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Le petit lexique du BDSM, entrée n° 1 : fondamentaux et notions avancées

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– « Salut, tu es dom ?

– Non, moi c’est Martine. Dominique, c’est mon mari, à quatre pattes là-bas, avec le collier de chien… »

Vous voici, tout excité et de cuir vêtu, à votre première soirée BDSM. L’ambiance est chaleureuse, les autres convives, même ceux aux looks les plus fantasques, se montrent accueillants ; bref vous êtes dans les meilleures dispositions pour vous encanailler dans la douleur et le plaisir. Seulement voilà, les autochtones parlent un sabir aussi exotique que leur accoutrement. Et il y a un risque non-négligeable de vous retrouver fessé et couvert de pipi à force d’évoquer à tout-va votre passion pour le « paddle » et les sports aquatiques en général (si, si). Pas de panique, voici la première entrée d’un petit lexique des termes BDSM les plus courants pour vous initier tout en douceur à cet univers très dur…

Les fondamentaux

BDSM : acronyme qualifiant l’ensemble des pratiques et fétichismes ayant à voir avec la contrainte, l’obéissance et la douleur consenties. À proprement parler, l’acronyme B.D.S.M. est incorrect, en ce qu’il inclut censément six notions et non pas quatre : Bondage, Discipline, Domination, Soumission, Sadisme et Masochisme ; soit BDDSSM, raccourci en BDSM pour d’évidentes questions de concision.

 

Dominant/soumis, maître/esclave, top/bottom : termes relativement transparents, les notions qu’ils désignent sont voisines sans être parfaitement équivalentes. La doublette « dominant/soumis » désigne de manière générale qui détient l’ascendant lors d’une pratique ou d’une relation. De la même manière, « top » désigne celui qui prodigue un acte et « bottom » celui qui le reçoit, quand l’association « maître/esclave » caractérise une relation plus profonde et continue, généralement suivie.

Switch : parce que se faire tanner le cuir, ça va bien cinq minutes, et qu’inversement, le tanneur n’est pas forcément celui qui s’éclate le plus, rien n’empêche de se revendiquer « switch », c’est-à-dire exprimer la volonté de passer d’un rôle à l’autre selon l’humeur, histoire de ne pas être toujours du même côté du martinet.

Safeword : code essentiel à une pratique saine des arts du BDSM, surtout pour les débutants, le safeword est, comme son nom l’indique, un mot de sécurité décrétant l’arrêt immédiat et sans négociations des jeux en cours. Il est généralement différent des termes de protestation classiques, et déconnecté de toute connotation sexuelle pour éviter les confusions lors d’un jeu de rôle. Par ailleurs, il est idéal de l’agrémenter d’un geste d’arrêt, au cas où l’orifice buccal serait obstrué pour une raison quelconque. Enfin, l’usage de couleurs (« vert », « jaune », « rouge »), peut se révéler particulièrement adéquat pour que le soumis puisse graduer sa tolérance.

Roleplay : le jeu de rôle est un des fondements de la pratique BDSM. Point de dé à vingt faces, de donjons et de dragons pour autant (encore que, pour les donjons…), mais le concept est sensiblement identique. Il s’agit de laisser libre cours à ses fantaisies sexuelles, inavouables dans sa vie quotidienne, à travers une personnalité fictive, un rôle et un scénario aux règles précises permettant de cadrer et de partager son fantasme avec autrui (notion de jeu). Et les possibilités sont infinies : infantilisation, réification, contrainte, voir viol (co-opté, cela va de soi) pour les délires les plus extrêmes…

Donjon : lieu dédié expressément à la pratique du BDSM. Souvent décoré (et insonorisé) avec soin, il a vocation à rendre une ambiance précise et propice à l’évasion, déterminée par son hôte, le « Maître du Donjon » : cave sombre et glaçante, boudoir victorien, salle de torture…

Vanille : se dit d’un quidam ne pratiquant pas le BDSM ou d’une relation dont le BDSM est exclu.

Une glace « vanille », sans crème fouettée, évidemment…

Les notions avancées

Hard limits/soft limits : n’allez pas croire que dans le domaine de la soumission, tout est noir ou blanc, qu’il y a d’un côté les pratiques auxquelles le soumis veut absolument être initié et de l’autre celles qu’il refuse complètement. D’où le concept de « soft » et « hard limits » (comprendre « limites souples » et « limites rigides ») ; ce à quoi on ne tient pas vraiment, ou que l’on craint un peu, mais à quoi on pourrait se soumettre si la situation s’y prête et que la confiance est suffisante, et ce dont il est absolument hors de question.

Protocole : apanage des relations maître/esclave assidues, le « protocole » précise l’ensemble des règles co-optées qui régissent la relation, généralement du soumis envers le dominant, mais pas que. Ce contrat symbolique peut inclure des clauses aussi variées que les règles de savoir-vivre, les sanctions appliquées, les domaines et les durées d’application. Un exemple particulièrement fastidieux est mis en scène dans 50 Shades of Grey. #phobieadministrative

24/7 : vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, ce qualificatif décrit un type de relations, et donc un protocole, qui ne prend pas fin à la sortie du donjon, mais se poursuit au quotidien et sans interruption pour ses participants. Que ce soit au travail, entre amis ou au milieu d’un repas avec la belle-famille, le soumis se pliera aux volontés de son dominant, sous peine de correction.

Subspace : état de transe euphorique provoqué par la douleur et l’humiliation, dans lequel plonge parfois le soumis au terme d’une séance particulièrement intense.

SSC, RACK : Safe, Sane and Consensual, pour sûr, sain et consensuel, il s’agit d’un cadre de jeu précis où les participants s’accordent sur des pratiques bénignes et sans danger ; par opposition au Risk Aware Consensuel Kink, le jeu consensuel aux risques mesurés, qui implique des pratiques potentiellement traumatisantes si mal maîtrisées. La notion de risque étant subjective, il est de bon ton de discuter ces termes au préalable.

Il va de soi que les arcanes du BDSM recèlent encore de nombreuses et obscures occurrences, mais ces premières définitions devraient vous permettre d’appréhender cet univers fascinant avec l’aisance d’un masochiste au Salon de la Cravache. Si toutefois une superbe domina vous appâte avec des pratiques aux dénominations aussi intrigantes qu’ésotériques, n’ayez pas peur de lui demander de quoi il retourne, ou attendez notre prochaine entrée, qui détaillera justement les activités et le matériel usité dans de telles circonstances.

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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