[Brève #37] Le porno exhume ses vieux titres

Il fut un temps où le porno, c’était comme du vrai cinéma. Il ne se « consommait » pas à la va-vite sur des ordinateurs ou des téléphones, mais se regardait sur grand écran. Les jeunes adultes d’aujourd’hui, surfant sans limite sur les tubes gratuits, peuvent-ils simplement imaginer se présenter à la caisse d’un cinéma, et acheter un billet pour assister à une projection de La grande giclée, d’Extases anales ou encore de La grosse cramouille de la garagiste ? Non, sans doute, mais cet univers disparu continue de les fasciner. Pour preuve, depuis quelques mois, les livres consacrés à l’âge d’or du porno, conçus par des gens qui, en général, n’ont pas connu ce temps béni, se succèdent… Après Brigitte Lahaie, Les films de culte, et le Kikobook, voici un nouveau et très beau projet financé par le crowdfunding : Pornographisme. Un livre entièrement consacré aux affiches de films porno des années 70 et 80, que les plus de cinquante ans accueilleront avec émotion et nostalgie, et que les plus jeunes regarderont avec les yeux écarquillés !

Ces affiches sont d’abord le reflet d’une époque. En 1975, après une parenthèse enchantée pendant laquelle la censure n’existait pas, ou près de la moitié des salles de cinéma en France proposaient du porno, la loi X fut votée. Le porno fut lourdement taxé, toutes les subventions coupées. La pression fiscale était telle que les producteurs devinrent prudents. Les images sur les affiches furent remplacées par de gros titres à la typo agressive sur fond monochrome flashy. Les moyens financiers manquaient, mais pas les idées ! En témoignent ces titres hallucinants au lexique suranné: Surboums porno, Les bourgeoises de l’amour, Orgie au camping…

Pornographisme, affiches à caractère typographique, présente une sélection d’affiches effectuée par une joyeuse équipe de designers, journalistes, auteurs (dont l’érudit Christophe Bier), graphistes… Pas de photo explicite, juste des titres, évocateurs et parfois émoustillants, laissant la part belle aux fantasmes.

En dehors des images, voici un aperçu des thèmes qui seront abordés dans le livre : 

• La naissance de la classification
• Techniques de détournement en milieu hostile
• L’art du hard-Crad
• Champ lexical et misogynie
• Masculin/féminin, de la titraille aux tags
• Affiches typographiques : anonymat, permutation et travestissement.

Édition limitée à 1500 exemplaires. Prix de vente public : 30 euros (+ 5 euros de frais d’expédition). Format : 26 x 31 cm, 112 pages.

Si vous souhaitez, vous aussi, participer au financement de ce projet, c’est ici :