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Nikita Bellucci : son harceleur condamné, et maintenant ?

18 mois d’emprisonnement, dont 3 mois ferme. Bien qu’inférieur aux réquisitions du procureur, qui réclamait 9 mois ferme, le verdict fera date, autant par son contexte que par l’importance de la peine prononcée. Car plus que le procès du harceleur de Nikita Bellucci, c’est le procès de la violence gratuite, puérile et inconséquente en vigueur sur Internet, qui avait lieu.
Le troll contre l’actrice
À travers le prévenu, un trentenaire « au niveau intellectuel limité », c’est toute une mentalité, toute une culture du web qui était mise en accusation, sommée de répondre de ses actes : la culture du troll. Le troll, créature chimérique de l’ère informatique, est « le monstre dans le placard » du web, l’antithèse à tous ses idéaux. Si Internet devait engendrer une Humanité plus instruite et plus connectée aux autres, le troll, lui, n’aspire qu’à rendre le monde bête et méchant, tantôt par goût pour la violence, tantôt pour le simple plaisir de le tourner en dérision. Pas vraiment politisé, pas forcément cultivé et fondamentalement nihiliste, le troll pourfend tout ce qu’il associe à de l’hypocrisie ou de la bien-pensance, et à plus forte raison, tout ce qui lui déplaît d’une manière ou d’une autre.
C’est ainsi que notre coupable, comme beaucoup des êtres de cette espèce, s’estimait dans son bon droit en harcelant sexuellement une actrice porno sur les réseaux sociaux. Dans sa logique binaire, de quel droit une femme qui a vendu, voire offert (mais nous y reviendront), son corps à Internet, c’est-à-dire au monde, pouvait-elle tout d’un coup choisir de l’y soustraire ? Ne méritait-elle pas un déferlement de mépris, une bordée d’injures, une avalanche de menaces ? Et puis, est-ce bien grave, après tout ? Tout ça, « c’est sur Internet », pas dans le monde réel, insiste-t-il lors de l’audience, et ces menaces de viols, il ne les aurait jamais mises à exécution. Hein ?
Sauf qu’au final, ce n’est pas le troll qui a été condamné, c’est l’homme. Et si le procureur a reconnu la très faible probabilité d’un passage à l’acte, il a clairement insisté auprès du prévenu : « Quand la partie civile reçoit ces messages, elle ne sait pas qui les envoie, elle ne sait pas qui est derrière. Elle peut imaginer que ces mots vont se traduire dans la réalité. » et a considéré la sanction au regard des dommages psychologiques subis par la victime.
Ce procès fait donc date non pas parce qu’il condamne le troll pour être un troll, mais parce qu’il définit enfin une frontière légale entre le virtuel et la réalité, entre l’insignifiante mesquinerie et la menace directe, juridiquement condamnable. En sus, cette décision de justice illustre la transition de l’Internet des sites, vers l’Internet des réseaux sociaux et la nécessité de légiférer à ce sujet.
Lorsqu’il y a une quinzaine d’années, les trolls barbouillaient les forums dédiés de leurs excréments rhétoriques, tout allait pour le mieux. C’était même plutôt sain. Chacun pouvait donner son avis aussi futile que méprisable sur tel ou tel sujet et, à l’occasion, provoquer ses détracteurs par forum interposé, dans une sorte de purge cathartique. Et chacun pouvait choisir d’ignorer ces sites toxiques où les trolls de tous poils s’échangeaient les pours et les contres en s’envoyant joyeusement des fions au visage.
Avec l’internet des réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Instagram, etc.), chaque message est une adresse directe, une sollicitation, une occasion pour tous les haters de déverser leur verve crasse directement auprès du concerné ou, en l’occurrence, de la concernée. C’est ça qui constitue un harcèlement, nous dit cette nouvelle jurisprudence, quand bien même les moyens seraient « virtuels ». Certes, la différence est ténue. Elle tient pourtant en 3 mois ferme, et 15 avec sursis…
En parallèle, derrière Nikita Bellucci, c’est toute une communauté qui attendait, à travers une sentence exemplaire, une reconnaissance de la stigmatisation particulière dont elle est la cible. Cette communauté, c’est celle des actrices porno. Car si les femmes sont déjà exposées au cyber-bullying dans des proportions sensiblement plus grandes que les hommes, les actrices X, par leur statut professionnel subissent la double peine. En effet, le statut des travailleurs du sexe est nié dans la société française, quand il n’est pas purement et simplement condamné. Les prostitués vivent avec l’angoisse permanente de se voir emprisonnés, les travailleurs du porno, par leur image publique, supportent pêle-mêle, sur les réseaux sociaux, les jugements à l’emporte-pièce des uns, les propositions scabreuses et déplacées des autres, les dénigrements, les insultes et les menaces, pour le simple fait d’exercer leur métier. À ce titre, plus que la peine, c’est le réquisitoire du procureur qui a marqué : « Par votre comportement, vous niez la liberté de la femme. Pour vous, la femme est un objet et Internet, une zone de non-droit et de toute-puissance. »
Tout est dit. La sexualité de Nikita Bellucci, et a fortiori celle de toutes les femmes, qu’elles l’exercent dans un cadre professionnel ou non, relèvent de leur liberté. La profession de hardeuse ne constitue ni une justification, ni une circonstance atténuante à de tels actes.
Toutefois, notre société a besoin de plus que de procès et de condamnations contre les cyber-harceleurs, même exemplaires, même systématiques. Notre société a besoin d’une véritable évolution des mentalités, quant au sexe et à ceux qui en font leur métier. Après 50 ans de libération sexuelle revendiquée, on continue de traquer les putes et de précariser le porno. Alors que la plupart des gens affirment ne rien avoir contre la prostitution, qu’il est plutôt naturel de regarder un film X de temps à autre, il est toujours plus risqué de proposer une passe depuis la loi de pénalisation du client, et des hardeuses sont menacées de viol et de mort sur Twitter. Est-ce là le progrès ?
En croquant l’argumentaire-type du harceleur, un peu plus haut, nous évoquions le fait que vendre son corps était toujours perçu aujourd’hui comme le comble de l’avilissement. Avec le porno, téléchargé, piraté, ré-uploadé, et finalement mis gratuitement à disposition du public, les corps ne sont même plus vendus, ils semblent offerts. Et si, fort heureusement, les actrices sont encore payées, le nouveau modèle économique du X appuie l’opinion massivement partagée que le travail des actrices et des acteurs (mais aussi des réalisateurs, des cadreurs, des accessoiristes…) n’a absolument aucune valeur.
Ne nous y trompons pas, le jugement rendu la semaine dernière est historique. Mais sans véritables mesures de l’Etat à destination des travailleurs du sexe (soutien à la pornographie, protectionnisme, reconnaissance du statut professionnel de prostitué, etc.), nous sommes simplement condamnés à voir les procès comme celui-ci se répéter inlassablement.
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