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Transgenre et… Tchétchène

Leyla est arrivée aux États-Unis après avoir traversé clandestinement la frontière mexicaine. Elle a présenté son passeport aux agents de la patrouille des frontières qui l’avaient trouvée, puis elle a prononcé l’un des rares mots anglais qu’elle connaissait : « Asylum ».
Les gardes-frontières ne le savaient peut-être pas, mais le passeport en question n’était pas qu’un document de voyage. Il était évident que Leyla avait besoin d’un refuge. Car si elle était née en République Tchétchène, elle y avait grandi… en tant qu’homme.
C’est devenu une réalité mondiale : dans cette infime partie du sud-ouest de la Russie, à majorité musulmane, gays, lesbiennes, bisexuel(le)s et transgenres y sont arrêtés et torturés.
Leyla y a été harcelée, attaquée, poignardée et laissée pour morte, à Moscou, en 2015. Pour ceux qui font face à ces violences, l’option la plus sûre est généralement l’exode. Et pourtant, elle est une des rares transgenres à avoir trouvé refuge aux États-Unis ces dernières années. Si beaucoup d’autres veulent fuir en Amérique, les activistes russes prétendent que les USA n’offrent qu’une aide limitée, poussant les personnes déjà en danger dans des situations encore plus dangereuses.
Heureusement pour elle, l’histoire de Leyla se termine bien. Un juge fédéral de Chicago a rapidement statué qu’elle devait bénéficier de l’asile en raison du risque de persécution dans son propre pays. Celle-ci, vêtue d’un foulard blanc et d’une robe rose et verte, a pleuré de joie et de soulagement à la lecture du verdict. Mais elle tient à s’assurer que les responsables américains oublient les persécutions en Tchétchénie. En juin, en compagnie d’autres militants, elle s’est rendue à la Maison Blanche, au département d’État et au Congrès pour présenter un compte rendu de la persécution des LGBT Tchétchènes.
Un porte-parole du département d’État a déclaré que les États-Unis « continueront de faire part de leurs préoccupations concernant cette situation auprès des autorités russes ». Le secrétaire d’État, Rex Tillerson, a également écrit une lettre au ministre des affaires étrangères russes, Sergueï Lavrov.
La Tchétchénie n’a pourtant pas toujours été comme aujourd’hui. Beaucoup de Tchétchènes sont devenus plus « religieux » après l’effondrement de l’ex-bloc soviétique. Le pays a d’ailleurs mené deux guerres contre la Fédération de Russie pour gagner son indépendance. Leyla avait elle-même cessé de porter des vêtements féminins et avait été brièvement attirée par le wahhabisme, forme d’islam ultraconservatrice.
Ce n’est que lorsqu’elle s’est installée, en 2002, dans la République voisine de Kabardino-Balkar, pour aller à l’université, qu’elle a commencé à mieux comprendre son identité de genre. Elle a ensuite déménagé à Moscou et a commencé à vivre en tant que femme. Cependant, dans l’ensemble, elle y était heureuse. Ce n’est que rétrospectivement qu’elle a réalisé à quel point la Tchétchénie était en train de subir une mutation et à quel point ces changements lui causeraient bientôt du tort.
En 2004, Ramzan Kadyrov, alors âgé de 27 ans, prend le pouvoir, succédant à son père décédé. Rapidement devenu un partenaire clé du président russe Vladimir Poutine, il participe à la guerre contre les insurgés islamistes. En retour, Kadyrov reçoit des fonds fédéraux somptuaires pour la reconstruction d’une Tchétchénie ravagée par la guerre, ainsi qu’une autonomie sans précédent pour aligner la société sur des convictions ultraconservatrices. « La guerre a beaucoup changé la société », a déploré Tanya Lokshina, chercheuse en Russie pour l’ONG Human Rights Watch. Kadyrov « a déployé des efforts considérables pour renforcer les valeurs traditionnelles. Cela a probablement donné lieu à une homophobie extrême ».
Alors que Leyla poursuivait sa transition, elle a cessé de se rendre en Tchétchénie et a gardé au minimum ses contacts avec son pays d’origine. Mais, fin 2015, ses proches ont commencé à la harceler et les autorités russes lui ont offert peu d’aide. Elle a déclaré que, lorsque la cousine de son mari s’est rendue à son appartement à Moscou pour lui demander de se dénoncer, la police locale lui a ordonné de « partir pour l’Europe homosexuelle ».
Quelques jours plus tard, alors qu’elle sortait de sa voiture pour faire des courses, elle a été violemment poignardée dans le dos. « Nous en avons marre que vous nous fassiez honte », a déclaré l’agresseur alors qu’elle perdait connaissance. Quand elle s’est réveillée, à l’hôpital, elle a déclaré qu’un officier de police lui avait dit que déposer une plainte serait une mauvaise idée, car cela impliquerait de retourner en Tchétchénie pour se rendre au tribunal.
Leyla espérait que les violences cesseraient. Selon ses dires, quelques mois plus tard, elle aurait appris que la photo de son passeport était partagée sur les réseaux sociaux et dans des applications de messagerie. Elle se serait même rendu compte que son numéro de téléphone aurait été posté dans un commentaire sur la page Instagram de Kadyrov. Elle aurait reçu, par la suite, des menaces de mort.
Mise en contact avec Gannushkina et d’autres militants, ils lui auraient conseillé de quitter le pays. En février 2016, ils ont commencé à contacter des consulats étrangers. Mais en avril, découragés par la lenteur des réponses et effrayés par de nouvelles menaces, Leyla et une amie, autre femme transgenre du Caucase, ont réservé un vol pour Mexico.
Quelques jours plus tard, elles sont passées de l’autre côté de la frontière américano-mexicaine, près de Tijuana, étonnées par la gentillesse de la patrouille frontalière américaine qui les ont arrêtées : « La première chose qu’ils m’ont dite était : “Madame, pouvez-vous me montrer votre passeport, s’il vous plaît ?” Leur comportement m’a montré que j’étais désormais dans un pays qui respecterait mes droits. »
Les femmes ont été envoyées dans une prison d’immigration à Santa Ana, en Californie, qui était alors le seul établissement doté d’un logement dédié aux transgenres. Avec l’aide du National Immigrant Justice Center, elles en ont été libérées sur parole, quelques mois plus tard, et ont été transférées à Chicago, où elles ont demandé l’asile.
Tandis que des leaders tels que la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre canadien Justin Trudeau ont soulevé publiquement la question, le président Trump, quant à lui, reste silencieux. Leyla espère pouvoir changer cela, même si elle est immigrante, musulmane et transgenre dans un pays qui semble être toujours plus réactionnaire. « Je suis très reconnaissante, a-t-elle déclaré, pour cette année et trois mois aux États-Unis, car cela m’a fait me sentir enfin comme un être humain. Un être humain qui a des droits et le pouvoir de changer les choses. »
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