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Le petit lexique du BDSM, entrée n° 2 : activités et matériel

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Le premier chapitre de notre petit lexique du BDSM devait vous permettre de discuter sans honte, avec n’importe quel vétéran du martinet, de votre dernier roleplay, lors duquel vous avez enfin atteint le subspace, tutoyant vos soft limits. La classe ! Toutefois, s’il est particulièrement gratifiant de se sentir intégrer par le langage à la grande famille sadomasochiste, on n’est pas là non plus pour tailler le bout de gras, mais bel et bien pour se fesser et s’humilier dans la joie, le consentement et la bonne humeur. Mais avant de vous lancer dans une séance de bondage assorti de caning et de water sports avec le Maître du Donjon, pourquoi ne pas faire un point sur les activités et le matériel propre à ce genre de loisirs, avec la seconde entrée de notre abécédaire ?

Les activités

Bondage : pratique consistant à attacher son partenaire de savante manière, de sorte à restreindre sa liberté de mouvement, voire à l’en priver totalement. Les termes « kinbaku » et « shibari », synonymes, font spécifiquement référence aux techniques de ligotage japonaises héritées de l’ hojōjutsu, un art martial de la capture et de l’entrave qui a pour but de paralyser et retenir un prisonnier noble sans porter atteinte à son honneur. Très codifié et très technique, le bondage ne s’improvise pas et ne se pratique pas seul, sous peine de s’exposer à de grands risques.

Momification : rangez les vases canopes, la momification BDSM se pratique exclusivement sur sujet vivant. Il s’agit d’envelopper le corps du soumis, de la tête au pied, dans un matériau l’empêchant de se mouvoir (latex, cellophane, etc.). Activité proche du bondage, elle se concentre cependant moins sur l’esthétique que sur l’efficacité de l’entrave. En outre, les risques de garrot et d’asphyxie sont bien moindres, pour peu qu’on ne recouvre les orifices respiratoires de son obligé pendant l’emballage.

Caning : dérivé de l’éducation dite « à l’anglaise », le caning est un châtiment corporel au cours duquel le resquilleur est corrigé à coups de baguette sur les différentes parties charnues de son anatomie de vilain garnement : fesses, bien entendu, mais aussi cuisses, seins, paumes des mains, plantes des pieds, selon l’imagination du Maître et la gravité de la faute.

Water sports, uro, golden shower : qualificatifs faisant références aux différentes pratiques urophiles, qu’il s’agisse d’uriner sur quelqu’un (douche dorée), de voir quelqu’un uriner ou de se gargariser avec la miction. Vous l’aurez compris, ce genre de « jeux d’eau » ne se pratiquent pas à la base nautique de Trifouilly-les-Bains.

Pet play : jeu de rôle consistant à endosser les rôles d’un animal de compagnie et de son maître. Le concept se décline généralement autour des animaux aptes au dressage (chiens, chats, chevaux), mais rien ne vous empêche d’interpréter l’agame barbu, si votre « dom » tient particulièrement à vous voir bouffer des grillons.

Les autres mots en « -play » : la plupart des activités, situations et jeux de rôles BDSM se désignent sous la forme d’un anglicisme se terminant par le mot « play » ( « jeu » en anglais). Les termes sont relativement transparents : « fire play », jeux impliquant du feu ; « needle play », des aiguilles ; « knife play », des couteaux ; « breath play », jeux d’asphyxie érotique ; « impact play », fessées, coups de baguette et autres flagellations…

Le matériel

Ceci n’est pas une planche à découper

Paddle : raquette ou pagaie (« paddle » en anglais) destinée à la pratique « professionnelle » de la fessée. Certains modèles sont ajourés pour une meilleure pénétration dans l’air, quand d’autres sont simplement creusés de motifs afin de sigler comme il se doit le postérieur d’un soumis docile.

Badine : petite baguette longue et effilée particulièrement appropriée à l’exercice du caning. N’en déplaise à Alfred de Musset, dans le BDSM, on badine parfois avec l’amour.

Ball-gag : bâillon (« gag » en anglais) caractéristique du milieu BDSM, le « ball gag » consiste en une boule en caoutchouc communément percée que l’on vient placer dans la bouche de la personne à faire taire, maintenue en place par deux lanières que l’on attache derrière la nuque. Mors d’équitation, muselière, sextoy, anneau de contrainte, la variété des bâillons n’a de limites que l’imagination des maîtres et l’usage que l’on peut faire d’une bouche ainsi immobilisée.

Roulette de Wartenberg : hybride improbable entre une roulette à pizza et un éperon de cow-boy, la roulette de Wartenberg est, à l’origine, un instrument médical de stimulation tactile utilisé en neurologie pour détecter les troubles de la sensibilité. Constitué d’une petite roue libre, cloutée, retenue par un manche d’une quinzaine de centimètres -chaque extrémité étant destinée à une moitié de la paire soumis/dominant-, ce petit outil constitue l’instrument de torture idéal pour les séances d’échauffement.

 

Croix de Saint-André : contrairement au Christ, qui fut supplicié sur une croix grecque, c’est-à-dire un « + », l’apôtre André fut crucifié sur une croix dite « décussée », en forme de « X », et donc les deux pieds séparés. La croix de Saint-André, dans son interprétation BDSM, désigne donc toute armature destinée à revivre le martyre du saint homme, menotté bras et jambes écartés, à des fins ludiques. De la simple structure en bois aux exemplaires cloutées ou capitonnées de cuir, les modèles varient mais le plaisir reste.

Chaussez votre panoplie complète de cuir et de latex, vous avez à présent toutes les clés en main pour vous lancer sereinement dans votre découverte des plaisirs cuisants du BDSM. Du haut de votre croix de Saint-André, ou du bout de la badine, vous voilà fin prêt à endurer ou a prodiguer les plus délicieux des supplices comme un vieux briscards de la douleur. Et si jamais un importun venait à vous entreprendre, des vocables toujours plus improbables à la bouche (on en invente de nouveaux tous les jours), votre safeword vous donnera le temps de démêler tout ça avant de passer, ou non, aux choses sérieuses…

 

Titulaire d'une maîtrise en cinéma, auteur d'une Porn Study à l'Université Paris VII Diderot, Clint B. est aujourd'hui chroniqueur de l'actualité porno.

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