le temps qu’il faut. C’est pour ça aussi que mes tournages peuvent durer longtemps. Très souvent, je ne vais pas simuler le plaisir. Je sens tout de suite si ça ne va pas être sincère, donc je peux mettre longtemps à filmer une scène d’orgasme. Je vais me stimuler avec mes jouets jusqu’à ce que ça vienne, même si ça met 20 minutes. »
Un parti pris qui trouve toutefois certaines limites, pour des requêtes particulières, urophiles par exemple.
« Ce n’est clairement pas possible pour moi de synchroniser un orgasme pendant que je fais pipi. Là oui, pour la caméra, je vais être obligée de jouer la sensation. Si c’est ce point qui fait fantasmer le commanditaire, mais que pour moi c’est physiquement impossible, je m’arrange pour faire comme si. Je peux le simuler, ça ne me dérange pas. Il faut juste que je ne foire pas au moment où ça filme, parce qu’après c’est compliqué de recommencer… »
Des cadrages clairs, un montage propre et une lumière travaillée, car « si l’image est trop sombre elle perd en qualité », voilà les secrets d‘une production réussie selon Mint Julep.
« Et il faut que ce soit rangé ! C’est tout bête, mais au début quand je filmais, je ne faisais pas attention à tous ces détails autour. Je filmais vraiment en mode amateur. Et avec le bazar autour, ça ne faisait pas forcément crédible. Aujourd’hui, j’essaie de faire quelque chose de propre, d’épuré, que tout soit clean. Alors que je suis quelqu’un de très bordélique. »
« L’anal, c’est quelque chose que je vais pratiquer dans mes vidéos, avec mes jouets. En revanche, je ne l’ai jamais fait dans mon couple. »
Elle n’a en outre rien contre un petit coup de main, occasionnel, elle y tient, de Mr. Julep, son partenaire à la ville. Mais hors de question de le voir apparaître à l’écran.
« C’est un peu contradictoire, parce qu’il pourrait très bien me dire « Je ne veux pas que tu exposes ton intimité à d’autres hommes« , mais je n’ai pas envie que les autres le voient nu. Je n’ai pas envie que des mecs regardent sa bite et la comparent à la leur. Je n’ai pas envie de me prendre des réflexions, parce que je sais très bien que certains se permettraient de le juger, de donner leur opinion sur son physique, ou même la taille de sa bite, qui me convient parfaitement, à moi. C’est tout con, mais je n’ai pas envie d’être exposée au jugement des autres. Je préfère le préserver de tout ça, et ça lui va parfaitement. »
Amateurs de jeux de rôle un brin BDSM dans leur vie privé, ils préfèrent encore garder leurs petits scénarios intimes pour eux. Mais que les fans se rassurent, un tel spectacle n’a rien de spécialement exclusif.
« Jouir devant la caméra reste un plaisir sincère, qui n’est pas simulé. Mon copain ne verra pas de grandes différences entre la fille qui va vraiment se donner un orgasme en vidéo ou en cam et en réel, devant lui. L’orgasme sera le même. »
Mieux, il est même certaines pratiques qu’elle ne réserve qu’à son audience.
« L’anal, c’est quelque chose que je vais pratiquer dans mes vidéos, avec mes jouets. En revanche, je ne l’ai jamais fait dans mon couple. Je ne suis pas encore prête. Je l’ai toujours fait seule, avec moi-même et mes jouets. Parce que là, ce n’est pas moi qui contrôle. Il y a une grande différence entre s’amuser avec un jouet qu’on dirige avec sa main et laisser les rênes à quelqu’un d’autre. Mes fans, en virtuel, ont donc pu se projeter dans une séance d’anal avec moi sans que quiconque ait jamais pu le faire en vrai. »
C’est une relation fusionelle que Mint Julep partage avec sa fanbase, « de belles personnes », comme elle se plaît à les décrire :
« Je ne parle pas de clients, tellement il y a d’attachement et de sincérité dans la relation qu’on noue. Des choses que beaucoup ne peuvent pas comprendre s’ils ne font pas partie du milieu depuis longtemps, si, de toutes manières, ils ont un regard extérieur et méprisant vis-à-vis de ce métier. »
« Elle m’avait juste dit : « tu as intérêt à arrêter tes conneries ». »
Malgré tout, elle entretient un rapport assez conflictuel avec la notoriété, du fait notamment de ses activités civiles, une donnée avec laquelle nombre d’indépendantes du business sont contraintes de composer.
« Je m’expose principalement sur des petites plateformes, je n’ai pas tant de followers que ça sur Twitter. J’ai des copines qui ont commencé un an, deux ans après moi dans le virtuel et qui ont aujourd’hui 2 voire 3 fois plus de followers que moi, parce qu’elles ont été sur des grosses plateformes qui leur ont ramené beaucoup d’abonnés. Elle s’exposent bien plus que moi. »
C’est que le risque d’être « outé » reste très grand, encore aujourd’hui. La modèle est bien placée pour le savoir, elle en a fait les frais, du temps où elle se produisait sous sa précédente identité de « Jeune Louve », à ses débuts.
« J’ai changé de pseudo suite à un incident qui peut arriver à toutes les filles qui s’exposent dans ce métier, à visage découvert et sur les réseaux sociaux. J’ai été reconnue par une collègue de travail. Elle m’avait juste dit : « tu as intérêt à arrêter tes conneries ». Après ça, j’ai choisi de disparaître durant un ou deux mois des réseaux, de tout. J’ai supprimé mes comptes partout, parce que j’ai eu très peur que les choses prennent des proportions plus graves, comme me retrouver victime de harcèlement ou autre, à cause de cette personne. »
« On ne conjugue pas vraiment, en fait. Je vis dangereusement, parce que je m’expose sur Internet à visage découvert. Là, je réponds à un journaliste qui va publier un article qui va me donner un peu plus de visibilité. Je sais qu’à un moment, le virtuel va rattraper le réel. Ma famille est au courant de ce que je fais. Et encore, pas tous, seulement certains membres, les plus proches. Et à mon travail, personne n’est au courant. Ou alors, ils ne m’ont rien dit. Je n’ai jamais eu de soucis. Mais je sais que si un jour ça devait arriver, je prendrais mes dispositions : je démissionnerais et puis voilà. »
Le placard reste ainsi une réalité pour la plupart des travailleuses du sexe, quel que soit leur domaine d’exercice. Distance familiale, risque professionnel, discrimination bancaire ; faute de conjuguer, Mint compose avec les différents aspects de sa double identité, l’aventure virtuelle faisant bien souvent office de soupape face au stress du quotidien.
« Je vis ça dans le secret. Même mes proches, qui sont au courant, je ne vais pas leur en parler. Et c’est pour ça que beaucoup de collègues ont besoin de partager en virtuel, avec leur communauté. Parce qu’on vit beaucoup ça dans la solitude. Je n’ai pas de copine que je peux voir toutes les semaines et avec qui je peux parler de tout ça autour d’un verre, et en rigoler, dire ce qui m’a pris la tête, ce qui m’a amusé. Je vis ça dans la solitude, très souvent, en réel. »
« J’ai appris beaucoup de choses en regardant mes collègues. Et même si on s’inspire les unes des autres, entre modèles, des petits tips, des tuyaux, je pense que chacune à sa personnalité, son style. »
Cet espace numérique clandestin est heureusement l’endroit d’une solidarité insoupçonnée, l’entraide implicite de la communauté des sex workers. Aussi, ne lui parlez pas de compétition entre camgirls.
« Ce n’est pas de la concurrence, en fait. Je pense que c’est du bon sens que de s’entraider, de partager entre nous et de montrer qu’il y a une solidarité. Les personnalités sont tellement différentes que si certains viennent vers l’une plutôt que l’autre c’est parce qu’ils sont vraiment intéressés par la personne et son contenu. On n’est pas là à se partager les parts d’un gâteau. Je n’ai pas cette impression là du tout. »
« On a une fanbase commune. J’ai des amies camgirls que ma fanbase a découvertes quand elles se sont lancées, en partie grâce à moi. Du moins avec moi, parce qu’il arrive très souvent que j’aille sur des lives de copines, surtout quand elles se lancent, pour donner un coup de pouce. C’est amusant, car tous tes admirateurs te suivent. »
Pionnière dans le métier, Mint a distribué son lot de tips et d’astuces aux nouvelles, démocratisant avant l’heure les raids de soutien aux débutantes (le fait de gonfler l’audience d’une collègue en redirigeant son propre public vers le salon où elle s’exhibe), concept plus tard embrassé par les geeks de Twitch. Le fait d’être aujourd’hui citée en exemple par des créatrices à succès, de JulyNovember à Petitexsirene, constitue alors une consécration.
« Ça me fait plaisir parce que je suis amenée à rencontrer des filles extra qui ont toutes leur univers, qui sont toutes inspirantes. J’ai le sentiment qu’entre nous, on se soutient au quotidien, même si c’est de loin. Et on apprend les unes des autres. J’ai appris beaucoup de choses en regardant mes collègues. Et même si on s’inspire les unes des autres, entre modèles, des petits tips, des tuyaux, je pense que chacune à sa personnalité, son style. »
Ses inspirations sont en outre diverses. Dans le game, c’est la célèbre Ibicella, qui a ses faveurs, pour son goût manifeste de l’ambition.
« Elle m’a fait réaliser ça : qu’on peut faire de belles choses, très loin de tout ce qu’on peut voir d’amateur. Je n’ai rien contre l’amateur, mais c’est bien aussi d’exprimer sa créativité, de développer un univers, de créer du divertissement de qualité, qui casse l’image qu’on peut avoir de la production indépendante. »
Mais ses références culturelles éclectiques s’étendent bien au-delà du X. En témoignent son amour pour les peintures d’Alphonse Mucha, et sa façon « très sensuelle, très poétique de représenter les femmes », sa préférence pour l’album Sapiens du collectif belge L’Or du Commun, sa fascination pour Basic Instinct et la performance incendiaire de Sharon Stone. Elle nous fait part d’ailleurs, en exclusivité, de son ambition de réaliser très bientôt une séquence rendant hommage au film. Nous n’en saurons pas plus.
« Il ne faut jamais oublier qu’il y a une grande différence entre la personne en virtuel et la personne réelle. Il y a toujours un envers du décors. Sans dire qu’on est toutes fausses et qu’on joue. Ce n’est pas du tout ça. C’est que très souvent, au sein de notre communauté, on va montrer ce qu’il y a de fort en nous, nos forces, notre créativité, notre art, notre sourire. Il y a des collègues qui ne l’ont jamais vraiment caché, mais tout ça peut être une énorme charge physique et mentale. On peut se mettre beaucoup de pression pour être au top au quotidien. C’est parfois très dur de déconnecter, de dire « Stop ! Tu forces trop. Tu es en train de t’abrutir avec tout ça.« , parce que c’est une passion, mais en même temps, c’est du travail.
Le fait qu’à la base, j’ai un autre métier à côté, et que je m’obstine à poursuivre ce rythme de vie bien qu’il puisse être épuisant, c’est parce que ça me permet de déconnecter tout ça par moment, de me ressourcer. On ne s’en rend pas compte, mais on a besoin de se renouveler sans cesse. Et il y a ce besoin de faire de pauses pour continuer à y prendre du plaisir. Parce que tout n’est pas forcément rose. C’est un travail, ça n’a rien d’anodin. On donne énormément de nous. Ce n’est pas rien d’exposer son corps ou sa sexualité comme ça, dans des médias, devant une caméra. Les répercussions, il faut bien en avoir conscience.
On me demande souvent « Et plus tard, tu ne risques pas de le regretter ? si tu as des enfants, etc. » J’ai eu droit à des remarques très blessantes. Il faut vivre au-dessus de ça. Ces sujets, évidemment, j’y ai réfléchi. Et la façon dont je vivrai ces choses ne regardera personne. »
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