Actrices
Charlotte en eaux troubles

Elodie Vagalumni, ex-starlette du X, mieux connue des fans de porno sous le nom de Charlotte de Castille, s’offre avec L’eau douce qui coule dans mes veines, de Maxime Kermagoret, une première incursion dans le cinéma « traditionnel ».
Pour les actrices porno, sauter la barrière séparant le X du « tradi », c’est souvent l’opportunité rêvée d’entamer une nouvelle carrière. Généralement, les réalisateurs les engagent pour de banales figurations dans des scènes de sexe (Oksana dans Truands de Frédéric Schoendoerffer, Maeva Blue dans Un Prophète de Jacques Audiard), et rares sont ceux qui se risquent à les honorer d’un rôle principal.
Pour sa deuxième production, disposant d’un budget dérisoire (7000 € pour le tournage, le montage et la promo), le jeune réalisateur indépendant Maxime Kermagoret a choisi la hardeuse Charlotte de Castille (encore dans le porno à l’époque du tournage, en 2012, aujourd’hui définitivement rhabillée), dans le rôle principal.
Le film prend l’eau, Elodie surnage…
Dès les premières images, on pense avoir affaire à un film guimauve sur les déboires sentimentaux d’une fille un peu paumée. On se rend compte peu à peu que L’eau douce est en fait un film d’auteur, aux prétentions artistiques réelles, même s’il pêche à maintes reprises, faute de budget sans doute, mais aussi de véritable direction d’acteurs.
Le réalisateur a voulu, sans doute, offrir à Elodie le contre–emploi absolu. Quand on a connu sa flamboyance et son enthousiasme communicatif dans des scènes porno menées tambour battant et croupe offerte chez Dorcel ou MMM100, et qu’on la découvre ici en noir et blanc, recroquevillée sur une chaise, avec queue de cheval, peau grasse et col roulé, le contraste est saisissant.
Force est de constater qu’elle ne se débrouille pas trop mal, et pas seulement en vertu de la loi de la relativité qui veut qu’en étant moyennement doué, on paraît facilement génial à côté d’acteurs jouant littéralement comme des savates, ce qui est souvent le cas dans ce film. Malgré des plans fixes interminables, et un réalisateur qui lui a certainement demandé de surjouer la dépression jusqu’à adopter une diction digne de Jean Lefèvre, Elodie parvient néanmoins à imposer sa présence fragile à l’écran.
L’histoire ? Céline (Elodie) vit seule, entre dépression, stages foireux et chômage. Elle passe ses soirées à fixer l’écran de télé en s’enfilant des pots de glace, se masturbe, pleure, et parfois se masturbe en pleurant. Ses seuls contacts avec l’extérieur sont deux personnes particulièrement toxiques : son mec, Stéphane (Jean-Baptiste Barois), et sa « meilleure amie », Laura (Anne-Laure Guégan).
Celle-ci, jalouse et mytho, essaie tant bien que mal de sortir Céline de son isolement en l’invitant chez elle pour lui parler de sa vie sexuelle fantasmée. Stéphane, lui, ne l’appelle « que pour baiser ». Seul Antoine (Pavel Solheid), ancien compagnon de stage, semble bienveillant et l’appelle de temps à autre pour l’inviter à prendre un verre, ce qu’elle refuse systématiquement. Un jour, sa conseillère Pôle Emploi lui propose une mission qui semble lui convenir : lire des poèmes à un vieil aveugle mourant.
Là, on s’étonne : l’acteur (Guillaume Franck) qui joue le vieux n’est pas vieux. Mais vraiment pas vieux. On lui donne 40 ans, tout au plus. Le réalisateur a-t-il voulu jouer la distanciation brechtienne ? Agité d’étranges soubresauts à chaque fois qu’il prend la parole, l’acteur en fait des caisses dans le rôle du vieillard ronchon.
Après une lecture laborieuse, Céline part retrouver Stéphane, le suce dans sa voiture, puis rentre chez elle. Et c’est parti pour 3,25 minutes de sanglots filmés en plan fixe au ras du sol de la salle de bains. Un petit poème mélancolique en voix off, et c’est le bad trip : Céline tente de se tailler les veines dans sa salle de bains, mais ouf, change d’avis in extremis. Ensuite, chouine et re-chouine dans la douche, sous la couette, puis devant le vieux.
Celui-ci, toujours sensé être à l’agonie, parle avec ses mains, s’agite, s’énerve, puis lui livre en tremblotant dans son peignoir, sa vision du monde: « écoutez votre âme, contemplez ce que vous êtes dans cette vie, la vie est poésie, la beauté enfouie en vous l’est tout autant. » Putain, c’est beau comme du Frédéric Lenoir.
En tout cas, pour Elodie, c’est la révélation. Elle revoit Stéphane, et cette fois, refuse de le branler dans sa voiture. Il la jette donc comme une malpropre, confirmant, si besoin était, sa nature profonde de gros connard.
Elle pleure. Puis elle débarque chez sa copine Laura qui l’accueille avec élégance et générosité : « d’accord tu peux rester dormir, mais évite de vomir dans la baignoire » Mais nan, elle déconne en fait. Car Clara, en plus d’avoir un physique difficile, adore les blagounettes relou. Elle enchaîne : « si t’as un malaise, tu me dis, j’appelle direct les pompiers. » Trop forte Clara. En tout cas, c’est rassurant, une copine sur qui on peut compter.
Céline poursuit ses lectures auprès du vieux. Grâce à la poésie, elle reprend goût à la vie. Elle se lave les cheveux, pleure (un peu) moins, abandonne le col roulé pour des décolletés plongeants. Sur les conseils de l’ancêtre, elle écrit même des poèmes, et sort peu à peu de ses ténèbres…
Jeu surpsychologisé, sens de l’ellipse souvent absent : le film a souvent du mal à convaincre. Pourtant, dans les dernières minutes, les images semblent flotter sur la musique, les acteurs font preuve de justesse, et l’émotion est bien présente. Un peu trop tard… Le film bénéficie quand même de deux vraies réussites : la musique originale, qui accompagne joliment la renaissance de Céline, et la qualité du noir et blanc. On attend donc le prochain film de Kermagoret, qui, espérons-le pour lui, bénéficiera d’un budget digne de ce nom.
Le piège des « scènes de sexe non simulées »
Maxime Kermagoret n’a pas pu s’empêcher d’y aller de ses petites « scènes de sexe non simulées », qui assurent toujours leur petit scandale et boostent la promotion d’un film, attirant par la queue une partie non négligeable de spectateurs (on l’a vu récemment avec Gaspard Noé ou Abdelatif Kechiche). Le problème, c’est que dans le cas de l’Eau douce, elles ne servent strictement à rien.
D’ailleurs, il n’y en a que deux. La première, la scène de fellation en voiture, aurait tout aussi bien pu être suggérée. Voir le sexe dressé de l’acteur pendant quelques secondes a-t-il un quelconque intérêt ? Etait-ce supposé aider l’actrice dans son jeu ? Franchement, on peut douter de l’efficacité du procédé. L’autre scène montre une masturbation. Là, on ne voit rien, à part un bras qui s’agite… Interrogée sur le film, Elodie se montre catégorique : « les scènes de sexe ? Elles ne servent à rien ! » Selon l’actrice, « Maxime (Kermagoret) voulait sans doute choquer. Mais ces scènes, qui auraient convenu à un film choc, ne cadrent pas du tout avec le côté poético-lyrique de L’eau douce… »
Sur l’ensemble du film, Elodie est plutôt indulgente : « le film est sympathique, même si parfois, les intentions du réalisateur ne sont pas claires. Peut-être voulait-il une actrice X pour faire le buzz avec des scènes non simulées… A l’époque, je faisais encore du porno, ça ne me dérangeait pas. Je ne le referais plus aujourd’hui… »
Néanmoins, Elodie, qui pratique le théâtre « depuis l’âge de huit ans », et qui fait même partie d’une troupe dans sa région, l’Auvergne, se déclare « plutôt contente d’avoir montré des côtés de (s)a personnalité que les gens ne connaissaient pas. »
Compte-t-elle pour autant se lancer dans une carrière professionnelle au théâtre ou au cinéma ? Elle déclare ne pas y penser « pour l’instant ». En effet, elle envisage une tout autre reconversion, puisqu’elle termine une formation en sexologie. Pour une ex actrice X, le meilleur choix n’est-il pas, parfois, de renoncer à jouer de son image ?
L’eau douce qui coule dans mes veines, de Maxime Kermagoret, L’Harmattan, 1h15, 24,99€. Sortie DVD le 6 février 2016.
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