Tom of Finland, du porn art devenu culte

Dans leurs uniformes – de travail ou des forces de l’ordre – des queues immenses à l’air ou moulées dans leurs pantalons de travail : les idéaux masculins de Tom of Finland, sont des modèles de virilité hypersexués sortis de la clandestinité porno pour être maintenant fêtés par le neuvième art. En portraits ou mini-histoires, son style inimitable a marqué des générations de draps.

Du plus grand secret aux plus grands succès

Touko Laaksonen, le garçon qui deviendra Tom of Finland (1920-1991), crayonne ses premières BD à cinq ans. Ses modèles préférés sont très vite les hommes à la virilité brute de sa Finlande natale. Ses études artistiques à Helsinki affûteront ses talents. Dessinateur publicitaire à succès, il continue en secret à érotiser de plus en plus ses dessins. En 1957, les premiers soumis – on parle toujours des dessins –  au magazine américain Physique Pictorial sont publiés : la légende « Tom of Finland » est née. À la fin des années 60, les « dessins cochons » de notre dessinateur alors quadragénaire sont une référence de l’art gay et les « hommes de Tom » des modèles pour notre nouvelle virilité.

Par son ouverture, sa représentation positive des hommes et la promotion de la confiance en soi, l’œuvre de Tom continue à jouer un rôle essentiel pour la communauté homosexuelle.

Pourquoi un tel mythe ?

Créer un genre physique dans la clandestinité de revues spécialisées de la fin des années 50, imprégner les générations qui le reprennent, c’est l’histoire souterraine de l’invention d’un physique intemporel, celui des dirty drawings de Touko Laaskonen. L’obscur dessinateur finlandais devenu quarante ans plus tard le fondateur d’une nouvelle norme esthétique. De fantasmes qui lui survivront et traverseront les siècles – et maintenant les millénaires. Et parfois, un bon dessin vaut mieux qu’un porno. Rappelez-vous comment vous faisiez à vos premiers émois d’ados… pour ceux qui ont connu les premières VHS avant Internet et les smartphones… à l’âge du Papier.

Une référence absolue du dessin pornographique queer

Des œuvres en noir et blanc, d’un réaliste impressionnant, débordant de détails médicalement précis dans la conception de ces bombes anatomiques à nous faire exploser de plaisir et surdimensionnés pour satisfaire l’imagination gourmande des plus cérébrales d’entre nous et combler nos solitudes sexuelles, Tom of Finland devient vite notre maître, la référence absolue du dessin pornographique queer. L’auteur mystérieux mais révéré ne sortira de l’anonymat qu’une fois quinquagénaire… pendant les années 70.

Certaines planches à l’esthétique grossière, voire d’un goût douteux, comme ces dessins fétichistes d’uniformes nazis, reflèteront les souvenirs de ses premières expériences homos pendant la Seconde Guerre mondiale.

Des dessins de plus en plus explicites

Du fist-fucking à la masturbation dans les bois, dans un cadre tantôt bucolique de champs, de fermes et de garçons vachers, tantôt hardeux-graisseux façon bars de motards. Tout ce qu’il faut pour affoler notre imaginaire, projection de nos désirs de gros sexe et d’hommes finalement si versatiles. La première exposition de Tom of Finland remonte à 1980, dans une galerie new-yorkaise.

« Tom of Finland est un génie parce qu’il a raconté des histoires de mecs qui baisent entre hommes comme des hommes, à une époque où on ne parlait que de tantes. » (Guillaume Dustan)

Près de vingt ans plus tard, son influence n’a pas faibli : « Il a répété et répété ses histoires jusqu’à ce que le monde change. Tom of Finland est un visionnaire parce qu’il utilise une imagerie de la virilité mais que ses hommes ne sont ni des ogres ni des machos. Chez lui, on se sert de toutes les protubérances, mais dans le bonheur. »

Nous vous laissons à la monumentale charge érotique de ces dessins qui enflammeront sûrement vos prochaines nuits !