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Reportage gonzo au Salon de l’Erotisme

19h30. Je suis en voiture, en train de tourner dans une zone industrielle de province, à la recherche du fameux salon. Et on ne peut pas franchement dire que ce soit très bien indiqué. Ah c’est sûr, pour coller des affiches dans toute la région et appâter le chaland avec des promesses d’érotisme et de sensualité (de pornographie et d’excitation sexuelle, si on lit entre les lignes), il y a du monde. Mais dès qu’il s’agit de donner un itinéraire clair depuis l’entrée de la ville, il n’y a plus personne. Merde, c’est la première fois que ce bled accueille un Salon de l’Erotisme ! Faites péter les drapeaux, les banderoles, les feux d’artifice ! Mais non, rien. Rien qu’un petit afficheur déroulant, au-dessus de la salle, que j’aperçois en me garant enfin.
En même temps, on comprend bien pourquoi. Si les villes sont déjà réticentes à accueillir ce genre d’événements, avilissantes insultes à l’ordre républicain et à la bienséance, décadents repaires à vicelards où culminent le stupre et la débauche, lorsqu’une municipalité daigne leur accorder un peu de place, entre les foires à l’alcoolisme et les salons du mobilier moche, elle ne va pas non plus dérouler le tapis rouge.
Bref, pour moi qui suis un habitué du salon parisien, il y a comme un air de miniature, ici. Une quinzaine de voiture sur le parking, quelques badauds qui discutent, on est loin des aiguilleurs de stationnement et des files d’attente interminables. Ce n’est pas plus mal. Je règle mon entrée. « 15 euros, Monsieur. » Et devant mon air interloqué, l’ouvreuse s’empresse d’ajouter : « Il est valable pour les deux jours. Vous pourrez revenir demain. » Je m’attendais surtout à perdre mon scrotum dans la transaction, oubliant que les salons de l’érotisme sont généralement plutôt accessibles, au regard des autres conventions du même genre.
Je pénètre enfin dans l’antre de la luxure, et me fait immédiatement alpaguer par un rabatteur, puisque l’entrée donne directement sur le stand de lapdances privés. Ça, c’est vicelard.
Et le voilà qui me joue son numéro de bonimenteur digne d’un vendeur de tapis sur le marché de Sarcelles : « On fait une offre spéciale pour l’ouverture : le show le plus hot n’est pas à 100 euros, mais seulement à 60. Attention, il ne me reste plus que 5 tickets ! » Mais bien sûr, et deux lapdances achetés, le troisième est offert. C’est ça ? Alors que je m’apprête à détendre, d’une répartie cinglante, ce gros malin qui me prend pour un lapin de deux semaines, une sublime naïade métisse, et fortement dénudée, s’approche de moi en me regardant droit dans les yeux. C’est quand même vachement bien rôdé, leur truc.
« Salut. Moi, c’est Marissa. Comment tu t’appelles ? […] Oh, c’est mignon, ça. Ça vient d’où ? Tu es du coin ? » J’ai connu des interrogatoires plus désagréables. Mais bon, c’est trop beau pour être vrai. J’ai beau être invraisemblablement séduisant (si, si, je vous jure), il est assez rare qu’une jolie fille en sous-vêtement vienne m’aborder, comme ça, pour le plaisir de tailler le bout de gras. D’ailleurs, elle en vient au fait. « Ça te dirait, un show avec moi ? Intégral. Tu pourras toucher. En plus, on fait une offre spéciale… » Et la voilà, elle aussi, qui me fait le coup des soldes. C’est con, tout commençait si bien entre nous, Marissa…
Ouf ! Le charme est rompu. Tel Ulysse, je me fraye un chemin entre Charybde et Scylla, et me ferme, pour un temps, au chant des sirènes. Quelle bêtise de naviguer seul dans ces eaux troubles. Un compagnon de galère m’aurait été bien utile pour mener ma barque sereinement ou, au moins, m’accompagner dans ma perdition.
J’ai enfin l’occasion de découvrir le salon. Sans être cheap (à ce compte-là, tous les salons sont cheap, si on y regarde bien), c’est plutôt petit. 4 stands, à tout casser. Celui des danses privées, qui prend toute une allée et où de jolies nymphettes vont et viennent entre les rideaux moirés pour draguer le festivalier, un inévitable stand de sextoys, proposant les dernières nouveautés en matière de divertissement sexuel, un stand de lingerie fantaisie, et enfin le stand d’un producteur local de rhum arrangé, qui a dû se dire qu’ici, pas moins qu’ailleurs, on appréciait le jus de soleil.
Mais l’intérêt d’un salon de l’érotisme ne réside pas dans le nombre de ses échoppes, mais dans la qualité des shows qu’il propose. Et pour le coup, ici, on a fait les choses bien. Point d’estrade montée à la va-vite au milieu du hall, autour de laquelle le public s’agglutine comme des pèlerins autour de la Sainte-Vierge. Au contraire, la salle dispose d’une véritable scène, large et élégamment éclairée, ainsi que, ô joie, d’une grande tribune pour apprécier le spectacle en toute décontraction. C’est quand même plus agréable de profiter d’un show érotique sans avoir à partager la sueur de son voisin. Je m’installe d’ailleurs sur l’un des strapontins quand un présentateur annonce avec grandiloquence le numéro du prochain performeur. C’est un mec, il s’appelle Cerone, ça parle de pole-dance.. Mais je n’écoute que d’une oreille, trop occupé à regarder l’allure des gens dans l’assistance. Contrairement aux préjugés, celle-ci n’est pas composée uniquement de vieillards libidineux, une main dans le slip, bien que quelques-uns correspondent tout de même au cliché. En dehors de ces spécimens, bien malin celui qui pourra déterminer le sexe, l’âge ou la classe sociale caractéristique de cette foule hétéroclite. Des hommes, des femmes, des post-ados émerveillés, des trentenaires propres sur eux, des quarantenaires libertins, des couples mignons qui s’encanaillent, et des sourds-muets au premier rang qui s’exclament silencieusement. C’est que le prestidigitateur demande à la jolie blonde du groupe de monter sur scène (Comment dit-on milf en langage des signes ?). Je suis partagé entre la compassion pour cette dame qui va devoir faire face au public en n’ayant inévitablement compris que la moitié des informations (heureusement, le concept est relativement limpide), l’admiration de la voir s’exécuter quand même, et le plaisir sadique d’imaginer comment le chippendale va se dépatouiller dans cette affaire. On va bien voir, ça commence…
L’homme arrive en bure, sur la soupe qui sert de musique au film Fifty Shades of Grey. Une fois au centre de la scène, il retire sa capuche et révèle alors un visage de quarantenaire sympathique, à mille lieux du Magic Mike que je m’imaginais. Cocasse. Puis, après avoir réussi, tant bien que mal, à faire comprendre à sa partenaire où et comment il voulait qu’elle s’installe (imaginez le stress), il finit par tomber la robe. Et là, j’admets que je prends une claque. J’avais beau avoir une vague idée de l’exigence physique requise pour grimper sur la barre de pompier, je ne m’attendais pas à une telle brute, surtout au vu de son âge. Le mec n’est pas démesuré, mais il est extrêmement sec et musclé, taillé dans le marbre. Autant dire que la figure du drapeau est une formalité. D’ailleurs il commence par ça. Il se hisse au mât à bout de bras, se suspend ensuite par la pression qu’il exerce entre l’intérieur de son genou et le dessus de sa cheville, bascule la tête en arrière, étend les bras, et se met à tourner, tout doucement, comme Action Man qui aurait viré la ballerine de sa boîte à musique. La foule applaudit, il se murmure qu’il est le champion de France de la discipline (ça explique des choses), et les deux lourdauds à côté de moi, qui se plaignaient grassement et bruyamment de ne pas voir de nichons, ont les yeux comme des soucoupes. Eh oui, jeunes profanes, on vient ici généralement appâté par la promesse de belles et graciles danseuses se déshabillant lascivement, mais on ne peut que trouver épatant les shows masculins, que ce soit pour leur humour burlesque ou, comme ici, pour leur performance sportive. C’est simple, si j’avais été une dame, j’aurais humecté ma culotte.
Après nous avoir émerveillés toujours plus de ses talents d’acrobates, entre deux allers-retours sur les genoux de sa spectatrice privilégiée, Cerone nous quitte finalement sous les « holà » de la foule, conquise. Il laisse sa place à une toute petite danseuse qui s’attaque, avec brio, à un numéro édulcoré de danse indienne. Sens du rythme, mouvement du bassin, jeux de mains et de regards, je suis fasciné avant même qu’elle ne tombe le sari. Et ce n’est que le début. La musique change, mais la magie reste, et la belle danseuse nous dévoile de nouveaux horizons de sensualité. Elle s’effeuille harmonieusement comme si ses vêtements glissaient sur la musique. L’audience, silencieuse, est en transe. Ses seins, bien que factices, sont superbes, et son corps tonique dessine d’élégantes lignes sur son ventre et ses épaules. Au moment de se débarrasser de son dernier artifice, un string satiné désespérément espiègle, elle marque un temps. Tout le monde retient son souffle. Elle se tourne alors vers son public, acquis, et lui jette un regard mutin. Il n’en faut pas plus. Un rugissement collectif de mâles en rut assourdit la salle. Très fière de son petit effet, elle ne se montre pas moins reconnaissante et révèle, enfin, le fruit défendu, avant de se jeter sur la barre de pole-dance pour un tourbillonnant numéro de voltige. Cette femme est décidément extrêmement talentueuse.
Un nouveau numéro débute juste après, mais la fille, qui vient promouvoir ses prestations dans les cabines privées avoisinantes, souffre malheureusement de la comparaison avec celle qui l’a précédée. En outre, elle danse assez mal, les pas sont saccadés, les gestes mal assurés, le rythme maltraité, et la mise en scène pseudo-japonisante n’arrange rien. C’est le moment idéal pour aller voir du côté du bar si j’y suis. Et figurez-vous que j’y étais, et plutôt deux fois qu’une, l’arrière-salle disposant d’un véritable zinc pour servir des bières fraîches. Le havre idéal pour couler tranquillement un demi après tant d’émotions.
C’est quand même un métier que de se déshabiller sur scène. Il ne suffit pas d’être belle, ou beau. Apprendre à danser. Imaginer une chorégraphie non seulement sexy, mais aussi pratique pour se dévêtir. Penser une mise en scène et en maîtriser les accessoires, torches de jongle, barre de pôle-dance, etc. Et enfin, contenir son stress pour livrer une performance, nue, intime, devant un public certes curieux, mais, et j’en suis la preuve, pas forcément indulgent. Et tout ça pour courir les routes sur des salons aux quatre coins de la France. Chapeau bas, pour chacun d’entre eux, même la dernière, qui a eu le courage de monter sur scène, malgré le trac, malgré l’évidence de ses débuts.
Je quitte ma rêverie au moment où la dernière goutte de houblon se dépose délicatement sur ma langue. L’entracte est fini, The Show must go on.
C’est là que je commets une erreur de débutant. La tête dans les nuages, je repasse sans trop y faire attention devant le stand de toutes les tentations, que j’avais sciemment évité jusque-là, faute d’allié incorruptible à mes côtés. Voyant que j’ai baissé ma garde, le pimp m’accoste à nouveau, sans que je sache s’il m’a reconnu ou s’il va me resservir, depuis le début, son speech de vendeur de porte-à-porte. « Hey ! Tu connais Manon Martin, l’égérie de chez… » Sur le qui-vive, je lui bafouille une réponse passe-partout. Une créature rôde dans mon angle mort. Elle surgit soudain, tout en blondeur et en dentelle affriolante. « Salut, moi c’est Manon… » C’est effectivement Manon. Manon Martin, en l’occurrence, égérie pour les initiés, fantasme vivant pour le reste de la planète. Je suis ravi de la rencontrer, moi qui me rends justement dans ce genre d’endroit avec l’espoir d’échanger avec quelque actrice sur les aléas du business porno. En outre, je suis surtout piégé. Déjà, parce qu’elle a tout de suite vu que je n’étais pas insensible à ses charmes, ensuite, parce qu’au fond, j’ai déjà renoncé à livrer bataille. J’avoue d’ailleurs avoir gardé quelques biffetons de côté, en cas de force majeure.
Alors qu’elle me conduit derrière le rideau, j’entame la conversation. En plus d’être fantastiquement belle, elle est franchement sympa. Je lui parle de mon baroud dans le X-business, on échange sur son ascension dans le milieu, on rigole un peu, mais j’avoue perdre le fil lorsqu’elle pose ses lèvres sur les miennes en dégrafant son soutien-gorge. La suite se passe de commentaire. Elle me dit de m’allonger sur un carré de fourrure synthétique posé à même la moquette, et je prends le temps d’analyser notre environnement. Il y a donc cette authentique peau de bête en polyester sauvage, une chaise pliante, une bouteille de déo et deux-trois effets qui traînent dans un coin. Tout le confort cosy d’un J9 de sous-bois, en somme. Mais il y a quelque chose d’extrêmement excitant à partager un moment intime avec une femme très sexy dans un endroit très glauque (notez toutefois que la réciproque n’est pas vraie). D’étreintes passionnées en caresses sensuelles, elle me propose de prolonger l’instant, de retenir la trotteuse, d’arrêter le temps encore quelques minutes. Evidemment, rien n’est gratuit en ce bas monde. Un coup de CB (et une prière à mon banquier) plus tard, nous reprenons où nous en étions…
Après une grosse dizaine de minutes, je retraverse le voile qui nous sépare du monde, avec la sensation de n’avoir jamais aussi bien dépensé 160 balles. Après un dernier clin d’œil de ma tentatrice, je plane jusqu’à la tribune et atterris devant un nouveau show étrange. En fait, il n’est pas étrange à proprement parler : une très jolie demoiselle, du genre Suicide Girl, vêtue d’une robe à jupon et de longues chaussettes d’écolière, se livre dans une ambiance girly, entourée de peluches. Cette esthétique n’est pas nouvelle, mais j’éprouve toujours un certain malaise devant cette ambiance « maison-close de poupée ». Quoiqu’après tout, il en faut pour tous les goûts.
Vient ensuite Wesley Jones, le cow-boy, que je suis très heureux de voir à nouveau. Et pour cause, j’avais déjà été témoin de ses performances lors d’un précédent salon, et il m’avait fait mourir de rire. Il invite évidemment une spectatrice, de préférence timide, à monter avec lui sur l’estrade, lui demande de se débarrasser de son téléphone portable (c’est important pour la suite), puis se lance dans un show à l’américaine : pantalon à velcro, push-ups et cabrioles au-dessus de la demoiselle allongée, clins d’œil au public qui en demande toujours plus. Le spectacle culmine lorsqu’entièrement nu, à l’exception d’un drapeau américain qui le ceint, il renverse l’intégralité d’une bouteille d’eau sur son corps d’Apollon, eau qui, loi de la gravité oblige, dégringole en cascade sur la pauvre jeune fille. Enfin, il lui cache le visage sous son drapeau, histoire qu’elle entame une petite conversation avec le copain, plutôt spectaculaire, qu’il a laissé dépasser « par inadvertance » un peu plus tôt. J’en connais une qui ne doit pas être déçue d’être venue…
Il est déjà temps de rentrer. 1h du matin, le salon va fermer ses portes. Je jette un dernier coup d’œil au stand de sex-toys, car quitte à lâcher plusieurs dizaines d’euros dans un joujou en silicone qui fait « bzzzzz », « vrrrrrrr », ou encore « tchukutchukutchuku », et qu’on va de surcroît placer sur ses parties intimes ou celles de son ou sa partenaire, autant se faire une idée du bordel en le tenant en main.
Je sors enfin de ce temple du vice, déjà nostalgique, car je ne peux m’empêcher d’être inquiet pour le futur de ce genre d’événements. Malgré leur fréquentation toujours respectable, voire parfois carrément impressionnante, les salons érotiques peinent à se pérenniser. Il n’y a qu’à voir : les sociétés organisatrices changent tous les 6 mois, la communication est proprement abyssale, les têtes d’affiches, inexistantes. Alors qu’à Berlin ou à Barcelone, Venus et le FICEB sont devenus de véritables institutions, en France nous n’avons toujours pas réussi à trouver la formule pour faire de ces occasions de véritables fêtes des sexualités. Pourtant, il ne manque pas grand-chose, peut-être un peu d’ésotérisme, pour initier les quidams aux arcanes obscures du BDSM ; peut-être un peu de queer, pour rassembler les communautés ; mais surtout beaucoup plus de communication, histoire de faire de l’événement « ze playce tou bi » pour tous les amateurs d’érotisme, de pornographie et plus généralement, de dépaysement sexuel.
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