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Canicule : le sexe en vigilance rouge

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Les conséquences du réchauffement climatique sur notre libido sont loin d’être anodines. En ces périodes de fortes chaleurs, est-ce normal de moins faire l’amour ? Comment rebooster sa libido par 30° ou plus ?

Par Pierre des Esseintes

L’hémisphère nord étouffe sous les températures caniculaires. Chacun se débrouille comme il peut pour affronter les vagues de chaleur qui se succèdent, de la Chine à la Californie. Dans les villes d’Espagne, de Grèce et d’Italie, une simple promenade dans les rues plombées, aux terrasses de cafés désertes, devient une épreuve. Les gens s’enferment, renoncent au sport et télétravaillent. 

Hier encore, à la fin du vingtième siècle, on attendait l’été avec impatience, on préparait son summer body pour la plage, et le soleil n’était pas encore un ennemi. Lorsqu’il brillait, on disait qu’il « faisait beau », expression aujourd’hui bannie des bulletins météo. Les magazines vantaient les effets positifs de l’astre du jour sur la libido, et les vacances d’été, forcément liées à la détente et au farniente, devenaient prétexte à de nouvelles expériences… Hélas, le réchauffement climatique a sonné le glas de l’insouciance estivale. 

Certes, des niveaux plus élevés de vitamine D et de sérotonine peuvent encore vous donner envie de baiser, mais comment se motiver pour passer à l’acte quand les températures extrêmes provoquent bouffées de chaleur, éruptions cutanées et suées abondantes ?

Les recommandations des autorités n’évoquent jamais le danger que peut représenter une partie de cul sous le cagnard. Une exception : lors de la vague de chaleur de 2018 en Colombie, le secrétaire à la santé de la ville côtière de Santa Marta, Julio Salas, a demandé à ses administrés de ne pas avoir de rapports sexuels pendant la journée : « Évitez de faire l’amour ou d’avoir des relations sexuelles à des moments où la température est élevée, en particulier à midi, car cette activité vous sollicite physiquement et augmente votre rythme cardiaque », a déclaré Salas sur une station de radio locale. « Il est conseillé, a-t-il ajouté, de pratiquer toute activité physique qui stimule notre métabolisme la nuit, ou lorsque la température est plus basse » (source : elespectador.com).

La semaine dernière, une amie niçoise, jolie trentenaire célibataire, et adepte des sites de rencontres, m’a raconté un récent plan cul, plutôt raté : « déjà, le trajet pour aller retrouver le mec dans le bar ou nous avions rendez-vous, par 30 °, c’était un enfer. Pourtant, je suis habituée à la chaleur, mais là c’était insupportable. Il m’a proposé d’aller chez lui, mais une fois sur place, allongée sur son lit, je n’avais plus qu’une envie : dormir sous la climatisation… »

Qu’en est-il réellement de l’impact des vagues de chaleur sur notre sexualité ? La courbe de notre excitation serait-elle inversement proportionnelle à celle de la hausse des températures ? Selon une étude américaine publiée en 2015, il semblerait que oui. Les chercheurs ont constaté que, pour chaque jour où la température a dépassé 26 à 32 degrés entre 1931 et 2010, on a assisté à une baisse de la natalité neuf mois plus tard, avec 0,4 % de naissances en moins. Concrètement, cela se traduit par 100 000 naissances de moins aux États-Unis chaque année.

Voilà qui va à l’encontre de l’idée reçue qui voudrait que la chaleur exacerbe le désir. En fait, plus il fait chaud, moins on a envie de faire l’amour. Ce que confirme la sexologue londonienne Ruchi Ruuh, pour qui l’exposition à de fortes températures provoque une augmentation des hormones du stress : « Il y a une augmentation de la sérotonine, qui est un stabilisateur d’humeur, et les niveaux de dopamine chutent lorsque nous sommes exposés à une chaleur extrême. En conséquence, nous ressentons de l’irritabilité, de l’hypertension, des frissons et des palpitations » (source : Vice.com).

Une autre étude américaine, menée auprès d’étudiants en médecine, confirme que c’est en été, et non en hiver, que l’on est le plus susceptible d’avoir des niveaux élevés d’hormones de stress (notamment de cortisol). 

Plus étonnant : selon une étude menée au Japon en 2014, sous la direction de Misao Fukuda , du M&K Health Institute de Hyogo, le changement climatique pourrait modifier la proportion de nouveau-nés de sexe masculin et féminin, avec une baisse des naissances masculines dans les régions où les températures augmentent. Fukuda a révélé que le stress résultant des événements climatiques causés par le réchauffement impacte le ratio filles/garçons : « Le stress peut entraîner une augmentation de la sécrétion de cortisol. Or, un niveau accru de cortisol mesuré dans la salive des femmes avant la conception est associé à une diminution des naissances de bébés mâles » (source : Terraeco). Selon Fukuda, la modification du ratio filles/garçons pourrait également être dû à la vulnérabilité des spermatozoïdes porteurs du chromosome Y (qui détermine le sexe mâle chez les mammifères).

Revenons au concret. Que faire lorsque la chaleur est trop intense pour envisager toute activité sexuelle ? Et si nous faisions l’amour autrement ? D’abord, privilégiez cette activité lorsque la nuit est tombée, « à la fraîche » (enfin, si l’on peut dire…). Hydratez-vous régulièrement. Pensez à disposer, à côté de votre lit, un récipient d’eau fraîche parfumé de quelques gouttes d’huile essentielle de néroli. N’hésitez pas à en humecter une petite serviette pour vous rafraichir régulièrement. On trouve dans les parfumeries des vaporisateurs, destinés au linge de lit qui vous apporteront une sensation de fraîcheur. Placez vos taies d’oreiller et vos draps au congélateur avant de les remettre sur le lit. Titillez le corps de votre partenaire avec des glaçons. Rafraichissez-le avec un brumisateur sorti du frigo. 

Profitez des fortes chaleurs pour varier les plaisirs. Privilégiez les positions les plus paresseuses. Souvenez-vous qu’une bonne partie de baise n’implique pas forcément une pénétration ! Optez pour les jeux de doigts et de langue, qui demandent moins d’énergie. Masturbez-vous l’un à côté de l’autre, sans vous toucher. Si vous n’avez pas de climatisation chez vous, pourquoi ne pas faire l’amour dans la voiture ? Sous une douche rafraîchissante ? Si dormir à deux vous est insoutenable à cause de la chaleur, faites chambre à part et donnez-vous des rendez-vous érotiques, à des heures précises.

Vous pouvez aussi explorer de nouvelles zones érogènes : les aisselles par exemple, très chargées en phéromones, et encore plus lorsqu’il fait chaud. Certains détestent la sueur et les odeurs corporelles, pour d’autres, au contraire, elles s’avèrent très excitantes. Vous vous souvenez peut-être de Kirsten Stewart, alors en couple avec Robert Pattinson, déclarant au magazine Vogue, en 2012 : « J’aime son odeur. Et il aime la mienne. Il adore lécher mes aisselles. Je ne comprends pas cette idée de se débarrasser des odeurs. De l’odeur de quelqu’un qu’on aime. Vous ne trouvez pas ? ». Et vous, ce genre de pratiques, ça vous chauffe ? 

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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