Le pénis en dix questions

Taille, érection, circoncision… : sur Internet, les informations concernant le membre viril sont pléthoriques. Pourtant, de nombreuses idées reçues circulent encore. Voici dix questions/réponses pour faire le point.

• La taille du pénis est-elle proportionnelle à la taille des doigts ?

La taille du pénis serait proportionnelle à celle des doigts… Voilà qui ressemble à une rumeur de cour de récré, et pourtant, il s’agit d’une idée très répandue. Certain(e)s examinent même la taille des doigts de leur potentiel partenaire sexuel, pour estimer sa virilité ! Une étude scientifique a été menée sur le sujet, en 2011. Les mesures ont été prises sur 144 hommes, dont le sexe était soit au repos, soit « étiré », la taille du pénis étiré donnant une assez bonne estimation de la taille en érection. Les résultats de l’étude, publiés dans l’Asian Journal of Andrology, affirment que si l’annulaire est plus grand que l’index, l’homme aura tendance à avoir un grand pénis. Si ces deux doigts sont de la même taille, l’homme présente un pénis de taille plus modeste. La taille des doigts compterait donc beaucoup moins que le ratio index/annulaire. Comment expliquer cela ? Une autre étude de l’université d’Oxford datant de 1998 livre des pistes intéressantes : chez les mâles humains, l’index est plus court que l’annulaire, même in utero. Les chercheurs ont formulé l’hypothèse que plus le fœtus fabrique d’androgènes, plus ce ratio digital est marqué. Or, la croissance des doigts et celle de l’appareil génital sont contrôlées par les mêmes gènes.

• Un homme peut-il avoir une érection et uriner en même temps ?

Pendant l’enfance et jusqu’au début de la puberté, il est encore possible pour un garçon d’uriner en étant en érection. Mais dès l’adolescence, l’urine ne peut sortir que lorsque l’érection est retombée, au moins partiellement. Lorsque le pénis est rigide, l’arrivée de l’urine est bloquée par les corps caverneux qui compriment l’urètre. Une fermeture du col de la vessie empêche également l’urine de s’écouler.

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• Combien d’érections un homme a-t-il chaque jour ?

C’est très variable selon les individus, évidemment, car tous les hommes n’ont pas la même activité sexuelle. Sans stimulation, un homme n’a pas d’érection « spontanée ». Mais on peut affirmer que dans son sommeil, l’homme bande trois à cinq fois par nuit. Même en l’absence de rêve érotiques ! Chaque érection dure entre 15 et 40 minutes. On sait moins que ce mécanisme d’érection spontanée existe aussi chez la femme : pendant la phase de sommeil paradoxal, le clitoris se gorge de sang, quatre à cinq fois par nuit.

Se réveiller en érection est un signe de bonne santé. Causée par le relâchement des organes pelviens pendant le sommeil paradoxal, l’érection matinale est généralement bien rigide, d’autant plus que le corps produit un pic de testostérone entre six heures et huit heures.

• Le pénis peut-il rétrécir avec l’âge ?

Selon l’étude Sex and the Prostate de la Harvard Medical School, publiée en janvier 2023, « lorsque le pénis est flasque pendant de longues périodes – et donc privé d’une grande quantité de sang riche en oxygène – le faible niveau d’oxygène fait que certaines cellules musculaires perdent leur flexibilité, et se transforment progressivement en quelque chose qui s’apparente à du tissu cicatriciel. Ce tissu cicatriciel semble entraver la capacité du pénis à se dilater lorsqu’il est rempli de sang ». Une activité sexuelle régulière permet de garder son pénis en pleine forme. Selon l’expression américaine : use it or lose it ! Attention également à votre régime : l’accumulation de graisse dans les artères réduit le débit sanguin vers le pénis. Résultat : les cellules des tissus érectiles se dégradent, provoquant une diminution de la taille du pénis après 60 ans.

• Les homos ont-ils de plus grands pénis que les hétéros ?

Une étude de 1999, publiée dans Archives of sexual behaviour, a été menée sur 5122 hommes, interrogés par l’Institut Kinsey, entre 1938 et 1963. 935 ont été classés comme homosexuels et 4187 comme hétérosexuels. Les hommes homosexuels ont déclaré des pénis plus longs et plus épais que les hommes hétérosexuels. Certains chercheurs évoquent une production de testostérone plus importante dans la population homosexuelle, qui pourrait exercer une influence sur la taille du sexe.

• Le pénis raccourcit-il de moitié quand il fait froid ?

Vrai. Ceux qui, comme mon compagnon, ont déjà fait l’expérience d’une séance de cryothérapie à – 150°, l’ont déjà constaté : le froid vous la rendra toute petite et toute bleue ! Les corps caverneux de la verge sont constitués de fibres musculaires lisses, particulièrement sensibles au froid. De basses températures contribuent à contracter ces fibres et réduisent parfois considérablement la taille du pénis.

• La taille du pénis varie-t-elle selon les régions de monde ?

Vous avez déjà entendu ça ? On a longtemps considéré que ces disparités ethniques et géographiques relevaient de la légende urbaine, ou de préjugés racistes. Pourtant, une étude parue en février 2023 dans The World journal of men’s health, incluant les données de 55 761 hommes, a confirmé une différence significative dans les mesures du pénis, selon les régions du monde. Les chercheurs ont identifié les mesures les plus longues chez les Africains subsahariens, des mesures intermédiaires chez les Européens, les Sud-Asiatiques et les Nord-Africains, et plus petites chez les Asiatiques de l’Est. Cependant, les chercheurs s’avouent pour le moment incapables d’expliquer ces écarts de taille qui devraient d’ailleurs, avec la mondialisation et les migrations de population, s’atténuer avec le temps.

• La circoncision diminue-t-elle la sensibilité du gland ?

Pour un homme dont la circoncision a eu lieu pendant l’enfance, les conséquences sont négligeables, puisqu’il s’est habitué à un gland kératinisé́, dont la texture se rapproche de celle de la peau. Mais les hommes circoncis à l’âge adulte, généralement pour des raisons médicales, peuvent comparer et souvent déplorer cette désensibilisation du gland. La muqueuse devient sèche, et perd sa couleur naturelle. La perte de mécanisme de déroulement-glissement du prépuce sur le gland peut causer de l’inconfort lors de la masturbation, et pendant la pénétration. L’utilisation de lubrifiant est souvent nécessaire.

Qu’en est-il pour la femme ? Une étude américaine de 1999 (O’Hara, The effect of male cir- cumcision on the sexual enjoyment of the female partner) a montré que « les femmes se plaign(ai)ent plus souvent d’inconfort vaginal avec un partenaire sexuel circoncis ». L’enquête conclut que «le pénis anatomiquement intact offre une expérience plus gratifiante pour la femme pendant le coït. »

Une étude réalisée en Israël en 1998 auprès de juifs russes, circoncis après leur arrivée en terre sainte, indique que 54 % d’entre eux étaient satisfaits de leur vie sexuelle avant la circoncision, mais que seuls 24 % l’étaient après. En ce qui concerne la protection qu’offrirait la circoncision par rapport aux IST et au VIH, il est certain que l’épaississement de la muqueuse limite partiellement les risques. Cependant, en cas d’infection au VIH, le sperme possède une forte charge virale, et le risque de contamination reste identique pour les femmes et les homosexuels passifs. Le port du préservatif reste donc la seule barrière réaliste contre le virus!

• Combien de zones de plaisir compte le pénis (et comment les stimuler) ?

On compte quatre zones principales :

• Le frein : première zone érogène chez l’homme, cette zone extrêmement sensible (et fragile) peut être caressée en rond, avec le pouce, tandis que l’on empoigne fermement la hampe.
• Le gland : la zone est très riche en capteurs sensoriels. Outre la fellation, certaines caresses sont très prisées : on peut, par exemple, masser le gland en cercle avec le creux de la main, ou le bout des doigts.
• La couronne : décalottez le gland et maintenez la peau bien tendue à la base de la hampe. Formez un cercle avec vos doigts, et, à grand renfort de salive ou de lubrifiant, faites remonter cet « anneau » vers le haut.
• Le méat : la zone est délicate, on la stimule avec le bout de la langue, ou bien on frotte doucement la fente avec le pouce.

• Pourquoi le pénis est-il d’une couleur différente du reste du corps ?

Vous l’avez sans doute déjà remarqué : la peau du pénis est plus foncée que le reste du corps. C’est d’ailleurs la même chose pour les femmes : les grandes lèvres ont une teinte plus halée, tout comme les tétons. Ce changement de couleur s’opère à la puberté, au même moment que l’apparition des poils, sous l’effet des hormones. En effet, l’augmentation des taux de testostérone et d’œstrogène active les mélanocytes, les cellules de la peau produisant la mélanine. On observe une pigmentation, relevant du même processus que les cheveux blonds des enfants qui se foncent avec l’âge.