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1969-2019 : le Cap a cinquante ans !

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Depuis cinquante ans, naturistes et adeptes de la sexualité récréative se rendent dans la capitale européenne du libertinage. Ensoleillement assuré, climat agréable, grande tolérance de mœurs, protégée par des frontières bien délimitées : des atouts indéniables, parfois éclipsés par des comportements indésirables. La Voix du X vous propose un historique et un résumé des grands enjeux de ce camping naturiste devenu, au fil des années, la capitale européenne du libertinage.

Un peu d’histoire

L’histoire du village naturiste du Cap d’Agde s’inscrit dans un grand mouvement de libération du corps dont il est utile de rappeler les grandes dates :

Au début du XXe siècle, un mouvement de jeunesse allemand appelé Wandervogel (les oiseaux migrateurs) prône la communion avec la nature par la nudité. Fuyant la pollution et la civilisation industrielle, ils organisent des excursions et pratiquent la gymnastique de plein air, toujours dans le plus simple appareil.

En 1918 naît le mouvement appelé Frei Körper Kultur (culture du corps libre). Il se diffuse dans les pays germaniques et scandinaves.

1920 : Le Sparta Club, premier club naturiste, est créé par Kienné de Mongeot et Yvan De Laval.

1930  : Les médecins André et Gaston Durville ouvrent un centre appelé Physiopolis sur l’Île du Platais à Villennes-sur-Seine. Le 1er congrès naturiste s’y tient.

1949 : Albert et Christiane Lecocq créent le centre héliomarin de Montalivet, en Aquitaine.

1950 : Fondation de la Fédération française de naturisme (FFN).

1954 : L’un des frères Oltra, viticulteurs au Cap d’Agde, fait un séjour à Montalivet, et en revient avec l’idée d’arracher ses vignes pour en faire un camping naturiste.

1957 : Des Allemands, des Suisses, des Hollandais et des Scandinaves débarquent au Cap d’Agde avec leurs caravanes… En France, la « libération des mœurs » tarde à arriver. Les « culs nus » sont encore mal vus.

1956 : Le camping naturiste du Cap d’Agde devient le « centre héliomarin Oltra Frères »

Il deviendra le plus grand centre naturiste européen.

1963 : Le gouvernement, sous la présidence du Général de Gaulle, lance la « Mission interministérielle d’aménagement touristique du Languedoc-Roussillon » dite « mission Racine » pour l’aménagement du littoral. Cette mission doit durer vingt ans, pour un coût de 3 milliards de francs. Ce projet ambitieux doit réorganiser le littoral languedocien en créant 500.000 lits touristiques.

Les élus locaux autorisent la construction de la station balnéaire du Cap d’Agde, selon les plans de l’architecte Jean Lecouteur. Les aménagements en bords de mer se développent.

En 1969, la construction du Cap d’Agde s’achève. René Oltra se voit confier par l’administration la mission d’organiser la colonie naturiste du Cap d’Agde. Celle-ci jouxtera la grande station balnéaire qui sera créée l’année suivante, avec les financements de l’État.

Dans les années 70, les pratiquants de « l’amour libre » investissent les grands ensembles en béton. Ils s’embourgeoisent rapidement, et deviennent propriétaires dans le village. Le libertinage devient la tendance dominante, et la renommée du village attire les touristes de toute l’Europe, principalement des Allemands et des Néerlandais.

Années 80 :  la cohabitation entre naturistes purs et durs, venus passer leurs vacances en famille, et les échangistes, qui s’exhibent outrageusement sur les plages, devient de plus en plus tendue… Cependant, les libertins représentent une véritable manne financière pour le village. Ils disposent en général d’un fort pouvoir d’achat, et dépensent beaucoup. Ils louent des appartements, dînent au restaurant, sortent en boîte… On est loin du naturiste campeur, avec son barbecue et ses merguez ! Le pragmatisme imposait donc que les conflits s’estompent.

1990 : La mairie d’Agde s’est rapidement rendue compte que le village naturiste brassait beaucoup d’argent, et a voulu prélever sa dîme. Pour ce faire, elle a clôturé le village, et a créé une société d’économie mixte, la SODEAL, dont la ville d’Agde est actionnaire à 73 %, afin de justifier le paradoxe qui consiste à devoir payer un droit d’accès à un espace public.

Aujourd’hui : pendant la saison d’été, 40 000 vacanciers, libertins ou naturistes, se retrouvent au Cap.

La fête du sexe

Pour les nouveaux venus, ce village clos ressemble à une incongruité : on y pénètre via un péage avec barrière (même si ce n’est pas un domaine privé !), et on y circule nu, partout : dans les résidences, le port de plaisance, les centres commerciaux, les restaurants… En plus de sa nudité, on peut afficher ouvertement sa sexualité. Les boîtes de nuit, les saunas ou les bars sont dédiés aux rencontres entre libertins.

Dans la journée, le village et la plage sont simplement naturistes. Mais le soir, la fête du sexe est omniprésente ! Au crépuscule, les rues se peuplent de victimes de la mode libertine : tenues délirantes, robes minimales ou transparentes, string-bijoux, escarpins à semelles compensées, piercing sur les tétons, au nombril et sur la vulve, tatouages : ici, le corps est bronzé, décoré, érotisé.

Dans la galerie commerciale d’Héliopolis, la grande demi-lune de béton, on assiste à un curieux mélange de population. Certains vont dîner en famille, et d’autres, en couple, font les dernières courses pour la petite fête du soir : champagne, lubrifiants et préservatifs. Certains libertins se préparent à sortir en boîte et se retrouvent à l’Eros Café, le bar « before » libertin, avant de partir au Glamour, la gigantesque discothèque déclinant un vaste labyrinthe de salons câlins, au Tantra, ou au Jul’s

Mais les soirées s’organisent aussi dans les appartements. Il n’est pas rare qu’en pleine nuit, attirés par les bruits et les gémissements, des voisins viennent frapper aux portes, une bouteille de champagne à la main, le plus fiable des sésames… Le village naturiste du Cap d’Agde a donc toutes les apparences d’un petit paradis, où se pratique un libertinage de bon aloi.

Le Cap, victime de ses excès ?

Cependant, depuis quelques années, certains se plaignent de l’évolution du village naturiste, évoquant une dérive commerciale et une insécurité croissante. Les naturistes déplorent la réputation sulfureuse du Cap.

Les plus anciens naturistes, qui ont suivi l’évolution du village, regrettent qu’il soit devenu, à certaines heures, un « bordel à ciel ouvert ». Roger, résident permanent du village naturiste depuis 2002, confiait au Midi Libre : « Ça a beaucoup changé. L’autre jour, j’ai croisé une femme sur une charrette, tirée par un homme qui faisait l’âne, ou le cheval, je ne sais pas trop. Il avait même un mors dans la bouche. Mais ce carnaval, au fond, on s’en fout. Le problème, c’est le bruit… »

Didier Menduni, auteur du célèbre Guide de la France coquine, tient à relativiser ce « conflit » entre naturistes et libertins : «  Les libertins des années 70, qui sont à l’origine du Cap d’aujourd’hui, constituent une population vieillissante. Beaucoup d’entre eux continuent à gagner de l’argent en louant très cher des appartements pourris, mais le problème, c’est qu’ils ne baisent plus et sont devenus aigris. Des adresses naturistes, il en existe des dizaines, à Port Barcarès, à Montalivet, à Leucate… Le vrai naturisme n’existe pas sans lien avec la nature. Pourquoi aller passer des vacances naturistes dans un village de béton ? Non, ce sont juste des apoilistes ! Ils ont un côté libertin non assumé, et vont faire semblant de s’offusquer des comportements “déviants” (source : Union). »

 

Des comportements pourtant régulièrement condamnés par certains politiques locaux, telle Florence Denestebe, conseillère municipale d’Agde, qui estimait nécessaire, en 2010, que le Cap d’Agde ne soit plus assimilé à un « Disneyland du sexe » ! L’élue se disait alors « consternée qu’une partie du domaine public maritime, notamment « La baie des Cochons » soit internationalement connue pour ces pratiques. » (source : La Dépêche)

La « baie des cochons », c’est ainsi que les initiés nomment la « plage de couples », en direction de Marseillan. Toutes les tendances de la sexualité plurielle s’y retrouvent sous le soleil  : échangisme, exhibitionnisme, triolisme, voyeurisme… Les masturbations ostensibles sont monnaie courante, chez les hommes comme chez les femmes, tandis que derrière la plage, dans les dunes, s’organisent partouzes et gang bangs.

Christian Bèzes, directeur de l’Office du tourisme du Cap d’Agde, tranchait en 2015 : « Il y a deux modes de vie, qui répondent chacun à une perception du naturisme. La société de 2015 n’est pas celle des années 70. Mais en réalité, il y a beaucoup plus de clubs libertins à Lyon, Paris ou Marseille qu’au Cap d’Agde. Ici, cela ne concerne qu’une poignée de personnes. »(source : Midi Libre ). Certes, mais cette minorité est extrêmement visible ! Et les sujets graveleux réalisés par les télés n’ont certainement pas contribué à redorer le blason du Village. Comme l’explique l’ancien patron de presse Pascal Giraudeau dans mon livre Osez le libertinage (La Musardine, 2018) : «  Cela attire forcément une clientèle qui ne maîtrise pas les codes du libertinage. Des hommes seuls opportunistes, par exemple, qui s’imaginent qu’une fille qui fréquente les lieux échangistes est forcément facile à baiser ! Certains parviennent à entrer dans le village par la plage, ce qui pose beaucoup de problèmes de sécurité. Les allées, le soir, ne sont pas toujours très sûres… »

La rançon du succès

Dans les années 2000, avec l’engouement pour le libertinage, une faune de pseudo libertins sans éducation a débarqué. Certains baisaient n’importe où, des partouzes s’improvisaient n’importe quand, sur les plages, au bord de l’eau…Ces comportements ont suscité des protestations de plus en plus véhémentes. La municipalité a mis en place des patrouilles policières, dans le village mais aussi sur la plage.

Olivier Oltra, directeur du camping, ne considère pas que le libertinage soit un « problème » au Cap : « Les personnes aux tenues extravagantes ne représentent pas un nombre si important que ça. Et même si nous avons une politique de puristes, je respecte les gens qui ont une autre façon de vivre leurs vacances » (source : Midi Libre). Le patron s’est tout de même entouré de cinq « agents d’éthique naturiste », tandis qu’une vingtaine de personnes est chargée d’assurer la sécurité, et de faire respecter la nudité.

N’en déplaise aux esprits chagrins, au Cap d’Agde, l’esprit libertin demeure, et même si quelques voyeurs ont terni la réputation du village, ils sont aujourd’hui moins nombreux, et il serait dommage de bouder cet endroit exceptionnel à bien des égards…

Alors, cet été, rendez-vous en terrain cul nu ?

Encadré :

Le Cap, combien ça coûte ?

• Entrée dans le village

Le ticket journalier coûte 8 euros si vous êtes à pied, 18 euros pour une à deux personnes en voiture.

Pour une semaine, il faut compter 30 euros par visiteur à pied, 65 euros pour une à deux personnes en voiture.

D’autres tarifs s’appliquent pour les résidents de passage, et les résidents à l’année.

• Location d’une villa ou d’un appartement

Plusieurs agences immobilières et des copropriétaires se partagent les locations d’appartements. Un studio pour 2 personnes se loue entre 500 et 1000 euros la semaine, selon la période de l’année. Une villa pour quatre personnes peut se louer jusqu’à 1500 euros la semaine en haute saison. Attention : le taux de remplissage est de 100 % sur cette période. Il est indispensable de réserver au plus tard courant avril.

• Le camping

Le Centre Naturiste René Oltra, offre un grand choix de locations : emplacements, chalets, mobile homes et cottages de luxe. Les prix sont très variables, selon les prestations et la période de l’année. Louer un mobile home 4 places coûte entre 71 et 171 euros la nuit.

En 2013, Olivier Oltra réservait une partie de son camping de 39 hectares pour développer un nouveau concept : le village Pearl. Pour la modique somme de 520 € la nuitée, vous pouvez disposer d’un bungalow de luxe, d’un SPA privatif, d’une tablette tactile le temps du séjour, d’une voiturette électrique et bien sûr, d’une petite coupe de champagne…

• Un tour en boîte ?

Comptez en moyenne 60 euros par couple, avec une consommation par personne. Ce n’est pas excessif, mais n’oubliez pas qu’au Cap d’Agde, on sort volontiers tous les soirs !

Encadré :

Organiser son séjour

• AGN

BP 883
34307 Cap d’Agde Cedex
Tel : 04 67 26 12 62
www.genevievenaturisme.com

Locations en résidences hôtelières et vente d’appartements dans le village naturiste Cette agence propose des locations dans les résidences Natura Beach, le Jardin d’Eden, Babylon, Hélio Village, Héliopolis, Port Ambonne, Port Nature ou encore le Jardin de Babylone.

• Les riads Nateve

59, avenue de Port Ambonne
Riad n° 5
Village naturiste
34300 Le Cap d’Agde
Tel : 04 99 41 28 21 – Mobile : 06 26 89 06 11
www.riadcapdagde.com

Maisons d’hôtes naturistes.

• Hôtel Eve

Impasse Saissan
Village naturiste
BP 857
34307 Cap d’Agde
Tél. : 04 67 26 71 70
www.hoteleve.com

Hôtel bien tenu avec piscine, dans le quartier le plus calme du village.

• Camping Oltra

Village naturiste
BP 884
34307 Le Cap d’Agde
Tel : 04 67 01 06 36
www.centrenaturiste-oltra.com

Camping naturiste historique du Cap. Attention, ce lieu n’est pas libertin.

• Oz’Inn Hôtel

7 rue des néréides 34300 Le Cap d’Agde 04 67 70 07 60

www.oz-inn-hotel.com

Bel hôtel 4 étoiles aux chambres spacieuses.

Les principales discothèques libertines

• Le Glamour

Quartier naturiste 34300 Le Cap d’Agde, Tél. : 04 67 01 55 49. www.leglamour.com

Tout simplement l’un des meilleurs clubs du monde ! Phare du village naturiste du Cap d’Agde, il rassemble en haute saison plus de 1000 personnes par soir, sur près de 3000 m2 !

• Le Jul’s

Port Nature 5
Tél. : 04 67 26 39 38
www.le-juls.com

Une discothèque libertine plutôt sympathique réservée aux libertins croyants et pratiquants.

• L’Extasia

Domaine Saint Jean des sources
Pinet
Tél. : 04 67 77 96 46
www.club-extasia.com

Cet incontournable complexe libertin, à l’extérieur du village, propose un restaurant, une discothèque, un camping et également un concept unique en Europe : un petit bois aux sentiers balisés qui mènent à une petite clairière hérissée de tentes, dans lesquelles tout est permis, dès la tombée de la nuit…

À l’extérieur du village…

• Le Château de Trédos

1, boulevard du Soleil
34300 Agde
06 14 84 83 76
www.tredosevasion.com

À Agde, le Château de Trédos est le rendez-vous des libertins estivaux qui fuient le village et ses ensembles en béton pour se retrouver dans ce joli petit manoir. Véritable hôtel échangiste, il propose des salons câlins, une piscine, un jacuzzi, et de spacieuses et jolies chambres.

• Villa Natur’and Spa

Tél : 07 82 47 46 36 www.sejour-libertin.com

Belle villa située en dehors du camp, dans un parc paysagé, pouvant accueillir jusqu’à huit couples. Le concept est naturiste et libertin.

• Terre de Soleil

Domaine Saint-Jean-des-Sources
34850 Pinet
Tel : 04 67 77 99 09
www.club-extasia.com

Ce vaste camping naturiste, très confortable, est rattaché au complexe libertin l’Extasia. Attention, il s’agit d’un camping naturiste et non libertin. Tarifs raisonnables.

Encadré :

Pour plus d’informations, contactez l’office de tourisme du Cap d’Agde :04 67 26 00 26.

www.capdagde.com

Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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