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Bio/Milieu du X

Jean-François Davy est mort

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Jean-François Davy est mort le vendredi 2 mai 2025, à la veille de souffler ses 80 bougies. Si son nom reste irrémédiablement associé au cinéma pornographique français des années 1970, son parcours témoigne d’une ambition artistique bien plus vaste. À une époque charnière de libération sexuelle, il fut l’un des rares cinéastes à tenter une fusion entre le cinéma X et le cinéma d’auteur, avec une audace qui lui a valu autant d’admirateurs que de critiques.

Né en 1945 à Paris, Davy se passionne très tôt pour le cinéma. Après quelques courts-métrages, il débute véritablement sa carrière à la fin des années 1960, en plein bouleversement sociétal. Rapidement, il choisit un chemin peu emprunté à l’époque : celui du film érotique, voire pornographique, assumé comme tel mais porteur d’un regard d’auteur. C’est dans ce contexte qu’il réalise Exhibition en 1975, un documentaire sur les coulisses du tournage X autour de l’actrice Claudine Beccarie. Le film fera date, non seulement parce qu’il sera projeté en sélection parallèle au Festival de Cannes, mais aussi parce qu’il introduira le genre X dans les circuits du cinéma traditionnel. Longtemps après, il deviendra aussi le tout premier film pour adulte diffusé sur Canal+.

Davy ne s’est jamais contenté de tourner du porno « brut ». Il préférait parler de « polissonneries déshabillées », assumant un goût pour l’ironie, la mise en scène et le détournement des codes. À travers ses films X, souvent teintés d’humour potache, il cherchait à introduire du style et de la réflexion, tout en revendiquant un certain goût populaire. Mais l’homme était aussi lucide : dès le milieu des années 1970, il s’interroge sur les dérives possibles de cette industrie. Il tourne alors deux documentaires — Prostitution et Les Pornocrates — qui abordent frontalement la marchandisation des corps.

Pour autant, Jean-François Davy n’a jamais voulu rester enfermé dans l’étiquette du “pape du X”. Tout au long de sa carrière, il tente des incursions dans des genres plus classiques, sans jamais vraiment rencontrer le succès grand public qu’il espérait. Il produit des films d’auteur, signe quelques comédies et même un film social, Vive la crise !, en 2017. Malgré sa volonté d’élargir sa palette, c’est bel et bien son apport au cinéma X qui restera son empreinte principale.

Jusqu’à la fin, Davy était resté actif, travaillant encore récemment sur de nouveaux scénarios. Selon son fils, il “n’aurait jamais voulu mourir dans un Ehpad”. Sa mort d’une crise cardiaque, la veille même de son anniversaire, résonne comme une ultime pirouette, une dernière mise en scène.

Jean-François Davy laisse derrière lui une œuvre singulière, un pont entre deux mondes que tout opposait : celui du cinéma classé X et celui de la cinéphilie exigeante. À sa manière, il aura contribué à décloisonner les genres, à inscrire le désir à l’écran sans jamais renoncer à la pensée.

La Voix du X vous propose les dessous du milieu du porno et tout ce qui gravite autour.

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